La Lettredu Patrimoine [ Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5
La Lettredu Patrimoine [ Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5000 Namur ] 1 [ Trimestriel • Janvier - Février - Mars 2016 • N° 41 • Bureau de dépôt : Liège X • P501407 ] Préhistomuseum : rencontre avec Fernand Collin, Directeur et cheville ouvrière du musée depuis 1989 Le 7 février dernier, le Préhistomuseum de Ramioul a rouvert ses portes après trois ans de travaux. L’événement est de taille et a d’ailleurs été l’occasion pour le journal Le Soir d’insérer dans son numéro du 4 évrier un complément consacré à cette réouverture. La Lettre du Patrimoine reproduit ci-dessous une partie de l’interview du Directeur du site, Fernand Collin. 20 ans de Préhistosite de Ramioul et aujourd’hui le Préhistomuseum, pourquoi une telle évolution ? Avec 42.000 visiteurs par an, le Préhistomuseum était devenu trop exigu. Avec notre expérience, nous avons décelé les attentes du public, en particulier les besoins de nature et de culture scientifique. C’est pour cette raison que nous avons créé ce concept de musée liant patrimoine, nature et science. Cette transformation est donc davantage qu’un changement de nom ? C’est en effet un nouveau concept de musée qui allie l’expérience touristique à l’expérience culturelle. C’est un changement de paradigme, une autre façon de vivre le musée. Avec l’équipe, nous avons cherché à proposer à nos visiteurs une expérience unique, qu’aucun autre média ne peut proposer. Si vous deviez épingler une particularité du Préhis- tomuseum ? C’est un musée humain essentiellement fondé sur la médiation par des archéologues passionnés avec qui le public échange et expérimente. Cela n’empêche que deux expositions se visitent avec des tablettes interactives utilisant la réalité augmentée pour faire découvrir le patrimoine. Pourquoi un tel musée se trouve-t-il en région lié- geoise ? Il est tout naturellement situé à Flémalle. D’une part, c’est dans les « grottes d’Engis » que Schmerling a trou- vé au début du XIXe siècle des ossements d’animaux et des silex taillés qui lui ont permis, pour la première fois au monde, d’envisager une humanité antérieure au déluge. Jusqu’à cette époque, on expliquait le monde en lisant la Bible. C’est aussi fondamental que la terre ronde de Galilée. D’autre part, les Chercheurs de la Wallonie ont découvert la grotte de Ramioul et son site archéologique où ils ont établi le musée de la Préhis- toire en Wallonie qui a donné naissance au Préhistosite. Quelle est votre ambition aujourd’hui ? Que le musée soit une agora où se rencontre une grande diversité de visiteurs, depuis la famille (d’ici ou d’ailleurs) aux enfants des écoles, en passant par les chercheurs qui étudient les collections, les archéologues qui restituent les gestes de la Préhistoire dans le laboratoire… Notre souhait est de brasser tous les publics, ceux qui n’aiment pas les musées et ceux qui les aiment. Nous qualifions notre démarche de « pop archéologie ». Apprendre par le geste reste un fer de lance du Pré- histomuseum ? Absolument ! Essayer des gestes de la Préhistoire (tailler le silex, allumer du feu, lever un menhir… dans 12 ateliers disséminés sur 30 ha), avec des archéologues animateurs passionnés, donne à chacun une expérience de modestie. On s’aperçoit en effet que les hommes préhistoriques sont aussi intelligents que les hommes d’aujourd’hui… Le musée développe-t-il son activité scientifique ? En créant le centre de conservation, d’étude et de documentation (CCED), l’ambition est de développer un centre de recherche scientifique ouvert aux archéologues de la Wallonie et des universités. Des recherches sont menées par notre propre équipe ou dans le cadre de collaborations. Vous êtes préhistorien, mais aussi entrepreneur et chef d’entreprise, non ? Aujourd’hui, le Préhistomuseum est une PME de 45 personnes. L’objectif est d’atteindre 65 personnes en 2020 quand, c’est notre espoir, 100.000 visiteurs fréquenteront annuellement l’institution. Le projet a également une dimension d’économie sociale à travers l’archéorestaurant (une société coopérative à finalité sociale) accessible en visitant ou non le musée. Originalité, c’est aussi le premier musée qui offre un prix d’accès démocratique en proposant aux visiteurs de payer à la sortie en fonction du temps qu’ils ont choisi de passer au sein de l’institution ! Quelles sont les recettes pour concevoir un musée ? Il importe d’abord d’être au service du public, ou plutôt des publics, comme je l’ai déjà souligné. Il est aussi essentiel d’avoir le support des décideurs, en particulier dans notre cas la Commune de Flémalle qui a soutenu depuis toujours le musée, la Fédération Wallonie-Bruxelles qui finance le développement d’un musée de catégorie A, la Wallonie à travers le Commissariat général