Haute Ecole de Bruxelles Institut Supérieur des Traducteurs et Interprètes Dani

Haute Ecole de Bruxelles Institut Supérieur des Traducteurs et Interprètes Daniel Pennac, Comme un roman Comme un roman Daniel Pennac Compte rendu par Simone D’Anastasio L i t t é r a t u r e f r a n ç a i s e d u X X e s i è c l e , 2 0 1 5 1 Daniel Pennac, Comme un roman Sommaire 1 Introduction générale..................................................................3 2 Introduction à l’œuvre.................................................................3 3 L ’œuvre.......................................................................................4 3.1 Structure et synthèse.......................................................................4 3.2 Sujet clé : des gardiens et des émissaires.........................................5 3.3 Style...............................................................................................6 4 Conclusion..................................................................................7 5 Bibliographie..............................................................................8 2 Daniel Pennac, Comme un roman 1 Introduction générale Les changements intervenus pendant le XXe siècle ont eu des conséquences notables sur le métier d’écrivain, le marché du livre et même sur le rapport entre le public et la lecture. Dés le début du siècle, l’ascension des nouveaux médias (la photographie, le cinéma, la radio, la télévision, l’internet) a redéfini le rôle du livre (et de la parole écrite) dans la société, en faisant, et a donc suscité des inquiétudes chez les intellectuels et les profanes. La lecture comme hobby, est- elle en danger, en particulier chez les jeunes ? Est-on condamnée à vivre dans une société de l’image où la littérature sera réservée à quelques élus ? Voici quelque unes des questions auxquelles Daniel Pennac tente de répondre dans son essai Comme un roman1. Dans ce compte-rendu, je vais pour ma part essayer d’exposer les concepts les plus importants contenus dan l’œuvre de M. Pennac. 2 Introduction à l’œuvre En 1992, la maison d’éditions Gallimard publie Comme un roman, bref essai de l’écrivain français Daniel Pennac, déjà connu grâce à ses romans pour la jeunesse 1 Daniel Pennac, Comme un roman, éd. Gallimard, 1992 3 Daniel Pennac, Comme un roman (Cabot-Caboche2, L'Œil du loup 3) et au cycle de romans de la Saga Malaussène (Au bonheur des ogres4, La Fée Carabine5, La Petite Marchande de prose6). Pennac (diminutif de Pennacchioni), né à Casablanca (Maroc) en 1944, professeur de lycée depuis 1969, voulait mettre à profit son expérience d’enseignant pour analyser le rapport entre les jeunes et la lecture sans tomber dans des préjugés ou des considérations simplistes. Il s’agit donc d’un véritable essai de pédagogie, dans lequel Pennac tente de reconstruire l’évolution du lien entre l’individu et la lecture dés l’enfance à l’âge adulte, avec une attention particulière pour les orages de l’adolescence dont l’auteur a une connaissance approfondie à cause de son rôle de professeur. C’est important de préciser que Pennac était un mauvais élève, un cancre, et que ses difficultés scolaires ont gravement blessé son estime de soi pendant l’enfance et l’adolescence, mais tout cela ne l’a pas empêché d’obtenir son baccalauréat et puis sa maîtrise universitaire ès lettres (Pennac retournera sur le sujet de sa scolarité tourmenté dans son second essai, Chagrin d’école7). L’auteur donc se reconnaît dans ces cancres, ces jeunes qui n’aiment pas lire selon lui, qui sont traités comme des ineptes, des hérétiques qui manquent de respect à la religion du livre, qui contreviennent au dogme : « Il faut lire ». En faisant ça, la société, les institutions ne font que poser un mur entre le « jeune qui n’aime pas lire » et la lecture. Le jeune se sent rejeté par la lecture et donc il n’essaie même pas de lire, désormais convaincu que la lecture n’est pas pour lui. Au contraire, Pennac est convaincu que la lecture est à la portée de tous, il faut tout simplement désacraliser l’acte de lire et c’est exactement ce qu’il essaie de faire avec ses élèves, dans un lycée anonyme de la banlieue parisienne. 