UNIVERSITÉ PARIS 1 - PANTHÉON SORBONNE Thèse pour l'obtention du grade de docte

UNIVERSITÉ PARIS 1 - PANTHÉON SORBONNE Thèse pour l'obtention du grade de docteur en Art et sciences de l’art de l'Université Paris 1 Présentée et soutenue publiquement par Sayda BOURGUIBA Finalités culturelles et esthétiques d'un cinéma arabo-africain en devenir. Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) Directeur de thèse : Dominique CHATEAU Jury : Président : José MOURE (Professeur, Université Paris1– Panthéon Sorbonne,) Dominique CHATEAU (Professeur, Université Paris1–Panthéon Sorbonne, Directeur de thèse) Hamadi BOUABID (Professeur, Université de Carthage – Tunisie, rapporteur) Hmida MAKHLOUF (Professeur, Université de Carthage – Tunisie, rapporteur) Soutenance le 25 février 2013 2 3 Dédicace A la mémoire de mon père, décédé alors que j’achevais cette recherche, j’exprime tout l’amour, que les choses de la vie m’ont obligé à taire. A Nada ma fille, que j’aime plus que tout et continue à être le moteur dans ma vie. A Tarek, mon mari, dont la patience, et l’amour ont été pour moi le meilleur adjuvant pour aller au terme de ce travail. 4 Remerciements A mon directeur de thèse, professeur Dominique Chateau, j’exprime toute ma gratitude. Ma recherche au sein de l’Ecole doctorale Arts plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art reste un moment inoubliable. Merci de m’avoir fait confiance, sans votre soutien indéfectible, sans votre générosité et patience, je n’aurai jamais pu achever ce travail. Votre rigueur, votre disponibilité et votre bienveillance à mon égard ont été salutaires tout au long de cette recherche. Je tiens aussi à remercier l’ensemble des membres du jury d’avoir aimablement accepté d’évaluer mon travail. Votre présence à cette soutenance couronne non seulement cette modeste réflexion, mais apporte un éclairage sur l’un des plus vieux festivals arabo-africain du cinéma. Je ne peux oublier tous ceux qui me sont chers, tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont apporté leur aide, tout particulièrement mon ami Abderazak Feki dont le soutien en toute circonstance fut un socle inestimable. Tahar Chikhaoui pour sa connaissance intrinsèque du cinéma et son regard infaillible, qui m’ont enrichie intellectuellement et humainement. A Sondos Belhassen, mon amie, pour qui les mots ne seront jamais assez forts pour lui exprimer tout l’amour, l’estime et la considération que j’éprouve à son égard. Enfin, je ne saurais oublier l’aide d’Isabelle Adhoum, Maryvonne Radix, Wafa Ammar et Dora Ben Alaya, mes amies, pour leur sincère amitié et leurs conseils précieux, et tous ceux que j’ai rencontré au cours de ma recherche et qui m’ont toujours encouragé. 5 6 SOMMAIRE INTRODUCTION ............................................................................................................. 10 I. LE CINEMA OUTIL DE PROPAGANDE ET ASPIRATION IDENTITAIRE ......... 15 A. La Genèse des Journées Cinématographiques de Carthage ............... 15 B. Les Premiers Pas ................................................................................. 28 II. LES JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE : UNE RESISTANCE AU CINEMA DOMINANT .................................................... 37 A. Aspiration à une meilleure visibilité du film arabo-africain : le sens d’une idéologie ......................................................................... 37 B. Les Journées Cinématographiques de Carthage: écrans d’opposition……….. ................................................................ 42 1) Sessions de 1966 à 1976 : Tahar Chériaa et son influence empreinte de militantisme ....................... 42 2) Sessions de 1978 à 1984 : un tournant dans les JCC........................................................................... 55 3) Sessions de 1986 à 1990 : retour aux sources ..................................................................................... 59 4) Sessions de 1992 à 1996 : réconciliations des cinéastes arabes et africains ....................................... 61 5) Sessions de 1998 à 2006 : retour en force de la main mise de l’Etat................................................... 64 6) Sessions de 2008 à 2010 : féminisation et redynamisation via le secteur privé ................................... 66 III. LES JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE: LES STRUCTURES ............................................................................................... 68 A. Le Militantisme ................................................................................... 68 B. Les Aléas de l’organisation ................................................................ 81 7 IV. APPROCHE EMPIRIQUE ..................................................................................... 94 A. Choix méthodologique ......................................................................... 94 B. Les données ......................................................................................... 97 C. Les conclusions ................................................................................... 103 V. APPROCHE ESTHETIQUE ET CULTUTRELLE ................................................ 118 A. Analyse des produits filmiques des Journées Cinématograhiques de Carthage………………………………………………………………..118 1) «la Noire de» de Ousmane Sembene .................................................................................................. 128 2) «les Dupes» de Tawfik Salah ............................................................................................................. 133 3) «l’Homme de cendres » de Nouri Bouzid ........................................................................................... 142 4) « les Silences du palais » de Moufida Tlatli ...................................................................................... 147 5) «Making off » de Nouri Bouzid ......................................................................................................... 