CES 20 ANS DE CENSURE CINÉMATOGRAPHIQUE PRÉPARANT LA RÉVOLUTION DE MAI 68 Photo
CES 20 ANS DE CENSURE CINÉMATOGRAPHIQUE PRÉPARANT LA RÉVOLUTION DE MAI 68 Photocomposition d’éléments français et américains symbolisant l’imbrication des deux cultures. * Liste des 553 films exploités en France de 1959 à 1967 INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS * PLAN Introduction La decadence des civilisations Pourquoi 1946 ? Que représente l’interdiction aux moins de 18 ans en 1959 ? LISTE DES FILMS INTERDITS AUX MOINS DE 16 ANS exploités en France de 1946 à1959 LISTE DES FILMS INTERDITS AUX MOINS DE 18 ANS exploités en France de 1959 à 1968 GRAPHIQUE DES CLASSES D’INTERDICTIONS DE 1946 À 2000s Bibliographie ©opyright pierrelemaschere@gmail.com ANNEXE 2 Listes alphabétiques ci-dessus INTRODUCTION Mai 68 a été préparé par bien des facteurs parmi lesquels le cinéma n’a sans doute pas été neutre. L’énergie suivant la pensée, les idées développées dans les films des années 1946- 1967 ont certainement eu un impact sur les consciences. Tous les films. Mais ceux qui nous intéressent sont ceux qui font « sauter les verrous » des comportements dépassés : ceux que la censure stigmatise en cherchant à protéger — à juste titre — les mentalités les plus jeunes, en cours de formation. Cet article est le premier d’une série sur certains aspects conditionnants du cinéma des années 50-60. Cette période concerne tout particulièrement les gens qui ont aujourd’hui plus de 55 ans et qui en ont eu l’expérience. Essayons de discerner les éléments de ce cinéma, dans la force de l’age — 15 ans après le début du parlant — qui ont pu influencer en partie l’émancipation des consciences et a conduit à la révolution de mai 68. Ces éléments, nous pouvons les chercher, entre autres, dans les films interdits aux mineurs… mineurs qui cherchaient souvent à transgresser l’interdit… et que des majeurs s’empressaient d’aller voir ! Le but essentiel ici est de donner une base de réflexion en publiant la liste officielle des films interdit aux moins de 16 ans et 18 ans pendant cette période. Ces listes ne sont pas faciles d’accès et les cinéphiles intéressés par le sujet y trouveront un panorama exhaustif. LA DÉCADENCE DES CIVILISATIONS A toutes époques, si l’on veut bien y réfléchir attentivement, toutes forme de censure vise à empêcher une émancipation trop rapide et brutale des peuples, d’une part, et tente d’endiguer une décadence des mœurs d’autre part. Par exemple, l’émancipation de la femme à cette époque. Par une transformation de « l’image » de la femme. L’image psychologique inconsciente se forgeant en partie grâce à l’image cinématographique virtuelle. Et les conservateurs se sont acharnés pour condamner cette femme « nouvelle ». Quant à la décadence des mœurs, l’existentialisme, les conduites dites « libres », etc… puis un peu plus tard une « certaine » liberté sexuelle, vont glisser vers des excès, jusqu’à enfreindre la morale, les lois et même déboucher sur la mort de grands principes de société. L’analyse des tous ces facteurs est largement faite par bien des ouvrages pour qu’il ne soit pas nécessaire d’y revenir ici. Un point de vue hors de toutes considérations morales ! Les acteurs des deux bords défendent leurs positions, les uns pour justifier la censure, les autres pour la combattre. Toute personne libre comprend la censure et ne se forge son opinion que sur une Éthique, personnelle par définition. Toute personne qui cherche à s’émanciper de la censure, se bat dans les dilemmes émotionnels, en restant accroché à une morale collective pour savoir que penser… Mais cette morale évolue comme les sociétés. La censure d’alors n’est plus la censure d’aujourd’hui, dans une France très « permissive » si on la compare aux autres pays ! Et « l’interdiction aux mineurs de moins de 16 ans », ne serait-elle qu’un alibi pour les détenteurs de pouvoir qui veulent maintenir une certaine cohésion sociale ?… En fait elle sert aux deux : protéger réellement l’éduction des petits — bien qu’il y aurait beaucoup à dire sur l’insistance pudibonde mise sur la sexualité et la permissivité concernant des violences déguisées — et chercher à freiner les créateurs de films pour que les valeurs sociales n’éclatent pas trop vite. Les puissants de cette époque étant eux-mêmes souvent issus de cette période déjà passée… La protection de l’enfance visée par cette censure cinématographique ne semble donc qu’un aspect visible du phénomène. La censure cinématographique reconnaît implicitement le pouvoir des pensées imagées en les empêchant d’être visibles. Et plus particulièrement sur les jeunes consciences en voie de structuration… celles-là mêmes qui auront environ 17, 24 ans en 68. Mais cet interdit ne s’arrête pas au seuil juridique des 16-18 ans !