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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 000 - 1 Normalisation en construction mécanique par André CHEVALIER Inspecteur pédagogique régional, inspecteur d’Académie Expert à l’Association française de normalisation (AFNOR) Expert à l’Union de normalisation de la mécanique (UNM) Membre du Collège national des experts de l’ingénierie (CNEI) a normalisation est aujourd’hui une réalité quasi incontournable pour la fabrication et la commercialisation de la plupart des produits industriels en France, en Europe et dans le monde, mais l’approche des systèmes normatifs français et internationaux peut être, dans certains cas, complexe et longue. Elle nécessite certaines connaissances préalables. L’objet de cet article est de donner l’essentiel de ce que doit savoir l’ingénieur en construction mécanique pour gérer, avec proﬁt, l’outil normatif. Il montre notamment : — que la normalisation n’est jamais neutre, qu’elle est le reflet de la technolo- gie, des connaissances et de la réglementation. Ainsi, elle avantage, sur le plan commercial, ceux qui en ont la maîtrise ; — que la normalisation intégrée dans le cycle de vie d’un produit, dès le cahier des charges*, est une action bénéfique pour tous les niveaux de l’entreprise, depuis la conception, la fabrication, la commercialisation, l’utilisation, la main- tenance, en passant par le management environnemental. Au carrefour de tous les secteurs industriels, le rôle de la construction mécani- que est d’inventer et de produire des pièces, des machines et des systèmes qui peuvent se montrer d’une grande complexité. La construction mécanique inter- vient dès que l’on projette de réaliser un produit matériel. Ainsi, elle est un pas- sage obligé à pratiquement tous les domaines et, à ce titre, elle est une discipline 1. Le besoin normatif en construction mécanique.............................. BM 5 000 2 2. Qu’est-ce qu’une norme technique ? .................................................. — 4 3. A quoi servent les normes techniques ?............................................ — 5 4. Organisation réglementaire et normative ......................................... — 6 5. Système normatif ..................................................................................... — 7 6. Identiﬁcation d’une norme technique ................................................ — 10 7. Groupes ICS utilisés en construction mécanique ........................... — 11 8. Prénormalisation....................................................................................... — 11 9. Labels de qualité et marquage CE ...................................................... — 12 10. Certiﬁcation ............................................................................................... — 13 11. Veille normative ........................................................................................ — 14 Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BM 5 000 L NORMALISATION EN CONSTRUCTION MÉCANIQUE ___________________________________________________________________________________________ Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. BM 5 000 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique transversale. Une boutade dit même que, sans support mécanique, l’électroni- que n’existerait pas. Cela exige, en tout cas, pour le mécanicien : — une grande pluridisciplinarité des connaissances, tant générales que nor- matives ; — une importante compétence en normalisation pour maîtriser, lors d’analy- ses systémiques, les interfaces et les interactions qui interviennent lors du cycle de vie d’un produit. * Cahier des charges : document par lequel le demandeur d’un produit exprime son besoin en termes de fonctions de service et de contraintes (NF X 50-150 et NF X 50-151). 1. Le besoin normatif en construction mécanique 1.1 Contexte général La normalisation est ﬁlle de l’industrialisation et notamment de l’industrie mécanique. Elle a toujours accompagné son développe- ment. Elle est ainsi l’image de la culture mécanicienne, intégrant dans son développement non seulement des objectifs technologi- ques mais aussi socio-économiques. Progressivement, la normalisation construit un véritable outil de références techniques de plus en plus universel et représentatif de la situation existante et au service de tous (près de 11 000 normes internationales). Comme tout outil, la normalisation a son domaine d’application, une méthodologie d’utilisation, ses contraintes et ses limites. I Savoir utiliser la normalisation Bien utilisée, la normalisation est un élément qui est souvent : — à l’origine d’une innovation ; — un vecteur de conquête de marchés et de promotion commer- ciale ; — un guide de la compatibilité, de la sûreté et de l’interopérabilité des matériels ; — une assurance de la qualité des produits ; — un moyen de choix des produits ; — une garantie de protection des biens, des personnes et de l’environnement ; — une réponse aux appels d’offres des marchés publics, ... Une mauvaise connaissance de la normalisation et une mauvaise utilisation de ses potentialités pourraient engendrer de nombreux déboires et, en