Le XIXème siècle Contexte historique et littéraire pour la lecture de Thérèse R
Le XIXème siècle Contexte historique et littéraire pour la lecture de Thérèse Raquin Le passage du Pont-Neuf Dossier de cours CPLN-EPC 2LICA 2012/2013 1 Le XIXème siècle Le XIXème est le siècle qui connaît un développement sans précédent dans l’histoire humaine, que ce soit sur le plan politique, social, économique ou littéraire. On y apprend la démocratie, le libéralisme économique et politique, les droits sociaux. Les sciences et les techniques connaissent un développement étonnant. L’écrivain quant à lui entre en politique et le peuple dans la littérature. Parallèlement à ces évolutions, le XIXème siècle va aussi être le théâtre d’inégalités sociales nouvelles. Le fossé s’élargit entre la bourgeoisie et une nouvelle classe de travailleurs, les ouvriers d’usine que l’on appelle le prolétariat, ouvrant la voie aux premières grandes revendications sociales et à l’avènement des grandes théories socialistes puis marxistes. Un climat politique instable La restauration La restauration désigne le retour d’un roi sur le trône de France après l’épisode révolutionnaire. On restaure le régime monarchique. Le XIXème siècle est d’abord, pour la France, un siècle de transition politique. L’échec de la Révolution de 1789 est cuisant. En effet que reste-t-il des idéaux de fraternité et d’égalité prônés par les Lumières durant le XVIIIème siècle ? Malgré une volonté de mettre fin aux guerres et aux horreurs commises sous la monarchie, la Révolution aboutit cependant sur un premier régime de transition violent avec la Terreur, par crainte d’une contre-révolution. Cela continue par la création du Premier Empire par Napoléon Bonaparte et les conquêtes sanglantes dans toute l’Europe. Au terme de l’aventure napoléonienne, la France finit par restaurer la monarchie en mettant Louis XVIII, frère de Louis XVI, sur le trône de France. Cette monarchie constitutionnelle et censitaire ne répond pas vraiment aux aspirations des anciens républicains. Le siècle sera donc marqué par le mécontentement du peuple et les affrontements idéologiques conduisant à deux révolutions : la première en 1830, appelée les Trois Glorieuses, qui éloignera Charles X, successeur de Louis XVIII, du trône pour mettre à sa place le duc d’Orléans Louis Philippe 1er, son cousin. Tout au long du XIXème, la volonté des peuples de se diriger eux-mêmes et de s’émanciper des monarchies grandit dans toute l’Europe. C’est la montée des nationalismes européens. Cette volonté d’émancipation va conduire, en 1848, à un mouvement révolutionnaire européen que l’on appellera le Printemps des Peuples. Ce mouvement part de France, où les mauvaises récoltes ont engendré la famine et eu des répercussions sur la production industrielle. Le peuple a faim et manque d’emploi. A cela s’ajoute la politique royale de plus en plus autoritaire du roi Louis- Philippe 1er. Au début de l’année 1848, le roi fait interdire une réunion de libéraux et de républicains, ce qui conduit à une nouvelle la révolution qui influencera tous les mouvements révolutionnaires européens. Malgré cette effervescence révolutionnaire, aucune république ne sera La République universelle, démocratique et sociale, Frédéric Sorrieu 2 durablement créée en Europe après le Printemps des Peuples. La Deuxième république Proclamée après la révolution de 1848 et espérée comme le renouveau politique et l’aboutissement de la Révolution de 1789 (grâce à l’instauration du suffrage universel, la liberté de la presse et de réunion), la Deuxième république ne tardera pas à devenir un régime plus stricte, abolissant le suffrage universel en 1850. En effet, son gouvernement est confié à des députés conservateurs, effrayés par la montée du socialisme et des revendications du peuple. Le nouveau président de la République depuis 1848, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, provoque un coup d’Etat le 2 décembre 1851 et se fait proclamer Empereur des français sous le nom de Napoléon III, pour asseoir symboliquement le retour à la force du premier Empire. Le second Empire Le début de ce nouveau régime constitutionnel est très autoritaire. L’Empereur organise une forte répression contre ses adversaires. Il muselle les hommes de lettres. Hugo part en exil à Guernesey, une petite île anglaise au large des côtes de Normandie. Les tribunaux envoient les adversaires au bagne ou en déportation. La liberté d’expression est abolie et l’importance de la morale et de la religion est remise au centre des priorités de l’Etat. Les écrivains jugés immoraux sont condamnés. Le régime s’adoucit à partir de 1860 et devient plus souple afin de se réapproprier la popularité du peuple, ceci sans grand succès. L’Europe est à nouveau en crise pour plusieurs raisons politiques et religieuses. Les guerres en Italie autour du Vatican irritent les catholiques et le traité de libre-échange avec l’Angleterre irrite les capitalistes. De plus, la montée en puissance de la Prusse, qui