Le Jeu : une histoire de l’Humanité par Jean-Marie LHÔTE Le Jeu : une histoire
Le Jeu : une histoire de l’Humanité par Jean-Marie LHÔTE Le Jeu : une histoire de l’Humanité par Jean-Marie LHOTE 4 Sommaire Le Hasard ...................................................................................................................................... 7 Apparition de la notion de hasard Les instruments du hasard Comment tirait-on au sort? Le jeu représentation du monde .................................................................................................. 11 Antiquité des jeux Les grands jeux sont anonymes ! Les tabliers de jeux (3000 avant Jésus-Christ) 500 avant Jésus-Christ : la Grèce invente le tablier carré Les deux nouveautés des échecs Le roi, le vizir et la reine (VIIIe - Xe siècle) Où la dame devient la pièce maîtresse... Les cartes à jouer .......................................................................................................................... 19 Les cartes à jouer 1370 : les cartes à jouer. Un acte de naissance particulier Une nouvelle étape Le jeu de règle se démultiplie à partir du XVe siècle Les vertus pédagogiques des cartes à jouer Le bridge et les échecs, reflets de deux visions du monde La littérature sur les jeux ............................................................................................................. 27 Littérature sur le jeu Les premières règles écrites Alphonse X le sage, roi de Castille (1283) Première académie des jeux et diffusion de régles homogènes Premier essai philosophique sur le jeux (1938) Les jeux d’argent .......................................................................................................................... 33 Les jeux d’argent Les loteries d’Etat De Casanova à la Loterie Nationale (le jeu à grande échelle !) Le temple des jeux d’argent XIXe siècle Les caractéristiques des jeux en boîte ......................................................................................... 39 Les jeux en boîte Le jeu de l’oie vers 1600 Le Scrabble 1931 Le Trivial Pursuit 1979 Le spectaculaire et le vivant Bibliographie ................................................................................................................................. 47 5 6 Le hasard 7 Apparition de la notion de hasard Quatre notions cernent la notion de hasard dans la langue latine : Casus : l’accidentel, le fortuit, les circonstances imprévues… Alea : l’aléatoire des tirages des dés et autres instruments du même genre. Fors : l’univers du sort et de la divination. Fortuna : la déesse présidant au destin des hommes. La prise de conscience du caractère fortuit de certaines rencontres a sans doute été la source de l’idée d’un hasard chez l’homme. De même l’expérimentation d’instruments. Dans ce cas plusieurs stades peuvent être distingués. 1. Combien de siècles, de millénaires a-t-il fallu pour qu’une per- sonne se rende compte qu’un coquillage lancé en l’air retombe du côté creux ou arrondi ? 2. Cette première expérience étant réalisée, comment s’effectue ensuite le passage à l’idée de chance et de malchance en se disant « si la coquille retombe sur le creux, c’est un bon signe et si elle retombe sur l’arrondi, c’est un mauvais présage – ou le contraire ». C’est le fameux Pile ou Face où la personne engage sa subjectivité. 3. Le troisième stade consiste à dire à un ami : « on lance le coquillage, s’il retombe sur le rond c’est toi qui gagne, s’il retombe sur le creux c’est moi qui gagne et tu me dois quelque chose ». Il est extrêmement difficile de situer dans l’histoire cette pratique du pari qui relie d’une manière organique le hasard à une expérience de divination élémentaire : « Que va-t-il m’arriver ? ». Parallèlement l’homme invoque le ciel ; il se réfère à des dieux et en particulier cette déesse à laquelle les français, après les latins, donnent le nom de Fortune. Dater ces différentes étapes est présomptueux ; disons que l’homo sapiens et l’homme “hasardeux” sont sans doute contemporains ; ils sont apparus il y a cent mille ans environ. Peu à peu se préciseront les relations avec le ciel et le pari ; quand les pratiques sont généralisées nous sommes déjà dans la civilisation de l’agriculture. Déesse de la fortune. Rome, musée du Vatican. 