Historiografías, 12 (Julio-Diciembre, 2016): pp.70-86. ISSN 2174-4289 70 De l’o

Historiografías, 12 (Julio-Diciembre, 2016): pp.70-86. ISSN 2174-4289 70 De l’oubli, des mythes, de l’histoire. Histoire et mémoire des volontaires espagnols dans la Résistance française Olvido, mitos e historia. Historia y memoria de la participación española en la Resistencia francesa On Oblivion, Myths and History. History and Memory of Spanish Volunteers within the French Resistance Diego Gaspar Celaya Universidad de Alcalá (España) gaspar.celaya.diego@gmail.com Resumen Este artículo está dedicado al estudio del proceso de transición entre memoria e historia de las obras dedicadas al estudio de la participación española en la Resistencia francesa. Para ello analizo, la bibliografía e historiografía que se ha ocupado del tema, y lo hago presentando un breve estado de la cuestión de publicaciones, reuniones científicas y homenajes dedicados a los resistentes españoles. Con él pretendo reflexionar tanto sobre la transición propuesta como sobre la creación de figuras míticas a las que en ocasiones han dado lugar ciertas obras y homenajes. Palabras clave Exilio, historia, memoria, Resistencia. Abstract This paper is focused on the delayed transition from memory to history in works devoted to the Spanish participation in the French Resistance. To this purpose, we shall examine the bibliography and historiography dedicated to this topic by presenting a balance of the publications, scientific meetings, and recent homages devoted to the Spaniards Resistance volunteers. With it we want to reflect both the kind of suggested transition and the contribution to create mythical figures to which some works and homages have given raise. Key Words Exile, history, memory, Resistance Historiografías, 12 (Julio-Diciembre, 2016): pp.70-86. ISSN 2174-4289 71 Résumé Cet article porte sur la transition de la mémoire à l’histoire dans les ouvrages consacrés à la participation espagnole à la Résistance française. À cette fin, j’analyse, d’abord la bibliographie et en suite l’historiographie qui porte sur ce sujet. Ainsi, je présente un bref état des publications consacrés à la participation espagnole dans la Résistance, mais aussi un court rapport des hommages récents reçus par les résistants espagnols afin de réfléchir aussi sur la création de figures mythiques à laquelle ils donnent parfois lieu. Mots clés Exil, histoire, mémoire, Résistance De l’oubli, des mythes, de l’histoire. Histoire et mémoire des volontaires espagnols dans la Résistance française Paris, 25 août 1944, 24 heures après qu’un détachement réduit de troupes de la seconde division blindée française, rempli d’Espagnols, atteigne la place de l’Hôtel de Ville de la capitale; depuis le balcon de cet édifice, le général De Gaulle s’adressa à la foule qui remplissait la place dans les termes suivants: Paris! Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.1 Accueillis avec enthousiasme et euphorie par des milliers de citoyens qui avaient supporté plus de quatre années d’occupation, avec ces mots De Gaulle donnait corps à la plus grande expression d’une volonté politique qui prétendait souligner l’importance de la France et des Français dans leur propre libération en excluant le reste des acteurs secondaires qui y participèrent. Mais ces mots placèrent aussi les fondements de la construction historico-culturelle postérieure qui autour du mythe de la Résistance se chargeront d’étayer, dans les années à venir, aussi bien l’histoire officielle phagocytée par le gaullisme que les différentes interprétations culturelles surgies sous la protection du Parti Communiste Français (PCF). Deux formes différentes de reconstruire l’histoire qui coïncident en enterrant la participation étrangère lors de la libération, non seulement de Paris, mais de toute la France, mettant en évidence comme elle a été placée sous silence pendant des années. De fait, comme la grande historienne française Geneviève Dreyfus-Armand le signalera, ce fut au travers de la censure systématique des souvenirs d’après-guerre que les Français restèrent soumis à la méconnaissance de la participation des étrangers à la Résistance; diminuant et oubliant les actions menées par ceux-ci, avec pour but de faire prévaloir l’image d’un vaste consensus national qui fit face à l’occupant et à ces associés. Mais la réalité fut tout autre. Pendant la seconde guerre mondiale des dizaines de milliers d’étrangers, parmi lesquels les Espagnols furent majoritaires, combattirent avec leurs homologues Français dans les rangs de la Résistance.2 1 Extrait du discours prononcé par le général De Gaulle le 25 août 1944. 