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www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 ARCHITECTURE DISPOSITIF ALAIN GUIHEUX PARENTHÈSES www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 Toutes les illustrations sont des extraits de projets de Architecture Action. En couverture : Scénographie de l’exposition « L’invention du temps », Cité des Sciences et de l’Industrie, Architecture Action, 1989. Page précédente : Scénographie de l’exposition « la ville, Art et Architecture », Paris, Centre Pompidou ; Barcelone, Cité des cités, Architecture Action, 1994. www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 7 1 Guiheux, Alain, « Post Séduction, L’ invention de nous-mêmes, le métier de l’ Empire, » in Guiheux, Alain, Action Architecture, Paris, Éditions de la Villette, 2011. Conférence à l’ École nationale supérieure d’ architecture Paris Val-de- Seine 2008 et à la trien- nale de Lisbonne, 2010. LIMINAIRE L’ architecture s’ est intégrée dans un temps très court au sein d’ un ensemble plus vaste, celui des objets fabriqués communicants et « transformants ». Dans ce passage, et dans leur presque totalité, le vocabulaire ou les outils de projet ont été annulés. On traverse des fabrications les plus diverses : de la critique théorique à l’ analyse des tendances, de la théorie des objets à la scénographie ou à l’ aménagement du territoire, l’ architecture est toujours un projet. L’ architecture interroge par le projet, elle invente formes et concepts ; elle participe davantage à la transforma- tion des sujets, des manières d’ être et de percevoir qu’ elle ne construit des bâti- ments. L’ objet qu’ elle partage avec tous les producteurs de sens ou de forme est « l’ invention de nous-mêmes 1 ». Les textes décrivent sous la forme de « variantes » la transmutation des habitudes de faire, la disparition de notions obsolètes et la formation d’ une nouvelle réalité. Cet assemblage constitue une stratégie de projet et un label, Architecture Action. Cette activité est la création de concepts, dans une signification qui rend compte aussi bien du travail de l’ agence de communication que du travail de la philoso- phie et de la construction de nos manières de vivre. Les textes sont ainsi rassem- blés, sans distinction entre les documents critiques et ceux plus directement entrelacés à des démarches de projet. Le concept en architecture est un halo de significations, il n’ a pas besoin d’ une cohérence formelle élaborée, mais d’ une vraisemblance efficace comme outil de production. Parmi les premières substitutions, celle d’ espace, dont on rend compte en 1983. La notion la plus importante du xxe siècle s’ évanouit et une architecture lisible ou signalétique la remplace. Un postespace lui succède. Le postespace — le milieu — prend place dans une révolution mentale et professionnelle : l’ archi- tecture devient un produit consommable. Le milieu transluscent et support des ambiances remplace l’ espace et la transparence. Depuis l’ après-guerre, l’ archi- tecture s’ est muée en récit-narration ou storytelling, au même titre que tous les objets. Le luxe devient architectural et le dispositif s’ avère être un principe de fonc- tionnement et un appareil originel de l’ architecture. Projeter est alors synonyme de construction de situations. Au sein de la société du design, l’ identité visuelle remplace ou détruit la façade et l’ architectonique. De même, la construction qui occupait une place centrale jusque dans les années soixante est remplacée par la fabrication. L’ ambiance devient un concept de projet. Les transformations du sujet contemporain étaient l’ enjeu, dans le même temps que le mot de « lieu » ne renvoyait plus à rien. Le style de vie décrit l’ ensemble de l’ architecture du xxe siècle. Le style de vie permettait à la fois de détruire l’ histoire de l’ architecture et de replacer l’ architec- ture au cœur des objets fabriqués. www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 8 Les perspectives d’ Hugh Ferriss ont fait apparaître la « Metropolis of Tomorrow » comme une scène. Avec les publications « Entrées sur la scène urbaine », la traduc- tion de Collage city et l’ exposition « La ville, art et architecture », présentée au Centre Georges Pompidou en 1993, puis à Barcelone et Tokyo, les projets avaient changé. L’ urbain s’ était étendu à tout le territoire, ce qui empêchait de parler de ville. L’ Europe était totalement urbanisée, un continent urbanisé, y compris dans les espaces que l’ on imaginait libres. La ville n’ existait plus, mais l’ urbain non plus. Il y avait dès lors une continuité terrestre, une planète urbaine. Cette mondiali- sation de l’ urbain