Cécile Michel, DR CNRS 2013 - 1 - La naissance de l’écriture en Mésopotamie L’é

Cécile Michel, DR CNRS 2013 - 1 - La naissance de l’écriture en Mésopotamie L’écriture est inventée en Mésopotamie (pays entre les fleuves Tigre et Euphrate), vers 3400 avant J.-C., après l’apparition des premières villes et des premiers États, alors que les échanges commerciaux avec les régions voisines se développent. Les palais et les temples, qui emploient beaucoup de monde, ressentent le besoin d’enregistrer les biens qu’ils possèdent ou qu’ils échangent. Les habitants du sud de la Mésopotamie, les Sumériens, inventèrent un code pour transcrire leur langue. Il s’agit de petits dessins, des pictogrammes (signes-dessins), qui étaient imprimés sur de petites tablettes en argile à l’aide d’un roseau. Dans un premier temps, ces dessins représentaient souvent ce qu’ils désignaient. Plus tard, l’écriture s’est simplifiée, et pour des raisons de commodité a tourné de 90° vers la gauche. Les signes étaient ainsi composés de « clous » et de « coins ». Nous appelons cette technique « écriture cunéiforme ». Le scribe écrit sur une petite tablette d’argile à l’aide d’un stylet en roseau taillé. Cécile Michel, DR CNRS 2013 - 2 - L’écriture cunéiforme Tous les signes ne représentent pas forcément la réalité, c’est par exemple le cas de ceux de l’enfant et du mouton. Il existe un signe par mot ou par idée, ce sont des logogrammes. À raison d’un signe différent pour chaque mot ou notion, il faut un grand nombre de signes pour noter toute une langue ; le sumérien en utilise plus d’un demi-millier. On peut mettre une partie d’un signe en valeur pour en modifier le sens… (tête + bas du visage hachuré = bouche, et aussi tous les éléments ou fonctions liés au bas du visage : dent, nez, parole, cri ou parler) … ou encore juxtaposer des signes pour exprimer de nouveaux mots. Beaucoup de mots sumériens sont monosyllabiques : ils correspondent à une seule syllabe, plus rarement à deux (en français : sot, eau, vert… sont monosyllabiques). À partir du milieu du IIIe millénaire, de nouvelles populations arrivent au Proche-Orient. Ces gens parlent l’akkadien, une langue sémitique (de la même famille que l’hébreu ou l’arabe) ; ils adoptent le système d’écriture des Sumériens. Les Akkadiens ne retiennent pas le sens des signes, mais leur son : ils utilisent donc une écriture syllabique où chaque signe équivaut à un son. homme = awīlum A signifie l’« eau » en sumérien, en akkadien, seul le son du signe est utilisé. Chaque signe a donc une valeur syllabique et les mots sont notés par la succession des syllabes qui les composent. Ce système d’écriture utilise moins de signes qu’un système idéographique comme celui du sumérien. Le nombre de syllabes dans une langue est limité et 150 à 200 signes suffisent pour écrire l’akkadien. À partir du XIVe siècle avant J.-C., un premier alphabet cunéiforme apparaît sur la côte de la Méditerranée, à Ougarit, où l’on a retrouvé des « abécédaires ». Dans le système alphabétique, chaque signe équivaut à une lettre. Il suffit alors d’une trentaine de signes pour écrire toute une langue. Au Ier millénaire, les alphabets se multiplient : phénicien, grec, latin, arabe… Les noms de nos lettres viennent de l’akkadien. alpum bētum bovin maison En haut, au milieu, les plantes symbolisent un verger. Sur cette tablette pictographique, une tête + un pain = manger. Cécile Michel, DR CNRS 2013 - 3 - À l’école des scribes Les scribes du début du IIe millénaire av. J.-C. allaient à l’école pour apprendre à lire et écrire le babylonien (l’un des dialectes de l’akkadien), pour apprendre le sumérien, une langue morte, utilisée dans la culture écrite, ainsi que pour apprendre les mathématiques. Ils apprenaient par cœur de longues listes (syllabaires, vocabulaires, proverbes, modèles de contrats…). L’apprentissage des mathématiques commençait par les systèmes d’écriture des mesures (capacité, de poids, de surface et de longueur), des nombres en base soixante selon un système positionnel et des tables numériques (inverses, multiplications, carrés). Il n'y a que deux signes pour exprimer tous les nombres : 1 ( ) et 10 ( ) La numération est basée sur 59 « chiffres ». Ces chiffres sont écrits en répétant les 1 et les 10 autant que nécessaire. Exemple : = 59. La numération obéit à un principe de position à base soixante : le 1 ( ) de chaque position vaut soixante fois plus que celui de la position précédente (à droite). Exemple : = 2:15 (2 soixantaines et 15 unités, soit 135 en numération décimale). Il n’y a pas de signe pour le chiffre zéro. Les documents cunéiformes Ces systèmes d’écriture complexes en usage en Mésopotamie ne sont le plus souvent maîtrisés que par des spécialistes, les scribes. Ils suivent de longues années d’études, et selon qu’ils vont travailler pour de simple particuliers, les palais ou les temples, ils se spécialisent dans la rédaction de contrats ou dans celle de grands textes littéraires, religieux, mathématiques, juridiques, médicaux… face tranche côté gauche revers tranche Planisphère VIIe s. géométrie XVIIIe s. Ma mu Carte du monde VIIe s. Modèle de foie Clou de fondation Statue de Gudea Tablette scolaire Lettre et enveloppe Cécile Michel, DR CNRS 2013 - 4 - Petit syllabaire paléo-babylonien (début IIe millénaire) pour s’exercer à écrire en cunéiforme Prononcer les différents sons : š = ch ; ṣ = ts ; e = è ; u = ou ; ge = guè ; we = ouè. Attention, les sons « f », « o », « v », « j », « u »…n’existent pas. On ne peut pas avoir un mot qui commence ou finit par deux consonnes, il faut intercaler une voyelle. Françoise devra s’écrire wa-ra-an-sú-az (à prononcer vite : ouaranesouaz) a ab, ap ad, at, aṭ ag, ak, aq ah, eh, ih, uh al am an ar ás, áṣ, áš, áz ba bi, bé, pí, pé bu, pu da, ṭa di, de, ṭi, ṭe du, ṭù e ed, id, et, it eṭ, iṭ el, il5 en ez, iz, es, is eṣ, iṣ ga, qá gi, ge qì, qè gu, qù ha hi, he hu i ia, ya, yi, yu ib, eb, ip, ep ig, eg, ik, ek iq, eq il, él im, em in ir, er iš, eš15, mil ís, íṣ, íz ki, ke, qí, qé ku, qú la li, le lu ma me, mì mu na ni, né, ì, lí, ìa nu pa qa ra ri, re, tal, ṭal ru ṣa, za, sà ša si, se šar ši, še20, lim šu ta, ṭá te, ṭe4 ti, ṭì tu, ṭú ú u, eš4, 10 ub, up ud, ut, uṭ, tam, u4, ug, uk, uq ul um un ur, lig, lik, liq taš uš, ús, úṣ, úz wa, wi, we, wu, pi, pe, am7 zi, ze ṣí, ṣé, sí, sé zu, ṣú, sú uploads/Litterature/ cuneiforme-colleges 5 .pdf

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