3 L ’œuvre 3.1 Structure et synthèse Comme un roman est découpé en quatre parties : Naissance de l'alchimiste, Il faut lire (le dogme), Donner à lire et Le qu'en-lira-t-on (ou les droits imprescriptibles du lecteur). Dans chacune section, l’auteur examine un aspect particulière de la question-clé qui représente le cœur de l’œuvre : «pourquoi tant de jeunes n’aiment pas lire ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour les rapprocher à la lecture ? » 2 Daniel Pennac, Cabot-Caboche, éditions Nathan, Paris, 1982 3 Daniel Pennac, L ’Œil du loup, éditions Nathan, Paris, 1984 4 Daniel Pennac, Au bonheur des ogres, éd. Gallimard, 1985 5 Daniel Pennac, La Fée carabine, éd. Gallimard, 1987 6 Daniel Pennac, La Petite Marchande de prose, éd. Gallimard, 1989 7 Daniel Pennac, Chagrin d’école, ed. Gallimard, 2007 4 Daniel Pennac, Comme un roman Chaque partie est découpée en brefs chapitres, rarement plus longues que quelque page. Cette division permet à l’auteur de digresser un peu pour éviter la monotonie, en insérant des citations, des anecdotes ou encore des changements de situation ou de sujet. Dans la première partie, Naissance de l’alchimiste, on observe les difficultés d’un garçon obligé par son professeur à lire Madame Bovary et à rendre une fiche de lecture. Pendant ce temps, ses parents trouvent des explications rassurantes pour expliquer l’absence de passion pour la lecture de leur fils, pour exemple en accusant la télévision : — Ce n’est pas seulement une question de programme... C’est la télé en elle-même... cette facilité... cette passivité du téléspectateur…[…] Lire, évidemment, lire c’est autre chose, lire est un acte ! […]Tandis que la télé, et même le cinéma si on y réfléchit bien... tout est donné dans un film, rien n’est conquis, tout vous est mâché, l’image, le son, les décors, la musique d’ambiance au cas où on n’aurait pas compris l’intention du réalisateur... […] — Dans la lecture il faut imaginer tout ça... La lecture est un acte de création permanente.8 L’auteur retrace l’expérience de la découverte de la lecture pendant l’enfance : la lecture comme cadeau, représentée par les parents qui lisent avec l’enfant pour l’aider à se coucher, est ensuite remplacée par la lecture finalisée à la compréhension de l’école. En apprenant à lire, à associer un sens à chacun mot, l’enfant devient alchimiste. La joie de lire tout seul est pourtant éphémère : l’enfant est obligé à lire pour faire ses devoirs, et ce mécanisme peut parfois l’éloigner de la lecture. Il faut lire (le dogme), aborde la question de la sacralité de la lecture. Un professeur de littérature (manifestement inspiré à l’auteur lui-même) comprend que ses élèves (parmi lesquels le jeune qu’on a déjà rencontré) ont appris que lire est important, que il faut lire. L’autorité (comme les parents ou les enseignants) leur ont présenté la nécessité de lire comme une condition sine qua non pour faire partie de la société. Il faut lire est devenu un dogme, quelque chose qu’on ne peut pas mettre en discussion, sous peine d’exclusion (car seulement les hérétiques contestent les dogmes). Les élèves n’ont fait que se conformer à cette vision sacralisé de la lecture. Ils affirment qu’il faut lire, évidemment. Ils écrivent ce que le professeur veut écouter pour n’avoir pas des ennuis et ça suffit. Rien les pousse à lire pour de vrai. Le titre de la troisième partie est emblématique : Donner à lire. Le professeur décide de lire des romans en classe, à voix haute, d’une façon tout à fait gratuite, sans demander à ses élèves de prendre des notes ou de remplir des fiches de lecture. L’objectif du professeur est de réconcilier ses élèves avec le plaisir de la lecture, hors de toute contrainte scolaire. L’expérience suscite 8 Daniel Pennac, Comme un roman, éd. Gallimard, 1992, p.10 5 Daniel Pennac, Comme un roman l’intérêt de la plupart des élèves, qui entament spontanément des débats sur les textes lus par le professeur : avec une stimulation absolument gratuite à la lecture, les élèves redécouvrent la lecture comme plaisir, ils entrent en contact avec de textes qu’ils croyaient extrêmement loin d’eux et ils atteignent les objectifs de la lecture scolaire visant à l’analyse critique des textes. D’après son expérience, dans la quatrième et dernière partie Pennac procède à établir une liste de dix droits imprescriptibles du lecteur, pour que chacun trouve sa propre manière de lire pour plaisir : le droit de ne pas lire ; le droit des sauter des pages si on trouve des passages peu intéressants dans un livre qu’on veut finir de lire ; le droit de ne pas finir un livre ; le droit de relire un livre pour n’importe quelle raison ; le droit de lire n’importe quoi sans devoir se justifier (même si l’auteur affirme qu’il y a tout à fait des mauvais romans : « disons qu’il existe ce que j’appellerai une «littérature industrielle » qui se contente de reproduire à l’infini les mêmes types de récits, débite du stéréotype à la chaîne, fait commerce de bons sentiments et de sensations fortes9 » ) ; le droit au bovarysme, c’est à dire à la lecture comme escapisme ; le droit à lire n’importe où ; le droit à grapiller, c’est à dire à commencer un livre à n’importe quelle page pour n’importe quelle raison ; le droit de lire à haute voix ; le droit de nous uploads/Litterature/ essai-sur-quot-comme-un-roman-quot-par-daniel-pennac.pdf

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