… Les « cotes morales » d’inspiration catholique, qui ont donné un avis et un jugement sur les films de 1934 au milieu des années 80, sont une autre forme de « protection » des consciences, y compris celles des adultes. Elles sortent du cadre de cet article et nous y reviendront ultérieurement. POURQUOI 1946 ? L’interdiction totale de films, d’une part, et l’interdiction aux mineurs d’autre part remontent en fait plus loin que l’après-guerre. De fait des avertissements, des interdictions existaient e puis l’avènement du cinématographe. Mais il n’est pas facile de retrouver les sources de cette époque, et ceci est une autre histoire, même si elle a été les prémices de cette période 50-60. Après guerre, l’ordonnance 45-1472 33 du 3 juillet 1945 institue officiellement l’interdit aux moins de 16 ans. Dès 1946, des films sortent avec cette mention. Puis la loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, précise ce qui doit être évité de montrer aux jeunes, et ces critères correspondent à ceux des films. Nous reverrons cet aspect dans un autre article. De 1946 au troisième trimestre 1959, 282 films représentent tout ce qui peut avoir une « mauvaise influence » sur la jeunesse ! QUE REPRÉSENTE L’INTERDICTION AUX MOINS DE 18 ANS EN 1959 ? La Ve République arrive et un vent de moralisation souffle après la « chielit » des mœurs corrompus de la IVe République!… La censure se renforce. Le décret du 10 octobre 1959 remplace l'interdiction aux moins de 16 ans par l’interdiction aux moins de 18 ans. Les films avec la mention 16 ans, à moins d’être reclassifiés, continuent à être exploités avec cette mention. Ce point a été perdu de vue par ceux qui n’ont pas connu la période. Puis le décret n°61-62 du 18 janvier 1961 institue l'interdiction aux moins de 13 ans, puisque la mention - 16 n’est plus attribuée. Les mineurs qui venaient juste d’atteindre leurs 16 ans en sont bons pour attendre encore deux ans pour pouvoir tout voir !… Enfin, en théorie, car s’ils paraissent plus agés, les ouvreuses ne sont pas très sévères ! Et nous n’avons pas connaissance que des contrôles policiers aient eu lieu dans les salles. Peut-être le mauvais souvenir des années d’occupation et les rafles à la sortie des cinémas pour envoyer les jeunes hommes au Service du Travail Obligatoire flottent- il encore dans l’inconscient collectif ?… Au bout des ces 20 années de censure cinématographique, la société française implose : c’est mai 68 !… Voyons maintenant ces 563 films qui ont instillé dans les consciences le germe des nouveaux comportements. Les titres parlent le plus souvent d’eux-mêmes. Ils concernent les représentations modélisantes pouvant porter ATTEINTE AUX VALEURS MORALES & SOCIALES : l’avortement, la famille malmenée (adultère, virginité et relations précoces…) ; la dévalorisation des corps constitués (hôpital, religion, armée, état, affaires étrangères…) ; les impacts éducatifs négatifs ( paroles, conduites…) ; les crimes, parricides, fratricide… la délinquance juvénile ; le milieu du crime (vols, drogue, prostitution et traite des blanche, …) et de la pègre, (cabarets à strip-tease) ; les impacts psychologiques négatifs (morbidité , maladie, maltraitance humaine et animale, morts, démoralisation et suicide,…) ; la VIOLENCE (western, épouvante, …) — UN PARADOXE : la violence de la guerre est "permise" ! — ; et si la pornographie ne montrera le bout de son nez qu’à la fin de cette période… la SEXUALITÉ, les NUDITÉS sont pourchassées par les censeurs. Les comportements dits « libres », l’émancipation de l’image de la femme fleurissent avec la « nouvelle vague » et la décennie des années 60. Nous reviendrons dans un autre article sur le détail de ces paramètres qualitatifs de la censure. FILMS INTERDITS AUX MOINS DE 16 ANS Liste des films exploités en France de 1946 à1959 * ordonnance 45-1472 33 du 3 juillet 1945 : Interdit aux moins de 16 ans loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse L’interdiction aux mineurs de moins de 16 ans est entrée dans les textes officiels à la fin 1945. Les rares premières interdictions datent de 1946. Mais des films antérieurs, lorsqu’ils font l’objet d’une nouvelle carrière d’exploitation repassent devant la censure. Comme le Quai des brumes, les Bas-fonds, par exemple. DERNIÈRE LISTE OFFICIELLE (juillet 1959) NB Les dates placées en avant correspondent aux dates de sortie. Les dates placées après uploads/Histoire/ ces-20-ans-de-censure-cinematographique-preparant-la-revolution-de-mai-68.pdf
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- Publié le Sep 23, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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