Les Cahiers de la Franc-maçonnerie NO 25 : QU’EST-CE QU’UNE « PLANCHE », À QUOI

Les Cahiers de la Franc-maçonnerie NO 25 : QU’EST-CE QU’UNE « PLANCHE », À QUOI SERT-ELLE, QU’EXIGE-T-ELLE DE CELUI QUI LA PRÉSENTE ? Par le « Collectif des cahiers » 3 « La planche » : l’angoisse ! • Un ami, brillant conférencier, habitué des émissions de radio et de télévision, une véritable « bête de scène », nous l’a confié : « Le trac, je l’ai connu pour la première fois de ma vie le jour où j’ai dû présenter une planche aux frères de ma loge. » C’est que la première planche, on la présente souvent après plusieurs mois de silence devant un « public » de frères qui ont appris à vous connaître, que l’on a tous entendu plancher. Ils ne sont pas un « public », ils ne sont pas un « jury d’examen ». Si on est apprenti, on a montré son texte au second surveillant qui a fait rectifier beaucoup de choses dont certaines que l’on croyait justement être des « bons morceaux ». Finalement, on va présenter un texte qui, après les retouches que nous a imposées (ou conseillées) le second surveillant, n’est plus tout à fait celui que nous avions pensé. Reste une dernière étape : la présentation elle-même… Tous les apprentis ou presque ont connu cette angoisse de la première planche. C’est normal, parce qu’une planche n’est ni un cours, ni un exposé, ni une conférence, ni une dissertation… Ce ne saurait être non plus un texte totalement personnel, ni une compilation, ni même une synthèse. Autrement dit, l’apprenti, dans les rites qui pratiquent la planche1, doit construire un texte dans un « genre littéraire » qui pour lui est totalement nouveau : les seuls modèles qu’il a à sa disposition sont les planches qu’il a écoutées. 1. Les rites anglo-saxons ne la pratiquent pas. La planche, un art • Évidemment, ce cahier ne s’adresse pas qu’aux apprentis. Il concerne également les compagnons et les maîtres. Ce n’est pas parce qu’il planche depuis de longues années qu’un maçon fait de « bonnes planches ». Tous les maçons le savent pour avoir un jour ou l’autre perdu le fil d’une planche, voire somnolé sur les colonnes… C’est une évidence : si le frère qui planche, pour quelque raison de fond ou de forme que ce soit, n’est pas capable de maintenir l’attention des frères en éveil jusqu’à sa conclusion, c’est que sa planche est mauvaise ou mal présentée… Tout contribue au succès (l’éveil et le maintien de l’intérêt de tous les frères) ou à l’échec, le fond de la planche, sa forme, la façon dont on la présente… A.S V 4 La planche : les règles • Sauf s’il existe dans un atelier un usage différent, les règles que nous allons exposer ici s’appliquent dans toutes les loges des rites qui pratiquent la planche. l Les règles de forme tenant à la nature de la planche Que son sujet soit symbolique, philosophique, ou « de société », la planche est faite pour être lue à haute voix et comprise par des auditeurs. Cette vocation crée au rédacteur plusieurs contraintes : 1.  Une contrainte de vocabulaire : il faut absolument éviter les mots que l’auditeur pourrait ne pas connaître ou qui pourraient lui être si peu familiers qu’il soit contraint à un effort de mémoire pour les comprendre. 2.  Corollaire : si l’usage d’un tel mot est indispensable, il doit être défini au fil de la planche. 3.  Une contrainte stylistique : le texte doit être facile à lire à haute voix, ce qui implique des phrases aussi courtes que possible, et l’emploi de formes qui « n’emmêlent pas la langue » : une formule équivalente au célèbre « les chemises de l’archiduchesse… » au 5 LES CAHIERS DE LA FRANC-MAÇONNERIE 6 milieu d’une planche peut en rendre tout un passage incompréhensible et faire perdre au locuteur sa concentration. Cette contrainte est variable suivant les personnes, aussi est-il prudent avant de la présenter en loge d’enregistrer la planche, de l’écouter, puis de rectifier les phrases sur lesquelles on a « buté » en lisant. Seule une diction parfaite permet aux auditeurs de suivre le texte sans effort. 4.  Une contrainte de durée : la présentation d’une planche se fait en général au milieu de la tenue. Avant se sont déroulés le rituel d’ouverture, la lecture du courrier, le règlement de diverses questions administratives. Dans le meilleur des cas, au moment où l’un de leurs frères prend la parole pour présenter sa planche, les auditeurs ont déjà écouté durant une demi-heure avec attention des discours qui ne les ont pas forcément passionnés. Or des études faites en milieu universitaire ont montré que l’attention lors de l’écoute d’un texte, aussi intéressant soit-il, n’excède pas cinquante minutes. En principe, la durée d’une planche ne devrait donc pas excéder vingt minutes. C’est vraiment une durée maximum, les frères n’ont pas tous vingt ans, ils ne sont pas tous en pleine forme, et, même si c’était le cas, la tenue ayant en général lieu un soir de semaine, ils ont travaillé toute la journée. Il est bien plus raisonnable de limiter la longueur d’une planche à dix ou douze minutes si les coutumes de la loge le permettent2. À notre avis – mais nous pouvons être dans l’erreur – elles le devraient toujours. 2. Nous connaissons au moins un atelier où les frères admettraient mal qu’une planche dure moins d’une heure… QU'EST-CE QU'UNE PLANCHE ? 7 l Les précautions indispensables La source : Le maçon, quel que soit son grade, planche généralement sur un sujet qu’il a étudié spécialement pour l’occasion. Il doit dire dans sa planche ce qu’il pense ou adopter l’opinion d’un auteur présumé spécialiste de la question, ce qui est bien plus dangereux que de penser par soi-même. Chaque fois que l’on fait un emprunt intellectuel, il faut citer sa source au fil de la planche : Untel dans tel livre ou tel article. Cela est indispensable parce que si Untel se révèle une source d’erreur ou a exprimé une opinion inadmissible, voire a écrit une « sottise », il faut lui laisser la responsabilité de ses écrits, et cela l’est plus encore parce que ne pas citer ses sources, c’est commettre un plagiat et par là même un parjure. Le maçon a juré de respecter la loi et la loi interdit le plagiat. Si la référence est longue et risque de « casser le rythme de la planche », on peut l’abréger, quitte même à ne conserver que le nom de l’auteur, mais dans ce cas, il faut prendre la précaution de noter la référence complète à la suite de la planche. Il y a toujours un frère qui sera reconnaissant qu’on lui fournisse cette référence. De plus, on peut avoir besoin de la retrouver quelques années plus tard pour une autre planche. Ainsi, si on a cité Luc : « Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence » et qu’on ne note pas qu’il s’agit du chapitre 19, verset 27 et de la conclusion de la « parabole du mauvais serviteur » comment retrouvera-t-on cette citation ? uploads/Ingenierie_Lourd/ les-cahiers-de-la-franc-maconnerie.pdf

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