L'UTILITÉ DES CANTIQUES 1 1 Chantons, ma chère âme, chantons, Faisons retentir
L'UTILITÉ DES CANTIQUES 1 1 Chantons, ma chère âme, chantons, Faisons retentir nos cantons D'une très sainte mélodie, Le ciel et tout nous y convie. 1 2 Notre grand Dieu toujours joyeux Nous écoute du haut des Cieux, Il aime beaucoup les cantiques, Ce sont ses concerts angéliques. 1 3 Ecoutons les anges chanter Et chantons pour les imiter, Ils sont anges par leurs louanges, En chantant nous deviendrons anges. 1 4 Jour et nuit brûlant d'un saint feu Ils chantent les grandeurs de Dieu, Dieu même y prête les oreilles, Chantons donc comme eux ses merveilles.. 1 5 En chantant ils brûlent d'amour, Chantons, brûlons à motre tour, En chantant ils soufflent leurs flammes, Chantons pour enflammer nos âmes. 1 6 Leurs airs font retentir les cieux, Faisons un écho merveilleux. Que tout chante et se réjouisse Et que la terre au ciel s'unisse. 1 7 Chantons, mais chantons comme il faut Pour chanter dans les cieux plus haut, Chantons, âme prédestinée, Chantons pour être couronnée. 1 8 Mon cantique est désapprouvé Du mondain et du réprouvé. Tant mieux! puisqu'il ne veut pas croire Sur lui je chanterai victoire. 1 9 Dieu veut que ses bons serviteurs Chantent jour et nuit ses grandeurs. Quand toute son Eglise chante, Il triomphe à sa voix charmante. 1 10 Comme il est toujours bienheureux, Il veut des serviteurs joyeux. Le trouble le chasse d'une âme Et la tristesse éteint la flamme. 1 11 Dieu fait chanter en tous les lieux Le prêtre et le religieux, Il leur fait chanter ses mystères Les jours et les nuits même entières. 1 12 Il trouve un très parfait honneur Dans leurs chants, s'ils partent du coeu Il veut qu'au plus lugubre office On lui fasse ce sacrifice. 1 13 Les saints chrétiens des premiers temps S'animaient au bien par leurs chants. En chantant de divins cantiques Ils devenaient tout séraphiques. 1 14 Le Saint-Esprit les y portait. Souvent saint Paul leur répétait: Soyez joyeux, chantez, fidèles, Quelques chansons spirituelles. 1 15 Plusieurs fois les saints ont chanté, C'est un secret de sainteté. Marie a fait un beau cantique. Chantons en prenant sa pratique. 1 16 Chantons donc, mais avec ferveur; Chantons, nous plairons au Seigneur; Chantons, nous lui donnerons gloire; Chantons, nous chanterons victoire. 1 17 Sachez qu'un cantique sacré Rend notre esprit plus éclairé, Chasse du coeur toute humeur noire Et met Dieu dans notre mémoire. 1 18 Lorsque le coeur est abattu, Le cantique porte vertu, Chantez, malgré votre tristesse, Et vous recevrez l'allégresse. 1 19 Le chant, ainsi qu'il est écrit, Ouvre le coeur au Saint- Esprit, Dieu descend dans un coeur qui chante Et lui donne sa grâce abondante. 1 20 Le cantique charme nos maux Et nous délasse en nos travaux; C'est en chantant qu'on se dispose A travailler à d'autre chose. 1 21 Le chant est un secret divin Pour chasser tout esprit malin, Un saint cantique que l'on chante Le fait s'enfuir lorsqu'il nous tente. 1 22 Le monde a mêlé le péché Dans des airs qu'il a recherchés, Sa musique est l'apprentissage De son plus fin libertinage. 1 23 Chantons et réparons l'honneur Que ses chansons font au Seigneur, Par de nouveaux airs de justice Détruisons ceux de sa malice. 1 24 Chante, ivrogne, en buvant ton vin; Après avoir bu ce venin, Va pleurer, va prendre avec rage Le fiel des dragons pour breuvage. 1 25 Libertin, qu'il t'en coûtera Pour ce vilain chant d'opéra! Satan l'a fait par sa malice; En chantant tu lui rends service. 1 26 Avale, avale les poisons De tes amoureuses chansons, Un jour ces impures délices Seront tes plus cruels supplices. 1 27 Le diable, par ce mot couvert, Te fait rire, mais il te perd; Il souffle ton chant, il t'enflamme D'un tendre plaisir, mais infâme. 1 28 Tu prends un poison infernal Et dis que ce n'est pas un mal, Cette parole à double entente Cache et fait ta perte évidente. 1 29 Tu nous appelles scrupuleux Et nous t'appelons malheureux, Car à ta chanson si plaisante Tout le ciel pleure et l'enfer chante. 1 30 Loin de moi, chantres de Bacchus, Loin de moi, chantres de Vénus, Loin de moi, fins suppôts du diable, Dont le malheur est déplorable. 1 31 Tu chantes cet air empesté Devant tous pour être écouté, Tu leur apprends la cadence Et tu corromps leur innocence. 1 32 Damne-toi si tu veux, mondain, Mais ne damne pas ton prochain; Il t'écoute, il apprend le crime, Il le fait, il tombe en l'abîme. 