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3 1 DEC. 1977 1 / 1nemo Comme chaque année, . pour les fêtes, sort ou ressort un film de la gigantesque usine Walt Disney. Cette année, voici un inédit, « Les Aventures de Bernard et Bianca » : deux souriceaux en mission de sauvetage auprès d'une petite fille (voir TRA. 1455). C'est l'occasion de faire le point sur -une industrie née en 1928, avec Mickey, et qui . continue de fonctionner douze ans après la mort du Citizen Disney. \ DISNEY au pays des usines à merveilles • Walter Elias Disney naît le 5 décembre 1901 à Chicago. Se$ débuts sont modestes. A dix-huit ans, alors à l'Académie des Beaux Arts de Kansas City, il fait du des- sin publicitaire dans les journaux. En 1923, accompagné de son frère Roy, photographe, il quitte Kansas City pour LQs Angeles, où tous deux réalisent une série de des- sins· animés, les Alice Comédies (Alice in Cartoon/and}. Trois ans plus tard, ils lancent une deuxième série dont le héros est Oswald le .lapin, qui connaît un certain succès, mais le producteur fait faillite et le personnage est mis sous séquestre. Les circons- tances obligent Disney à devenir 76 son propre producteur et à lancer presque malgré lui deux films dont le héros est un personnage nouveau : Mortimer. Mortimer est une souris vive, es- piègle, brise-tout, entreprenante et toujours triomphante, qu'il débap- tisera, l'année suivante, pour le troisième film de la série (Steam- boat Willie): Mortimer devient Mickey Mouse et le film est sono- risé. Nous· sommes en 1928. Dès lors, c'est le succès. Un suc- cès total, qui ne se démentira jamais et qui permet à Disney de prouver ses qualités d'homme d'af- faires et d'industriel. L'argent lui amène l'indépen- dance •. ~t. U peut se consacrer à 'Œ\.ERAM .. , 1459 . de plus vastes projets : Il lance ses Silly Symphonies, pour · les- qùell~s il crée de nouveaux per- sonnages s'inspirant en général des fables et du folklore (La Ci- gale et la fourmi. Le Lièvre et la tortue. Le Rat des villes · et le rat des champs). Mais, surtout, Il travaille la tech- nique, perfectionne les voix, les bruitages, cherche de nouveaux sons... On peut considérer que c'est au cours des dix années qui suivent la création de Mickey (1928-1938) que sa production est la plus passionnante et que son art atteint son apogée. Les courts métrages possèdent . un sens du rythme, des gags, de J'emploi de la musique... Ils débordent d'ima- gination et de trouvailles (Ghosts, Donald plombier, Clock clea- ners ... ). Des personnages nou- veaux font leur apparition (gr.âce à U. B. lwerks, le fidèle collabora- teur de Disney) : Pluto, le chien stupide (1930), Goofy (1935) et surtout Donald en . 1936, canard malchanceux, râleur, nasillard, toujours furieux contre les ennuis que lui attire sa maladresse. En 1933, c'est l'immense succès Blanche-Neige et les sept nains te premier long métrage d'animation. Les Trois petits cochons un Immense succès Inspiré d'un vieux conte. Les Aventures de Bernard et Bianca : /a signature a changé, mals l'esthétique est restée. des Trois petits cochons. Inspirée d'un vieux conte, l'histoire conte- nait toujours la même morale : les paresseux sont attrappés par le loup, seul le cochon travailleur lui échappe régulièrement en se construisant une maison. La chanson « Qui craint le grand mé- chant loup, c'est pas nous, c'est pas nous... » devint même, pour l'Amérique, une sorte de défi lancé à la crise. En 1934, sort le premier Mickey en couleurs : Band Concert. Dis- ney emploie déj• à, à cette époque, plusieurs centaines de personnes dans ses studios de Burbank (Ca- lifornie). Des équipes de « gag- men , cherchent de nouveaux ef- fets comiques. La souplesse du dessin animé sur cellulo offre un champ illimité aux possibilités .d.e trucages : tous· les gags sont pe'r- mis. Les objets volent, parlent, dansent, se déplacent sur les ry1hmes les plus divers. Le comble du mauvais goût Disney se lance alors dans une industrialisation gigantesque il exploite à fond ses personnages et tire le maximum qe . revenus des sous-produits (bande dessi- née, disques, vente de poupées, de jouets en peluche, droits d'au- teur sur les dessins que l'on re- trouve partout : dans la layette, la confiserie ... ). Grâce au capital- ainsi amassé, il . peut présenter, en 1937, le pre- mier long métrage d'animation de l'histoire du cinéma : Blanche- Neige et /es sept nains. le film a demandé trois annéés de travail.