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African Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020 www.africanscientificjournal.com Page 22 Impact du capital humain sur le rendement des producteurs d’anacarde en Côte d’Ivoire Impact of human capital on the performance of cashew producers in Côte d'Ivoire OUATTARA Yefongnigui Arthur Constant Economiste, Millennium Challenge Account Côte d’Ivoire Laboratoire d’Analyse et de Modélisation des Politiques Economiques Côte d’Ivoire ouattaraarthur@yahoo.fr N’DA Koffi Christian Enseignant-Chercheur Unité de Formation et de Recherche des Sciences Economiques et Gestion Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa Laboratoire d’Analyse et de Modélisation des Politiques Economiques (LAMPE) Laboratoire de Recherche en Economie et Gestion (LAREG) Côte d’Ivoire nda.christian@gmail.com Tape Dali Raoul Manager Suivi-Evaluation Millennium Challenge Account Côte d’Ivoire Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales Côte d’Ivoire daliraoul@yahoo.fr Date de soumission : le 25 Novembre 2020 Date de publication : le 30 Décembre 2020 OUATTARA Yefongnigui. N’DA Koffi. Tape Dali (2020), « Impact du capital humain sur le rendement des producteurs d’anacarde en Côte d’Ivoire», Revue African Scientific Journal, Volume 3, Numéro 3, pp : 22-45. Pour citer cet article : Conflit d’intérêts : L’auteur ne signale aucun conflit d’intérêts. Déclaration de divulgation : L’auteur n’a pas connaissance de quelconque financement qui pourrait affecter l’objectivité de cette étude. Copyright © 2020 – ASJ African Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020 www.africanscientificjournal.com Page 23 Résumé L’objectif de cet article est de mesurer l’impact de la formation sur les rendements des producteurs d’anacarde en Côte d’Ivoire. Les données proviennent de l’enquête par sondage réalisée en 2017 par la Direction Suivi-Evaluation et Qualité (DSEQ) de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) de la Côte d’Ivoire. Une modélisation PSM (Propensity Score of Matching) a été mise en œuvre à cet effet. Toutes les méthodes d’appariement produisent des résultats convergents avec des accroissements moyens de rendement de 94,09 kg/ha, 78,17 kg/ha, 73,64 kg/ha et 93,18 kg/ha respectivement en utilisant les méthodes du plus proche voisin, du rayon, de la stratification et de la fonction de kernel. Mots clés : Impact ; formation ; rendement ; producteur ; PSM Code JEL : C21 ; J24 ; D83 ; D24 Abstract The objective of this paper is to measure the impact of training on the yields of cashew producers in Côte d’Ivoire. Data are from the sample survey carried out in 2017 by the Directorate for Monitoring, Evaluation and Quality (DSEQ) of the National Agency for the Support to Rural Development (ANADER) of Côte d’Ivoire. A PSM (Propensity Score of Matching) modelling was implemented for this purpose. All the matching methods have given convergent results with some average yield increase of 94.09 kg/ha, 78.17 kg/ha, 73.64 kg/ha and 93.18 kg/ha respectively for the nearest neighbour, the radius, stratification and the kernel function. Keywords: Impact; training; yield; producer; PSM JEL code : C21 ; J24 ; D83 ; D24 African Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020 www.africanscientificjournal.com Page 24 Introduction Dès l’avènement de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, le pays a basé son développement sur l’agriculture. Aussi, plusieurs structures, des sociétés d’état, ont été commises à l’encadrement des producteurs dans diverses spéculations. Ainsi les populations ont pu bénéficier et bénéficient encore d’un accompagnement, dans la conduite des cultures vivrières, du binôme café-cacao, de l’élevage… Cependant, l’anacarde a été quasiment la seule culture pérenne vers laquelle les programmes de développement ce sont le moins orientés. Peu d’action visant l’amélioration de la productivité des parcelles et l’amélioration de la qualité des produits ont été menées. Sa diffusion massive et son introduction dans les systèmes de production ont été l'œuvre des producteurs eux-mêmes, dès lors qu'elle résolvait un de leur problème majeur, à savoir, l'amélioration de la condition économique. C'est donc de manière spontanée et sans encadrement qu'en quelques années, l'adoption de cette culture s’est développée (TUO, 2007). Pour remédier à cette situation, le Gouvernement ivoirien a adopté en 2013 une réforme des filières coton et anacarde. Concernant la filière anacarde, la réforme a prévu six axes stratégiques dont celui relatif à l’encadrement des producteurs d’anacarde matérialisé par la mise en œuvre d’un projet de conseil agricole dédié à l’ensemble des producteurs de noix de cajou. L’objectif de celui-ci est de garantir la durabilité de la culture et d’améliorer la productivité et les revenus des producteurs. A cet effet, une convention cadre tripartite a été signée le 21 mars 2014 entre le Conseil du Coton et de l’Anacarde, le Fond Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA) et l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) pour une durée de quatre (04) ans pour l’information, la sensibilisation et la formation des producteurs aux bonnes pratiques agricoles1. Après la mise en œuvre de ces formations qui devaient s’achever en 2018, la question de leur impact sur l’amélioration de la production chez les producteurs qui y ont participé devient essentielle. La question centrale qui se pose dès lors est celle de savoir si cet investissement en capital humain, représenté par ces formations a-t-il permis d’améliorer la productivité des producteurs d’anacarde formés comparativement aux autres. 