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Tous droits réservés © La Société des Arts, 1956 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 28 mars 2021 13:53 Vie des arts Auguste Perret Architecte du XXe siècle André Blouin Numéro 1, janvier–février 1956 URI : https://id.erudit.org/iderudit/55351ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Société des Arts ISSN 0042-5435 (imprimé) 1923-3183 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Blouin, A. (1956). Auguste Perret : architecte du XXe siècle. Vie des arts,(1), 24–29. L'architecture s'empare de l'espace, le limite, le clot, l'enferme. Elle a la privilège de créer des lieux magiques tout entiers, oeuvre de l'esprit. Auguste Perret. Le Parthenon : La grande leçon. L.C. LE GRAND CIRQUE ROME L'architecture est l'art d'organiser l'espace, c'est par la construction qu'il s'exprime. A. P. Parc olympique de Paris. Projet d'Auguste Perret. f ^ m v i l * * * v m •*»•»*****'*<*•™>miw*'mm<v H « # W H W W HIlHIÎilflIlIIllilli! '••«m m m •__••__• _• •_- «c-__•-_• m m w m w m _ _ _ _ Auguste Perret se rendant à son chantier du Havre. AUGUSTE PERRET ARCHITECTE DU XXe SIÈCLE Parmi les architectes du XXe siècle, et bien que nous en ayons dépassé tout juste la moitié, il est indiscutable qu'Auguste Perret sera l'un de ceux qui aura le plus contribué à l'évolu- tion de l'architecture. Né à Bruxelles en Belgique le 12 février 1874 d'un père bourguignon des environs de Cluny, Auguste Perret ne trahira pas l'héritage que lui légua ce magnifique coin de France où fut érigé l'un des monuments les plus purs de l'art roman. Cette simplicité, cette sobriété des lignes, la justesse des proportions de l'égli- se abbatiale de Cluny, nous les retrouverons dans toutes les oeuvres du Maître. Cela sera même la base de son architecture. Alors qu'il ne lui restait plus que son diplô- me à faire, Auguste Perret quitte l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, son père ayant besoin de lui, et aussitôt il se lance dans la construction. Il n'y a rien de nouveau pour lui car, pendant ses études, il ne cessa de s'intéresser aux chan- tiers, à la mise en oeuvre des matériaux, aux nouvelles techniques. H était certes beaucoup mieux préparé que ses camarades et ce fut certainement l'une des principales raisons qui lui permirent de s'affirmer aussi rapidement. La possibilité qu'il eut dès sa sortie de l'école de mettre son talent à l'épreuve en construisant avec ses deux beaux-frères des édifices impor- tants activa sûrement ses facultés de chercheur et d'artiste. 25 Le Mobilier National (Paris) Son maître aux Beaux-Arts fut Guadet, grand théoricien de l'architecture; ses auteurs préférés : Violet-le-Duc, qui mourut cinq ans après la naissance de Perret, et Auguste Choisy, qui mourut en 1909. Auguste Perret était donc entouré d'illustres architectes ou théoriciens. Charles Garnier ve- nait de terminer son Opéra, monument d'une somptueuse grandeur, mais qui n'entraînait, pas plus que les belles théories de Guadet ou les fort intéressantes dissertations de Choisy sur la construction à travers les siècles, une évolution que pourtant le développement des techniques laissait pressentir. Il est facile maintenant de critiquer l'archi- tecture de tel ou tel novateur de notre époque, parce que nous marchons sur une lancée, sur des principes, avec des systèmes de construc- tion et pour beaucoup cela paraît évident, normal. Nous regardons déjà en arrière et pourtant ne sommes-nous pas dans les balbu- tiements de la nouvelle ère machiniste. Tous ces critiques qui ne sont en fait que des copis- tes, ne continueraient-ils pas à faire de l'archi- tecture de copistes, mais d'un autre siècle, s'il n'y avait pas eu ces génies qui, secouant l'apa- thie de la routine, osèrent s'aventurer vers ce qu'ils jugèrent être la logique et la raison. Le même processus du besoin d'air, d'ouvrir la fenêtre sur le vrai, de respirer en rejetant tout ce fatras, comme dit Jamot « de rejeter ce goût du pastiche et du faux luxe favorisé par l'influence des Expositions universelles », fut ressenti par quelques priviligiés en même temps et dans différents pays. Ils ne furent pas nombreux mais leur sincérité, leurs arguments furent si puissants et l'évolution des techniques si rapide que de nombreux adeptes aidèrent les précurseurs à se défendre contre les détrac- teurs (académisme). Il