Louis XVII, l’orphelin du temple Louis Charles de France, duc de Normandie, Dau
Louis XVII, l’orphelin du temple Louis Charles de France, duc de Normandie, Dauphin, puis « roi » Louis XVII (1785-1795) Plus jeune enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette, Louis Charles est né en 1785 au château de Ver- sailles. Surnommé « chou d’amour » par sa mère, il est titré duc de Normandie car il n’est pas destiné à régner. Ce n’est qu’à la mort de son frère en 1789 qu’il devient « Monseigneur le Dauphin ». Sa gou- vernante, Madame de Tourzel, le décrit comme un enfant joyeux et de robuste santé ce qui contraste avec son frère, chétif et maladif, et sa sœur « Madame Royale », qui est timide et renfermée. Traumatisé par les journées d’Octobre 1789 qui voient la famille royale arrachée au château de Versailles par des émeutiers, le Dauphin en tire une profonde peur de la foule. L’installation au palais des Tuileries lui permet d’être en permanence au contact de ses parents. Le matin, la reine s’occupe de lui et le promène dans les jardins, l’après-midi son père lui fait apprendre et réciter ses leçons. Tout les témoins notent une grande complicité entre le père et le fils. Ballotté au gré des événements révolutionnaires (invasion des Tuileries en Mai 1790, fuite à Varennes en Juin 1791) l’enfant est l’objet d’âpres luttes car il est censé régner après son père. Beaucoup craignent que les souverains ne lui apprennent à détester la Révolution, la Constitution et les droits de l’Homme. Enfermé avec sa famille à la prison du Temple en Août 1792 (il a 7 ans), le jeune prince est confié à la garde de son père qui poursuit son éducation. Comme sa mère, sa tante et sa sœur le traitent en roi après l’exécution de Louis XVI en Janvier 1793, et que ses oncles réfugiés à l’étranger le proclament « roi Louis XVII », il est séparé de sa famille le 3 Juillet 1793. Madame Royale, sa sœur, livrera un témoignage déchirant des adieux du prince à Marie-Antoinette. Enfermé au rez- de-chaussée de la prison, il est confié à un cordonnier du nom de Simon. Celui-ci a pour tâche de l’élever comme un enfant du peuple et l’appelle désormais « Louis Capet » ou « l’enfant Capet » (du nom du fondateur de la dynastie au IXème siècle). Contrairement à ce que prétendra Madame Royale, Simon et sa femme traitent bien l’enfant. Mais ils lui apprennent des grossièretés et des chansons révolutionnaires, l’encourageant à traiter sa mère, sa sœur et sa tante de « putains contre- révolutionnaires ». Le 19 Janvier 1794 le couple Simon est brutalement renvoyé et l’enfant est placé dans une cellule en isolement. Pendant 6 mois il reste enfermé seul, sans hygiène et peu nourri. L’enfant de 9 ans dépérit et le 28 Juillet 1794 lorsque le citoyen Laurent est nommé pour s’en occuper, il est dans un état épouvantable : sale, hirsute, couvert de plaies et de vermine, parlant à peine. Le 8 Juin 1795, « Louis XVII » meurt dans sa prison, à l’âge de 10 ans et après 3 ans de détention. Immédiatement, des rumeurs courent sur sa survie et son éventuelle évasion. On a longtemps pensé que la révocation des Simon était la conséquence de la mort accidentelle de l’enfant, immédiatement remplacé par un handicapé mental (ce qui expliquerait l’isolement et le mutisme de l’enfant fin 1794). Madame Royale note qu’à partir de Janvier 1794 elle n’entend plus son frère qui loge pourtant dans la cellule en dessous de la sienne. Le médecin qui pratique l’autopsie du cadavre en 1795 note que l’âge apparent du corps, ainsi que la taille et divers détails (certaines cicatrices notamment) divergent de ce qu’on connaît du Dauphin. Comme le corps est ensuite versé dans une fosse commune et arrosé de chaux vive, il sera impossible de le retrouver. Auparavant on avait prélevé le cœur et quelques cheveux sur le corps. Ce n’est qu’en 2000 que des analyses ADN confirment l’identité du cadavre du Temple : le cœur est bien celui du fils de Marie-Antoinette, et le dauphin est bien mort en 1795. Depuis le XIV ème siècle le fils aîné des rois de France porte le titre de « Dauphin de Viennois », abrégé en « Dauphin ». Il écartèle les lis de France avec les dauphins dans ses armes. Click to buy NOW! P D F - X C h a n g e w w w . d o c u - t r a c k . c o m Click to buy NOW! P D F - X C h a n g e w w w . d o c u - t r a c k . c o m Naundorff, le prétendant le plus crédible ? Tout au long du XIXème