au tourisme et le Patrimoine qui appuie pour la quatrième fois le développement de l’institution. Fait exceptionnel, notre asbl de gestion a investi sur fonds propres dans le projet. Au total, le Préhistomuseum représente un investissement de 9,6 millions d’euros. Finalement, le Préhistomuseum est un projet com- plètement décloisonné ? Nous sommes en effet à la croisée du tourisme, de la culture, du patrimoine et de l’économie sociale. C’est un bel exemple de projet transversal en termes de collaboration entre les différents pouvoirs publics. En outre, le Préhistomuseum bénéficie de nombreux partenaires dans tous ces domaines. PB- PP BELGIE(N) - BELGIQUE © Ch. Limet 2 [ La Lettre du Patrimoine • n° 41 • Janvier - Février - Mars 2016 ] [ La Lettre du Patrimoine ] Les 30 ans de Prométhéa Le 9 décembre dernier à Mons, l’asbl Prométhéa, dont l’IPW est un parte- naire de longue date, a fêté avec brio ses 30 ans tout en offrant une séduisante cure de jou- vence à sa traditionnelle cérémonie des Caïus, revisitée et redynami- sée par la jeune équipe féminine qui entoure le directeur Benoît Provost. Comme le rappelait celui-ci dans la brochure à la fois programme et anniversaire, la mise sur pied de Prométhéa en 1985 « fut le fruit de la volonté et de l’enthousiasme de quelques-uns, dont Robert Delville, qui réunit plusieurs partenaires et rendit possible l’implication des entreprises. Il fut Président de Prométhéa de 1985 jusqu’en 2012 et l’association lui doit énormément. Il put compter dès le début sur le soutien déterminé de la Communauté française, qui a adhéré sans hésiter à ce pari sur le mécénat d’entreprises avec des partenaires privés. Elle fut rejointe ensuite par la Région wallonne et la Région Bruxelles-Capitale. Depuis lors, le soutien des entreprises et des pouvoirs publics ne s’est jamais démenti ». Formant un tandem particulièrement dynamique avec le directeur de l’asbl, son président, Éric Hemeleers, a fait passer sa conviction : « Dans le contexte politico- économique actuel, nul doute que les Arts, la Culture et le Patrimoine doivent être perçus comme des grands générateurs potentiels de valeur ajoutée, à côté d’une mission de transmission et d’éducation primordiale dans une juste conduite des sociétés ». Agissant comme « diffuseur d’envies de mécénat », Prométhéa compte continuer constamment à se renouveler dans un monde en mutation pour réussir l’alchimie Culture/Entreprises dans de nouvelles « trajectoires de mécénat ». Caïus Xperience Depuis 1989, les Caïus mettent à l’honneur les entreprises qui s’illustrent par leur créativité, leur dynamisme et leur contribution dans le développement culturel et patrimonial de Belgique. En cette année anniversaire, Prométhéa a décidé de bousculer les codes pour créer la Caius Xperience. Cette initiative a vu s’affronter, sur base volontaire, les entreprises lauréates des 26 éditions précédentes dans deux catégories, le mécénat financier et le mécénat en nature. Ces deux prix exceptionnels ont été décernés à la Maison de la Radio Flagey pour la restauration et la réhabilitation du bâtiment de l’INR dans la catégo- rie mécénat financier et à Martin’s Hotels pour son soutien au festival Musica Mundi dans la catégorie mécénat en nature. Outre ces prix, le public pouvait également élire un candidat dans chacune de ces deux catégories. Le prix du public du mécénat finan- cier est donc revenu à Pairi Daiza pour la conservation du patrimoine de l’abbaye cistercienne de Cambron- Casteau et le prix du public du mécénat en nature à Chimay pour son partenariat avec le Brussels Short Film Festival organisé par l’asbl Un soir… Un grain. Subsides récents à la restauration Patrimoine exceptionnel de Wallonie, le donjon de Crupet à Assesse bénéficiera d’un subside de plus de 1.850.000 € en vue de sa restauration et de celle de ses dépendances. Ce donjon relevant jadis de la principauté de Liège remonte à la première moitié du XIIIe siècle. Il sera transformé au XVIe siècle, notamment par le percement de plusieurs baies et l’ajout d’une tourelle d’escalier. De la ferme qui complétait le donjon ne subsiste que le porche d’accès du XVIe siècle et l’aile septentrionale. Le grand intérêt patrimonial du donjon a été largement confirmé, si besoin en était, au fil des études préalables à la restauration qui ont révélé que les structures en bois de l’édifice (plancher du premier étage, portion de la charpente mais surtout colombage) étaient contemporaines de sa construction, faisant de cette structure en colombage une des plus anciennes de Belgique. Les travaux envisagés porteront sur la restauration complète du donjon, qu’il uploads/Ingenierie_Lourd/ lettre-patrimoine41.pdf
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- Publié le Fev 08, 2022
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