Fièvre immobilière, des questions, des solutions La question du logement, de l’

Fièvre immobilière, des questions, des solutions La question du logement, de l’immobilier est une de mes préoccupations centrales. Et j’ai partagé mes réflexions dans plusieurs articles, que ce soit dans le bulletin municipal, sur le site Questembert notre cité, puis Questembert créative et solidaire, et, depuis mon retrait de la politique active, ici sur ce site où je propose un « regard citoyen ». J’y ai parlé de ZAC, de logements sociaux, ou... de cimetière, d’aide à la pierre, de rénovation de l’habitat. https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/immobilier-hors-de-prix-quel-impact-sur-la-vie- quotidienne-des-morbihannais-76f3884c-befb-11eb-a219-8f747c6d3d1b La campagne des élections régionales et départementales met le sujet sur le devant de la scène. Plusieurs listes régionales soulignent la gravité du problème et tentent de proposer des solutions. D’autres, par aveuglement ou par excessive confiance dans la régulation par le marché, n’en parlent pas ou se contentent de réponses banales « on fera comme avant ». Il en va de même pour les élections départementales : ainsi la plate-forme de la majorité départementale sortante (page 2 de la profession de foi) évoque seulement les résidences de personnes âgées et l’appui à la rénovation énergétique des logements existants. Rien sur le problème global du logement, c’est-à-dire le foncier, l’urbanisme, les déplacements induits. Sauf la proposition de la liste UDB/EELV de créer un « statut de résident breton ». L’idée provoque des polémiques... Je trouve qu’elle ressemble trop à d’autres slogans d’exclusion comme la France aux Français, et pas aux migrants, aux étrangers. En Corse, ça se traduit I Francesi Fora, un graffiti qui voisine souvent avec I Arabi Fora. On me dit que non, que mon interprétation est biaisée, que j’ai mal compris. Reste un malaise, quand même. Un excellent dossier du quotidien Ouest France Heureusement, sans s’immiscer dans la campagne électorale, Ouest-France a choisi de mener une enquête approfondie sur l’impact que peut avoir la pression immobilière sur la vie quotidienne des morbihannais. L’article initial du 30 mai intitulé Immobilier hors de prix : quel impact sur la vie quotidienne des Morbihannais ? (https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/immobilier- hors-de-prix-quel-impact-sur-la-vie-quotidienne-des-morbihannais-76f3884c-befb-11eb-a219- 8f747c6d3d1b) annonce du lundi 31 mai au dimanche 6 juin 2021, un tour d’horizon des effets, ressentis ou méconnus de cette tension, mais aussi des solutions possibles. A Questembert, nous percevons très directement les effets de notre position en 2ème couronne de l’agglomération vannetaise et en « rétrolittoral » par rapport à la presqu’île de Rhuys. Tout ce qui est à vendre se vendre au prix fort, les offres de location sont rares, même pour des biens de médiocre qualité. Mais, comme le montre l’analyse d’Ouest-France, la pression immobilière se fait sentir jusque dans des territoires moins bien équipés que notre petite ville ou plus éloignés des zones d’emploi et des axes de circulation. Des territoires qui déjà se disent « abandonnés par la République » https://www.questembert-creative-solidaire.org/Territoires-abandonnes,1482.html La pression immobilière tient en premier lieu à l’accroissement de la population (400 000 habitants, actifs et retraités, d’ici 2040 https://www.ouest-france.fr/bretagne/demographie-400-000-habitants- de-plus-en-bretagne-en-2040-6615541), un phénomène amplifié par le desserrement des ménages (moins d’habitants par logement) et par la demande toujours forte de résidences secondaires. Mais sur ce dernier point, on pourrait dire que le mal est fait : 80 % des habitations sont des résidences secondaires à Arzon ! On y a créé des ghettos pour vieux riches ! Immobilier, Régionales page 1 https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/prix-immobilier/on-a-cree-des-ghettos-de-vieux- riches-en-bretagne-les-habitants-ne-font-pas-de-quartier-avec-les-residences- secondaires_3494271.html Déplacements, mobilités, problèmes complexes, solutions multiples La densité de circulation automobile induit une demande d’aménagements routiers, responsabilité départementale (voir mon article sur la D 775 Eléments de débat https://questembert-regard- citoyen.fr/?p=1303) sans pouvoir assurer une amélioration sensible de la situation. Demande accrue de desserte ferroviaire, de transports collectifs routiers, compétence régionale... mais l’offre, même améliorée, ne peut satisfaire tous les besoins : pas de voies ferrées partout, limitation des cadences pour des raisons de sécurité. (Loin de moi l’idée de défendre la remise en service de la voie Questembert-Ploermel, ou la reconstruction du chemin de fer local Locminé-Vannes-La Roche Bernard) https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemins_de_fer_du_Morbihan). Face à ces problèmes complexes, il faudra faire flèche de tout bois et rechercher des solutions multiples : covoiturage systématique, auto-partage, retrouver de la proximité pour les services essentiels, sécurisation des parcours piétons et vélos, etc. Plus de logements ? Oui, mais comment ? Nous avons donc besoin de plus de logements. Et sans doute, en utilisant mieux l’existant, dont il ne faut pas négliger la ressource... ni les difficultés. La construction neuve par an représente environ 1 % du parc total : en 2020, 381 000 logements autorisés (PC) pour un parc total de 37 