Chapitre 2 15 PRÉHISTOIRE PREMIÈRES CIVILISATIONS 2. 3. 4. 5. 4. Paiement en or
Chapitre 2 15 PRÉHISTOIRE PREMIÈRES CIVILISATIONS 2. 3. 4. 5. 4. Paiement en or en Égypte ancienne. 5. Blé. 1. Dents d’animaux. 2. Cauris ou monnaie-coquillage (jusqu’au XXe siècle). 3. Reçu mésopotamien sous la forme d’une tablette d’argile (2057 av. J.-C.). Taille : 3,5 x 3,9 cm. ...–4000 –2000 1. Du bœuf à l’euro Une brève histoire de la monnaie Au temps des Romains, les poudres à lessiver n’avaient pas encore envahi le marché. On se servait d’ammoniaque extraite d’urine fermentée pour redonner aux vêtements l’éclat du neuf. Non, il ne s’agit pas ici d’un cours d’art ménager ou d’une introduction aux techniques de blanchiment, mais il y a bien un lien avec l’argent. L’empereur Vespasien (69-79), soucieux de s’assurer quelques rentrées supplémentaires, leva un impôt sur les urinoirs. Lorsque son fils Titus lui en fit le grief, l’empereur lâcha cet aphorisme resté célèbre : « pecunia non olet » (l’argent n’a pas d’odeur). La monnaie n’a pas toujours existé sous ses formes occidentales actuelles : pièces, billets et, plus récemment, monnaie électronique. Les Grecs et les Romains de la Haute Antiquité, notamment, réglaient leurs transactions en prenant le bœuf comme unité de référence (pecus en latin signifie troupeau, d’où le mot français « pécuniaire »). D’autres peuples utilisaient le sel, des coquillages, des perles et bien d’autres objets. Tout bien n’était cependant pas utilisable en toute circonstance. Bien que le bœuf servît d’unité de compte à l’époque d’Homère et que le bétail fût fort apprécié dans les cultures africaines, ce type de moyen d’échange s’avérait beaucoup moins indiqué pour les commerçants voyageurs. Ce sont eux, précisément, qui avaient besoin de moyens d’échange partout acceptés, pas trop volumineux et, surtout, non périssables. Le sel était très prisé. Il n’y a pas que dans la Rome antique que les soldats et les officiers étaient payés en sel ; un peu partout dans le monde, il existe des preuves que le sel était une marchandise appréciée, un facteur de richesse, un étalon de valeur et un moyen de paiement. Au XIVe siècle, Marco Polo mentionna dans son récit de voyage en Chine que le sel était pressé et estampillé de manière officielle, quarante barres de sel valant une barre d’or. De nos jours, le sel et le bétail ont disparu de la circulation monétaire, mais ils ont laissé des traces dans notre langage. Salaire et solde font référence au mot sal (sel en latin), et le mot anglais fee (pourboire, indemnité) a la même racine que le mot néerlandais vee, qui signifie bétail. 1. La monnaie primitive Saliculture au Sahara, Amadror, Algérie méridionale. 16 ... PREMIÈRES CIVILISATIONS –1400 4. 3. Barres de cuivre (Bavière, 1800 av. J.-C.). 4. Poids phéniciens (XVe-XIIe siècle av. J.-C.). L. : 2,2 cm. Ø : 1,4 cm. 3. 2. 1. Peinture rupestre : le bœuf comme moyen de paiement (IIe millénaire av. J.-C.). 2. Colliers en bronze (Bavière, IIe millénaire av. J.-C.). 1. Bo n ne t de c au ri s. Il s’agit là de monnaies dites primitives, mais cette expression ne vise pas uniquement les instruments d’échange très anciens. La monnaie primitive a en effet survécu jusqu’il y a peu dans quelques régions du monde, par exemple sous la forme de coquillages en Mélanésie, de fils de cuivre dans le centre du continent africain, ou encore de cigarettes en Europe occidentale durant la Seconde Guerre mondiale. Économistes et ethnologues ne sont pas toujours d’accord sur l’évolution de la monnaie. La plupart estiment toutefois qu’à l’échange pur et simple de biens (troc) a succédé un échange plus organisé fondé sur un objet précis servant de mesure de valeur. Ce moyen de paiement variait de communauté à communauté ; petit à petit, il s’est divisé, a commencé à porter certaines marques, certains repères d’authenticité, et s’est rapproché ainsi de la monnaie que nous connaissons. Le plus souvent, cet objet déterminé était lié à une seule culture : tel était le cas de la pierre d’aragonite de l’île de Yap (Micronésie, sud- ouest du Pacifique) et du mokko (gong de cuivre) de l’île d’Alor (îles de la Sonde, à l’est de Bali). Outre son rôle commercial, la monnaie primitive revêtait généralement un caractère social ou religieux qui, historiquement, était souvent prédominant. Même de nos jours, la monnaie n’est pas uniquement un instrument économique : les monnaies peuvent être des objets de collection, et la carte de crédit, un signe de statut social. Les monnaies primitives, aussi variées que nombreuses, peuvent être regroupées en deux grandes catégories : Les produits naturels, comme le tabac chez les planteurs de