LE MOUVEMENT MODERNE DE L’ARCHITECTURE: NAISSANCE ET DECLIN DU CONCEPT DE L’ARC

LE MOUVEMENT MODERNE DE L’ARCHITECTURE: NAISSANCE ET DECLIN DU CONCEPT DE L’ARCHITECTURE AUTONOME Résumé Les architectes visionnaires de la fin du 18ème siècle vont "mettre en pièces la cité baroque", cassant l’enchaînement traditionnel pour créer des bâtiments "autonomes", rationalisés, constructions normalisées et économiques qui aboutira à la notion de "bâtiment-type". La révolution industrielle du 19ème siècle va entraîner des bouleversements importants de part la mise au point de nouveaux procédés techniques (préfabrication, standardisation). Le 19ème siècle est témoin aussi de l’apparition de l’utopie en tant que remède aux villes surpeuplées. Ainsi, ces concepts vont être les éléments constitutifs du Mouvement Moderne de l’architecture au 20ème siècle. Pendant plusieurs décennies, les architectes modernes du 20ème siècle, vont entreprendre jusqu’au bout les idées des visionnaires du 18ème siècle, des constructeurs et des utopistes du 19ème siècle. Au début des années 1960, l’uniformité, l’homogénéisation et la monofonctionnalisation de l’urbanisme et de l’architecture moderne va induire le déclin de l’architecture et de l’urbanisme moderne. Mots clés: bâtiments autonome, bâtiment-type, standardisation, préfabrication, utopie, logement social, monofontionnalisation, postmodernisme. Abstract Visionary architects at the end of 18th century "put in pieces the baroque city" breaking the traditional chained streets and plazas in order to create " autonomous " buildings, standardised an economical construction that resulted in the concept of “building-type”. 19th century industrial revolution led to considerable disruption and the innovation of new technical processes (prefabrication, standardisation). Moreover, 19th century witnessed the appearance of utopia as a solution to overpopulated cities. As a result, these concepts were going to be the constitutive elements of the Modern Movement in architecture of the 20th century. During many decades, 20th century modern architects, were thoroughly going to undertake the ideas of the 18th century visionaries, as well as the19th century builders and utopians. At the beginning of the sixties, the uniformity, homogeneity, monofonctionality of modern architecture and tow planning inducen the decline of modern architecture and town planning. Key words: autonomous building, building-type, standardisation, prefabrication, utopia, social housing, monofonctionality, methodologism, postmodernism. M. FOURA Département d’Architecture et d'Urbanisme Faculté de l'Aménagement du Territoire Université Mentouri Constantine (Algérie) LES RACINES DE L’ARCHITECTURE MODERNE L’enchaînement des bâtiment: une composition urbaine séculaire (Figure 1) ﻣﻠﺨـﺺ ﻓѧѧﻲ ﻧﻬﺎﻳѧѧﺔ اﻟﻘѧѧﺮن18 ﻓﻜѧѧﻚ اﻟﻤﻬﻨﺪﺳѧѧﻮن اﻟﻤﻌﻤѧѧﺎرﻳﻮن أﺻѧѧﺤﺎب اﻟѧѧﺮؤى " ً اﻟﻤﺪﻳѧѧﻨﺔ اﻟﺒﺎروآѧѧﻴﺔ " ﺏﺘﺤﻄѧѧﻴﻢ اﻟﺘﺴﻠﺴѧѧﻞ اﻟﻌﻤﺮاﻧѧѧﻲ اﻟﺘﻘﻠѧѧﻴﺪي ﻟﺨﻠѧѧﻖ ﻋﻤѧѧﺎرات " ًﻡѧѧﻨﻌﺰﻟﺔ " ، و أﺻѧѧﺒﺤﺖ ﺏѧѧﻨﺎﻳﺎت ﻗﻴﺎﺳѧѧﻴﺔ و اﻗﺘﺼѧѧﺎدﻳﺔ أدت إﻟﻰ ﻓﻜﺮة اﻟﺒﻨﺎﻳﺎت اﻟﻨﻤﻮذﺟﻴ ﺔ. أدت اﻟѧﺜﻮرة اﻟﺼѧﻨﺎﻋﻴﺔ ﻓﻲ اﻟﻘﺮن19 إﻟﻰ ﺕﻐﻴﻴﺮات هﺎﻡﺔ و ﺥﻠﻖ أﻧﻤѧﺎط ﺕﻘﻨѧﻴﺔ ﺟﺪﻳѧﺪة، و ﺷѧﻬﺪ هѧﺬا اﻟﻘѧﺮن ﻇﻬѧﻮر " اﻟﻴﻮﻃﻮﺏﻴﺎ "Utopie آﻌѧѧﻼج ﻟѧѧﺘﻜﺪﻳﺲ اﻟﺴѧѧﻜﺎن . إﻟѧѧﺘﺰم اﻟﻤﻬﻨﺪﺳѧѧﻮن اﻟﻤﻌﻤѧѧﺎرﻳﻮن ﻟﻠﻘѧѧﺮن20 ﻧﻬﺎﺋѧѧﻴﺎ أﻓﻜѧѧﺎر أﺻѧѧﺤﺎب اﻟѧѧﺮؤى ﻟﻠﻘѧѧﺮن18، اﻟﺒﻨﺎﺋﻴﻴѧѧﻦ و اﻟﻴﻮﻃﻮﺏﻴﻴѧѧﻦ ﻟﻠﻘѧѧﺮن19 . و ﻓѧѧﻲ ﺏﺪاﻳѧѧﺔ اﻟﺴѧѧﺘ ﻴﻨﺎت، اﻟѧѧﺘﺠﺎﻧﺲ و وﺡѧѧﺪة اﻟﻮﻇѧѧﻴﻔﺔ أدت إﻟﻰ اﻧﺤﻄﺎط اﻟﺘﻌﻤﻴﺮ و اﻟﻬﻨﺪﺳﺔ اﻟﻤﻌﻤﺎرﻳﺔ اﻟﻌﺼﺮﻳﺔ . اﻝﻜﻠﻤѧﺎت اﻝﻤﻔﺘﺎﺣѧﻴﺔ، ﻋﻤﺎرات ﻡﻨﻌﺰﻟﺔ، ﻧﻤﻮذﺟﻴﺔ و ﻡﺘﻜﺮرة، ﺷﺒﻪ ﺻﻨﺎﻋﻲ "ﻳﻮﻃﻮﺏﻴﺎ ، ﺳﻜﻦ اﺟﺘﻤﺎﻋﻲ، وﺡﺪة