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m yv BERTRAND BAREILLES CQNSTANT1N0PLE-- SES CITÉS FRANQUES ET LEVANTINES (VÉRA - (MALAXA — BAMJEI E) l yE PLANCHE lions TEXTE PAH EDGAIi (:IIAIU\E TRENTE-DEUX ILLUSTRATIONS DANS LE TEXTE PAR ADOLPHE TlIIERS i;\ PLAN DE CONSTANTINOPI.K EDITIONS HOSSABI) /| '^ , H U E M A D A M E . v\ lus i(ji<S m Xx '.m >X >X X^ Xx m m m Xx XX X'^ x^ I CONSTANTINOPLE SES CITÉS FRANQUES ET LEVANTINES Bertrand Bareilles. I DU MÊME AUTEUR LES TURCS. Ce que fut leur empire. Leurs comédies politiques.— Librairie académique Perrin et G'^ 3 fr. 5o Edgar Chahine La Pointe du Sérail vue de la Tour de Galata. BERTRAND BAREILLES CONSTANTINOPLE SES CITÉS FRANQUES ET LEVANTINES (PÉRA — GALATA — BAiNLIEUE) UNE PLANCHE HORS TEXTE PAR EDGAR CHAHINE TRENTE-DEUX ILLUSTRATIONS DANS LE TEXTE PAR ADOLPHE THIERS UN PLAN DE CONSTANTINOPLE EDITIONS BOSSARD RUE MADAME, 43 PARIS 721 A MA MÈRE INTRODUCTION ON m'a fait justement observer que le titre de a Cités franques » donné à ce livre, et qui indi- que les parties de Constantinople exclusive- ment habitées par les étrangers et des chrétiens indigènes, serait à peine compris. Peu de gens savent chez nous, en effet, que le mot franc sert dans tout le proche Orient à désigner l'Européen, quelle que soit son origine. Cette considération ne m'a pas arrêté. J'ai gardé le titre, pensant qu'il est bon que le Fran- çais apprenne la signification d'un vocable qui re- monte au temps des Croisades, c'est-à-dire à une époque où les peuples du brumeux Occident dispa- raissaient dans l'éblouissant prestige de ses grands ancêtres. Pour l'asiatique, comme pour le byzantin, l'Européen ne sera jamais qu'un Franc. Au surplus, ce mot répond pleinement à mes inten- tions qui sont de présenter Constantinople sous un aspect quelque peu différent de celui où l'on s'est 10 CONSTANTINOPLE placé jusqu'à ce jour. Ce livre n'est que le premier volet d'un diptyque où j'entends mettre en oppo- sition Turcs et rayas. Je commence par le raya de Constantinople sur lequel rien n'a été dit, ou presque. Je n'ai pas cru devoir confondre dans une même page deux éléments que tout sépare, qui ne disent pas les mêmes mots, ne parlent pas les mêmes langues, ne visent pas aux mêmes destinées. De Constantinople, j'ai fait une description d'ensemble, mais j'ai laissé chaque groupe ethnique dans le cadre qui lui est habituel et je n'ai parlé du Turc que dans la mesure où il se mêle à la vie de ses voisins. Elle ne laissera personne indifférent, cette promenade à travers des quartiers habités, les uns, par les héritiers directs de Byzance, les autres par les divers groupes de populations qui y vivent tous en s'entourant d'une frontière morale. Il en est même parmi eux, qui ont pu rêver de hautes destinées comme pour consoler leur séculaire captivité de l'espoir qu'un jour viendrait où, sous les voûtes de Sainte-Sophie, monterait l'hymne d'allégresse où s'exalterait le triomphe de la race. La France, de son côté, a bourgeoisement rêvé d'une Turquie intégrale où ses éléments variés se seraient réconciliés autour d'un idéal de justice et de paix, et c'est à réaliser ce programme que pen- dant longtemps s'est employée son activité politique. 11 aurait été atteint s'il avait été humainement possible ; car la place qu'elley a occupée était grande, mais combien précaire, les événements, hélas I ne l'ont que trop démontré. INTRODUCTION II Cette influence, dont nous tirions vanité, on la croyait solide comme un roc, parce que millénaire, parce que désintéressée et bienfaisante. Elle symbo- lisait notre amour pour cette terre sacrée, où nous avons puisé le meilleur de nous-même, mais à la- quelle nous avons aussi beaucoup donné. A travers le temps, on l'a vue revêtir diverses modalités qui étaient comme le reflet des phases successives d'un état social. Conquérante au temps de Philippe- Auguste, elle n'avait après la chute de Rhodes, ce dernier rempart de la chrétienté en Asie, qu'un caractère mercantile et diplomatique. En ces der- niers temps, elle n'était plus que scolaire et financière. D'une façon générale, seule la fraction chrétienne bénéficiait de la culture que nous y répan- dions. L'argent n'allait qu'aux Turcs. Or, cette in- fluence ne reposait que sur un sable mouvant. Bien que faite de services rendus, elle n'a cependant rien arrêté, rien empêché. Nous avons été, par ceux que nous avions comblés d'égards et de bienfaits, traités en intrus ou plutôt en indésirables. C'est qu'en Orient, pour être apprécié, un bienfait ne doit inter- venir que comme un don de la force. Au bénéficiaire, il doit laisser l'impression brutale que la main qui le donne peut, le cas échéant, frapper sans faiblesse. L'Oriental est encore trop loin, trop spécial, pour qu'il soit possible de communier avec lui sur le ter- rain du sentiment et de la pensée. De cet épisode il ne restera que le souvenir d'une déception d'autant plus cuisante, qu'elle a fait des victimes parmi ceux 12 CONSTANTINOPLE de nos clients qui nous étaient restés fidèles. Le beau résultat de tant de sacrifices que de finir dans l'aventure des Dardanelles I... Si l'Orient a failli à ses promesses, c'est qu'il ne nous craignait plus, c'est que nos idées ne sont pas les siennes. 