LA GESTE DE NANKOMAN, TEXTES SUR LA FONDATION DE NARÉNA (MALI) Sous la rédactio

LA GESTE DE NANKOMAN, TEXTES SUR LA FONDATION DE NARÉNA (MALI) Sous la rédaction de Seydou Camara et Jan Jansen Research School of Asian, African and Amerindian Studies (CNWS) Universiteit Leiden The Netherlands 1999 2 CNWS PUBLICATIONS VOL. 76 Les CNWS PUBLICATIONS sont publiées par la Research School CNWS, Universiteit Leiden, The Netherlands. Rédaction: R.T.J. Buve; M. Forrer; K. Jongeling; R. Kruk; G.J. van Loon; W. van der Molen; J. de Moor; F.E. Tjon Sie Fat (rédacteur en chef); W.J. Vogelsang; W. van Zanten. Adresse de correspondance: Dr. F.E. Tjon Sie Fat, rédacteur en chef CNWS Publications, s/c Research School CNWS, Universiteit Leiden, P.O. Box 9515, 2300 RA Leiden, The Netherlands. CIP-DATA KONINKLIJKE BIBLIOTHEEK, DEN HAAG Camara, Seydou et Jansen, Jan La geste de Nankoman - textes sur la fondation de Naréna (Mali) / sous la rédaction de Seydou Camara et Jan Jansen. Leiden : Research School CNWS. - (CNWS publications, ISSN 0925-0000; vol. 76) Met lit. opg. ISBN 90-5789-023-2 Trefw.: epos / volksverhalen ; West-Afrika. Imprimé par Ridderprint, Ridderkerk © Copyright 1998 Research School CNWS, Universiteit Leiden, The Netherlands Tous droits de reproduction, traduction et adaptation réservés TABLE DES MATIÈRES Introduction (Seydou Camara et Jan Jansen) 5 Remarques à propos du classement des textes relatifs à l'histoire de Nankoman (Stephen Belcher) 7 Les sources sur la fondation de Naréna; une exploration historiographique (Jan Jansen) 13 `La geste de Nankomanjan' d'après Fodé Bereté de Kangaba (Seydou Camara) 30 Qui était Nankoman Keita? (Nambala Kanté) 53 `Bankumana et Naréna' d'après El Haji Seyan Keita de Naréna (Ouna Faran Camara) 60 `Le conflit avec Nyagasola' d'après Namamadu Keita de Naréna (Jan Jansen et Daouda Nambala Keita) 70 `La geste de Nankoman' d'après Drissa Koné de Naréna (Muntaga Jarra) 84 `L'exil de Nankoman' d'après Namori Sidibé de Samolofida (Ouna Faran Camara) 96 `La fondation de Naréna' d'après Sine Coulibaly de Kinyèma (Muntaga Jarra) 107 Drissa Diabaté de Kiniema sur Majuma Mori, fils de Nankoman (Clemens Zobel) 124 Eloges à une femme Keita de Naréna (Jan Jansen) 128 Bibliographie 130 4 INTRODUCTION Seydou Camara et Jan Jansen Histoire du projet Le présent ouvrage, qui est un premier essai de collaboration scientifique sur le sujet, montre qu'il existe encore en Afrique de grands cycles narratifs inconnus et qu'il y a encore beaucoup de travail à faire en la matière. Il est l'aboutissement d'un projet conçu et réalisé par deux chercheurs qui ont bien voulu contribuer à une meilleure connaissance de l'histoire du Manden et du fonctionnement de la société mandingue où la geste est un genre littéraire fort prisé. En effet, ce genre, qui joue un rôle intégrateur en pays mandingue, paraît avoir ici plus d'utilité que l'histoire proprement dite qu'il repense et remodèle en la dépouillant de ses aspects génants. Soucieux de la sauvegarde des témoignages oraux, nous avions donc entrepris de livrer au public ce que la tradition a retenu et que les notables et bardes croient être la vérité historique sur la fondation de Naréna, localité maninka (malinké) du sud-ouest du Mali et le peuplement du territoire du Yerebede auquel elle appartient. Nous avons voulu montrer comment il faut lire et comprendre la relation que fait de l'histoire d'une ville ou d'un héros le traditionniste tributaire d'un autre mode de pensée. En 1996, lorsqu'il était en mission de recherche au Manden, Jansen voulait publier une collection de textes sur la fondation des villages maninka. En sillonnant le Manden il remarqua le rôle important de Nankoman dans plusieurs récits historiques, surtout dans ceux de Naréna et de ses environs immédiats. Parallèlement à cela, Camara, de son côté, avait envisagé des publications concernant les héros du Manden sur lesquels il disposait de nombreuses traditions historiques. Voyant que l'idée de son collègue et ami s'incrivait parfaitement dans le cadre de son projet, Jansen y adhéra vivement, notamment après avoir lu une version de l'histoire de Nankoman recueillie à Kangaba, ancienne localité rivale de Naréna (voir S. Camara, infra). Par rapport à tout ce qu'il avait appris sur ce per- sonnage dans le secteur de Naréna, il trouva que le texte de Kangaba était d'un grand interêt. De là, lui est venue alors l'idée de publier plusieurs versions de la geste de ce héros légendaire. Jansen voyait en la matière un interêt littéraire et historiographique. En outre, c'était pour lui une autre façon de revéler la dynamique narratologique de la tradition orale dont les dépositaires attitrés détenaient jadis les coutumes, les traditions et les principes de gouvernement par le seul travail de la mémoire. Les textes réunis dans le volume ont été recueillis par Nambala Kanté (Département de Psychologie, Philosophie