اﻟﻮﻇﻴﻔﺔ، ﻡﺎ ﺏﻌﺪ اﻟﻌﺼﺮي . " : L’enchaînement des bâtiments [1], qui a été un des principes fondamentaux du développement urbain hérités de la Renaissance, nous montre que dans le tissu urbain les édifices sont construits à partir d’éléments fortement rattachés les uns aux autres pour représenter en quelque sorte une "composition" uniforme. Cette connexité aboutit au fur et à mesure à un élément prépondérant de l’édifice qui peut être le point culminant de la composition et cela peut être le dôme d’un édifice, l’entrée d’axe d’un palais ou le beffroi d’une mairie. L’enchaînement est souvent marqué par des limites claires telles que les murailles autour d’une ville ou les piles d’angle à l’extrémité des bâtiments. Cet ordre (hiérarchie) et cette limitation de l’espace nous offre une image exacte de la hiérarchie et des contraintes des sociétés de l’époque. Cet enchaînement "baroque" proviendrait 1 directement de l’enchaînement naturel des choses, c’est-à-dire que "les parties d’un bâtiment ou d’une ville sont assemblées comme les branches d’un arbre ou comme les membres d’un corps humain" [2]. L’enchaînement baroque a toujours mis en évidence le décor et l’ornement par l’intermédiaire du langage classique: les architraves, les chapiteaux, les pilastres, les colonnes, les frontons, les corniches, les encadrements de baies et les motifs sculptés qui ne sont pas seulement des fantaisies. L’ornementation participe à faire l’unité de l’édifice ou d’une ville. L’ornement est la base fondamentale de l’enchaînement. Cet intérêt pour l’ornementation des architectes de l’époque a pour but de donner une plus grande importance au symbole qu’à l’utilité, à l’architecture monumentale qu’à l’architecture fonctionnelle, c’est-à-dire à privilégier le symbole que l’usage. La remise en cause de l’enchaînement (Figure 2) La règle de l’enchaînement a été indirectement remise en cause par la pensée rationaliste, dont les premiers maîtres ont été Descartes (1596-1650) [3] et Kant (1724- 1804) [4]. Les architectes du 18ème siècle se basant sur la notion de " raison " vont rejeter l’enchaînement pour le remplacer par un nouveau principe fondamental basé sur l’autonomie des bâtiments [5]. Une des sources idéologiques fondamentales du mouvement moderne est sans doute la pensée rationaliste du 18ème siècle. Les architectes de ce mouvement vont reprendre les recherches des utopistes de ce siècle tels que Ledoux et Boullée [6]. Boullée et Ledoux ont imaginé des bâtiments dans lesquels plus rien n’est relié à rien, et qui étaient eux- mêmes isolés de leur environnement. Pour bien affirmer cette façon de penser, ils ont donné à leurs bâtiments des formes cubiques, cylindriques et même sphériques, la sphère représente l’autonomie par excellence. Ils ont aussi imaginé des villes pavillonnaires composées d’édifices juxtaposés et conçus sans aucun lien avec leur site comme par exemple la ville d’Arc-et-Senans dessinée par Ledoux. Ces architectes ont aussi rejeter toute idée de hiérarchie étant donné que leur bâtiments ne comporte aucun élément dominant et, comme le dit Ledoux : "Pour la première fois on verra sur la même échelle la magnificence de la guinguette et du palais". Ils ont aussi rejeté toute contribution extérieure, cherchant à remonter constamment aux principes, souhaitant retrouver la pureté de la création originale. Ils ont surtout refusé toute idée d’ornementation et comme le dit Durand: "Il est aussi ridicule qu’infructueux de chercher à décorer des édifices par des moyens chimériques". Ces architectes