1 Bulletin d’Information du FIRCA, Edition N°13 du 1er trimestre 2014, page 28 https://firca.ci/wp-content/uploads/2019/02/LaFiliereDuProgres13.pdf African Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020 www.africanscientificjournal.com Page 25 Cet article vise ainsi à analyser l’impact des investissements en capital humain chez les producteurs d’anacarde en Côte d’Ivoire. Il est ainsi question, de façon spécifique, de quantifier les effets de l’application des formations reçues sur la productivité des producteurs de noix de cajou en Côte d’Ivoire. Revue de la littérature L’impact de l’éducation sur la productivité est depuis longtemps étudié. Les premières études empiriques menées entre autres par Denison (1962), Kendrick (1976), Jorgenson et Griliches (1967) ont conclu à un impact positif du capital humain sur la productivité. Par ailleurs, le niveau d’éducation est un facteur d’identification des travailleurs potentiellement les plus productifs plutôt que d’accroissement directement de la productivité. Autrement dit, les individus les plus aptes trouvent qu’il est moins coûteux, en temps et en efforts, d’acquérir des niveaux plus élevés de l’éducation. Ainsi, l’acquisition des qualifications indique la capacité et la motivation plutôt qu’une augmentation directe de la productivité (Spence, 1973 et Weiss, 1996). Les inputs du capital humain ont été reconnus comme des facteurs critiques dans la réalisation de la récente croissance soutenue de la productivité dans certains pays africains (Schultz, 2003). L’éducation peut améliorer l’efficacité technique directement par l’amélioration de la qualité du travail, en augmentant la capacité des agriculteurs à s’adapter aux déséquilibres, et grâce à son effet sur l’utilisation d’inputs (Moock, 1981). Ainsi, le capital humain explique, en grande partie, la divergence observée entre la croissance du produit et celle de la quantité de facteurs productifs employés, entrainant une amélioration qualitative de la productivité du facteur travail qui augmente sa capacité contributive et favorise la croissance économique. Gokcekus et al. (2001), au Ghana, démontre que l’amélioration de l’efficacité et la création des nouveaux emplois, via des micro-entreprises, apportent des solutions viables à quatre problèmes dans les pays en voie de développement, notamment le chômage, l’exode rural, l’utilisation inefficace des ressources et le manque de capacités commerciales internationales. Dans le secteur agricole, l'approche de la fonction de production établit un lien entre l'éducation et la production agricole dans la littérature du monde en développement. Hussain et Byerlee (1995) démontrent que pour l'Asie le rendement de la scolarité dans l'agriculture peut être aussi élevé que pour les salariés urbains. A travers une revue de littérature portant sur 18 études, Lockheed, Jamison et Lau (1980) font le constat que l’éducation a dans la African Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 3, Numéro 3, Décembre 2020 www.africanscientificjournal.com Page 26 plupart de ces études un effet positif significatif sur la production. Une relation positive significative entre l’agriculture et l’éducation était plus probable dans les régions où les agriculteurs se modernisent. Ainsi, en moyenne, l'augmentation de la production associée à quatre années de scolarité était de 8,7%. Toutefois, les effets de l'éducation dans l'agriculture traditionnelle n’est pas nulle. L'augmentation de la production due à quatre années de scolarité n'a été que de 1,3% en moyenne, contre une augmentation moyenne de 9,5% pour les études dans les régions en voie de modernisation. Phillips (1994) a passé en revue 12 études portant sur l'Amérique latine et a pu confirmer les tendances générales de l’étude de Hussain et Byerlee (1995). L'augmentation moyenne de la production due à quatre années supplémentaires de scolarité dans les études est de 10,5%. L’augmentation de la production pour les systèmes agricoles traditionnels est de 7,6% contre 11,4% pour les systèmes agricoles modernes. Phillips (1994) établit par ailleurs, sous certaines conditions que, les effets de la scolarisation sont plus forts en Asie qu'en Amérique latine, quel que soit le degré de modernisation. Cela peut avoir des implications sur l'applicabilité des résultats asiatiques à l'Afrique, bien que trop peu d'études utilisant des données africaines aient été prises en compte. Selon Appleton et Balihuta (1996) l'effet de la scolarisation sur la production agricole n'est généralement pas significatif dans le uploads/Industriel/ capital-humain-et-rendements-des-producteurs.pdf

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