Tous les titres sont disponibles ; le Tunisien va-t-il enfin se réconcilier ave
Tous les titres sont disponibles ; le Tunisien va-t-il enfin se réconcilier avec la lecture ? En Tunisie, une consultation nationale sur le livre réalisée en 2009, auprès de 1.029 personnes dans différentes régions, catégories d'âge, niveaux scolaires et niveaux de revenus, a révélé que 75% des Tunisiens ne fréquentent jamais les bibliothèques ; 22.74% des Tunisiens n'ont jamais lu un livre, et 31,8% ont lu au moins un livre. Aujourd’hui tous les titres sont disponibles et les livres sont partout. Faut-il toujours inciter les Tunisiens à se cultiver ? Le temps consacré par le Tunisien pour s’embarquer sur les mots d’une œuvre n’est guère une de ses priorités essentielles. On est bien conscient, en effet, que l’amour de la lecture s’acquiert depuis la plus tendre enfance et qu’il faut miser sur l’école pour familiariser les enfants avec le livre. Sans oublier les manifestations qui incitent le citoyen à la lecture, rencontres avec des auteurs, journées nationales de la lecture publique, ou encore «l’été du livre», «la bibliothèque itinérante» et les spots qui incitent à la lecture dans les transports en commun, comme «Al Kitab zad el moussafir» organisée en partenariat avec les sociétés de transport terrestre et ferroviaire. « Il faut dire d’emblée que, même après la révolution, le livre se porte plutôt mal en Tunisie. Je suis tenté de dire que la lecture ne fait pas partie des habitudes du Tunisien ; il ne lit pas assez, ou lit peu, et surtout avec l’avènement de l’internet, il ne lit plus… Hormis le livre scolaire et parascolaire ou utilitaire, le livre culturel est plutôt malade », nous confie Brahim Ounissi, librairie à Clairefontaine. Quels sont les moyens pour stimuler l'envie de lire et rejoindre le peloton des pays développés ? Les livres ont besoin d'une promotion institutionnelle. Si le lecteur ne vient pas aux livres, il faut faire en sorte que le livre aille jusqu’à lui. Par exemple, revenir à la bibliothèque ambulante la consolider et l’élargir pour toucher une plus grande masse de bénéficiaires. Des salles d’attente accueillant quotidiennement des milliers de citoyens et de visiteurs qui y passent de longues heures inactives : gares routières ou ferroviaires, administrations, hôpitaux et hôtels, alors qu’il est possible de remplir judicieusement ces durées vacantes de leur temps. Certes, une très grande partie des voyageurs ou visiteurs lisent un à deux journaux, mais aussi, n’est-ce pas une occasion pour réhabiliter le livre et la lecture, et réapprendre aux usagers des transports à lire à bord des autocars et des trains… ? Le vrai progrès ne se mesure pas seulement à l’aune du revenu par habitant, mais à celle de la fréquentation des musées ou du taux de lecture des journaux et des livres… Nous n'avons jamais été encouragés à lire, qui doit en endosser la responsabilité ? On prétend, souvent, que le livre n’est pas à la portée du pouvoir d’achat du Tunisien ; pourtant, les bouquinistes de la rue d’Angleterre ou de la rue des tanneurs se plaignent, eux aussi, de la rareté des clients. Toutes les institutions de l’État et toutes les entreprises publiques et privées doivent combattre contre l’oisiveté débilitante, la préservation de l’amour du livre. Cela ne concerne pas que les établissements scolaires ou culturels. « Mais nous devons à la vérité de dire que même nos structures éducatives et culturelles publiques ne font pas assez pour la cause du livre. Dans les établissements scolaires et universitaires, la lecture libre, dégagée de toute contrainte pédagogique, a très peu d’adeptes même parmi les enseignants. En dehors des bibliothèques, où une bonne partie des titres n’a jamais été consultée, aucun autre espace ne donne accès aux livres disponibles de l’institution. Il faut réanimer la tradition de la bibliothèque d'école, organiser des séances de lecture suivie, sortir le plus possible de livres des sanctuaires où ils sont enterrés », rétorque Meher Noureddine, professeur. ENTRETIEN AVEC BRAHIM OUNISSI, LIBRAIRIE CLAIREFONTAINE. Le Tunisien s’est-il mis à la lecture depuis la révolution ? Le Tunisien n’a pas changé ses habitudes. Il y a eu une forte demande quant aux livres écrits sur l’ancien président et sa famille… Le Tunisien veut qu’on lui parle de ses problèmes, de sa mentalité et de son environnement social, voire politique. Le Tunisien est un lecteur difficile qui veut qu’on lui écrive facile. Il se trouve que beaucoup d’écrivains cherchent à étaler leurs connaissances. Qu’est-ce qui attire le plus le Tunisien ? Les livres scolaires et parascolaires, notamment les dictionnaires, mais, aussi , et surtout les recettes de cuisine. Il m’est, parfois, arrivé de voir, au cours de mes participations aux foires, des gens munis d’un mètre pliant en train de mesurer des collections de livres pour s’assurer que celles-ci iront avec leurs meubles, sans qu’ils se donnent la peine d’en lire le titre… Faut-il en rire ou en pleurer ? Qu’est-ce qui se vend le mieux ? Chez nous, la littérature abonde, mais ce sont les lecteurs qui font défaut. Le Tunisien n’accorde pas d’importance à la variété de l’écriture. Ce sont les livres dont les sujets se rapportent à l’humour social et politique qui se vendent le plus. Un livre vendu à 2000 exemplaires par an est considéré pour nous comme un bestseller. Les livres qui ne marchent pas sont les biographies, la poésie, le théâtre. Le roman se vend bien. La bande dessinée, à caractère non historique, fictive reste très difficile à se faire connaître. Quant aux livres génériques sur l’histoire et la géographie en Tunisie, ils n’existent presque pas. uploads/Litterature/ 26-eco-journal-le-tunisien-et-la-lecture-apres-la-revolution-corrige.pdf
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- Publié le Mai 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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