1 33 Va, cloaque de saleté, Vomir ailleurs l'impureté Des chansons de tes amourettes De tes paroles de fleurettes. 1 34 Amis de mon Dieu, tenons bon Contre le monde et le démon, Leur air est beau, leur voix est tendre, Mais gardons-nous de les entendre. 1 35 Chantons en l'honneur de Jésus L'excellence de ses vertus, Pour les mettre en notre mémoire Et les pratiquer avec gloire. 1 36 Faisons retentir l'univers De nos chansons et de nos vers, Afin que Dieu s'y glorifie Et le prochain s'en édifie. AUX POÈTES DU TEMPS 2 1 - Ceci n'est pas pour vous charmer, Vous qui ne pensez qu'à rimer, Grands poètes, gens incommodes. Je laisse à d'autres vos méthodes. 2 2 Je sais bien que vous n'approuvez Que les vers qui sont relevés, Que des phrases à double étage, Qui font un fou plutôt qu'un sage. 2 3 Vous ferez dix tours et contours Pour faire un vers à rebours, Pour exprimer une sornette, Un vain combat d'une amourette. 2 4 Je pourrais, pour mille raisons, Vous mettre aux petites maisons. Que dis-je? elles sont toutes vôtres, Les rimeurs y placent les autres. 2 5 Vos vers sont polis avec art Et souvent ce n'est que du fard, Votre esprit est à la torture, Vos vers le sont aussi, j'en jure. 2 6 Vos grands vers ne sont pas communs, Oui, mais ils sont bien importuns, Vous courrez l'un et l'autre pôle Pour dire une pauvre parole. 2 7 Si vos vers étaient vraiment grands, Ils seraient compris des enfants; Ils sont si hauts, ils sont si rares, Qu'ils en sont devenus barbares. 2 8 Grands poètes, je vous entends: Vous rejetez les pauvres gens, Vos vers sont pour les grands génies, Aussi pleins que vous de manies. 2 9 A moins que les esprits du temps N'y trouvent leurs contentements, Fussent-ils des vers très subimes, Vous, vous en faites de grands crimes. 2 10 A la mode, un prédicateur, A la mode, un subtil rimeur; A moins qu'on ne soit à la mode, On est sot ou bien incommode. 2 11 Votre sublime et relevé Montre votre goût dépravé. Pour tout paiement, pauvres malades, Vous voulez des louanges fades. 2 12 Vous cherchez par mille détours Que quelque homme fou de nos jours Vous dise, mais sans qu'il le pense: Oh! les beaux vers, la bonne stance! 2 13 Pauvres gens, je me ris de vous, Puisque vous rimez presque tous Pour qu'on applaudisse à vos veines. Mais c'est acheter trop vos peines. 2 14 Oui, vos vers sont trop achetés, N'étant pleins que de vanités, Que de cent sortes d'amourettes, Indignes des âmes parfaites. 2 15 Car, sous la rime et la raison, Vous cachez un mortel poison, Un piège mais si tendre, Qu'à peine peut-on s'en défendre. 2 16 Vos vers sont bons, sans contredit; Rien n'est si beau, ni si bien dit, Rime riche, bonne cadence, Oui, mais quelle infâme imprudence! 2 17 Si la rime était riche en Dieu, Je ne l'estimerais pas peu, Mas pauvre en vertu, riche en crime, J'en hais le sens le plus sublime. 2 18 Vous débitez la vanité Comme une pure vérité, Vous ferez passez une fable Pour une histoire véritable.2 19 On dit que tout vous est permis, Tant on vous croit les ennemis Des vérités les plus certaines, Amis des vanités mondaines. 2 20 Comme les poètes païens Vous prenez les maux pour des biens, Je pourrais vous nommer profanes, Ou, pour bien rimer, de francs ânes. 2 21 O très méchants imitateurs, Vous croyez vos vers sans grandeurs S'ils n'ont emprunté quelque grâce De ceux de Virgile et d'Horace. 2 22 Vos vers prêchent-ils les vertus? Y voit-on le nom de Jésus? Point du tout, mais la flatterie, L'impureté, l'idolâtrie. 2 23 Parlez-vous des prédestinés? Vous ne louez que les damnés, Que des hommes tout sanguinaires, Que des amoureux téméraires. 2 24 Méchants poètes des faux dieux, Vous me traitez de scrupuleux, Ou vous croyez que, par bêtise, Maintenant je vous scandalise. 2 25 Allez, je n'ose vous nommer, Non de peur de vous diffamer, Mais de peur de souiller ces pages De si funestes personnages. 2 26 Oui funestes, je ne mens pas, Car peut-être êtes-vous là- bas; Quoiqu'il en soit, vos livres restent, Ces subtils poisons nous empestent.2 27 A peine trouve-t-on en eux Rien qui ne soit pernicieux, L'impureté la plus plaisante Est uploads/Litterature/ cantiques-de-st-louis-marie-grignion-de-montfort.pdf
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- Publié le Mai 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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