faut citer pour bien situer Auguste Perret les quelques architectes qui furent à la base de notre architecture, peut-être serez-vous éton- nés que je ne mentionne pas certains noms. La raison en est que s'ils sont devenus ce qu'ils sont, ils restent malgré tout des disci- ples. Garage de la rue de Ponthieu (1905) 26 FRANK LLOYD WRIGHT Etats-Unis né en 1869 LOOS Tchécoslovaquie né en 1870 PERRET France né en 1874 GROPIUS Allemagne né en 1883 LE CORBUSIER Suisse-France né en 1887 De ces cinq architectes, il est possible de dégager deux tendances très distinctes. Si tous les cinq s'évadèrent des sentiers battus et avec combien de grandeur, s'ils s'accordent tous pour donner à l'architecture une nouvelle di- rection, trois ouvriront la voie à l'évolution continue, donneront une impulsion dont il n'est pas possible d'envisager le terme. Par contre Perret et Wright développèrent une doctrine si personnelle que sans dévier de la route des novateurs, deux architectures bien distinctes prirent allure de styles, à tel point qu'il n'est possible d'en appliquer les principes sans faire du Wright ou du Perret. Je crois qu'il était utile de fixer Auguste Perret dans l'ambiance qui entoure la naissan- ce de ses premières oeuvres. Mais la plus im- portante de toutes fut l'avènement du béton armé. Ce serait un tort de dire que Perret inventa le béton armé, mais il est incontestable qu'il fut le premier à comprendre quelles possi- bilités allait offrir ce nouveau matériau. Le béton armé, dans sa plus simple expres- sion, inventé par un jardinier de Boulogne en 1849, attira l'attention des ingénieurs qui s'en servirent à des fins de travaux publics, ponts, etc. Auguste Perret l'employa pour la première fois dans la construction du plafond du Casino de St-Malo en 1899. Mais ce n'était qu'une expérience, le reste du bâtiment étant une construction traditionnelle. Cette expérience l'amena très vite à l'emploi rationel du béton armé et dès la construction de son immeuble de la rue Franklin, à Paris, en 1903, il pose le grand principe de la structure apparente, le matériau lui paraît suffisamment noble pour être mis en évidence et lorsqu'il construit le garage de la rue de Ponthieu, à Paris en 1905, le sort en est jeté : « L'ossature sera apparente, Bien ! » Perret ne craint pas d'affirmer par le jeu des poteaux et des poutres « le squelette ». Il rejoint la grande tradition, il va remettre en valeur ce qui soutient, ce qui porte. Je me rappelle encore le Maître lorsqu'à l'atelier il nous disait « des poutres et des co- lonnes,... des horizontales et des verticales », et ses phrases étaient toujours ponctuées d'un « Bien ! » énergique comme un ordre. En 1913, A. Perret construit le Théâtre des Champs-Elysées. Cette oeuvre par sa concep- tion montre combien l'architecte possédait déjà pleinement le nouveau matériau. La struc- ture de béton armé libère le plan et lui permet de réaliser une harmonie complète entre la forme, la fonction et la structure. Si l'ossature s'exprime en façade, ce n'est encore qu'imparfaitement car un placage vient cacher le béton, mais sans toutefois masquer la forme. Il est bien certain que le béton eut été apparent si A. Perret n'avait subi les con- traintes du client. Mais qui pourrait dire n'a- voir jamais été obligé de s'incliner devant l'autorité despotique de la commande. Com- ment cette oeuvre fut-elle reçue par le public ? Mal ! Surtout par les confrères dont le nez restait encore enfoui dans les surcharges orne- mentales du pastiche Louis XVI. Ce n'était pas la première construction en béton; il était pos- sible non loin de là de voir le garage de la rue de Ponthieu, mais comme dit Paul Jamot dans sa belle étude sur Perret : « Même parmi ceux qui avaient daigné re- garder, combien pensaient : est-ce que le salut de l'architecture peut nous venir d'un simple garage d'automobiles ? » Oui ! certainement, A. Perret réfutant tous les « contre » gagne du terrain, ne laissant pas de répit à ses adver- saires. En 1916 les voûtes des Docks de Casa- blanca n'auront que V/i pouce d'épaisseur : le béton armé s'affirme. Auguste Perret va bientôt prouver que le placage n'est pas utile et que le matériau lui- 27 Musée des Travaux Publics (Paris) même bien mis en oeuvre avec des agrégats choisis prendra uploads/Ingenierie_Lourd/ august-perret.pdf

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