8 Les instruments du hasard Le hasard pur naît de l’utilisation d’un instrument : un coquillage lancé, un fruit dissymétrique, quel- ques petites plaquettes d’ivoire, un osselet, un ou plusieurs dés… viendront ensuite les cartes à jouer, les billets et les roues de loterie. Aujourd’hui les procédés de tirages aléatoires électroniques se géné- ralisent. Les osselets constituent un repère intéressant en ce sens car deux d’entre eux ont été retrouvés dans une tombe d’Europe centrale, datés de 4.200 ans avant Jésus-Christ l’un est en os, l’autre en or ; ils auraient pu servir d’amulettes. Ces osselets sont les plus anciens instruments de tirage au sort actuel- lement connus, fabriqués ou travaillés par l’homme. Pendant toute l’antiquité gréco-latine l’usage des osselets comme instrument de jeux et de divination est répandu car leurs quatre faces distinctes étaient affectées d’une valeur différente. Les plus anciens dés cubiques connus datent pour leur part de 2.600 ans, avant Jésus-Christ et pro- viennent de la vallée de l’Indus. Osselets (dont un en or) Régions des Balkan. Periode chalcolithique vers 4200 ans avant Jésus-Christ. Varna, musée historique. Jeunes filles jouant aux osselets. Capoue, Antiquité romaine. Londres, British Museum. Trois joueurs d’osselets. Béotie, fin du VI ème siècle avant Jésus-Christ? Paris, musée du Louvre. 9 Comment tirait-on au sort? Bâtons dés, Egypte, Basse Epoque. Paris, musée du Louvre. Dés pyramidaux, Sumer, tombes royales d’Ur vers 2600 avant Jésus Christ. Londres, British Museum. Dés allongés à quatre faces, Inde, XIXe siècle. Paris, coll. Jean Vérame. Dés, époque romaine impériale. Paris, coll. Serge Plantureux Dans l’antiquité, plusieurs moyens étaient couramment utilisés. 1) Le lancer de petites plaquettes rectangulaires allongées de bois ou d’ivoire, portant une marque sur une de leur face. Le joueur en lançait généralement quatre. Il suffit de compter les marques après la chute : 1 marque visible = 1 ; 2 marques = 2 ; 3 marques = 3 ; 4 marques = 4 et aucune marque = 0 ou 5. De telles plaquettes ont été trouvées avec les plus anciens Senets égyptiens dès 3.000 avant Jésus- Christ 2) Le lancer de petits dés en forme de pyramides équilatérales à quatre faces. Deux sommets de chaque pyramide portent des mar- ques ; le décompte s’effectue comme précédemment en observant les sommets après la chute (un, deux, trois, quatre sommets marqués, ou aucun). De tels dés ont été trouvés dans les tombes royales d’Ur, vers 2.600 avant Jésus-Christ 3) Les osselets. Le côté plan valait 1 ; le côté concave 3 ; le côté convexe 4 ; le côté sinueux 6. 4) Les dés cubiques marqués de points de 1 à 6 com- me aujourd’hui ; mais c’est seulement en Grèce, vers le VIe siècle avant Jésus-Christ, que l’habitude est prise de faire opposer 1 et 6, 5 et 2, 4 et 3 de façon à ce que la somme des faces en question donne 7. Dans l’Antiquité, d’autres dés sont des polyèdres à douze faces ou davantage – comme ceux qui sont utilisés de nos jours dans certains jeux sur plateau. En Inde, les dés sont des parallélépipèdes allongés marqués sur leurs quatre grandes faces : soit 1, 3, 4, 6 ou 1, 2, 5, 6 ; la somme des points opposés valant 7. 10 Le jeu représentation du monde 11 Antiquité des jeux Les jeux de force et d’adresse naissent et se développent en même temps que l’homme lui-même. D’ailleurs, les animaux jouent ! Si la domestication du feu remonte à 400.000 ans, on peut imaginer que les premiers jeux d’adresse, les poursuites, le cache-cache se sont développés à partir de 200.000 ans… Lorsque les jeux transposent des activités sociales comme la chasse ou la guerre et nécessitent des instruments faits par l’homme, ils ne sont guère antérieurs à l’apparition de l’agriculture. Le tir à l’arc, par exemple, remonte à 10.000 ans. Viennent ensuite les jeux se pratiquant sur des tabliers, avec des cailloux, des graines, des pions : les mancalas africains, dont l’awélé est la forme la plus simple, pourraient avoir connu leurs premières formes à la même époque vers -4000. De même quelques jeux de pions très simples pratiqués sur des diagrammes dessinés à même le sol. Les premiers jeux pratiqués sur des tabliers transportables, dont il reste des témoignages archéologiques, sont connus en Égypte à partir de 3.000 ans avant Jésus-Christ Il s’agit de deux jeux de parcours : le Senet dont les pions se dé- placent sur trois rangées de dix cases et le Mehen dont le circuit est en spirale. Malgré les légendes, le go ne doit pas être antérieur à 1.000 avant Jésus-Christ. Fresque dite «pugilat». Crète, maison de Santorin. Mancala. Joueur de Mancala de 48 cases, bas-relief en terre cuite. Tanzanie ou Mozambique. Dar-es-Salaam, musée national de Tanzanie. Mehen faïence bleue. Egypte, IIème dynastie époque thinite, vers 3000 avant Jésus-Christ. Paris, musée du Louvre. 12 Les grands jeux sont anonymes! Nous savons dans quelles régions du monde sont nés les grands jeux, comme le jeu d’échecs originaire de l’Inde, qui a trouvé sa forme en Perse avant d’être introduit en Europe par les arabes. En revanche mais nous ignorons leur auteur. Seules des légendes permettent d’imaginer son origine et les circonstances de son passage en Perse : l’histoire du grain de blé doublé sur chacune des soixante-quatre cases, l’histoire du conseiller du prince qui découvre le mécanisme du jeu en observant les pièces et le tablier… De même nous uploads/Histoire/ livret-lhote-le-jeu-une-histoire-de-l-humanite.pdf
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- Publié le Jul 16, 2021
- Catégorie History / Histoire
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