particulier : — des surcoûts de conception, de fabrication ; — une impossibilité de commercialisation dans les marchés pro- tégés ; — un handicap de pénétration des marchés ; — des difficultés juridiques en cas de contentieux ; — des difficultés de maintenance ; — des problèmes d’élimination des produits hors d’usage, ... I Contraintes de la normalisation de la mécanique La normalisation évolue très rapidement ; par exemple, plus de 7 000 sujets de normalisation sont inscrits au Comité européen de normalisation et 1 800 au programme de l’Union de normalisation de la mécanique en 1997. Parallèlement, le nombre de pages de chaque norme se trouve décuplé. La connaissance des normes devient ainsi, chaque jour davantage, un sujet complexe et souvent contraignant, notamment : — parce que le respect de la normalisation est une des clés pour pénétrer le marché mondial ; — parce qu’elle est l’œuvre consensuelle de partenaires aux inté- rêts parfois antagonistes et que, de ce fait, elle influe fortement sur la conception et la fabrication des produits. Bien que cela puisse paraître paradoxal en première analyse, ces contraintes sont souvent à l’origine d’innovations spectaculaires et d’ouverture de nouveaux marchés. Par exemple, les normes concer- nant la sécurité des machines ou les normes relatives aux contrain- tes environnementales tels que le bruit, les rejets polluants, etc., dynamisent certains secteurs de l’activité économique. La Commis- sion des Communautés européennes est péremptoire à ce sujet et elle afﬁrme que les produits de demain sont ceux qui correspon- dront à une meilleure qualité de vie. I Limites de la normalisation en mécanique La normalisation ne peut résoudre tous les problèmes ; elle peut beaucoup et nous devons en attendre davantage encore, mais elle a ses limites. Ces limites jouent pleinement leur rôle lorsqu’elles facilitent les relations clients-fournisseurs, mais elles ne sauraient intervenir pour organiser une conception ou une fabrication. Par ailleurs, le contenu des normes n’est pas de la seule décision des experts en normalisation ; il doit être conforme à certaines directives, par exemple aux exigences essentielles pour les normes européennes. Les procédures d’élaboration d’une norme internationale sont encore trop longues, souvent cinq ans, voire davantage. En atten- dant, les entreprises les plus fortes peuvent imposer au marché leurs choix personnels. La normalisation institutionnelle se trouve alors remplacée par une norme de fait. Enﬁn, il y a encore dans la normalisation des manques qui néces- sitent soit des ententes consensuelles, soit des travaux de recher- ches. Le besoin essentiel et constamment suivi depuis l’origine est de rationaliser les problèmes techniques répétitifs entre clients et fournisseurs. La normalisation doit toutefois veiller à ne pas contraindre sans raison car les produits peuvent devenir trop chers et, de ce fait, non compétitifs. La normalisation en mécanique présente donc des aspects techniques, économiques et politiques fondamentaux qu’il con- vient de connaître et de maîtriser pour optimiser la stratégie de conception, de réalisation et de commercialisation des produits et des services industriels. ___________________________________________________________________________________________ NORMALISATION EN CONSTRUCTION MÉCANIQUE Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 5 000 - 3 1.2 Répartition des normes techniques par domaine Les ﬁgures 1 et 2 donnent les répartitions des normes techniques AFNOR et ISO. 1.3 Évolution de la normalisation en construction mécanique I Les premiers objectifs ont été : — de réduire les prix de revient ; — de faciliter l’approvisionnement et la maintenance ; — de rendre plus efficace et rationnelle la production. Ainsi, les normes se sont efforcées tout d’abord : — de restreindre le nombre de types d’un même article ; la série des nombres normaux du Colonel Renard a servi de base pour réduire le nombre des caractéristiques dimensionnelles d’un produit ; — de rendre les éléments de machines plus uniformes ; les types de filetage se sont réduits, les pas de vis en fonction des diamètres se sont harmonisés, les composants mécaniques de base sont deve- nus uniformes et interchangeables ; — de rationaliser le dimensionnement et le tolérancement par la création d’un système international de tolérances dimensionnelles et géométriques permettant, enfin, une communication plus univo- que entre conception et fabrication, clients et fournisseurs. La ﬁgure 3 présente les différents apports de la normalisation. I Puis, comme les entreprises, la normalisation a évolué en fonction des pratiques industrielles, les normes dimensionnel- les de produits se sont faites plus nombreuses, plus complètes et plus fonctionnelles. Des progrès importants ont été réalisés pour harmoniser la terminologie, la sécurité et la clariﬁcation des diver- ses spéciﬁcations techniques. L’évolution rapide de la technologie et des techniques conduit à ce que l’on passe progressivement de la normalisation de moyens à la normalisation d’objectifs. La production industrielle, de plus uploads/Industriel/ normalisation-en-construction-mecanique.pdf