Bilan du Règne de Napoléon III en France Le Second Empire est une des périodes

Bilan du Règne de Napoléon III en France Le Second Empire est une des périodes les plus fastes de l’histoire de France. Le règne de Napoléon III est marqué par la modernisation de la France et de nombreux progrès dans tous les domaines. C’est à la fois l’apogée de la prospérité agricole, le triomphe de la révolution industrielle, l’ère des grands travaux urbains, la phase décisive de la révolution ferroviaire, la naissance du système bancaire moderne, l’extension de l’instruction publique, la modernisation sans précédent de la marine et le retour de la France sur la scène internationale. Trop souvent décrié et résumé au coup d’état et à la défaite de Sedan, la IIIe République a largement contribué à faire oublier un régime que les républicains ont détesté et voué aux gémonies. Il apparaît pourtant que le Second Empire fut une période très positive et, qu’on apprécie Napoléon III ou non, on ne peut nier que son règne fut essentiel dans la formation de la France contemporaine. Illustration 1: Portrait de sa majesté impériale Louis-Napoléon Bonaparte, Napoléon III Empereur des Français, peint par Franz Xavier Winterhalter Développement économique et industrialisation de la France Le Second Empire est une période de grande prospérité économique et c’est à cette période que la France devient véritablement une grande puissance industrielle. En effet le tissu industriel français connaît une modernisation rapide et un renouvellement important des méthodes de production. C’est aux alentours des années 1860 que l’industrie moderne supplante l’industrie artisanale. Plus important encore, c'est sous le Second Empire que la production industrielle dépasse en valeur la production agricole. Si en 1850 la première représente 4 milliards de francs et la seconde 5 milliards, en 1870 la production industrielle s'élève à 12 milliards de francs et la production agricole à 7,5 milliards. L'essor de l'industrie métallurgique, qui devient la branche motrice de l’économie française grâce au développement du chemin de fer, est le symbole de ce développement économique. Les hauts fourneaux au charbon de bois sont remplacés par des hauts fourneaux au coke et leur capacité augmente rapidement. La France vers 1860 possède une production de fonte nettement supérieure à celle de tous les États allemands réunis, entre 1850 et 1870 la production de fer triple et la production de fonte est multipliée par 3,5. C’est également vers 1860 que la France entre dans l’ère de l’acier: les premières aciéries apparaissent avec l’introduction du procédé Bessemer en 1858, en 1870 l’Empire produit 90 000 tonnes d’acier. La construction de matériel ferroviaire connaît aussi un formidable essor. Alors que dans les années 1840 la plupart des locomotives étaient importées d’Angleterre, en 1860 les principaux constructeurs français exportent 40 % de leur production. Même chose dans l’industrie mécanique : c’est pendant la décennie 1850-1860 que l’équipement en machines à vapeur atteint son rythme de croissance le plus rapide de tout le XIXe siècle. En 1850 la France ne compte que 5 300 machines à vapeur développant une puissance de 26 000 CV, en 1869 elle en possède 26 200 pour une puissance de 320 000 CV. Ces machines à vapeur sont de fabrication française. Ce développement de l’industrie mécanique et de l’équipement en machines à vapeur profite grandement au secteur textile, qui reste le premier employeur français avec 1 million de travailleurs, qui se modernise et se mécanise rapidement entre 1850 et 1870. Non seulement l’industrie française se modernise et n’est plus dépendante de l’Angleterre pour se fournir en biens d’équipement qu’elle fabrique maintenant elle même, mais elle devient capable d’innover : dans la première décennie du Second Empire les brevets d’invention se multiplient, l’invention du procédé Martin et la mise sur pied de la production industrielle de l’aluminium par Henri Deville témoignent de cette capacité à innover. Pour alimenter cette industrie en pleine expansion en énergie la production de charbon triple (elle passe de 4,5 millions de tonnes en 1850 à 13,5 millions en 1869) et le nombre de mineurs est multiplié par 2,5. Dans le domaine agricole, le Second Empire marque le début de l'âge d'or de la paysannerie française. Outre l’action du gouvernement pour combattre le fléau de l’endettement paysan, de grands travaux de bonification et de défrichage sont menés dans les campagnes pour mettre en valeur de nouvelles terres. Ainsi la surface cultivable de la France s’accroît de 1,5 millions d'hectares et des régions comme les landes de Bretagne, les Dombes, ou encore la Sologne (réputée pendant longtemps la région la plus pauvre de France) se couvrent de champs et d’exploitations forestières. De 