Musée National des Beaux-Arts du Québec Mars 2008 / François Dufaux - architect

Musée National des Beaux-Arts du Québec Mars 2008 / François Dufaux - architecte • 1 Analyse comparative et structurelle du Musée National des Beaux-Arts du Québec mars 2008 François Dufaux, architecte, PhD Alexandre Laprise. B.Arch., candidat M.Arch. et M.Sc. Analyse comparative et structurelle du Musée National des Beaux-Arts du Québec mars 2008 François Dufaux, architecte, PhD Alexandre Laprise. B.Arch., candidat M.Arch. et M.Sc. Analyse comparative et structurelle 2 • François Dufaux - architecte / Mars 2008 Musée National des Beaux-Arts du Québec Mars 2008 / François Dufaux - architecte • 3 Bref rapport Analyse comparative et structurelle du Musée National des Beaux-Arts du Québec Préface Dans le cadre du programme de maîtrise en architecture, les étudiants sont invités à aborder un projet d’intérêt personnel concluant leur diplôme et formation. Ce projet peut s’inscrire dans une réflexion critique, technique ou conceptuelle, tout comme il peut aborder un projet ou un défi concret discuté dans notre société. L’école d’architecture de l’Université Laval encourage cet engagement qui s’inscrit dans le mandat fondateur de cette école ; former une relève compétente et sensible aux défis de l’architecture contemporaine au Québec. Ce court rapport veut partager avec la direction du Musée national des Beaux Arts du Québec (MNBAQ), un certain nombre d’observations préliminaires sur le projet d’agrandissement de l’institution. Alexandre Laprise, étudiant inscrit à la double maîtrise —professionnelle et scientifique en architecture, aborde cette session la question de cet agrandissement dans le cadre de son projet de fin d’études. Selon les objectifs de l’école, M. Laprise a étudié une partie des enjeux à travers une étude comparative d’une cinquantaine de musées dans le monde afin de répondre à 5 objectifs connus : - La composition du programme en fonction du rapport entre les aires d’exposition et l’aire totale du bâtiment ; - La variété, les caractéristiques et les dimensions des nouvelles salles d’exposition ; - L’accès et la distribution des salles selon une logique de perméabilité et de narration muséale - La présence publique et urbaine du MNBAQ depuis la Grande-Allée ; - La logique et les séquences de croissance depuis 1930. La conception en architecture est avant tout l’établissement d’un raisonnement critique qui puisse guider et soutenir le processus de choix qui demeure l’essence du design. Ces choix se posent à différentes échelles, de l’implantation urbaine jusqu’aux détails d’exécution des intérieurs. Ils s’articulent en parallèle selon quatre grands axes : les ressources économiques, la composition architecturale, la configuration spatiale du programme, les systèmes constructifs. La logique des choix demande de garder un équilibre entre toutes ses échelles et préoccupations, de trouver une sorte de hiérarchie cohérente qui fait que l’expérience de l’ensemble dépasse l’addition de toutes les parties et leurs solutions respectives. Ce préambule veut rappeler combien cette cohérence doit beaucoup aux prémisses qui sont posées dans l’avant- projet, prémisses qui établissent les objectifs du programme remis aux architectes. L’expérience récente des concours québécois, pour la Bibliothèque Nationale ou la salle de l’Orchestre symphonique de Montréal, montre que l’intérêt, ou l’impertinence, des propositions soumises repose sur ces prémisses critiques. Nous vous soumettons les nôtres pour discussion. Analyse comparative et structurelle 4 • François Dufaux - architecte / Mars 2008 Musée National des Beaux-Arts du Québec Mars 2008 / François Dufaux - architecte • 5 Introduction Chaque bâtiment est à la fois un processus de décision et une solution formelle, et ses deux aspects interpellent les architectes aussi bien que le public lorsque vient le temps d’évoquer la démarche ou la nature d’un projet immobilier. L’efficacité de la solution architecturale se concentre dans une image symbolique qui résume bien plus que «1000 mots», au point parfois d’occulter une logistique habile dans l’adéquation entre le programme, les ressources, le site et la construction. Le projet d’agrandissement du Musée National des Beaux Arts du Québec annonce deux objectifs clairs et incontestables : l’ajout d’espace d’exposition et une meilleure visibilité depuis la Grande Allée, première entrée de Québec. Dans ce sens, l’achat du Monastère des Dominicains pourrait y répondre. Pourtant, une question essentielle demeure. Quelle serait la meilleure solution d’agrandissement pour le musée lui-même? L’analyse proposée est structurelle ; découvrir les caractéristiques architecturales du musée actuel, cibler des points précis de la présente situation, les comparer à une cinquantaine d’autres institutions muséales à travers le monde. Ces analyses préliminaires doivent beaucoup à un regard au-delà de l’apparence des solutions architecturales. Elle retourne aux principes essentiels de composition et de logique morphologique établis dans la conception des différents exemples. Elle applique aussi les principes et les outils