siècle des hommes ont prétendu être le Dauphin (une quarantaine en tout). C’est Karl-Wilhelm Naundorff qui fera le plus s’interroger historiens et membres de la famille royale. Arrêté à Spandau en 1812 pour une affaire de fausse-monnaie, il écrit plusieurs lettres aux souverains européens pour se faire reconnaître. Arrivé en France en 1833, il est identifié par l’ancienne femme de chambre de la reine et plusieurs autres personnes. Sa connaissance stupéfiante du château, des anecdotes privées sur la famille royale, son « souvenir » d’événements connus des seuls proches du Dauphin en font un prétendant très crédible. En 1836 il est arrêté et 200 pièces « prouvant » son identité avec lui. Naundorff est expulsé vers la Grande-Bretagne et perd la raison : il fonde une nouvelle religion, déclare remplacer le pape, puis se réfugie en Hollande où il meurt en 1845. Il a alors perdu toute crédibilité. Sa femme et ses 8 enfants n’ont pourtant de cesse de le faire reconnaître comme Louis XVII et ses descendants portent le nom « de Bourbon-Naundorff ». Si beaucoup ont cru Naundorff c’est qu’il semblait avoir de vrais souvenirs du Dauphin, et lui ressemblait vaguement ainsi qu’à la duchesse d’Angoulême.Une première analyse de ses cheveux et de ceux du Dauphin, en 1943, conclut à une identité. Mais en 1951 une contre-analyse prouve une erreur. En 1998 on a analysé l’ADN de cheveux des sœurs de Marie-Antoinette et de Naundorff et on a conclu qu’ils n’ont aucun lien de parenté. Enfin, en 2000, l’analyse ADN du cœur de l’enfant mort au Temple prouve que Naundorff ne pouvait pas être Louis XVII puisqu’il est mort en 1795 dans la prison. Mais qui était Naundorff ? Deux thèses s’affrontent. On a parlé d’un bâtard princier, ou de l’enfant de domestiques du couple royal. Marie-Antoinette est connue pour avoir entretenu et choyé ces enfants : c’est de là que Naundorff, au contact du vrai Dauphin, aurait tiré ses « souvenirs » si précis. D’autres pensent qu’il s’agit d’un assistant de Madame Vigée-Lebrun, peintre et portraitiste préférée de la reine, très intime avec la famille royale et exilée à Vienne en 1793. De ce côté là le mystère demeure… Débats et enjeux historiques à propos de Louis XVII « L’affaire Louis XVII » a été le grand œuvre de la vie de l’historien Alain Decaux. Celui-ci a fait connaître l’histoire au grand public à travers ses émissions de télévision et de radio « les mystères de l’Histoire ». Cette affaire est aussi emblématique d’une époque : les royalistes ont longtemps refusé la mort de l’enfant au Temple, et les révolutionnaires étaient mal à l’aise avec l’idée d’avoir contribué à la mort d’un innocent. Ils ont donc laissé les rumeurs filtrer. Surtout, la dimension tragique du destin de l’enfant, ainsi que l’absence de corps ont contribué aux rumeurs. Comme souvent dans le cas de morts suspectes, des aventuriers peut scrupuleux et un peu dérangés prétendent être celui qui a disparu. Enfin, la survie de Louis XVII aurait bouleversé l’ordre de succession au trône de France. Ni Louis XVIII (1815-1824), ni Charles X (1824-1830) et encore moins Louis-Philippe (1830- 1848) parvenu au pouvoir après une révolution, ne pouvaient se le permettre. Il y avait donc un fort enjeu politique. Louis-Charles de France, duc de Normandie, en 1787 (2 ans). Ci- contre le même en 1789 (4 ans) devenu Dauphin. Les deux portraits sont par Elisabeth Vigée- Lebrun, peintre préférée de Marie- Antoinette. A droite, le Dauphin en 1792 (7 ans) par Kucharski qui a approché la famille royale empri- sonnée au Temple à Paris. Contrairement à ses oncles qui ne croyaient pas (et pour cause) en la survie du Dauphin, sa sœur Marie Thérèse Charlotte y croit. Titrée « Madame Royale » comme toutes les filles aînées des rois de France, la princesse est la seule de sa famille à survivre à la Révo- lution. Libérée en 1799,elle épouse son faible cousin le duc d’Angoulê- me.Malheureuse en mariage, dotée d’un vigoureux caractère (le peuple la surnomme « le seul homme de la famille ») elle est une cible facile pour les aventuriers qui se disent être son frère. Devenue une grande femme sèche, autoritaire et laide, elle semble croire en l’histoire de uploads/Histoire/ club13-louis-xvii-l-orphelin-du-temple.pdf
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- Publié le Aoû 30, 2021
- Catégorie History / Histoire
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