millions (source INSEE)... Quand on construit, on devrait penser qu’on construit pour 70 ou 100 ans, ça n’exclut pas bien sûr les travaux de réhabilitation, de rénovation, les changements de destination. Mais justement, la réhabilitation de l’ancien ne va pas sans poser quelques problèmes : accessibilité, confort thermique, etc. La « longère » typique de la Bretagne rassemblait dans le même corps de bâtiments bêtes et gens, puis elle a été affectée au bétail... avant d’être rénovée... en résidence. Je vous laisse apprécier le volume des travaux nécessaires. La construction neuve est plus visible, elle se heurte aujourd’hui, comme le montrent les articles d’Ouest-France, à la rareté du foncier. La réponse par les lotissements communaux trouve vite ses limites : doit-on se réjouir du succès du lotissement communal de Damgan? https://www.ouest- france.fr/bretagne/damgan-56750/immobilier-a-damgan-le-lotissement-communal-a-cartonne- 4ae4f8c4-bd77-11eb-b95a-34f62fcd19a0 Doit-on aller jusqu’à la quasi-gratuité du foncier comme cette offre de terrains à bâtir à 1€ le m² à Pluméliau-Bieuzy https://www.ouest-france.fr/bretagne/morbihan/morbihan-a-bieuzy-le- lotissement-le-mechennec-sort-de-l-impasse-400ded7a-ce9d-11eb-b861-c68adfb2de53 Pas sûr que ce modèle soit le plus soutenable comme on dit aujourd’hui. Là, comme dans la version originelle de notre ZAC du Centre à Questembert https://www.questembert-creative-solidaire.org/La-ZAC-du-centre-une-idee- neuve,1193.html , on aide l’accession à la propriété, avec une vision sociale... mais la maison réalisée peut se trouver ensuite sur le marché normal et offrir de belles plus-values. Et je ne parle pas bien sûr de la façon dont notre projet initial de ZAC a été dévoyé. Voir le paragraphe Assouplir les contraintes, mais pas au point de... de mon article d’avril 2018 sur la ZAC du Centre au conseil municipal https://www.questembert-creative-solidaire.org/La-ZAC-du-Centre-au-conseil,1413.html Aide à la pierre, l’analyse implacable de la fondation Abbé Pierre A la fois pour produire plus de logements et pour soutenir l’activité du secteur BTP (Quand le bâtiment va...) en orientant les capacités d’épargne, les gouvernements successifs ont développé des politiques d’aide à la pierre. On pourrait remonter à la loi Loucheur (1928) Immobilier, Régionales page 2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Loucheur qui permet aux particuliers d’emprunter à taux réduit pour acheter un terrain et y faire construire une maison (je crois qu’on a quelques exemples à Questembert). Plus près de nous, il y a eu les lois Méhaignerie en 1986 et 1994. Et puis, pratiquement chaque ministre en charge du logement a voulu apporter sa pierre à ces dispositifs : Périssol, Besson, Robien, Scellier, Duflot, Pinel, jusqu’au petit dernier, le Denormandie, qui en février 2020 « cherchait encore son public, » selon Le Monde. Des constantes pour ces programmes Chaque année, la fondation Abbé Pierre publie un rapport sur le mal-logement. A plusieurs reprises, la fondation a montré les effets pervers de l’aide à la pierre, qui provoque la hausse des prix du foncier et qui souvent aident ceux qui ont des ressources à accroître leur patrimoine, aux dépens des aides plus directes au logement social. Je me suis inspiré de ces constats dans cet article de 2010 où je parlais du Plan Départemental de l’Habitat. https://www.questembert-creative-solidaire.org/La- question-du-logement,434.html . Au passage, on peut se demander si le département du Morbihan a progressé depuis. En 2011, je revenais sur le sujet dans cet article, Encore le logement https://www.questembert-creative-solidaire.org/Encore-le-logement,581.html. Une autre source de 2011, le blog de l’OFCE, confirme malheureusement ce point de vue sur le Scellier https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/dispositif-scellier-un-bilan-contraste-pour-un-cout-eleve/ NB Le rapport de 2021 (à télécharger ici) https://www.fondation-abbe-pierre.fr/documents/pdf/reml2021_rapport_sur_letat_du_mallogement- web.pdf insiste sur les failles des programmes de rénovation énergétique. Une France de propriétaires ? Ceux dont parle la Fondation Abbé Pierre ne seront jamais des citoyens à part entière de cette France de propriétaires que M. Sarkozy appelait de ces vœux. Mais être propriétaire de son logement reste un désir profondément ancré dans notre société, et sans doute encore plus en ces temps d’incertitude. Il faut sûrement répondre autant que faire se peut à cette attente, en évitant, si possible, les dérives évoquées plus haut, et celles qui deviennent plus criantes aujourd’hui avec les tensions sur le marché immobilier, générant des plus-values étonnantes et des comportements spéculatifs à la fois sur les terrains, les constructions et bien sûr les loyers. Pour les gens, la situation change radicalement selon que vous êtes du bon côté (bonnes ressources, patrimoine, etc.) ou du mauvais (faibles ressources, sans patrimoine). Et le contexte impose aux élus, ou à ceux qui aspirent à le devenir, de réfléchir sur des pistes d’action possibles. L’action de la puissance publique Savez-vous quelle est la première phrase du Code de l’Urbanisme ? La voici : « Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. » Patrimoine commun ? Il semble que certains maîtrisent une part plus importante de ce patrimoine commun ! Le détail du Code de l’urbanisme apporte uploads/Ingenierie_Lourd/ fievre-immobiliere-des-questions-des-solutions.pdf

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