153 B. La singularité d’un festival atypique : les JCC .................................. 162 CONCLUSION ................................................................................................................ 195 BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... 200 ANNEXES ...................................................................................................................... 214 INDEX DES ABREVIATIONS........................................................................................ 596 INDEX DES NOMS ........................................................................................................ 599 8 Finalités culturelles et esthétiques d'un cinéma Arabo-africain en devenir. Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) 9 « De tous les arts le cinéma est le plus important parce que le plus populaire». Lenine « Carthage m’a révélé aux autres et surtout le plus important à mes yeux ce sont les JCC qui m’ont révélé aux miens, à l’Afrique! ». Ousmane Sembène 10 INTRODUCTION Entre le culturel et le politique a toujours existé une relation intime, tant complice que conflictuelle. Les structures culturelles ont souvent été crées dans le but de permettre une assise populaire et la diffusion des idéaux politiques. Dès que la Tunisie a recouvert sa légitimité politique, au lendemain de l’indépendance, l’Etat a porté son intérêt sur la question culturelle en créant en 1961 un département ministériel chargé de la culture appelé Secrétariat d’Etat aux Affaires Culturelles et de l’Information1. C’est à ce moment là que les autorités politiques de la Tunisie indépendante ont fait de la culture, l’un des acteurs de prédilection du changement politique et social du pays. Il s’agit en quelque sorte, d’enraciner une pratique nouvelle ayant pour base le prestige de la Tunisie dans tous les domaines de l’activité culturelle. Le cinéma a fait partie de cette vision nouvelle qui, tout en s’inscrivant dans l’universalité tente de s’ancrer dans une spécificité tunisienne. A l’avant-garde des nations du sud, le jeune Etat tunisien n’a pas tardé à damer le pion en instaurant en 1966, un des premiers festivals cinématographiques arabe et africain. Une telle entreprise périlleuse, par les moyens qu’elle suscite dans un pays en construction, dénote de la volonté des responsables tunisiens de faire du produit culturel l’une des grandes priorités. L’ambition de ce travail est d’essayer de dresser un bilan de cette manifestation et d’évaluer son parcours. Ses fondateurs lui ont décerné un nom 1 Décret N°61-341 du 07/10/1961 11 prestigieux: les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), en hommage à l’ancienne cité punique, un des fleurons des civilisations méditerranéennes antiques. Dans le même ordre d’idées, les dirigeants tunisiens des années soixante s’attribuent un rôle prépondérant dans la culture africaine, sachant que la Tunisie avait donné son nom « Ifriqiya » au continent tout entier. C’est ainsi qu’on a décidé que les Journées Cinématographiques de Carthage véhiculent l’image d’une Tunisie africaine, méditerranéenne et arabe, l’incrivant dans le courant de la civilisation universelle. Les temps étaient propices pour ce genre d’initiative. La France ancienne « protectrice» de la Tunisie avait pris les devants en créant un ministère de la Culture attribué à un grand homme de lettres doublé d’un humaniste, André Malraux, pour faire de la France le pays qui choisit d’institutionnaliser la culturelle. Les responsables tunisiens, imprégnés par la gente politique française de l’époque ont voulu que la Tunisie contribue à l’émergence de sa culture, porteuse d’identité, de progrès et d’espérance. La démarche adoptée a consisté à intérroger les protagonistes de cette nouvelle dynamique afin de sillonner la thématique de ces Journées qui se voulaient spécifiques. Elles avaient comme ambition de marquer une rupture avec le cinéma commercial qui domine les écrans sous l’influence des produits hollywoodiens et égyptiens. Les Journées Cinématographiques de Carthage se sont donné comme but l’instauration d’une autre image reflétant l’identité, ainsi que le vécu quotidien du large public arabo-africain, (jaloux de leur autonomie toute récente). 12 Les responsables du Service du cinéma nouvellement crée au Secrétariat des Affaires Culturelles, issus des ciné-clubs, ont fourni les principaux animateurs de ces instances. La désignation de Tahar Chériaa2 comme premier responsable du cinéma au sein de cette institution n’a pas échappé à cette règle: c’est lui qui a eu l’idée de présenter le projet des Journées Cinématographiques de Carthage à son ministre Chedly Klibi3 et qui a assuré la charge de ce festival durant les cinq premières sessions. C’est ainsi que nos interrogations se sont dirigées vers les différentes personnes impliquées dans le déroulement des vingt-trois sessions des Journées Cinématographiques de Carthage: directeurs de sessions, producteurs, responsables du cinéma au ministère de la Culture, réalisateurs, distributeurs, critiques, journalistes, universitaires et cinéphiles. Nul n’était aussi avisé que Chedly Klibi, alors ministre de la Culture, pour faire de ce projet le fer de lance de son mandat. Il déclare lors de l’ouverture de la première session des Journées Cinématographiques de Carthage: « En organisant ces Journées Cinématographiques de Carthage, notre dessein n’était nullement de sacrifier à un rite ou de suivre une mode, qui consisterait à ajouter à la longue liste des festivals de cinéma une compétition supplémentaire. Notre propos est plus modeste, il est aussi différent. Nous avons cherché à favoriser une rencontre amicale entre la jeune génération qui, en Tunisie, au Maghreb ou en Afrique, se passionne pour le cinéma en tant que mode d’expression et instrument de communication, et un certain nombre de leurs aînés qui, dans d’autres pays, uploads/Litterature/ 2013-02-bourguiba-fin.pdf

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