11 ne faisait mine de se rapprocher de nous que pour mieux nous résister ; il ne s'assimi- lait notre langage que pour nous surprendre ; il ne provoquait ou acceptait nos libéralités que pour se mettre en mesure de nous ravir ce qui nous reste. De tout cela se dégage une leçon sévère. La première chose à faire c'est de rompre énergiquement avec une tradition que l'expérience historique avait déjà cent fois condamnée. 11 est temps que nous songions à approprier nos efforts extérieurs, non plus aux fan- taisies d'un idéalisme sans objet, ou bien aux sug- gestions intéressées des hommes d'affaires, mais aux réalités d'une politique qui doit ressortir des faits et des possibilités. Sait-on quelle était notre situation en Turquie avant la guerre ? Nul ne contestera qu'elle s'était fort amoindrie à la suite de nos dé- faites de 1870. A ce recul avait correspondu la pro- digieuse expansion de rivaux inconnus la veille. Si, d'un côté, l'on voyait nos écoles se multiplier, grâce à l'activité privée, de l'autre, nos colonies de Péra, de Smyrne, d'Alexandrie, allaient s'émiettant. Nos avantages commerciaux étaient dérisoires, comparés à ceux de certaines puissances, et tout ce que put faire, pour y remédier, la verbale sollicitude de no- tre administration : enquêtes, rapports consulaires, liNTRODUGTION i3 exhortations des chambres de commerce, resta lettre morte. Le chiffre du commerce français demeura fixé au point où il était il y a quarante ans. Nous ne savions plus nous affirmer que comme bailleurs de fonds. Seul notre apostolat par l'école avait résisté à l'ef- fondrement d'une situation jadis privilégiée. Encore se trouvait-il paralysé par les difficultés qu'il rencon- trait à recruter son personnel enseignant, par les discussions de la Chambre, où certains orateurs se plaisaient à remettre périodiquement en question les maigres subsides que l'Etat leur allouait, dis- cussion qui exerçait sur une Turquie jalouse de nos succès en ce domaine la plus fâcheuse répercussion. Est-ce à dire que l'on doive abandonner les écoles confisquées par les Turcs en novembre 191/i et les institutions de crédit fondées avec le fruit de l'épar- gne nationale? 11 ne saurait être question de cela. Mais il est évident que ces instruments d'influence ne peuvent être de quelque utilité pratique dans ces pays barbares que s'ils sont en fonction d'une politique qui aurait pour base une sphère d'influence ; ils se- raient décisifs si, en même temps, on inspirait à chacun la conviction que l'on est assez fort pour faire respecter les conventions qui consacreraient cet état de choses. Et c'est parce que nos intérêts man- quaient d'appui et de soutien qu'il a suffi de la pre- mière rafale soufflant du Nord pour culbuter un chêne que nous croyions bien enraciné. Une des bizarreries de l'Etat français c'est de tyranniser l'in- dividu dans sa vie privée, au point qu'il est moins i4 CONSTANTINOPLE dangereux d'assassiner passionnellement une femme que d'en épouser deux à la fois. Au bouilleur de cru, la loi donne licence d'empoisonner la nation, au financier de drainer au profit de l'étranger l'épargne publique, mais elle interdit au citoyen la liberté de passer la nuit sur un banc en plein air ou sous les arches du Pont-Neuf, si telle est sa fan- taisie. Disons-nous bien que l'école et la banque doivent être un moyen et non un but ; que, mis au service des amitiés équivoques ou d'un concurrent aux aguets, ces facteurs de force sociale et économique peuvent être retournés contre celui qui les a créés. Disons-nous également que la Turquie, qui nous a échappé jusqu'ici, quelle que fût la forme de son gou- vernement extérieur, nous échappera plus sûrement dans l'avenir, quoi que nous fassions. En Turquie nous ne travaillerons jamais que pour les autres. Ce que nous avons fait dans le passé atteste uploads/Ingenierie_Lourd/ bertrand-bareilles-constantinople-ses-cites-franques-et-levantines-1.pdf

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