DISSERTATIO REVISTA DE FILOSOFIA UNIVERSIDADE FEDERAL DE PELOTAS DEPARTAMENTO D
DISSERTATIO REVISTA DE FILOSOFIA UNIVERSIDADE FEDERAL DE PELOTAS DEPARTAMENTO DE FILOSOFIA DISSERTATIO REVISTA DE FILOSOFIA NÚMERO 2 SUMÁRIO WITTGENSTEIN, ‘DISCIPLE’ À CONTRECOEUR DE FREUD Fernando Aguiar ............................................................................................................................... 5 A INTERIORIDADE COMO VIA DE ACESSO A DEUS NO PENSAMENTO DE SANTO AGOSTINHO Manoel Vasconcellos ........................................................................................................................ 45 O SUBLIME E A ESTÉTICA FUTURA Angela Medeiros Santi ...................................................................................................................... 61 O GRANDE DESAFIO DA ÉTICA CONTEMPORÂNEA: UNIVERSALIDADE DAS REGRAS E PARTICULARIDADE DAS AÇÕES Delamar José Volpato Dutra ............................................................................................................ 76 DA CRÍTICA AO LIBERALISMO A UMA CRIPTOÉTICA LIBERAL: OS CONTRATUALISMOS DE ROUSSEAU E RAWLS Neiva Afonso Oliveira....................................................................................................................... 98 DE QUE MODO PODE SER ENTENDIDO O ESTAR FUNDAMENTADO DOS JUÍZOS MORAIS? UM ESTUDO DAS CINCO PRIMEIRAS LIÇÕES DA OBRA LIÇÕES SOBRE ÉTICA DE ERNST TUGENDHAT Luís Eduardo Rubira ...................................................................................................................... 111 LIBERDADE E DETERMINISMO NA CRÍTICA DA RAZÃO PRÁTICA Silvia Pimenta Velloso Rocha ......................................................................................................... 119 SOBRE CONCEITOS PRÁTICOS EM KANT Joãosinho Beckenkamp ................................................................................................................... 127 WITTGENSTEIN, ‘DISCIPLE’ À CONTRECŒUR DE FREUD Fernando Aguiar* Universidade Federal de Santa Catarina L'unité de ce monde m'apparaît comme allant de soi, ne méritant pas d'être mentionnée. Ce qui m'intéresse, c'est la séparation et l'organisatioen de ce qui, autrement, se perdait dans une bouillie originaire […]. Bref, je suis de toute évidence un analyste et je pense que la synthèse ne présente aucune difficulté du moment que l'on est en possession de l'analyse (Freud à Andreas-Salomé, en 1915). On reprend ici quelques considérations des auteurs (As- soun, Bouveresse, Dor, Rhees) sur la critique wittgensteinienne — parfois hétérodoxe, volontiers périphérique et fort abrégée — à la psychanalyse. Avant d'y arriver, nous rassemblons l'es- sentiel de la relation de Freud avec la philosophie et avec les philosophes, où nous remarquons quelques affinités entre lui et Wittgenstein, concernant leur critique à une certaine pratique de la philosophie. Ils auraient pourtant beaucoup à se départager. Nous en avons au moins quelques mots du philosophe sur la psychanalyse et sur Freud lui-même. Ceux-ci datés de 1945, après donc la mort de celui-ci: on ne peut donc que son- ger à ce que le fondateur de la psychanalyse en aurait pensés. * L'auteur est aujourd'hui professeur au Departamento de Psicologia du Centro de Filosofia e Ciências Humanas (CFH), à l’Universidade Federal de Santa Catarina (UFSC). Il a bénéficié de l'aide d'une bourse de la CAPES (Funda- ção Coordenação de Aperfeiçamento de Pessoal de Nível Superior), pour mener les recherches qui ont abouti à une dissertation doctorale présentée à l'Institut Supérieur de Philosophie de l'Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve), au 15 mars 1995. Fernando Aguiar 6 La critique wittgensteinienne porte, d'une part, sur la scientifici- té de la psychanalyse et, en particulier, sur le statut épistémolo- gique de l'inconscient; d'autre part, sur le genre d'assentiment que les gens prend l'habitude de livrer au contenu analytique en tant que tel — autrement dit, le fait qu'ils soient "enclins" à accepter les explications analytiques, et qu'ils en tirent une vraie conviction. Nous proposons ici de suivre cet itinéraire. Freud, la philosophie et les philosophes On a toujours parlé, chez les auteurs, d'une certaine ambiguïté dans la relation de Freud avec la philosophie — tan- tôt l'attirance, tantôt la répulsion —, en particulier, vis-à-vis des philosophes eux-mêmes. Pour l'attirance, on cite d'emblée des événements qui appartiennent à sa jeunesse. On mentionne la lecture de ‘Sur la nature', le soi-disant essai de Goethe (écrit en fait par G.C. Tobler, un écrivain suisse), qui l'aurait fait se dé- cider pour la médecine. A l'Université, parmi des études entre- prises d'une ‘façon peu orthodoxe, irrégulières et traînées en longueur trois années de plus’ (Jones, 1958, p. 40), des ré- unions de lectures et des cours de philosophie, notamment ceux de Brentano. (Quelques disciplines philosophiques étaient obli- gatoires pour les élèves de médecine entre 1804 et 1873. Celle- ci étant justement sa première année à l'Université, on peut donc conclure que Freud suit ces cours volontiers.) Fruit de cet enga- gement, une recommandation de Brentano lui-même, quelques traductions en allemand de J.S. Mill1. A titre personnel, l'inten- 1 Freud a traduit quatre essais de Stuart Mill. Les trois premiers étaient consa- crés à des problèmes sociaux: la question