Document de travail Objet : Politique industrielle de l’énergie 1. – Les travau

Document de travail Objet : Politique industrielle de l’énergie 1. – Les travaux de la PPE montrent la nécessité d’établir une « roadmap technologique » à l’horizon 2030 en matière d’énergie. En effet, les évolutions de notre mix énergétique ne sont pas déterministes et dépendent beaucoup d’options technologiques qui restent à concrétiser. Il ne s’agit pas d’un nouvel exercice de prospective sur l’évolution du mix énergétique (c’est l’objet de la PPE) mais « uniquement » d’identifier les principaux objectifs en matière d’innovation technologique et d’industrialisation à l’horizon 2030 qui permettent « d’accompagner » la PPE. Dans le secteur électrique, le rythme de vieillissement de notre parc nucléaire permet d’ores et déjà de définir des dates auxquelles des décisions devront être prises en matière d’investissement pour renouveler notre mix. Pour pouvoir disposer de toutes les options technologiques à ces moments clés et être réellement en situation de choix, il est nécessaire de canaliser l’effort d’innovation et d’industrialisation sur quelques axes importants, en se fixant des objectifs précis, des jalons intermédiaires et des échéances à tenir. Une telle roadmap ne s’applique pas uniquement à l’électricité, mais à tout le secteur de l’énergie. Elle permettra par ailleurs de donner de la lisibilité et de partager une vision d’ensemble avec tous les acteurs : industriels, organismes de recherche, établissements publics, partenaires internationaux, etc. Une première esquisse de cette roadmap est présentée en annexe 1, sur la base des éléments identifiés au cours de l’élaboration de la PPE. 2. – Au-delà des enjeux d’innovation, il est aussi indispensable d’accroître le contenu industriel français du système énergétique (valeur ajoutée en France). Cela concerne à la fois les moyens de production d’énergie, mais aussi les principaux équipements qui consomment de l’énergie (dans les bâtiments, les procédés industriels, la mobilité). La table-ronde du 22 octobre est aussi l’occasion de mobiliser les « têtes de file » que sont les énergéticiens (EDF, Engie, Total), les constructeurs automobile et les acteurs du bâtiment. Ils sont prescripteurs des technologies qui sont ensuite déployées sur le territoire et jouent à ce titre un rôle déterminant dans l’évolution du contenu « made in France » du secteur. Un équilibre devra être trouvé entre la recherche à court terme de prix bas pour accélérer le déploiement des technologies bas-carbone et l’augmentation du contenu industriel français et européen. Cela concerne en particulier la fabrication des énergies renouvelables électriques (modules PV, éoliennes) ainsi que la fabrication de batteries. Par ailleurs, plusieurs secteurs connaissent, vont connaître ou doivent connaître de profondes transitions au cours du quinquennat. Il s’agit en particulier : • Des centrales à charbon, dont la fermeture est programmée au cours du quinquennat. Le sujet est bien identifié et l’accompagnement est porté par le MTES (de Rugy/Lecornu), avec l’appui du MEF, du MCT et du MACP. • De la filière automobile et poids lourds. La mission Pélata/Mosquet, lancée le 1er octobre dernier, va permettre de traiter les modalités de cette transition et d’identifier tous les leviers pour préserver un tissu industriel automobile de qualité en France. • Des activités de livraison de fioul. La PPE prévoit de réduire très fortement le chauffage au fioul d’ici la fin du quinquennat. Cela touche un écosystème de transporteurs Document de travail 2 d’hydrocarbures qui maille le territoire (3 millions de maisons individuelles se chauffent encore au fioul, 600 000 copropriétés et de grands ensembles tertiaires). • Du secteur des chauffagistes. La réussite de la décarbonation des bâtiments dépendra de leur implication car ils jouent un rôle déterminant dans le choix du remplacement de chaudière. Ils sont aujourd’hui insuffisamment mobilisés et formés à l’installation des solutions décarbonées. 3. – Le troisième enjeu industriel est celui de la sécurisation des approvisionnements en composants et matériaux critiques pour le secteur énergétique (volumes et prix). Il s’agit d’un enjeu de souveraineté. Cela concerne notamment : • La sécurisation de l’approvisionnement en matières premières qui sont nécessaires pour faire fonctionner le secteur énergétique (minerais comme le lithium et le nickel, ainsi que les terres rares). Bon nombre d’entre elles sont aujourd’hui contrôlées par les pays asiatiques et notamment la Chine, ce qui crée une forte dépendance. Une mission d’inspection est en cours sur le sujet. • L’électronique de puissance, de contrôle et de traitement, dont une grande part est fabriquée dans les pays asiatiques. • L’approvisionnement en hydrocarbures et en gaz naturel. 