1 Ghislain TSHIKENDWA Matadi, SJ De l’absurdité de la souffrance à l’espérance

1 Ghislain TSHIKENDWA Matadi, SJ De l’absurdité de la souffrance à l’espérance Une lecture du livre de Job en temps de VIH/SIDA 2 Du même auteur: — Au-delà de la souffrance: Une malade témoigne, 64 pages. Déjà parus dans la Collection “Bible et pastorale”: — André KABASELE, La Parole se fait chair et sang, 176 pages; — Collectif, La Bible en question, 48 pages; — Josée NGALULA, Mission chrétienne à la rencontre des langues humaines, 176 pages; — Paul BUETUBELA, Les miracles aujourd’hui, 32 pages. — Gilbert SHIMBA, Dieu est-il l’auteur de nos maladies?, 80 pages Avec l’approbation des Supérieurs P. BAFUIDINSONI MALOKO-MANA , S.J. Le février 2005 MEDIASPAUL, 2004-11-26 Diffusion Kinshasa – RDC 10ème Rue- Limete, n° 18 B.P. 127 Limete-Kinshasa/ RDC Dépôt légal Imprimerie MEDIASPAUL de la Société Missionnaire de Saint Paul ISBN Kinshasa (Rép. Dém. du Congo) 2-7114- Imprimé en RDC www.mediaspaul.org Printed in Congo (DRC) 3 Dédicace Je suis noire et belle, Filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, Comme les pavillons de Salma. Ne prenez pas garde à mon teint basané: C’est le soleil qui m'a brûlée. Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, Ils m'ont mise à garder les vignes. Ma vigne à moi, je ne l'avais pas gardée ! Cantique des Cantiques 1,5-6 Je dédie ce livre à la femme africaine qui, dans son labeur quotidien sous le soleil ardent, redonne vie à cette sagesse de Fumu Mulambu: «Si les yeux existent, la beauté est et reste avant tout la raison de leur existence. Mais pour bénéficier pleinement de cette beauté, il faut oser». 4 Préface Il nous a été demandé de préfacer ce livre en qualité de quelqu’un qui s’intéresse au problème du SIDA. Pourtant, comme le dit l’auteur, cet ouvrage ne traite pas strictement du SIDA. Il s’agit plutôt d’une réflexion à la fois théologique, spirituelle et sociologique sur la souffrance, avec comme paradigmes le livre de Job et le drame du SIDA, tel que vécu en Afrique. Ainsi se comprend le titre de l’ouvrage: De l’absurdité de la souffrance à l’espérance. Une lecture du livre de Job en temps de VIH/SIDA. Nous avons été fasciné à la fois par la démarche et les motivations de l’auteur. Fruit des recherches en vue d’un grade académique, son ouvrage n’est pas une œuvre de chambre ou de salon. Comme il l’affirme lui-même, ce « livre naît d’un contexte particulier, celui d’une Afrique croyant en Dieu et souffrante dont les fils et les filles ne comprennent pas toujours pourquoi, depuis les siècles, ils semblent condamnés à souffrir». Aussi, partant de son expérience née des rencontres apparemment fortuites, mais certainement providentielles avec les gens simples, comme des bien- pesants; expériences des amours, des amitiés et des relations brisés par un accident, une maladie déclarée incurable, mortelle, une mort improvisée, mais bien plus expérience des amours, des amitiés et des relations renoués, approfondis par suite d’un accident, d’une maladie déclarée incurable, mortelle, d’une mort improvisée…, l’auteur nous aide à comprendre le drame du SIDA, et partant le sens de la maladie, de la souffrance et de la mort, à la suite de l’expérience de Job. 5 «Le cri de Job peut devenir le cri de tout le monde», dit le Cardinal Carlo Maria Martini, SJ, cité par l’auteur. Aussi, à travers l’expérience du juste souffrant qu’est Job, nous sommes heureux de voir se confirmer dans cette étude nos thèses levant l’équivoque sur le drame du SIDA. Nous en rappellerons trois. Primo, à la suite de Job, nous comprenons que le SIDA n’est pas un châtiment divin, comme l’ont prêché et continuent à le prêcher les prédicateurs d’un Dieu vengeur. Nous le savons, le sens religieux de l’homme établit facilement un lien entre la maladie et le péché. Aussi est-il compréhensible qu’un individu atteint par le virus du SIDA suite à une mauvaise conduite se situe dans cette vision du monde. Mais on ne saura jamais établir une relation de cause à effet entre le péché et sa maladie. C’est tout le dialogue de sourds que Job eut avec ses amis qui, faisant semblant de compatir à son malheur, l’accusent durement. Secundo, le SIDA n’est pas et ne doit pas être considéré comme une maladie honteuse. En effet, en Afrique plus qu’ailleurs, le fait que le SIDA soit lié, entre autres, au phénomène sexuel, on en a fait une maladie honteuse. Aussi, celui qui en souffre a-t-il le sentiment de perdre toute sa dignité de personne humaine. Dans son