était évidemment sa banalisation. La mégalopole n’ aurait plus rien à voir avec la fantasmagorie qu’ avait été la métropole pour Vertov, Ruttmann, Mondrian, Valéry, El Lissitzky et autres. Elle avait été domestiquée comme paysage touristique. La conséquence en était le devenir sensationnel de l’ urbanisme : un urbanisme des sensations. On se sépare de l’ architecture comme collage de frag- ments historiques, qui était le mode commun de travail des architectes dont on sait maintenant qu’ il était une manière d’ action publicitaire illusionniste. Au sein d’ une ville comme scène, le marketing urbain s’ était installé. Une unification des disciplines s’ était mise en place, rassemblée par une profession, celle de directeur artistique de l’ ensemble des objets fabriqués, l’ inventeur de récits. La possibilité d’ une théorie de la ville disparaissait au profit d’ une ville de chacun. La brièveté de la valeur accordée aux objets produits (les bâtiments se déclassent comme les objets) s’ est accompagnée du déplacement de l’ intérêt des archi- tectes vers les procédures de conception. Ce déplacement caractérise l’ architec- ture contemporaine : l’ objet réalisé compte moins que l’ appareil de sa concep- tion 2. Chaque projet est devenu dès lors une interrogation sur la manière de le produire, mise à distance caractéristique de l’ époque. Le projet contemporain se produit comme distance critique en action, y compris naturellement lorsqu’ il s’ agit de mettre en place une architecture séduisante et communicante. La fin des croyances, des styles ou des doctrines, a vu ainsi l’ activité réflexive de l’ architecte devenir son unique objet. Architecture Action indique comme un retour à un sujet-acteur. L’ architecture sera bien séduisante, mais au travers de l’ expérience du destinataire. La séduction du projet et du récit qui l’ installe domine la production. À la fois pour et contre, après le fétichisme du design, on cherche à produire un bâtiment sans effet d’ admira- tion, au-delà de l’ observation de la virtuosité de sa rhétorique, un projet non réti- nien. On vise la transformation par le projet de nos manières d’ être et de perce- voir. Une fonction intense et très corporelle, une mutation de soi, un essai. Tout ce que nous faisons et tout ce que nous produisons modifient nos comporte- ments et notre sensibilité. Chaque nouvel e-phone, chaque cosmétique, chaque logiciel, chaque image, chaque spectacle nous modifie. Parce que nous nous sommes vus transformés par la société de consommation, nous savons désormais que les objets nous changent, et en conséquence que l’ architecture aussi nous change. Comment transformons-nous ? Architecture Action interroge la transmu- tation de nous-mêmes, ce que nous appelons « le métier de l’ Empire ». L’ architec- ture nous invente. www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 9 LIMINAIRE 2 Guiheux, Alain, « Notes sur l’ architecture en train de se faire », Architecture : récits, figures, fictions, Cahiers du cci (Paris), no 1, 1986. Le projet met en œuvre un ensemble de préceptes, d’ habitus incorporés néces- saires pour faire et énoncer. La distance que l’ architecte possède par rapport à ses propres croyances établit une théorie du projet. Architecture Action interroge les gestes et les mots manipulés dans le projet pour lui substituer une autre confi- guration. La position critique permet et accélère la pratique du projet à l’ ère de la réflexivité. « Faire projet » consiste à décider de ses règles d’ engendrement, de son système de projet, quand les croyances et les discours de vérité se sont évanouis. Jean- François Lyotard avait perçu à la fois la fin des grands récits et la poursuite de la quête du nouveau, de l’ invention, mais n’ avait pas vu que la postmodernité était la logique culturelle imposée par le capitalisme tardif, ce qui a été la démonstra- tion de Frédéric Jameson et David Harvey. Les analyses de Gilles Lipovetsky et Alain Ehrenberg ont décrit les transformations qui ont été celles du sujet. La post- modernité nous a appris que nous devions inventer nos questions. www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 Scénographie de l’exposition « La ville Invisible », Cité des sciences et de l’Industrie, Architecture Action, 1992. www.editionsparentheses.com / Alain Guiheux — Architecture Dispositif / ISBN 978-2-86364-273-3 11 IMMATÉRIAUX Publié dans L’ ordre de la brique (Liège, Mardaga, 1985), le texte présente la section « Architecture » uploads/Ingenierie_Lourd/ architecture-dispositif-extraits.pdf
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- Publié le Jan 29, 2021
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