et Pédagogie, Université du Mali), Clemens Zobel (Centre d'Etudes Africaines, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris), Seydou Camara (Institut des Sciences Humaines, Bamako) et Jan Jansen (Département 5 INTRODUCTION d'Anthropologie, Universiteit Leiden) qui, pour la transcription et la traduction de ses textes, a eu recours aux bons offices de Mountaga Jarra et Ouana Fran Camara de la Direction Nationale de l'Alphabétisation Fonctionnelle et de la Linguistique Appliquée (DNAFLA), Daouda Nambala Keita de Naréna, Fodekaba Diabaté de Kéla et Lanfia Diabaté de Kéla. Stephen Belcher (Neff Mills, Pennsylvania) a également écrit une contribution littéraire sur le thème qui nous préoccupe. Le présent volume est donc le produit d'une vraie coopération internationale. Aspects linguistiques La langue utilisée dans les différents récits de cet ouvrage est le maninkakan (langue maninka ou malinké) qui est essentiellement parlé au Manden, région à cheval sur la frontière entre le Mali et la Guinée. C'est l'une des langues les plus connues de la famille dite mandé dont la transcription se fait à l'aide de l'alphabet phonétique officiel adopté par le décret No. 85/PG du 26 mai 1967 et modifié en juillet 1982. Les auteurs qui ont contribué a cet ouvrage ont donc utilisé cet alphabet et présenté trois systèmes d'orthographe différents: celui de la DNAFLA, celui de l'INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) de Paris et celui développé par le Corps de la Paix (Bird et al. 1977 et 1976). Ils n'ont pas noté les tons. Les trois systèmes ont été acceptés par les rédacteurs de l'ouvrage qui n'ont exigé que rigueur et méthode dans l'œuvre de transcription et de traduction. Malheureusement, par un manque de moyens informatiques, les rédacteurs n'ont pas tenu compte des derniers changements concernant les lettres `è', `ò', `ny' `ng' et `sh'. Il faut souligner enfin que parallèlement à cet alphabet national, qui s'inspire surtout des caractères latins censés ne pas traduire fidèlement toutes les nuances des langues africaines, se développe de plus en plus un autre alphabet phonétique: le Nko, créé en 1949 par le guinéen Souleymane Kanté (cf. Oyler 1997). Cette écriture valable pour toutes les variantes du mandé est de plus en plus populaire au Mali grâce à l'action dynamique de l'Association pour le Rayonnement du Manden, et au soutien des autorités. Nous remercions tous ceux qui ont participé à l'élaboration de ce volume, notamment la Fondation Néerlandaise pour le Développement de la Recherche Tropicale (WOTRO) qui a généreusement financé le travail de Jansen entre 1996 et 1998. Nous exprimons le souhait que l'ouvrage plaira à tous et qu'il sera le premier élément d'une longue serie de publications relatives aux traditions orales mandingues. Nous espérons en outre qu'il permettra un dialogue particulièrement fécond entre les tenants de l'écriture et ceux de la parole. 6 SEYDOU CAMARA ET JAN JANSEN REMARQUES À PROPOS DU CLASSEMENT DES TEXTES RELATIFS À L'HISTOIRE DE NANKOMAN Stephen Belcher (Neff Mills, Pennsylvania) Introduction Le classement le plus important des textes comme ceux sur Nankoman se fondera non sur des catégories littéraires tirées d'ailleurs, mais sur sa fonction sociale et les relations visibles entre ces récits et d'autres dans la même région. L'analyse cherche à placer ces textes dans une matrice qui les éclairera. En même temps, l'historien et le littéraire verront les textes compris dans ce recueil d'un œil différent, et chacun remarquera des aspects particuliers à son interêt. Pour l'historien, les détails généalogiques, les liens de famille avancés, décrits, expliqués, les lieux et les relations politiques constitueront probablement la chair des récits. L'historien classera ces textes comme des légendes d'origine, soit d'un clan ou d'une lignée (les Keita), soit de la ville même de Naréna, et reconnaîtra que dans de tels récits d'origine, la narration prend souvent une forme conventionnelle, façonnée pour traduire peut-être l'importance sociale et culturelle au niveau local des événements décrits, mais aux depens de l'exactitude des détails historiques. Le littéraire, par contre, insistera plûtot sur cette forme conventionnelle, et remarquera que les différents moments du récit de la carrière de Nankoman revêtent des formes reconnaissables: enfance troublée par des conflits de famille, rencontres heureuses sur le chemin du destin, prévision de l'avenir par le père agonisant, et par la suite un triage de trois fils, dont le benjamin se montrera le plus digne. Le littéraire remarquera aussi la manière dont certains narrateurs, tel Fodé Bereté, inversent l'ordre des évènements, et suivent certains fils du récit en violation de l'ordre chronologique. Mais ces anomalies uploads/Litterature/ camara-jansen-geste-de-nankoman1999.pdf

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