N°50 Mars 2002 L’exposé oral Il nous est tous arrivé d’être surpris et déçus pa

N°50 Mars 2002 L’exposé oral Il nous est tous arrivé d’être surpris et déçus par la piètre qualité de certains exposés oraux de nos étudiants. Le stress pousse certains d’entre eux à lire frénétiquement leurs feuilles, sans jamais les quitter des yeux. D’autres parlent avec un débit trop précipité et perdent vite leur auditoire, d’autres encore optent pour un débit trop lent, au risque de provoquer ennui et endormissement. Il n’est pas rare enfin que des étudiants n’annoncent pas le plan de leur exposé et n’indiquent pas clairement les transitions entre ses différentes parties, ce qui ne manque pas de susciter la confusion chez les auditeurs. C’est à l’occasion de ces « ratés de communication » que l’on se rend compte que l’exposé oral est une compétence complexe qui fait trop rarement l’objet d’un apprentissage systématique lors des premières années de formation, bien qu’elle constitue une compétence professionnelle clé, dont la maîtrise devrait être assurée par toute formation universitaire. À la suite de quelques expériences d’initiation d’étudiants aux principes et aux méthodes de l’exposé oral, ce 50e numéro de RESEAU présente un guide pratique en deux parties. La première vise à aider les orateurs à préparer leur exposé. La seconde fournit quelques conseils quant à la manière d’assurer, en situation, un exposé oral. Ce guide pratique est écrit en termes simples et directs, sous la forme inhabituelle de conseils rédigés à l’impératif, de manière à pouvoir être distribué aux étudiants qui ont à préparer cet exercice redoutable. 1. Préparer un exposé oral La difficulté principale rencontrée dans la préparation d’un exposé oral est qu’il faut se décentrer et « se mettre à la place » des auditeurs. En effet, dans le cadre de situations didactiques, exposer, c’est chercher à donner à son auditoire les moyens de comprendre. Vous devez vous intéresser non seulement au contenu de votre exposé, mais aussi au niveau de connaissance et au profil de votre auditoire. Par exemple, ce qui vous paraît évident ne l’est pas nécessairement pour l’auditoire. Il ne suffit donc pas seulement de connaître son sujet pour se faire comprendre. a. Identifier avec précision le sujet principal de l’exposé Quel est le message central à faire passer ? Une technique efficace consiste à se poser des questions simples sur le sujet abordé : « De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce qui… ? Pourquoi ? De quelle façon ? Est-ce que … ? ». Il faut ensuite se demander ce qui pourrait, dans ce sujet, intéresser l’auditoire, ce qu’il en sait déjà, ce qu’il devrait savoir pour profiter de cet exposé et ce que ce dernier lui apportera de plus. À l’issue de cette première réflexion, vous serez en mesure de formuler le sujet de l’exposé sous la forme d’une question simple (« Comment fonctionnent localement les anesthésiques ? Comment définir ce qui caractérise une pièce de théâtre ? ») RESEAU 50 – L’exposé oral - Mars 2002 - SPU - FUNDP 1 b. Dégager les éléments sous-jacents à la question centrale retenue Repérez les mots clés de la question et faites ressortir les rapports qui existent entre eux. Recherchez les mots, les concepts et les relations bien souvent implicites qui les unissent et qui se cachent derrière la question. Il vaut mieux partir de l’idée d’une quasi-ignorance du sujet par les auditeurs : vous ne vous permettrez ainsi aucune allusion, aucune référence sans les expliciter. c. Énoncer les points clés Vous êtes alors en mesure de choisir et d’énoncer les idées principales et de les organiser en séquence. Chaque partie de l’exposé doit faire apparaître une idée maîtresse. Cette étape est cruciale car la première qualité d’un exposé est d’être clairement structuré : c’est la clarté de l’enchaînement des idées qui assure mémorisation et compréhension des contenus chez l’auditeur. C’est à cette étape de la préparation que le plan de l’exposé se met en place, plan que vous annoncerez d’ailleurs en début d’exposé. Différents types de plan sont possibles : • le plan chronologique organisé autour de dates ou d’époques charnières ; • le plan par aspects ou par critères, qui présente un problème sous ses différents angles (par exemple, juridique, historique, économique, …) ; • le plan par points de vue, qui donne l’avis des différentes personnes ou groupes de personnes intéressées par un problème (par exemple, les grèves vues par le personnel, la direction, les usagers, l’État, …) ; • le plan descriptif, qui divise un tout en parties ; • le plan de discussion, qui rassemble des arguments