du 18ème siècle vont rejeter aussi le Figure 1 symbole pour le remplacer par la fonction. Ledoux affirme à ce sujet que "tout ce qui n’est pas indispensable fatigue les yeux, nuit à la pensée et n’ajoute rien à l’ensemble". Ces architectes utopistes ont été de parfaits révolutionnaires parce qu’au-delà de l’architecture baroque, ce sont toutes les idées de leur époque qu’ils rejetaient, et finalement la société elle-même qu’ils refusaient. L’enchaînement baroque a été le symbole des hiérarchies et de contraintes des sociétés préindustrielles. De la même façon, l’autonomie des bâtiments de l’architecture moderne symbolise l’uniformisation et la désintégration des sociétés industrielles [7]. L’avènement de la préfabrication et de la standardisation Bien qu’au 19ème siècle le néoclassicisme se développe et s’impose à mesure que l’Antiquité devient un enjeu idéologique avec l’influence grandissante du goût du pittoresque qui se traduira dans le Romantisme, cette période est caractérisé aussi, et surtout, par les transformations engendrées par la révolution industrielle. L’architecture, la construction et l’urbanisme se refléteront Le mouvement moderne de l'architecture: naissance et déclin du concept de l'architecture autonome. dans ces changements qui vont se produire pendant tout le 19ème siècle. L’avènement d’un nouvel ordre socio-économique, en plus de la poussée démographique, vont créer une demande d’édifices nouveaux, destinés à de nouvelles fonctions. Ce sont les bâtiments industriels, usines, entrepôts, grands magasins, hôpitaux, prisons, musées etc. Ils n’ont aucun modèle dans l’histoire de l’architecture. L’industrialisation a nécessité aussi la création et le développement de nouveaux moyens de communication, tel que le chemin de fer, et par conséquent la construction de ponts, de grandes gares, de viaducs etc. Etant donné que les techniques de construction, les matériaux et les services inhérents étaient désormais disponibles, leur utilisation intrinsèque va changer radicalement l’architecture fonctionnelle. La construction en fer forgé du pont de Coalbrookdale [8] va ouvrir une nouvelle ère et va augmenter l’intérêt pour les constructions métalliques. Déjà au début du 19ème siècle les Anglais savaient construire des bâtiments industriels aux structures métalliques (poteaux en fonte et poutres en fer forgé). Ignifuges, économiques, solides, réalisables rapidement et peu encombrantes, ces nouvelles constructions peuvent couvrir de très grandes surfaces et supporter de lourdes charges. Ces édifices sont érigés par des ingénieurs qui construisent plus grand, plus haut et sur des plans libres flexibles. A partir de la moitié du 19ème siècle, le progrès dans l’industrie métallurgique va permettre son emploi massif dans toutes sortes de construction. Les grandes expositions universelles vont donner l’accent à l’emploi de structures légères et donc à la combinaison fer-verre dans la plupart de leur pavillon. La première exposition inaugure le légendaire "Crystal Palace" de Joseph Paxton [9], où l’on voit pour la première fois l’utilisation d’un système de préfabrication reposant sur la standardisation des éléments de la construction métallique. Ceci prouve que l’on peut construire autrement qu’en pierres. Une nouvelle ère vient de commencer. L’utopie: le rêve de la cité idéale La révolution industrielle va engendrer certaines conséquences dont les plus sérieuses uploads/Ingenierie_Lourd/ achitecture-pdf 1 .pdf

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