informatiques d’analyse de la syntaxe spatiale ; « Space Syntax ». Cette méthode développée en Angleterre a guidé l’analyse spatiale et la conception de nombreux projets urbains et architecturaux, dont le réaménagement de la Tate-Millbank à Londres. Cet outil révèle la logique spatiale ; soit la proximité, ou au contraire la ségrégation relative, des espaces d’un bâtiment. La composition du programme en fonction du rapport entre les aires d’exposition et l’aire totale du bâtiment Quel type d’espaces doit être privilégié dans le programme de l’agrandissement ? Actuellement, seulement 2% de la collection permanente du MNBAQ serait diffusée selon l’institution faute d’espace d’exposition. Cette faible capacité de présentation est aggravée par le fait que dans le musée actuel, seulement 22% de l’aire totale de l’immeuble est consacrée à l’exposition, et cette proportion exclut les espaces d’entreposage et de traitement des œuvres. En comparaison, les 50 institutions analysées présentent une moyenne de 43%, et une valeur médiane de 41% de leur aire totale consacrée à l’exposition. Certes, il existe des extrêmes, allant du 13% pour le Carré d’Art à Nîmes, en France, au 78% pour le Musée d’Art Romain de Mérida, en Espagne. Ces variations découlent principalement de la mission précise de chaque institution. Néanmoins, pour atteindre cette moyenne internationale autour de 45% de l’aire totale, l’agrandissement du MNBAQ devrait être constitué presque exclusivement de salles d’exposition. À l’inverse, les aires actuelles de services et d’administration suffisent, en superficie et en proportion, même en triplant la superficie d’exposition actuelle. Analyse comparative et structurelle 6 • François Dufaux - architecte / Mars 2008 Musée National des Beaux-Arts du Québec Mars 2008 / François Dufaux - architecte • 7 La variété, les caractéristiques et les dimensions des nouvelles salles d’exposition Quel type de salles d’exposition ? Le MNBAQ a énoncé récemment l’utilité de salles aux dimensions plus généreuses que celles disponibles, pour recevoir des œuvres et des installations de plus grand format. L’analyse comparative des 50 institutions permet de déterminer un barème de dimensions intéressantes. Pour les superficies, les salles relevées ont une moyenne de 350 m2, soit des dimensions comparables aux salles aménagées à l’intérieur du MNBAQ. Les plus «grandes» salles couvrent environ 700 m2. C’est le cas des grandes salles du Musée d’Art contemporain de Strasbourg et du Musée d’Art moderne de San Francisco (environ 720 m2 chacune). On trouve aussi quelques exemples de salles «exceptionnelles», particulièrement vastes, telle la grande salle du Kunstmuseum de Berlin (1225 m2 ), ou le grand hall d’exposition du musée Guggenheim de Bilbao (1050 m2 ). Le même exercice permet de définir la hauteur souhaitable d’une grande salle d’exposition. La moyenne générale est de 7,6m de hauteur plancher plafond. les grandes salles des institutions muséales analysées sont généralement plus hautes que celles du MNBAQ actuel. Ici encore, on observe des cas exceptionnels entre 12m à 15m, telle de la grande salle du Musée d’Art contemporain de Chicago qui mesure 13m de hauteur. Toutefois, un programme flexible et adapté à la variété d’objets et d’œuvres exposées, doit proposer un échantillon de salles aux dimensions variées, au sol et en hauteur, tel qu’il s’en trouve dans le musée actuel. L’ajout d’une grande salle d’environs 1000 m2 et 12m de hauteur, devrait répondre aux standards des très grandes salles d’exposition d’envergure internationale. L’accès aux salles selon une logique de perméabilité et de narration muséale L’importance des parcours et de la circulation prend une dimension fondamentale dans un musée où la promenade est à la fois une découverte et un cheminement construisant l’appréciation des œuvres. L’organisation morphologique est hautement didactique. Les circulations structurent la morphologie générale du bâtiment, à partir de l’expression emphatique des colonnades marquant l’entrée en façade jusqu’à la circulation entre des pièces. On l’observe dans les premières galeries d’expositions particulières en Europe au XVIe siècle, jusqu’au musée du XXIe siècle, en passant par le modèle idéal du plan carré français de la fin du XVIIIe siècle ainsi que le musée monument allemand du XIXe. Divers parcours sont offerts, entre les diverses salles d’exposition où alternent les expositions temporaires et la collection permanente. Ils établissent une narration thématique ou historique qui participe à la diffusion au cœur de la vocation du musée. L’étude comparative et l’analyse de la variable d’intégration des circulations, mesurées par le logiciel Depth Map, soulignent l’importance de deux types de distribution particulièrement favorables aux chorégraphies susmentionnées : le parcours dirigé et l’agencement matriciel. Le parcours dirigé offre une succession de salles d’exposition dans un ordre préétabli. Un parcours principal, souvent en boucle, est aménagé et relie uploads/Ingenierie_Lourd/ architecture-analyse-comparative-et-stru-1-1.pdf

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