EHESS - CNRS - (UMR 8039) Journées d’études internationales Enjeux et débats au
EHESS - CNRS - (UMR 8039) Journées d’études internationales Enjeux et débats autour de la reconnaissance de l’islamophobie en Europe et aux Etats-Unis Issues and debates surrounding the recognition of Islamophobia in Europe and in the United States Organisation : Hatem Bazian (UC Berkeley), Ramon Grosfoguel (UC Berkeley), Alexandra Poli (CADIS, EHESS-CNRS) Traduction : Olivier Esteves (CECILLE, Université Charles de Gaulle Lille III) Marwan Muhammad (Porte-Parole du CCIF) Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 190-198 Avenue de France 75013 Paris (Salle 638-640-641) NB : - L’entrée est libre dans la limite des places disponibles. - Les langues de travail sont l’anglais et le français. Une traduction synthétique sera assurée par Olivier Esteves et Marwan Muhammad à l’issue de chaque panel. Document de référence Fatiha Ajbli « Le genre de l’islamophobie professionnelle : la foularophobie » En dehors de quelques secteurs d’activité devenus hautement « sensibles » au lendemain du 11 septembre 2001, l’appartenance islamique des candidats d’origine nord-africaine ne fait pas l’objet d’un traitement particulier ; les employeurs auraient plutôt tendance à la confondre dans l’origine culturelle. Ceci vaut en règle générale ; les candidates musulmanes enfoulardées font figure d’exceptions. Pour elles, le référent religieux fonctionne comme un critère de non-embauche. Il y a là un « effet de genre » puisque les garçons pratiquants souffrent moins de leur engagement religieux que leurs « sœurs » voilées. Moins exposés à la visibilité « islamique », ils échappent plus facilement à l’assignation religieuse, celle-ci étant dissoute dans le noyau culturel. Sauf évidemment, lorsqu’ils cultivent les signes tangibles d’une altérité radicale (barbe opulente et tenues vestimentaires importées des pays arabes). Dans ce cas précis, la surenchère identitaire risque de jouer avec autant d’efficacité que chez les candidates en hijab. En l’espèce, les signes distinctifs représentent la dimension la plus épineuse du fait religieux au travail. À notre connaissance, ils constituent la matrice des principaux contentieux « islamiques » portés devant les tribunaux. Pour être correctement cernées, les pratiques discriminatoires à l’égard des postulantes coiffées d’un hijab doivent être rattachées à la construction du problème du « voile » ainsi qu’aux représentations des employeurs. La façon dont ceux-ci les perçoivent va, en effet, nous renseigner sur la nature des blocages auxquels elles font face dans leur mobilité sociale. Note biographique : Fatiha AJBLI est docteure en sociologie. Elle a consacré sa thèse de doctorat à l’emploi des pratiquantes musulmanes en France et poursuit aujourd’hui ses recherches sur les questions françaises de l’islam féminin et sur les mutations qui affectent l’identité, les rôles et les positions sociales des Musulmanes. Elle a collaboré avec Marco Polini au rapport d'Amnesty Internationale, "Choix et préjugés: la discrimination des musulmans en Europe", publié en 2012. " L'islam au coeur de la fabrique de l'identité nationale: la preuve par le voile", in Immigration et identité nationale: l'altérité revisitée, ss dir. Séverine Dessajan, Nicolas Hossard, Elsa Ramos, L Harmattan, 2009. "Les Françaises musulmanes face à l'emploi. Le cas des pratiquantes voilées", thèse de doctorat ss dir. Farhad Khosrokavar, EHESS, 2011. "Interdites d'emploi : la résistible progression sociale des Musulmanes dans le contexte français", in Questions féministes, à paraitre en 2014 *** Houda Asal « Les débats sur l'islamophobie en France. Comment articuler question sociale, racisme, sexisme… et religion? ». En s'inscrivant dans la sociologie du racisme, développée par un certain nombre de chercheurs depuis de nombreuses années, l'islamophobie se présente aujourd'hui comme une nouvelle forme d'altérisation, qui répond à un processus de racialisation spécifique, lié au religieux. A travers les débats sur l'islam et l'islamophobie en particulier, cette présentation insistera sur la manière dont les catégories de race, de classe, de genre et de religion s'articulent. Il s'agit donc d'interroger les différentes dimensions que la définition de l'islamophobie revêt. D'abord, la dimension « raciale » qui permet d'englober à la fois l'aspect idéologique du phénomène, les discours et les préjugés, mais aussi les discriminations et les actes de violence. Parallèlement, étant donné la place des femmes dans les débats sur l'islam, la dimension du genre pose des questions centrales qui renvoient à la capacité d'agir (agency), l'émancipation et l'universalisme. En filigrane de ces débats, on voit se dessiner la place de la question sociale, plus ou moins prééminente dans les discours. Le rapport au religieux est souvent lié à ces trois dimensions, tout en s'inscrivant dans différentes interprétations de la laïcité. En s'appuyant sur une enquête de terrain portant sur les associations antiracistes en France, l'étude des discours et des divisions au sein et entre ces organisations prendra pour cadre d'analyse les théories de l'intersectionalité. Celles-ci fournissent les outils pour penser la multiplicité des rapports de pouvoir et de domination, et l'articulation entre questions raciales, sociales et de genre, avec le religieux. Note biographique Houda Asal est titulaire d'une thèse soutenue en 2011, à l'EHESS : « Se dire arabe au Canada. Un siècle de vie associative, entre constructions identitaires et mobilisations politiques ». Actuellement chercheuse à l’ERIS, au Centre Maurice Halbwachs (Ecole Normale Supérieure) et post-doctorante à l'Université McGill à Montréal. Ses recherches portent sur la construction de la notion d’islamophobie et sur les mobilisations autour de cette question en France et au Québec. Elle co-organise le séminaire "L’islamophobie : la construction du problème musulman" à l’EHESS, depuis 2012. *** Tarek Abdel-Aleem & Yussuf Abdel-Aleem (Graduate of Harvard Law School and the University of California, Davis). “Religious Discrimination Claims on the Basis of Islam: A Comparative Study of Claims in the US, UK, and FR” This study reviews recent workforce discrimination claims made by Muslims in the United States, United Kingdom, and France. After providing summaries of the key dispositions, the goal is to compare the success rate of the claims in the aforementioned jurisdictions. This cross-national comparative case study will highlight that if European Muslims are unable to make out successful workplace discrimination cases in the courts, like their American, counterparts, they are in effect being excluded from the respective societies in which they live. De-facto or de-jure exclusion of Muslims from the workplace is perhaps the worst kind of exclusion because without effective means to earn a livelihood, other exclusions---cultural, racial, and structural, will be extenuated. To this end, a review of each jurisdiction’s statutory and procedural regime, including respective burdens of proof, will be examined. By showing the success rates of the religious discrimination claims in the various jurisdictions, conclusions as to the strength of select claims in each respective jurisdiction (i.e. lander, hijab, beard, prayer, holiday time off) may be drawn. Likewise, by conducting a quantitative and qualitative study of religious discrimination claims, the data may reveal some type of cross-national judicial bias against Muslims alleging discrimination in the workplace compared to other religious demographics who seek similar relief. *** Reda Benkirane « L’islamophobie à la mode française. Essai de typologie » Nous nous attarderons sur le cas français pour en dresser une typologie et ce pour deux raisons principales : d’une part, la spécificité historique de sa sécularisation issue d’une révolution qui mit fin à une monarchie et, d’autre part, le poids démographique d’une partie de sa population en tant que citoyens de culture ou de confession islamique. Pour mieux cerner tout ce que suscite comme rejet, incompréhension et incompatibilité la présence, la visibilité du fait islamique en France, nous entendrons, dans un second temps, établir une comparaison entre « islamophobie » et « antisémitisme ». Cette comparaison nous paraît intéressante sur le plan heuristique dans le sens où elle permet d’identifier les logiques biaisées et les blocages du discours républicain sur la laïcité et son intolérance à la visibilité ou l’expression publique de la question islamique. La dissymétrie selon nous entre ces deux formes de rejet et de détestation de l’autre que sont islamophobie et antisémitisme, qui touchent les représentants de deux grandes religions monothéistes à maints égards comparables, s’expliquerait selon nous par le fait que la France n’a pas encore entrepris un travail critique sur son passé colonial comme elle l’a fait à propos de son passé collaborationniste durant l’Occupation nazie. Nous évoquerons enfin une particularité qui est en quelque sorte la « griffe » mondaine de l’islamophobie « à la française » (qui la distingue du phénomène de rejet issu de mouvements xénophobes européens et des bas-fonds sociologiques spécifiques des milieux de droite dure ou d’extrême droite) : à savoir que la détestation de l’islam, à la différence des expressions contemporaines du racisme et de la xénophobie, est une expression assumée et même revendiquée par l’intelligentsia, par les plus éminentes figures issues des milieux culturels, y compris par des représentants de la gauche humaniste. En conclusion, nous montrerons que l’islamophobie « à la française » n’est au bout du compte pas tant une expression de rejet de l’Autre, mais surtout une pathologie identitaire du refus du Soi français, en tant que devenir postcolonial. L’islamophobie révèle une non-acceptation de la société française de s’assumer telle qu’elle est réellement au XXIe siècle, un demi-siècle après les indépendances politiques. Nous démontrerons à partir de rappels historiques et de bifurcation utiles que ce devenir uploads/Litterature/ abstracts-document-de-reference.pdf
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- Publié le Dec 06, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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