· Beaucoup le consi- dèrent comme son chéf-d'œuvre pour la perfection de l'animation, le classiCisme des dessins, la -somptuosité des couleurs et l'in- vention visuelle constante. Pinocchio lui succédera en 1940. le film · contient de très brillants morceaux (les horloges ·à tnt.r·· sique dans la demeure de G&. petto, le duo Grand Coquin-Gê.: ' déon, le ,gJiat Figar:o, le forain ron- douillard Stromboli et ses pou- pées). ~n 1941, c'est Fantasia, film beau-~ coup .plus ambitieux. On y volt r 77 Alice au pays des merveilles : tourné en 1950, juste après le nouvel essor de l'entreprise ~ Mickey en « apprenti sorcier .. , traqué par des balais et sub- mergé sous les seaux d'eau. D'au- tres séquences sont restées dans toutes les mémoires comme Je comble du mauvais goOt (Le Casse noisette, Une nuit sur le Mont Chauve, La Symphonie pas- torale ... ). · Les studios de Burbank sont de- venus des usines à contes pour enfants. L'énorme machine fàit travailler à la chaîne des milliers de personnes, et Disney se révèle de plus en plus un patron de combat. Ses films sé distribuent sur les écrans du -monde entier. Blanche-Neige, bien sOr, s'est vendue sous toutes les formes possibles et imaginables (mar- ques de chocolats, albums, mou- choirs ... ). Dans les studios, les techniciens reconstituent la nature et étudient la chute des feuilles, le mouve- ment .des nuages ou l'anatomie des animaux. L'ingéniosité des courts . métrages ,disparaît. Tout s'industrialise : on fait jouer les films par des acteurs vivants, puis J 'on calque leurs mouvements en déformant à peine le trait. ·De ce procédé sort finalement un réa- lisme bâtard, des décors surlé- chés, et des films· d'où l'invention la poésie, Je m"'.tvement èn li- berté s'effacent dè. plus en plus au profit d'un sentimentalisme roublard et bêtifiant. 78 Disney devient un artisan labo- rieux, esclave du réalisme. Ses films visent bas et propagent une morale douceâtre et conformiste. En 1941, sort Dumbo. Et en 1943, Bambi. Au moment où J'Amérique entre en guerre, les productions, coupées de leurs revenus euro- péens doivent de fortes sommes d'argent au~ banques et Burbank est hypothéqué. Le gouvernement intervient alors, ~t Disney est in- vité à seconder l'effort de guerre en .produisant des films pour l'ar- mée. Disney abandonne la réalisation. Pendant quatre ans, les studios produisent des courts métrages engagés, pleins d'ingéniosité · (Il faut faire vite et bon marché). Sortent ainsi Victory thmugh Air Power, Thê FOhrer's face, Educa- tion tor death chicken little ... Mais la fln de la 'guerre arrive, les dettes se remboursent, et J e chef d'entreprise se ranime. En 1950, sort Cendrillon, et en 1951, Alice au pays des merveilles. C'est à cette époque que Disney ouvre un gigantesque parc d'at- tractions pour enfants : Disney- land. On y trouve pêle-mêle J e château de la Belle au bois dor- mant, la fusée spatiale de von Braun, un fleuve . d'Afrique, des crocodiles, des cannibales, un sa- loon de l'Ouest... Considéré par certains comm.e « la honte de l'Amérique .. , la bonbonnière géante coOte 150 mil- lions de dollars à son créateur. C'est un déferlement de guimauve et d'eau de rose!... C'est aussi à partir de cette épo- que- (1950) que Disney abandonne la réalisation proprement dite pour devenir chef d'industrie. Le dessin animé n'a· plus qu'une part limitée dans les productions de la firme, qui sort plusieurs films d'aventures ou de nature (Davy Crockett; ~e Désert vivant, La Grande prairie, Ja série C'est la vie ... ). Certains . films sont sauvés par Je talent de leur réalisateur .(Richard Fleisher pour: Vingt mille lieues sous /es mers, Robert Stevenson pour Mary Poppins), mais les do- cuments réels deviennent en gé- néral, ~près « tripatouillages ,. (montage, mixage avec musique envahissante, usage de ralentis, d'accélérés, raccords tournés en studio, apport de suspense inu- tile) de prêchants salmigondis, qui s'éloignent de la nature. qu'ils prétendent montrer. Le 15 décembre 1966, Walt Dis- ney nieurt à Burbank. Depuis, ses productions conti- nuent à coloniser les écrans du monde entier, surtout aux envi- rons de Noël. Les films sont main- tenant signés Wolfgang Reither- man, un des plus anciens . colla- borateurs de Disney. (Il le rencon- tra en 1931 , âgé de vingt- deux ans, et commença à travailler pour lui sur la séquence de Blanche- Neige où la sorcière dialogue avec son· miroir, Depuis La Belle et le clochard, il est co-réalisateur de tous les longs métrages de uploads/Industriel/ disney.pdf

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