V Nº 223 - novembre 2006 Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industri

V Nº 223 - novembre 2006 Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie 1 - Équipement en TIC et gains de productivité globale des facteurs suivant la productivité du secteur en 2004 Lecture : les entreprises des secteurs moyennement productifs ont une productivité globale des facteurs de 18,6 % supérieure quand le mél est utilisé par plus de la moitié des salariés, toutes choses égales par ailleurs (voir encadré). Seuls les paramètres significatifs au seuil de 5 % sont représentés. Source : Enquête TIC 2002, modèle Sessi 0 5 10 15 20 moyenne productivité forte productivité faible productivité Site Web, haut-débit et/ou EDI Recueil d’information via le site Web Outils logiciels avancés Extranet, call-center et/ou visioconférence Plus de 50 % de salariés utilisent le mél % Globalement, plus les entreprises utilisaient les technologies de l’information et de la communication (TIC) en 2002, meilleure a été leur productivité sur la période 2002-2004, « toutes choses égales par ailleurs ». C’est ce qui ressort d’une analyse microéconométrique fondée sur l’estimation d’une relation technologique. La productivité est ainsi supérieure de 4 % dans les entreprises dotées d’un progiciel ou d’autres outils logiciels avancés. Le différentiel atteint 11 % lorsque les sociétés disposent également d’un extranet, d’un call-center ou d’un outil de visioconférence. Ces écarts sont encore plus importants dans les secteurs à faible productivité. Les entreprises dont plus de la moitié des salariés utilisent le courrier électronique en 2002 ont eu une productivité supérieure de 17 % en 2004. Le recueil d’informations sur les clients via un site Web procurerait également un avantage de performance allant jusqu’à 5 %. En revanche, la productivité apparaît indépendante des autres utilisations des sites Web, de l’usage des réseaux électroniques et même du recours au commerce électronique, encore marginal en 2002. Même si les premières études de Robert Solow en 1987 avaient conduit à l’énoncé du « paradoxe de la productivité », la plupart des études récentes sur données d’entreprises, aussi bien françaises qu’étrangères, concluent à un impact fort des nouvelles technologies sur la productivité (cf. Pilat, 2004, pour une revue TIC et productivité des entreprises Des liens forts de la littérature). Elles reposent typiquement sur l’estimation d’une relation technologique entre valeur ajoutée, travail et capital en isolant, au sein de ce dernier facteur, un capital en nouvelles technologies. Cependant, peu d’entre elles se sont attachées à caractériser les types d’équipement et d’utilisation des TIC à l’origine de ces gains de productivité, à l’exception notable pour la France de Crépon et al. (2006), dont l'étude révèle une corrélation forte entre la croissance de la productivité entre 1994 et 1997 et le choix de l’internet sur la période. Une analyse est menée ici à partir de données plus récentes sur l’utilisation des TIC en 2002. Elle ne cherche pas à établir les causalités à l’œuvre mais vise à détecter et quantifier des liens éventuels entre divers usages des TIC en 2002 et la productivité globale de facteurs sur la période 2002- 2004 en neutralisant l’influence de certaines caractéristiques de l’entreprise (cf. encadré 1). La productivité croît avec la sophistication des équipements… Les entreprises de l’industrie manufacturière sont, en fin d’année 2002, bien équipées en outils TIC de base, comme un site sur la Toile (Web), l’internet à haut- débit ou l’échange de données informatisées (EDI) : 78 % possédaient l’un de ces équipements en plus des très classiques accès Internet, courrier électronique ou réseau local d’entreprise. Ces équipements courants ne semblent pas conférer d’avantage particulier en termes de productivité, quand on considère l’industrie manufacturière dans son II ensemble. En revanche, dans les secteurs à productivité élevée, les 18 % d’entreprises non équipées pâtiraient d’un déficit de productivité de 9 %. Les progiciels comme ceux de gestion intégrée (ERP) et les autres outils logiciels avancés sont un peu moins répandus, 70 % des entreprises industrielles en possédant au moins un. Les outils de communication les plus modernes sont quant à eux nettement plus rares : seules 18 % des entreprises disposent d’un extranet, d’un centre d’appels (call- center) et/ou d’un outil de visioconférence. Ces deux types d’équipements apparaissent significativement corrélés avec la productivité : les gains en termes de productivité globale des facteurs en 2004 s’élèveraient respectivement à 4 % pour l’utilisation d’un progiciel ou d’un autre logiciel avancé et à 6 % pour le recours à un extranet, un centre d’appels ou la visioconférence. Ces liens entre équipements en TIC et productivité sont stables au cours de la période 2002-2004. … surtout dans les secteurs à faible productivité Les liens entre TIC et productivité apparaissent en revanche hétérogènes entre les secteurs (cf. graphique 1). Ils s’avèrent