Virginie au XVIIIe siècle ou les dents d’animaux chez les Mélanésiens, sans oublier les innombrables coquillages trouvés sur place ou importés. Les cypraea moneta et annulus, mieux connus sous le nom de cauris, se sont répandus à travers le monde entier. Les Chinois réalisèrent très tôt les avantages qu’ils pouvaient tirer de l’utilisation de ce coquillage provenant de l’Océan Indien comme moyen de paiement. Les commerçants arabes et les négociants coloniaux en répandirent l’usage sur la côte orientale de l’Afrique, tandis que les puissances colonisatrices les introduisirent en masse le long de la côte occidentale. Au XIXe siècle, il fit son apparition en Océanie, ainsi qu’en Amérique centrale et du Nord. Banquier africain comptant ses cauris, début XXe siècle. Un cachet inhabituel À la suite d’un concert donné aux îles de la Société (Polynésie française, à proximité de Tahiti) lors de sa tournée mondiale, la diva française Mademoiselle Zélie reçut un cachet pour le moins inhabituel. Son contrat stipulait qu’elle toucherait un tiers de la recette. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’en guise de paiement, on lui donna 3 cochons, 23 dindes, une quarantaine de poulets, 5.000 noix de coco et des kilos d’oranges, de citrons et de bananes. Peu familiarisée avec les us et coutumes locaux, elle n’organisa pas de fête populaire où chacun aurait pu profiter de cette fortune ; elle donna les fruits à ses cochons et à ses poules. Une monnaie bien encombrante ! La monnaie de pierre de l’île de Yap, en Micronésie, constitue sans nul doute l’une des formes de paiement les plus étonnantes du monde. La diversité de ses dimensions est saisissante, allant de quelques centimètres à des colosses de 4,10 m de diamètre pour un poids d’environ 15 tonnes. Pas vraiment de l’argent de poche ! Les pierres, rondes ou ovales, percées en leur centre doivent leur valeur à la fois à la rareté de l’aragonite – absente de Yap, on ne la trouve que sur l’île voisine de Palau –, et aux efforts et aux risques liés à son extraction et à son transport par voie maritime. Les insulaires utilisaient initialement ces pierres pour toutes sortes de paiements, mais leur format les rendait impropres à une circulation intensive. Au cours du XXe siècle, les habitants élaborèrent un système où le dollar américain servait aux règlements journaliers, tandis que l’aragonite était utilisée pour payer les dommages et intérêts, ainsi que les achats de terrains et de maisons. 17 7. 7. Carte des moyens de paiement en Chine. 6. 5. Cash chinois. 6. Monnaie-couteau chinoise (VIIIe siècle av. J.-C.- Ier siècle). L. : 7 cm. 5. –800 Les objets manufacturés constituent la seconde catégorie. On y trouve les tissus de soie de Chine, les nattes de raphia d’Afrique centrale, divers objets métalliques sous leur forme usuelle, dégénérée ou réduite (comme les rouelles et hachettes celtiques, les anneaux d’or de l’Égypte pharaonique, les fils de cuivre et les cloches de fer d’Afrique, ainsi que des lingots d’or, d’argent ou de fer), ou encore les perles de pierre, de verre ou de céramique. Comme les cauris, celles-ci surent conquérir le monde. Les marchands européens les exportèrent vers tous les continents, et bien des communautés autochtones leur attribuèrent des pouvoirs magiques. Il faut souligner le rôle capital que joua le métal dans l’histoire de la monnaie ; ses qualités propres – en particulier sa divisibilité et sa solidité – en firent rapidement un moyen d’échange idéal qui, à partir de formes primitives et parfois changeantes, a évolué vers la monnaie actuelle. Le cochon, signe de richesse en Mélanésie. Du morceau de métal à la pièce de monnaie Pour être pratique, la monnaie doit être au minimum transportable, divisible, identifiable et durable. Rien d’étonnant dès lors à ce que le métal ait assumé ce rôle dans la plupart des régions. Il se négocia sous la forme de gongs, d’épées, de couteaux, de haches, de bêches, de billes, de bijoux, etc. Une fois ces objets de troc acceptés par tous, leur valeur se standardisa plus ou moins, et leur valeur d’usage put faire place à une valeur symbolique. Bimétallisme La présence de deux métaux précieux et de petites quantités de métal vil comme le plomb dans les premières pièces lydiennes en électrum ne facilitait pas la détermination de leur valeur, surtout en raison de la variation du rapport entre l’or et l’argent, de l’ordre de 40 à 60 %. On tenta de séparer les métaux ; uploads/Histoire/ breve-histoire-monnaie.pdf
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- Publié le Dec 22, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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