Comptes rendus Guerre et Paix Tatiana Debbagi Baranova Marc Olivier Baruch Anne
Comptes rendus Guerre et Paix Tatiana Debbagi Baranova Marc Olivier Baruch Annette Becker Jean-François Belhoste Marc Belissa Benjamin Claude Brower Tal Bruttmann Laurence Buchholzer-Remy Bruno Cabanes Olivier Cosson Hervé Drévillon Jean-François Dubost Bernard Gainot Hervé Georgelin Jean-François Gossiaux Bertrand Goujon Benoît Grévin Stéphane Haffemayer Franziska Heimburger Norman Ingram Stéphane Michonneau Nicolas Offenstadt Gilles Pécout Stéphane Péquignot Christophe Prochasson Thierry Sarmant Marie-Karine Schaub Valérie Sottocasa Clément Thibaud Valérie Toureille Michèle Virol Annales HSS, septembre-octobre 2008, n°5, p. 1145-1207. 1 1 4 5 C O M P T E S R E N D U S Marı ´a Teresa Ferrer Mallol Entre la paz y la guerra. La Corona catalano-aragonesa y Castilla en la Baja Edad Media Madrid/Barcelone, CSIC/Institucio ´n Mila ´ y Fontanals, 2005, 662 p. Marı ´a Teresa Ferrer Mallol livre avec cet ouvrage le fruit d’un travail de très longue haleine sur les relations entre les couronnes d’Aragon et de Castille à la fin du Moyen A ˆ ge. Sept études publiées entre 1973 et 2002 sont ici rééditées en espagnol – la plupart avaient d’abord paru en catalan – avec quelques ajouts parfois substantiels. L’ensemble est complété par un chapitre inédit issu de la refonte de publications antérieures. L’essentiel du volume concerne les deux principaux conflits qui ont opposé la Castille et la couronne d’Aragon depuis la création de cette dernière au milieu du XIIe siècle : la guerre de 1296-1304 et la « guerre des deux Pierre » (guerra de los dos Pedros, 1356-1369), la plus importante conflagra- tion entre princes chrétiens dans la péninsule Ibérique pour la période. L’ouvrage privilégie le royaume de Murcie. Les deux Couronnes s’en disputent la conquête, puis la possession et la délimitation, avant que le royaume ne devienne durant la guerre des deux Pierre le théâtre secondaire d’une lutte qui le dépasse. La dimension aragonaise des relations entre les deux puissances est en revanche reléguée au second plan. Les différents articles expo- sent certes l’évolution générale des rapports politico-militaires entre les rois, mais ils ne se limitent pas à cet exercice classique. Grâce à une documentation exceptionnelle issue principale- ment des archives de la couronne d’Aragon, les villes, les milices, le conseil royal de Valence, les musulmans sous domination chrétienne et 1 1 4 7 d’autres catégories sociales affectées dans le territoire murcien par les conflits et leurs réso- lutions successives font aussi leur apparition et donnent un peu plus d’épaisseur historique à ce livre. L’auteur met d’abord l’accent sur l’impor- tante participation au XIIe siècle des « Catalano- Aragonais » à l’effort de Reconquista aux côtés des Castillans. Ils parviennent à limiter l’impé- rialisme du grand voisin, ainsi qu’à faire valoir par des traités leurs droits sur certains territoires, dont le royaume de Murcie. Au XIIIe siècle, leur engagement contre l’émirat de Grenade ou contre les révoltes musulmanes dans les royaumes chrétiens ne se dément pas. La crise éclate en 1296. A ` la faveur de la minorité de Ferdinand IV de Castille, le roi d’Aragon Jacques II soutient les prétentions au trône castillan d’un bâtard d’Alphonse X, Alphonse de la Cerda, et prend le contrôle du royaume de Murcie. L’auteur reconstitue avec force détails la campagne expéditive de 1296, véri- table promenade militaire pour les troupes de Jacques II. Une importante population de langue catalane est favorable au roi et les villes n’offrent qu’une résistance symbolique à un nouveau maître qui leur propose des accords avantageux. La réorganisation du royaume est toutefois rendue difficile par l’opposition larvée des ordres militaires et de la population d’ori- gine castillane, dont une partie est expulsée en 1300-1301. Néanmoins, à l’approche de la majorité de Ferdinand IV, le retrait du soutien grenadin conduit la couronne d’Aragon à une position plus conciliatrice. La célèbre sentence arbitrale de Torrellas (1304) scelle alors la par- tition du royaume de Murcie – le Nord pour la couronne d’Aragon ; la partie méridionale aux Castillans – ainsi que l’abandon des prétentions d’Alphonse de la Cerda. Dans l’un des passages C O M P T E S R E N D U S les plus intéressants du livre, l’auteur analyse ensuite l’après-Torrellas. Les territoires remis à la couronne d’Aragon, Carthagène et Orihuela, ne forment pas un continuum territorial, ce qui suscite des tensions. La fixation des limites exactes, les concessions, les restitutions de terres et la paix s’avèrent alors très difficiles à mettre en œuvre à l’échelle locale. De 1304 à 1356, un « entre-deux-guerres » s’installe, parsemé de problèmes de délimitation frontalière, d’incidents et d’escarmouches. M. Ferrer Mallol retrace ensuite les