2 Olivier Wieviorka, “Du bon usage du passé. Résistance, politique, mémoire”, Mots. Les langages du Historiografías, 12 (Julio-Diciembre, 2016): pp.70-86. ISSN 2174-4289 72 Entre 1940 et 1945 des milliers d’Espagnols ont combattu dans les rangs de la Résistance. En intégrant les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ils ont participé à la libération de nombreux départements du Sud de la France tels que: l’Ariège, les Basses- Pyrénées, le Gers, le Gard, l’Hérault, le Tarn, l’Aveyron et les Pyrénées Orientales. Ils ont participé aussi à l’interception des troupes allemandes, ils ont mené de nombreux sabotages et libéré de nombreux prisonniers politiques dans plusieurs prisons métropolitaines. Ils ont mené ce type d’actions incorporés dans différentes organisations de Résistance française, mais aussi dans le XIV Corps de Guérilleros Espagnols (XIV CGE) –puis en 1944 Agrupation de Guerrilleros Espagnols (AGE)– le bras armé de l’Union Nacional Española (UNE), la seule organisation de Résistance espagnole qui a réussi à réunir un grand nombre de combattants espagnols sous son drapeau communiste.3 Alors qu’en servant dans les rangs de la résistance extérieure, ils se sont battus aux côtés des Alliés dans les différents champs de bataille ou les armées de la France libre et ont participé de Bir Hakeim à Berchtesgaden, en passant par l’Allemagne, la Tunisie, L’Italie, la Normandie, Paris ou Strasbourg. En dépit de son importance quantitative et qualitative, la participation espagnole dans la Résistance n’a pas réussi à attirer l’attention des historiens français et espagnols jusqu’aux années quatre-vingts en France, et quelques années plus tard en Espagne. Parmi les nombreux facteurs responsables de cette négligence, j’en souligne deux: le premier, comme les historiens français Geneviève Dreyfus-Armand et Émile Temime l’avaient signalé, répond à la façon dont la France a écrit sa propre histoire après le second conflit mondial. Alors que le deuxième est dû à la façon dont quarante ans de dictature en Espagne, de son évolution et de sa projection internationale ont conditionné le développement et l’évolution des initiatives, civiles et académiques, pour étudier la participation et récupérer la mémoire des Espagnols qui ont combattu dans les rangs de la Résistance. Même s’il est vrai que d’autres variables telles que l’inaccessibilité à certaines archives, les différents systèmes politiques et l’utilisation que ces derniers font du passé apparaissent aussi comme des facteurs à considérer lors de l’analyse de cet oubli.4 politique, 32 (1992): 67-80. Geneviève Dreyfus-Armand, “Républicains espagnols. Des étrangers dans la Résistance”, CAES magazine, 89 (2009): 6-11. 3 En revanche, il est à noter que les enrôlements espagnols dans les organisations de la résistance française ont été caractérisés par une dispersion, puisque la plupart étaient le résultat d’une signification individuelle motivé souvent par différentes raisons personnelles des combattants, principalement les politiciens qui étaient favorables à la dissidence de l’organisation communiste espagnole et XIV CGE. À l’heure actuelle, il est difficile de donner un chiffre fiable qui reflète le nombre d’Espagnols qui ont pris part à la lutte de résistance. Dans ces dernières 50 années, différentes approches ont été fournies, la plupart du temps, par les protagonistes de la période. Dans le cas de la Résistance intérieure, les dossiers donnés par Miguel Angel Sanz au Comité d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, aujourd’hui conservés dans les Archives Nationales françaises (AJ 72 126) recueillent différentes estimations du nombre de troupes que le CGE XIV avait disponibles entre 1942-1944. Ces estimations révèlent qu’à la fin d’Août 1944, environ 10.000 résistants espagnols luttent dans toute la France, principalement concentrés dans le Sud de la France, notamment dans les Pyrénées. Geneviève Dreyfus-Armand, Denis Peschanski et d’autres, “Espagnols dans la Résistance” dans Josefina Cuesta Bustillo et Benito Bermejo (dir.), L’émigration et de l’Exil. Espagnols en France. 1936-1946 (Madrid: Eudema, 1996), 248. 4 Un exemple clair de l’inaccessibilité aux sources que je considère essentielles pour l’étude de la participation espagnole à la Résistance, a été mis en scène jusqu’en 2005 par le Bureau Résistance et Seconde Guerre mondiale (BRSGM). Créé en 1948 pour gérer les droits individuels, leur principale tâche a été fort concentrée sur l’administration des droits ou de la prestation des services en charge de la gestion des prix et distinctions, soit le bureau national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) qui Historiografías, 12 (Julio-Diciembre, 2016): pp.70-86. ISSN 2174-4289 73 Cependant, depuis 1980, quand l’attention des associations, des universités et des historiens a été éveillée, d’abord en France puis en Espagne, différents projets consacrés à l’étude et la valorisation de la lutte menée par les Espagnols dans la Seconde Guerre mondiale ont commencé à prendre forme. Ainsi, au milieu des années 1990, et pour la première fois, trois historiens français ont analysé en profondeur les différentes raisons d’un si long uploads/Histoire/ gaspar-celaya-2016-pdf.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 02, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2210MB