est en train d’accomplir son unification, inquiète la France sa voisine. Les deux pays entrent en guerre en 1870 et la France est vaincue lors de la bataille de Sedan. En signant l’armistice avec la Prusse et en proclamant la Troisième République, la France perd l’Alsace et la Lorraine et est condamnée à payer de lourdes indemnités de guerre à la Prusse. Ces conditions sont inacceptables pour la population parisienne qui, de mars à mai 1871 tente de créer une république autogérée dans la capitale sur les bases des idées révolutionnaires (abolition de la peine de mort, confiscation des biens du clergés, suffrage universel) c’est la Commune de Paris, réprimée dans le sang. Après ce terrible épisode, le régime républicain s’impose définitivement en 1875, après cinq années de compromis entre monarchistes et républicains. La guerre franco-prussienne laisse un traumatisme fort dans la société française du XIXème siècle. De nombreux écrivains, depuis toujours opposés à Napoléon III comme Victor Hugo qui le méprisait, laissent des témoignages écrits qui dénoncent la violence de cette guerre, le malheur qu’elle a apporté aux hommes et à leur famille (Le Mal d’Arthur Rimbaud, voir textes annexes). La bourgeoisie, qui s’est fortement enrichie sous le Second Empire, est également de plus en plus critiquée. A l’inverse, la population ouvrière s’est fortement appauvrie et Napoléon III et Bismarck après la bataille de Sedan 3 la création des premiers syndicats génère un climat de tension entre le prolétariat et la bourgeoisie. La société du XIXème Le capitalisme et la bourgeoisie La nouvelle classe sociale montante et gagnante en ce XIXème siècle est la bourgeoisie. Les commerçants, industriels et banquiers se sont enrichis grâce à l’économie libérale prônée dès le début du siècle. C’est le début du capitalisme. Le phénomène augmente avec l’apparition des grands magasins, de la publicité et l’ouverture de nouveaux marchés grâce à l’expansion coloniale de la France et des autres pays européens. La noblesse, qui ne travaille pas, s’appauvrit ; c’est la décadence. Elle perd son pouvoir. Le peuple, quant à lui, ne voit pas son sort s’améliorer : il n’a toujours pas de véritable droit de vote, il travaille toujours et gagne peu d’argent. La misère ouvrière est un vivier d’inspiration pour de nombreux auteurs comme Hugo avec Les Misérables, ou Zola et son célèbre Germinal. Malgré l’abolition de l’Ancien Régime, la société idéale voulue par les Lumières ne semble pas s’être réalisée. L’économie libérale crée une nouvelle population de travailleurs : le prolétariat industriel. Etymologiquement, le mot prolétaire désigne un citoyen romain qui n'a que ses enfants (proles) comme richesse. C'est la dernière classe sociale. Mal payée, travaillant dans des conditions désastreuses alors que les patrons amassent d’immenses fortunes, cette nouvelle classe sociale cherche sa place dans le siècle. La réflexion sur les conditions de travail des prolétaires aboutit à de nouvelles théories politiques : le socialisme, le marxisme, l’anarchisme. Les écrivains vont de plus en plus s’intéresser à cette couche sociale dans laquelle ils trouveront les grandes inégalités de leur siècle. La place des écrivains dans la vie publique L’écrivain devient un membre à part entière de la vie publique et politique. Le poète Lamartine, par exemple, proclamera l’avènement de la Deuxième République et sera ministre des affaires étrangères pendant un temps. Victor Hugo sera engagé toute sa vie à différents niveaux (Liberté littéraire et de la presse) et pour diverses causes (Lutte contre la peine de mort, critique de la misère du peuple). Les écrivains mènent des carrières politiques, fondent des journaux, développent des théories politiques, débattent entre eux, puisque tous les écrivains n’embrassent pas les idées républicaines. Hugo lui-même fut un fervent royaliste durant sa jeunesse. Le journalisme prend une importance toute nouvelle par lequel l’écrivain peut s’exprimer sur la société ou sur son art. La critique littéraire prend de l’essor et l’activité littéraire, entre autres grâce aux droits de propriété sur les œuvres, est peu à peu reconnue comme un travail sérieux, malgré l’attitude réservée, voire méprisante, de la bourgeoisie qui voit les écrivains et les artistes comme des parasites sociaux. Les mangeurs de pommes de terre, Vincent Van Gogh, (1885) 4 L’importance de la science Grâce aux nouvelles méthodes d’expérimentation, le savoir scientifique prend une ampleur nouvelle. La fascination pour le progrès, qui découle du XVIIIème, est en vogue. Certains écrivains comme Jules Verne se spécialisent dans la littérature dite d’anticipation (qui deviendra la science-fiction), imaginant, plus d’un siècle avant l’invention du sous-marin ou de la fusée uploads/Histoire/ 19eme-siecle-et-therese-raquin.pdf
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- Publié le Aoû 08, 2021
- Catégorie History / Histoire
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