préludes de la guerre des deux Pierre qu’elle impute à un ensemble de raisons bien connues : l’ambi- tion de la belle-mère du roi Pierre IV d’Aragon, Leonor de Castille, en faveur de ses fils, les infants Ferdinand et Juan ; le souci castillan de reprendre l’intégralité du royaume de Murcie ; les dissensions castillanes internes ; le désir de Pierre le Cruel d’entrer en guerre. L’auteur relate en détail les nombreux et complexes épisodes murciens d’un conflit dans lequel elle distingue utilement trois phases : de 1356 à 1361 (paix de Terrer) ; de 1361 à 1363 (paix de Murviedro) ; de 1363 à 1369 (victoire d’Henri de Trastamare en Castille avec l’aide des troupes françaises). Les effets locaux de la guerre s’avèrent considérables. En particulier, la propriété des terres pose d’inextricables pro- blèmes juridiques en raison des occupations successives. Plus globalement, la couronne d’Aragon sort du conflit avec une demi-victoire, car le statu quo demeure pour le royaume de Murcie. Les deux derniers chapitres envisagent rapidement un projet de l’infant d’Aragon Martin de Sicile visant à prêter main-forte au roi de Castille et les tensions commerciales entre les deux Couronnes au début du XVe siècle. La lecture de l’ensemble assez hétérogène de ces travaux laisse une impression para- doxale. M. Ferrer Mallol met au jour un grand nombre d’épisodes auparavant méconnus des relations entre les deux Couronnes, elle fournit d’utiles notices sur les confiscations de biens lors de la guerre de 1296-1304 et édite remar- quablement des documents essentiels. L’uti- lisation de sources particulièrement riches permet également à l’auteur d’évoquer des aspects très concrets de la guerre. L’ouvrage recèle de précieux détails sur les modalités de l’approvisionnement militaire ou sur la diète 1 1 4 8 des combattants ; on y trouve aussi des dévelop- pements originaux sur les contrats passés par les jinetes (cavaliers) de Grenade ou du Maroc engagés par les princes chrétiens, sur les mostras (montres ou passages en revue) de chevaux qui révèlent leur faiblesse avant le combat. L’on apprend même que, sur la frontière méridio- nale du royaume de Valence, l’envoi de trois ou de cinq signaux de fumée sert, respectivement, à attirer l’attention des forteresses voisines, ou à transmettre un appel à l’aide. Cependant, malgré l’accumulation de très nombreux exemples, on ne discerne pas de réelle démons- tration dans une narration fondamentalement événementielle. De façon significative, plu- sieurs articles et l’ouvrage lui-même sont dépourvus de conclusions. Un leitmotiv appa- raît néanmoins en filigrane : à la différence des rois d’Aragon, plutôt légalistes, souvent victimes de leur bonne foi, les rois de Castille ne seraient pas fidèles à la parole donnée, ils ne respecteraient pas leurs engagements durant cette période, et certains seraient même « dépourvus d’éthique et d’honneur » (p. 17, 28, 32, 357, 359, etc.). On peut légitimement douter de cette opposition quelque peu sché- matique et partiale, on peut aussi préférer le terme consacré de « couronne d’Aragon », avéré dans les chroniques catalanes médiévales, à l’usage contemporain et polémique de « cou- ronne Catalano-Aragonaise », ou bien encore regretter que l’auteur n’ait pas tenu compte de la Murcie castillane étudiée par Denis Menjot 1. Plus centré sur les guerres que sur la paix, large- ment détaché des débats historiographiques récents dans ces deux domaines, cet ouvrage n’en constitue pas moins une mine de ren- seignements utiles pour les spécialistes de la couronne d’Aragon, des conflits et de leur règle- ment au Moyen A ˆ ge 2. STÉPHANE PÉQUIGNOT 1 - Denis MENJOT, Murcie castillane. Une ville au temps de la frontière (1243-milieu du XV e siècle), Madrid, Casa de Vela ´zquez, 2002, 2 vol. 2 - Il remplace avantageusement sur de nom- breux points l’ouvrage d’A ` ngels MASIA ` DE ROS, Relacio ´n castellano-aragonesa desde Jaime II hasta Pedro el Ceremonioso, Barcelone, CSIC, 1994, 2 vol. C O M P T E S R E N D U S Gabriel Zeilinger Lebensformen im Krieg. Eine Alltags-und Erfahrungsgeschichte des süddeutschen Städtekriegs 1449/50 Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2007, 285 p. En juillet 1449, à la suite de nombreux accro- chages juridiques entre Nuremberg et son puissant voisin le margrave de Brandebourg, s’ouvrit l’un des plus grands conflits militaires que connut la Haute-Allemagne au XVe siècle. Pendant un an, la ligue urbaine souabe et franconienne et plusieurs centaines de princes et nobles s’affrontèrent sur un vaste territoire situé entre la Forêt-Noire et la Forêt de Bavière. Connue dans l’historiographie sous le nom de « seconde guerre des villes uploads/Histoire/ annales-2008-5-2-guerre-et-paix-rev-pdf.pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
- Catégorie History / Histoire
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