1850 à 1870 la production agricole double et les chemins de fer ainsi que le traité de 1860 permettent aux agriculteurs d’exporter leurs productions vers de nouveaux marchés. Les paysans voient leurs salaires augmenter de 42 % pendant les dix premières années de l’Empire et le niveau de vie des campagnes augmente sensiblement, le spectre de la famine et de la disette s’éloignent définitivement des campagnes française. Seul point noir au tableau: la mécanisation et les nouvelles techniques agricoles se diffusent lentement, malgré l'action de Napoléon III en ce sens. Révolution des transports Ces progrès économiques, que ce soit dans le domaine agricole ou (et surtout) dans le domaine industriel, n'auraient pas été possibles sans la révolution des transports, et en particulier la révolution du chemin de fer. Le chemin de fer connaît une progression spectaculaire. En 1851 la France ne compte que 3 558 kilomètres de voies ferrées et 1 000 locomotives, en 1869 le total se monte à 17 000 kilomètres de voies ferrées et 4 822 locomotives qui transportent 113 millions de voyageurs et 44 millions de tonnes de marchandises. Le réseau a donc été multiplié par cinq et le nombre de personnes transportées et le fret par dix. Cette réussite, qui permet là aussi à la France de rattraper son retard sur la Grande Bretagne, est le fruit de la volonté de l’Empereur qui a activement œuvré pour l’extension du réseau ferroviaire. Ce développement du chemin de fer permet enfin l’unification et la formation d’un véritable marché national, outre son effet d'entrainement sur toute l’industrie en stimulant l’industrie métallurgique déjà mentionné plus haut. Le transport maritime connaît lui aussi un développement certain. Les Messageries impériales créées en 1851 et la Compagnie générale trans-atlantique fondée dix ans plus tard permettent à la France de ne pas laisser à l’Angleterre le monopole du transport maritime. Les navires à vapeur et à coq en fer se multiplient et les ports s’équipent et se modernisent, notamment le port de Marseille et le port du Havre (le Havre voit d’ailleurs sa population tripler sous l’Empire). Enfin, la France est dotée par Napoléon III du télégraphe électrique. En 1855 toutes les préfectures du pays sont reliées au réseau (là dessus Napoléon III mène vraiment une action salutaire, en effet à la fin des années 1840 pratiquement tous les pays d’Europe sont équipés du télégraphe électrique, même la Russie, tandis que la monarchie de juillet utilise encore le sémaphore…). À la fin de l’empire 3 millions de télégrammes sont envoyés annuellement et les premiers réseaux sous-marins se mettent en place avec l’Angleterre puis l’Algérie. La poste n'est pas en reste, notamment grâce à la décision de 1862 de doter chaque commune d’un service quotidien de distribution du courrier. Révolution bancaire La révolution du chemin de fer et l’apparition de la grande industrie nécessitent une révolution de la banque et du crédit. En effet dans la première moitié du XIXe siècle le système bancaire, dominé par la haute banque parisienne et incarné par les Rothschild, reste archaïque et inadapté aux grands bouleversements économiques que connaît la France. L’argent est cher et la haute banque ne consent à prêter qu’à une clientèle restreinte pour éviter les risques, hors le développement industriel et surtout la construction du réseau ferré nécessitent des capitaux très importants. C’est sous Napoléon III que va se mettre en place un véritable système de banque moderne afin de fournir les capitaux nécessaires au développement économique. En 1852 les frères Pereire créent, grâce à l’appui de l’Empereur, le Crédit mobilier. L’objectif de cet établissement est de favoriser la circulation de l’argent en drainant l’épargne afin d’offrir aux investisseurs, petits et grands, des sources de crédit à bon marché. Ainsi le Crédit mobilier a financé de nombreuses entreprises industrielles, ferroviaires, et bancaires. À coté des banques d’affaires apparaissent des banques de dépôts : le Crédit lyonnais, la Banque des Pays-Bas, la Société générale, la Banque de Paris, etc. La Banque de France n’échappe pas à la révolution bancaire et elle est réformée par l’Empereur afin de participer elle aussi au développement industriel de la France. L’objectif est de faire circuler l’argent au sein de l’économie, c’est aussi dans cette optique que Napoléon III modernise le droit des affaires : transposition de nombreux usages commerciaux dans la loi (1866), introduction du chèque (1865), création de magasins généraux (1858), etc. Le droit des sociétés est aussi complètement modifié pour permettre le rassemblement de capitaux massifs, notamment avec la loi de 1863 qui facilite considérablement la création uploads/Industriel/ napoleon-iii.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager