THESE DE DOCTORAT , , PRESENTEE A L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A TROIS-RIVIERES COMME

THESE DE DOCTORAT , , PRESENTEE A L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A TROIS-RIVIERES COMME EXIGENCE PARTIELLE DU PH. D. (PHILOSOPHIE) PAR , RENE CAYA, M.A. (Philosophie) , ETUDE SUR LA PSYCHOLOGIE DES PROFONDEURS DE C.G. JUNG: ALCHIMIE ET PROCESSUS D'INDIVIDUATION AOUT 1996 Université du Québec à Trois-Rivières Service de la bibliothèque Avertissement L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son mémoire ou de sa thèse. Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son autorisation. 2 ~ A mon epouse Henriette 3 REMERCIEMENTS Je veux remercier de tout coeur MM. Alexis Klimov et Étienne Perrot pour l'aide généreuse qu'ils m'ont prodiguée au cours de mes longues recherches. Ils appartiennent à la race des poètes anciens, à la race des hommes qui ont à la fois l'audace d'explorer les sentiers négligés par la multitude et l'intelligence de distinguer, par-delà les frontières d'un monde éphémère, la pierre des sages qui s'y trouve soigneusement dissimulée. 4 AVANT-PROPOS L'étude attentive des nombreux ouvrages parus sur la psychologie de Carl Gustav Jung au cours des trente dernières années révèle une lacune importante: peu d'entre eux traitent de la place capitale tenue par l'alchimie dans les travaux de Jung, particulièrement dans les recherches qu'il a menees au cours de la seconde moitié de sa vie et qui marquent le couronnement de son oeuvre de maturité. La plupart des ouvrages se limitent à présenter un survol rapide de cette période controversée de la vie de Jung, quand ils ne l'omettent pas tout simplement. On néglige les travaux de maturité du célèbre psychiatre suisse pour ne traiter que des recherches cliniques qu'il a menées depuis l'époque du Burgholzli; on préfère parler de complexes, d'anima et d'animus, d'archétypes et de types psychologiques. Pour leur part, les commentateurs et biographes de Jung se montrent prudents et réservés, voire sceptiques, d'évoquer le cheminement parcouru dès lorsque vient le temps 1928, et de décrire son incursion dans l'univers mystérieux de l'alchimie, univers paré de ballons de verre et de cornues, de rosée céleste et de cendres de chêne. Quant aux jungiens, part, les orthodoxes s'en ils se partagent sur le sujet: d'une tiennent prudemment au credo de la psychologie clinique et tournent le dos aux réflexions élaborées par Jung vers la fin de sa vie; d'autre part, quelques chercheurs 5 poursuivent de façon discrète les travaux alchimiques de Jung et ils y retrouvent la quintessence des longues recherches qu'il a menées tout au long de sa vie. Nul doute que cette scission témoigne de la grande difficulté de saisir l'aspect paradoxal de la personnalité de Jung, attiré à la fois par la poésie de l'univers métaphorique et par la rigueur du discours scientifique. Des détracteurs de Jung vont meme jusqu'à laisser entendre que le vieux maître zurichois serait devenu sénile au moment où il se plongea dans l'étude de l'alchimie, et qu'il aurait cédé au démon de la puissance, obnubilé par le désir d'y trouver confirmation de sa théorie des archétypes et de l'inconscient collectif. Jung n'aurai t pas hésité, disent certains, à se débarrasser de la rigueur scientifique qui marque ses premières études cliniques et à trafiquer certains matériaux psychologiques et historiques pour satisfaire pleinement ses ambitions de chercheur. Pareils jugements, notre recherche le démontrera, sont dénués de tout fondement objectif. Ils ne font que déprécier injustement les efforts titanesques de Jung pour tenter d'élucider les mystères de la destinée humaine et proposer une voie de recherche à l'homme contemporain en quête de son mythe personnel. Ils fourmillent d'interprétations réductrices, qui écartent toute perspective transpersonnelle et trahissent l'ignorance de leurs auteurs quant à la nature véritable du Grand Oeuvre redécouvert par Jung. Discuter de l'influence de l'alchimie sur les théories de Jung 6 constitue donc une tâche délicate et complexe, notamment en raison des vives réactions qu'elle suscite de toutes parts; toutefois, on ne peut porter un regard objectif sur la psychologie de Jung sans en tenir compte. Ignorer ou minimiser l'importance de l'alchimie dans la psychologie de Jung reviendrait à déformer la pensée de ce dernier et à renier l'existence même de l'esprit souterrain qui a guidé ses pas dans l'exploration de l'âme humaine, cet esprit dont il a senti la présence vivante dès son enfance et qu'il a retrouvé beaucoup plus tard sous les traits du Mercurius duplex dans les vieux grimoires alchimiques. Comment se fait-il donc que la psychologie de Jung soit l'objet de si nombreux malentendus dans la communauté scientifique moderne? Pourquoi certains penseurs ne vouent-ils que du mépris pour les travaux de Jung qui portent sur l'alchimie? Pour répondre à ces questions, il nous paraît utile d'explorer quelques voies de recherche et de proposer quelques éléments d'explication. De façon générale, la plupart des grandes écoles psychologiques modernes s'inspirent soit de la Philosophie des lumières, soit du Romantisme allemand: les unes se fondent sur les exigences de la raison, les autres sur les exigences du sentiment et du coeur. Il s'agit en fait de deux façons de voir le monde en fonction de deux attitudes psychologiques différentes, ou, pour utiliser la terminologie de Jung, de deux modèles cognitifs distincts, qui sont issus de processus archétypiques apparentés à des types 7 psychologiques eux-mêmes distincts. Le psychologue et le philosophe ne peuvent donc faire abstraction de leur personnalité dans leurs propres recherches; au contraire, ils doivent se rappeler que leurs inclinations personnelles préfigurent déjà leurs conceptions scientifiques. La psychologie de Jung ne fait pas exception à la règle. c'est pourquoi les prémisses philosophiques et psychologiques qui la sous-tendent constituent un facteur significatif qu'il importe de regarder de près . Ces prémisses mettent en évidence l'esprit dans lequel Jung a mené ses recherches et elles dévoilent les sources historiques à partir desquelles il les a développées. La sympathie de Jung pour le Romantisme allemand est en effet bien connue: plus d'une fois il se réfère à l'oeuvre du grand Goethe pour étayer sa théorie de l'individuation. Sa volonté d'inclure l'affectivité dans l'étude de la psyché humaine, comme l'ont fait avant lui les poètes et les philosophes du XVIIIe siècle, répond aux exigences de son âme: "Personne ne comprend ce que je veux dire, seul un poète pourrai t commencer à comprendre"', confiera Jung à Miguel Morreno en 1959, au moment où il a achevé son oeuvre. 2 Cette affirmation, il est vrai, ne peut être partagée par tous et elle risque de froisser l'intelligence du philosophe , M.L. von Franz, C.G.Jung et la voie des profondeurs, p. 107. 2 Cette remarque est d'autant plus significative que les premiers alchimistes occidentaux étaient qualifiés de poètes (poi~tai). 8 habitué à la clarté des catégories conceptuelles et aux jugements d'une logique rigoureuse qui plaisent tant à la raison. Toutefois, pour Jung, la raison ne peut suffire à pénétrer la totalité de l'être humain et elle doits' accompagner du sentiment pour y parvenir. Jeune médecin, Jung est captivé, bouleversé par le spectacle saisissant que lui offre la nature. Son esprit demeure fasciné par le côté obscur de la vie, par le jeu des forces secrètes qui animent le cours de l'existence humaine. Jung cherche sans cesse la trace du mystérieux destin qui habite l'homme et il tente d'en découvrir l'aboutissement secret. Son attirance pour l'irrationnel, qui trouve sa manifestation concrète dans l'intérêt qu'il porte au spiritisme, aux revenants, à l'astrologie et aux phénomènes paranormaux, témoigne de façon éloquente de son désir de développer une vision du monde à la fois exaltante et tragique, tout à l'image qu'il se fait de la grandeur et de la complexité de l'âme humaine. Ce goût de l'irrationnel et de l'obscur, jugé suspect par les philosophes rationalistes, pousse Jung à se plonger dans les vieux grimoires alchimiques et à multiplier ses efforts pour décrypter le langage secret des hermétistes d'autrefois. Mais la tâche est ardue, et l'esprit mercuriel qui gouverne l'alchimie ne se laisse pas saisir facilement. Déjà, en 1913, lors de sa première plongée dans l'inconscient, Jung réalise qu'il ne peut avoir recours à une 9 approche purement intellectuelle pour accéder au monde de l'invisible. Il croi t que l'inconscient est en droi t d'exiger davantage de lui, et ce n'est qu'au prix d'un très grand sacrifice qu'il obtient des dieux de découvrir le Soi, la pierre des sages, comme résultat de ses longues recherches. Pour le savant occidental, ce sacrifice correspond à la mort du moi, qui doit consentir à s'abandonner aux projets du Soi. Jung le comprend bien et il le vérifie de nouveau en 1944, lorsqu'il est victime d'un infarctus qui le conduit au seuil de la mort; il doit alors consentir une fois de plus à s'engager dans l'aventure spirituelle qui le conduira à la découverte d'un monde inconnu, dont les vastes horizons lui révèlent l'immensité et uploads/Litterature/ alchimie-et-processus-d-x27-individuation-pdf.pdf

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