pour et contre ; • le plan comparatif ; • le plan dialectique, organisé autour de la célèbre trilogie « thèse, antithèse, synthèse » ; • le plan de l’expérience scientifique, qui suit la démarche d’investigation propre à chaque discipline (situation, hypothèse, vérification, interprétation, …) ; • le plan résolution de problèmes, qui décompose la formulation du problème, son analyse, la recherche de solution et la décision. Lors de l’exposé, indiquez clairement quand vous passez d’un point à l’autre de ce plan par une transition explicite (« Après avoir vu…, nous allons maintenant… »). Balisez aussi la structure de l’exposé en ayant recours, par exemple, aux adverbes pour hiérarchiser les idées (« Surtout, essentiellement », …), aux organisateurs temporels (« À présent, … ») et aux différents temps du verbe (« Je vous parlerai d’abord… »). De la même façon, à la fin de l’exposé, annoncez clairement que vous vous engagez dans la conclusion. RESEAU 50 – L’exposé oral - Mars 2002 - SPU - FUNDP 2 d. Mettre en place les principales clés de compréhension du sujet Pour chacune des idées principales identifiées dans la phase 3, répétez les opérations suivantes. • Énoncez l’idée clé par une phrase simple et concise, en limitant l’usage de termes techniques et de phrases inutilement complexes. Commencez, par exemple, par ces mots : « En termes simples…, l’idée principale est…, en quelques mots…». • Choisissez un ou deux exemples bien adaptés, brefs et précis. Les illustrations, les analogies, les métaphores, les témoignages vécus permettent à l’auditoire de se raccrocher à des référents plus concrets, plus proches de son vécu et de ses connaissances. Ces exemples donneront sens à ce qui est exposé. • Apportez des précisions, des détails, des ajustements. Fixer les limites de l’exposé : « Jusqu’ici, j’ai été à l’essentiel, bien sûr il y a des exceptions, des difficultés, des raccourcis…, Vous me direz… ». Ensuite, reformulez et développez l’idée principale avec d’autres termes moins concis. C’est un bon exercice pour soi, mais il peut aussi aider certains membres de l’auditoire à déclencher la compréhension. e. Récapituler les arguments principaux Il s’agit ici de rassembler les arguments et les éléments principaux et de construire la conclusion qui répond à la question posée : « Voyons maintenant les points traités jusqu’ici… », « En résumé donc… », « Que faut-il retenir de tout ceci… », « Il apparaît maintenant que… », « Nous sommes maintenant en mesure de dire … ». En quelques mots, essayez ensuite de répondre à cette question : si l’auditoire ne devait retenir qu’une seule idée ou qu’un seul fait, desquels s’agirait-il ? f. Mettre au point l’entrée en matière Cette phase n’est possible que si vous êtes au clair avec vos explications, c’est la raison pour laquelle elle arrive curieusement à la fin de la préparation. Vous pouvez ainsi vous concentrer sur « l’accrochage » de votre auditoire. L’entrée en matière est importante : non seulement elle fixe l’attention, mais elle oriente aussi la pensée de ceux qui écoutent. Il s’agit de faire naître l’intérêt, de mettre en appétit, d’en dire juste assez, ni trop ni trop peu : le charme et la séduction résident dans ce subtil dosage entre le visible et le caché. Plusieurs procédés sont possibles : • faire référence à l’expérience des auditeurs : « Certains d’entre vous se souviendront sans doute de… » • se référer à l’instant vécu collectivement : « Ce matin en arrivant, avez-vous remarqué … ? » • poser une question provocante • commencer par une anecdote • simuler une situation • montrer un objet insolite, un dessin humoristique • proposer un paradoxe. RESEAU 50 – L’exposé oral - Mars 2002 - SPU - FUNDP 3 Après « l’accrochage », l’entrée en matière vise ensuite à lever toute ambiguïté en précisant d’emblée le sens précis des mots ou des notions sur lesquels vous allez fonder votre discours, surtout si ces termes sont nouveaux ou pris dans un sens bien spécifique par rapport à leur usage courant. g. Rédiger le canevas de l’exposé Il ne s’agit pas de rédiger chaque mot de votre exposé quoique certains orateurs en apprennent par cœur les premières phrases1. Certains utilisent systématiquement des transparents ou des écrans en Power Point. Ces supports visuels ne doivent contenir que le plan de l’exposé, quelques mots clés pour chaque partie et le matériel nécessaire à vos explications (un tableau de chiffres, un texte soumis à l’analyse, etc.). Vos notes ne constituent qu’un support : y sont consignés le plan, les uploads/Ingenierie_Lourd/ expose-oral.pdf

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