entourage, on e plaint, on le désapprouve, on lui reproche quelque chose…Parfois on l’abandonne tout simplement, à la manière dont les amis de Job se sont comportés à son égard. D’où ce désir de la mort de la part de la victime, comme chemin de la paix, ainsi que le cri de Job: «Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein, n’ai je pas péri aussitôt enfanté ?» (Jb 3,11). Chez nous, nous connaissons des gens qui ont tenté de se suicider, avant 6 que la maladie ne les emporte. Ils ont souffert plus de la honte que de la maladie; ils ont eu plus peur de la honte que de la mort; ils sont morts tout simplement de la honte que du SIDA lui-même. Pourtant, nous savons que les relations sexuelles ne sont pas la seule cause du SIDA. Et même s’il en était ainsi rien ne nous autoriserait à en faire une maladie honteuse. Nous devons avoir la sollicitude envers tout malade quelle que soit la nature ou la cause de son mal. Comme le dit le Dr. L. Schwartzenberg: «il n’y a pas de maladie honteuse; toutes les maladies sont injustes, aucune victime n’est honteuse». Tertio, le SIDA n’est et ne doit pas être une maladie d’isolement. On appelle maladie d’isolement, toute maladie dont la contamination est spontanée, soit par la voie atmosphérique soit par simple contact physique. C’est le cas de la lèpre par exemple. Pour le SIDA, on sait qu’il n’y a aucun risque de contamination atmosphérique ou par intermédiaire de la poignée de main, du baiser sur la joue, de la caresse, de l’utilisation commune de la vaisselle, du siège de la toilette, etc, du moins en l’absence de blessure ou lésion cutanée. Rien ne justifie donc l’exclusion ou l’isolement de l’individu séropositif de son milieu vital (famille, « école, emploi, et autres), encore moins d’un malade de l’hôpital ou du centre de santé. C’est vraiment à cette occasion que notre charité chrétienne est sollicitée dans son authenticité. L’isolement, Job en a fait l’expérience, aussi bien par rapport à son entourage que dans ses relations avec Dieu où la tentation était forte de se retirer du regard de son Créateur: «Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l’amertume au cœur aspirent après la mort sans qu’elle vienne…? (Jb 3,20). 7 SIDA comme châtiment divin, maladie honteuse, source d’isolement…Contre ces trois équivoques, l’Eglise propose la foi, l’espérance et l’amour. C’est par cette porte à triple volet que Job a trouvé aussi la voie de sortie. Le scandale du mal ne doit pas nous faire perdre la foi en Dieu qui, pour nous avoir aimés, nous a créés, et c’est pourquoi il nous sauve. C’est pour cela que, chrétiens, nous rejetons l’idée de voir à travers le drame du SIDA, le châtiment de Dieu. A l’instar de Job, lorsque nous sommes confrontés au drame du SIDA, ne perdons donc pas confiance, c’est-à-dire amour, foi et espérance en Dieu. Aussi est-il heureux de voir l’auteur, après avoir analysé la situation des victimes du SIDA en Afrique à la lumière de l’expérience de Job, ébaucher une théologie de la vie articulée autour du thème de la « force vitale»; une véritable théologie africaine de la vie débouchant sur une praxis qui nous engage à accompagner et encourager les victimes à exprimer leur peur à Dieu, à les aider à espérer contre toute espérance; à défendre la dignité du souffrant; à mettre un accent spécial sur la médecine et non pas sur le miracle, et encore moins sur la sorcellerie; à considérer la mort comme un passage d’une vie à une autre; à promouvoir la dignité de la sexualité… C’est tout l’appel de nos pères, les évêques du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), qui nous invitent à la solidarité avec les victimes; à une morale de l’évangile nous proposant la vie vertueuse, c’est-à-dire la pureté, l’abstinence et la fidélité comme meilleure voie de sortie du drame du SIDA; le changement d’attitudes et de comportements; et enfin le sens de la responsabilité, 8 notamment par la formation, la sensibilisation, l’éducation… Appel entendu et déjà mis en pratique par plusieurs associations et organisations ecclésiales, parmi lesquelles figure le Réseau Jésuite Africain Contre le SIDA (AJAN), dont l’auteur nous présente, en annexe, les objectifs. C’est, peut-être, la question posée par le coordinateur de ce réseau à tous les jésuites d’Afrique et de Madagascar qui a motivé, entre autres, la publication de cet ouvrage: «Qu’ai-je fait uploads/Litterature/ livre-du-prof-tshikendwa-sur-la-souffrance.pdf

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