les plus forts dans les secteurs à faible productivité (cf. encadré 2) où les entreprises ont une productivité supérieure de 9 % en 2004 lorsqu’elles possèdent des outils logiciels avancés. L’écart est de 18 % lorsqu’elles utilisent un extranet, un centre d’appels ou la visioconférence. Paradoxalement, c’est aussi dans les secteurs à faible productivité que ces outils sont les moins répandus. En particulier, seules 9 % des entreprises de l’habillement-cuir sont équipées en extranet, centre d’appels ou visio- conférence. La métallurgie et la transformation des métaux (10 %), le textile (13 %), le bois-papier (15 %) et les équipements du foyer (16 %) sont également en retrait par rapport à l’ensemble de l’industrie manufacturière (18 %). Dans cette classe, seul le secteur de l’automobile est au-delà de la moyenne, avec plus du quart des entreprises équipées. Les outils de communication les plus avancés (extranet, centre d’appels, visioconférence) procureraient également un avantage aux entreprises des secteurs à forte productivité, d’une ampleur comparable à celui observé dans les secteurs à faible productivité. En revanche, dans les secteurs à productivité moyenne, aucune influence des équipements mentionnés n’est perceptible. Un usage des réseaux électroniques encore limité dans l’entreprise Les réseaux électroniques (internet/ extranet, EDI, messagerie électronique, minitel) sont largement répandus. 84 % des entreprises de l’industrie manufacturière y avaient recours en 2002 pour communiquer avec au moins l’un de leurs partenaires. Néanmoins, la communication par de tels médias est encore loin de couvrir tous les champs. Par exemple, les commandes, les facturations et la traçabilité des produits n’ont donné lieu à des échanges d’informations par voie électronique que dans respectivement 39 %, 22 % et 38 % des entreprises industrielles, en 2002. De même, si quasiment toutes les entreprises avaient recours au courrier électronique à cette date, le plus souvent seulement une minorité de salariés y avait accès. Dans seulement 15 % des entreprises industrielles, plus de la moitié des salariés échangeaient des messages électroniques. Cette proportion est plus élevée dans quelques secteurs à forte productivité, la pharmacie, parfumerie et l’entretien (44 %), les équipements électriques et électroniques (40 %) et l’édition, imprimerie et reproduction (35 %). Dans tous les autres secteurs moins de 20 % des entreprises sont concernées. 1 - Le modèle d’analyse de la relation entre TIC et performances L’analyse de la relation entre TIC et performances repose sur une régression de la valeur ajoutée des entreprises avec un ensemble de paramètres, dont le nombre d’employés, la quantité de capital (les immobilisations), l’origine du capital, le secteur d’activité, ainsi que les indicateurs d’équipement et d’utilisation des TIC. Les données de valeur ajoutée, d’effectif employé et d’immobilisations sont issues des enquêtes annuelles d’entreprise de 2002, 2003 et 2004. La spécification de la fonction de production est celle de Cobb-Douglas. Elle fait naturellement apparaître la « productivité globale des facteurs », qui compare la production réalisée aux quantités de travail et de capital utilisées. On mesure ainsi la corrélation entre l’indicateur TIC considéré (par exemple le niveau d’équipement) et la productivité globale des facteurs de l’entreprise en isolant cet effet de celui provenant des autres caractéristiques de l’entreprise (comme le secteur d’appartenance par exemple). Autrement dit, on mesure l’écart de productivité globale des facteurs entre deux entreprises qui ont le même profil sur l’ensemble des caractéristiques prises en compte dans le modèle sauf sur l’indicateur analysé. On dit traditionnellement que l’on raisonne « toutes choses égales par ailleurs » (mais un peu abusivement puisqu’on ne contrôle en fait que certaines variables observables). Un second modèle, en évolution, a été utilisé pour rendre compte du cheminement sur la période d’observation 2002-2004 du lien entre utilisation des TIC et productivité globale des facteurs. Il « explique » la croissance de la valeur ajoutée entre 2002 et 2004 par la croissance du travail, celle du capital et, comme dans le modèle en niveau, l’origine du capital, le secteur d’activité, et les indicateurs d’équipement et d’utilisation des TIC. 2 - Trois classes de secteurs selon la productivité En raisonnant toutes choses égales par ailleurs dans le cadre du modèle (encadré 1), trois grandes classes de secteurs d’activité de l’industrie manufacturière sont distinguées selon leur niveau de productivité : forte, moyenne ou faible. Les « fortement productifs » regroupent l’édition- imprimerie-reproduction, la pharmacie-parfumerie-entretien, la construction navale, aéronautique et ferroviaire, les équipements mécaniques et les équipement électriques et électroniques. Les secteurs « moyennement productifs » sont les produits minéraux, la uploads/Industriel/ tic-productivite-des-entreprises.pdf

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