ouvrière, l'affranchissement des femmes, le socialisme. Le quatrième essai traitait du Platon de Grote. ‘Freud a déclaré, bien des années plus tard (en 1933), n'avoir eu qu'une connaissance très fragmentaire de la philosophie platonicienne; nous sommes donc autorisés à penser que ce qu'il connaissait lui avait été enseigné par l'essai de Mill. Freud ajoutait toutefois que la théorie des réminiscences de Platon l'avait fortement impressionné. Mill avait montré dans ses commentaires l'intérêt que lui inspirait cette théorie qui suggéra à Freud nombre des réflexions. Bien des années plus tard, il introduisit dans son livre intitulé Au-delà du principe de plaisir certaines suggestions de Platon’ (Jones, 1958, pp. 61-62). Dissertatio, UFPel (10), pp. 5-44, Verão de 1999 7 tion de rédiger une introduction générale à la philosophie afin de susciter l'intérêt de Martha (alors sa fiancée) à son travail. La chronique de cette curiosité juvénile, spontanée, sin- cère des années de formation, si banale en apparence, gagne tout de même quelque importance comme étant à l'origine de plusieurs de ses formulations théoriques, épistémologiques, voire politiques de son avenir. Au moins, cet engagement déter- minera son itinéraire dans la vie universitaire. De même que la Naturphilosophie panthéiste, dont Goethe fut l'un des pionniers, aurait été responsable du choix de la médecine, l'enthousiasme pour la physiologie (concurrente) de l'École de Helmholtz, à laquelle appartenait son maître Brücke, à jamais son modèle scientifique, le fera se convertir à la doctrine inverse2, après avoir ‘divagué', dit Freud (1925d), trois ans en plus à l'Uni- versité (p. 57). (Mais, jusqu'à 1875 il pensait-il encore à un doctorat en philosophie et … en zoologie, avant de se redresser à la médecine). En 1884, sa mauvaise situation matérielle l'amène, con- seillé par Brücke lui-même, à renoncer à la carrière théorique, à laquelle il était plus enclin. C'est comme jeune aspirant à l'Hô- pital Général, qu'il écrit dans une lettre (non publiée) à Martha, le 16 août de la même année: ‘La philosophie, que j'ai toujours imaginée comme un but et un refuge pour ma vieillesse, m'attire tous les jours davantage, comme aussi toutes les affaires hu- maines en général, ou toute cause à laquelle je pourrais me dé- vouer corps et âme. Mais la crainte de cette grande incertitude qu'offrent les affaires locales et la politique me tient éloigné de cette sphère (Jones, 1969, p. 46). Déjà mûr, à son ami Fliess, 2 Emil Du Bois-Reymond (1818-1896) et Ernst Brücke (1819-1892), auxquels vinrent bientôt se joindre Hermann Helmholtz (1821-1894) et Carl Ludwig (1816-1895) ‘formèrent un petit groupe privé [entre 1840-1845] qui, après avoir recruté de nouveaux adhérents, devint en 1845 la Berliner Physikalische Gesellschaft. Ses membres étaient, pour la plupart, de jeunes étudiants, physi- ciens et physiologues, élèves de Johannes Müller, tous ligués pour détruire à jamais le vitalisme, croyance fondamentale de leur maître admiré. […] En vingt-cinq ou trente ans, ils [Du Bois-Raymond, Brücke, Helmholtz et Lud- wig] devinrent les chefs incontestés des physiologues et des professeurs de médecine allemands …’ (Jones, 1958, p. 45). Fernando Aguiar 8 médecin lui aussi, au premier jour de 1896, en train de conce- voir la psychanalyse, et donc en pleine incertitude: ‘Je constate que, par le détour de la médecine, tu atteins ton premier idéal qui est de comprendre la physiologie humaine. Pour moi, je nourris dans le tréfonds de moi-même l'espoir d'atteindre par la même voie, mon premier but: la philosophie’. Ensuite, lecteur vorace mais docte depuis toujours, il nous fait savoir vers quoi s'adressaient ses plus anciennes questions: ‘C'est à quoi j'aspi- rais originellement avant d'avoir bien compris pourquoi j'étais au monde’ (Freud, 1973, p. 125). Si la philosophie est ainsi sa première vocation, c'est avec la deuxième et définitive, la psy- chanalyse, que ce questionnement banal acquiert chez lui densi- té et réponse… par la grâce d'une invention. Trois mois ont passé et le sujet revient à son esprit. Question plus précise, la philosophie y est opposée au fait qu'il est devenu thérapeute par contrainte: ‘Je n'ai aspiré, dans mes années de jeunesse, qu'à la connaissance philosophique et main- tenant je suis sur le point de réaliser cette aspiration en passant de la médecine à la psychologie. C'est contre mon gré que je suis devenu thérapeute…’ (Freud, 1973, pp. 143-144). A ce propos, juste trente ans plus tard, dans la postface ajoutée à Die Frage der Laienanalyse (1926e), Freud insiste encore sur le fait que la psychanalyse n'est pas une branche de la médecine mais une partie de la psychologie, voire son fondement. Il ne s'agit, ajoute-t-il, ni de la vieille psychologie médicale ni de la psychologie des processus morbides, mais de la psychologie tout court (p. 80)3. Il va de soi que l'emploi absolutisé du mot 3 On doit remarquer que Freud ne fait aucune référence à cette psychologie définie par Herbart comme scientifique dès 1824, modernement partisanne de l'expérimentation et fondée sur les mathématiques, développée par nombre d'auteurs tels que Weber, Helmoltz, Fechner et uploads/Litterature/ dissertatio-revista-de-filosofia-no2.pdf
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- Publié le Mar 12, 2022
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