4. – Le quatrième enjeu industriel est celui de disposer d’une offre de technologies bas- carbone accessible à tous, qui ne se limite pas à un segment premium réservé aux plus riches. Le problème ne se pose pas en matière de production centralisée d’énergie décarbonée (réseaux de chaleur, centrales électriques, etc.). Les subventions aux énergies renouvelables électriques sont mutualisées et restent modérées, en proportion de la facture énergétique totale. La situation est très différente en matière de chauffage individuel et d’automobile. La bascule vers des technologies bas-carbone ne se fera qu’avec l’augmentation progressive de la fiscalité carbone qui pénalise les énergies carbonées (chauffage au fioul, au gaz naturel, voiture à essence ou au diesel) au profit des solutions décarbonées (pompes à chaleur, biogaz, véhicules hybride rechargeable, véhicule électrique). A court terme, cela impacte fortement le pouvoir d’achat des ménages qui n’ont pas les moyens d’investir dans des solutions alternatives qui sont souvent comparables en matière de coût complet (TCO) mais qui nécessitent un investissement initial difficile à porter. La table-ronde du 22 octobre pourrait être l’occasion d’inciter les industriels : • A développer des « produits bas-carbone d’entrée de gamme ». • A offrir des solutions de financement adaptées (leasing, LOA, LLD) qui permettent à la classe moyenne de basculer vers des solutions bas-carbone sans s’endetter, ni augmenter sensiblement leurs charges annuelles. Cela vaut pour les voitures individuelles, mais aussi pour les dispositifs de chauffage (réflexion en cours sur le segment des chaudières par exemple). Document de travail 3 Annexe 1 – Roadmap technologiques à l’horizon 2030 - Production et distribution d’hydrogène : o Production d’hydrogène : § Electrolyse à partir d’énergie décarbonée : à l’horizon 2030, objectif de parité marché avec le gaz naturel incluant la taxe carbone (soit environ 60€/MWh injecté sur le réseau en France). § Vaporeformage avec CCS : déploiement industriel dès les années 2020 pour décarboner la production d’hydrogène et servir de transition avant que l’électrolyse soit compétitive et se déploie, avec un objectif de prix de l’ordre de 40€/MWh injecté réseau en France. § Photolyse de l’eau : technologies de rupture en cours de développement. o Conversion des réseaux de gaz pour permettre la distribution d’hydrogène : § Incorporation d’hydrogène dans le réseau de gaz (jusqu’à 10% à 20%). Premières expérimentations en cours (projet GRHYD). Objectif de retour d’expérience d’ici la fin du quinquennat pour définir le seuil maximum d’incorporation ainsi qu’un plan de déploiement industriel sur la période 2020-2030. § Conversion de parties de réseaux de gaz 100% hydrogène, par conversion de réseaux existant. - Décarbonation de la consommation énergétique des procédés industriels : o Fabrication de ciment : CCS/CCU, utilisation d’hydrogène, mobilisation des CSR1. o Fabrication de verre : CCS/CCU, utilisation d’hydrogène o Fabrication d’acier : CCS/CCU o Substitution des HFC dans la production de froid industriel sans hausse de consommation énergétique. Objectif d’un déploiement avant 2021. - Bâtiments : o Avant la fin du quinquennat, déployer des pompes à chaleur et climatiseurs sans HFC. o Matériaux : § Amélioration des matériaux isolants (performances et coûts) : objectifs à préciser (horizon 2022, horizon 2030) § Amélioration de la construction bois (techniques et coûts) : objectifs à préciser (horizon 2022, horizon 2030) o Production décentralisée d’énergie : trajectoire de baisse de coût pour atteindre une parité réseau en 2025 (électricité livrée site HT) et une production adaptée au profil de consommation (pas ou peu d’injection sur le réseau). o Améliorer les performances et réduire le coût du pilotage de la consommation énergétique des appareils domestiques et du chauffage, afin de réduire les consommations (efficacité énergétique et économies d’énergie) par : l’adaptation de la consommation aux usages réels, l’information des consommateurs. o Développer les outils de pilotage pour faire contribuer les bâtiments à l’équilibre offre/demande en électricité, à un coût acceptable (via le « smart charging » des véhicules électriques, l’autoproduction, le stockage, le pilotage de la consommation énergétique des appareils domestiques). Développer ces outils aussi à la maille de plusieurs bâtiments (quartier). 1 Combustibles solides de récupération. Document de travail 4 o Développer le pilotage de la consommation énergétique pour garantir de façon pérenne un moindre appel au réseau d’électricité ou de gaz (via l’autoconsommation, le smart charging des véhicules électriques, le stockage, le pilotage de la consommation énergétique des appareils domestiques) à un coût acceptable, afin de maîtriser les CAPEX des réseaux. Intégrer la question du pilotage de la puissance dans les réglementations des bâtiments. Développer aussi ces outils à la maille de plusieurs bâtiments (maille du poste de distribution ou du poste source). o Développer des outils de comparaison fine des consommations énergétiques entre bâtiments pour identifier les meilleurs pratiques et les gisements de réduction d’énergie (sans avoir à financer des diagnostics uploads/Industriel/ nucleaire-et-energie-le-document-de-travail-du-gouvernement.pdf

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