Méthodes et techniques de la dissertation DALIE CHRIFI ALAOUI Écrire une méthod

Méthodes et techniques de la dissertation DALIE CHRIFI ALAOUI Écrire une méthodologie ou aborder la « méthode » d’un exercice scolaire revient souvent à faire croire aux élèves ou étudiants qu’il y a deux catégories d’étudiants, ceux qui suivent la méthode et les autres. Ce n’est pas vrai. Ou concédons, ce n’est pas tout à fait juste. C’est pour cela que je vous proposerai des méthodes et des techniques, car le chemin entre vous et la dissertation est un chemin personnel, unique. Il s’agit de vous donner des points d’appui, mais ce sera à vous de construire votre parcours selon le sujet proposé et vos connaissances sur les œuvres. Il y a des étapes nécessaires, il y a des savoirs nécessaires, il y a aussi des attentes précises. Mais ce qui fait une bonne dissertation c’est le désir d’écrire une démonstration, le désir de comprendre une problématique et de l’explorer ; et cela passe nécessairement par des prises de conscience et des exercices. Cet ouvrage vous permettra les deux et vous rendra capable de rédiger avec aisance et donc plaisir. Dans cette optique nous procéderons par questionnement : se poser les bonnes questions et y répondre de manière progressive, c’est la meilleure manière de réussir. Je répondrai de manière pratique et concrète et vous proposerai des exercices d’entraînement sur un sujet précis relié au thème au programme « l’aventure ». I. La dissertation comparée français-philosophie, qu’est-ce que c’est ? En première année, l’exercice est inédit pour tout le monde. Dans votre cursus, vous n’avez jamais rédigé un exercice de ce type. Pour aborder cette épreuve, il faut donc prendre en compte les nouveaux paramètres et envisager cela comme un exercice scientifi que malgré sa teneur philosophique et littéraire. Vous avez trois œuvres au programme. Ces œuvres constituent des données (idées, exemples, citations, personnages, analyses). Vous avez ensuite un sujet. Ce sujet s’appa- rente à un algorithme dont il faut comprendre la logique pour s’assurer s’il est applicable aux données. 10 Méthodes et techniques de la dissertation Dès lors, il s’agira de considérer la question problématique en comparant son eff et sur les diff érentes œuvres. Cette année, Jankélévitch dans le chapitre intitulé « l’aven- ture » fonde une philosophie de ce qu’est l’aventure. Il ne sera donc pas diffi cile de projeter les défi nitions, les principes qu’il détermine dans les deux autres œuvres qui sont des œuvres de fi ction. L’œuvre philosophique sert d’assise à la réfl exion globale – ce qui n’empêche pas d’en voir les limites – et les œuvres de fi ction sont un peu comme des modélisations expérimentales. D’ailleurs, cela peut vraiment devenir un jeu, un vrai plaisir d’établir des parentés entre une œuvre de l’Antiquité, et celle d’un mousse devenu romancier ! Quoi de plus grisant que de créer le dialogue entre des œuvres séparées par des centaines d’années et des milliers de kilomètres ? C’est ce plaisir-là une dissertation comparée. II. Comment se préparer à la dissertation ? La première étape, essentielle, vitale, c’est la lecture attentive des œuvres. Une lecture estivale est primordiale. Il faut anticiper les cours, c’est le secret de ceux et celles qui veulent maintenir un rythme de travail régulier en classe préparatoire. Lire attenti- vement, c’est chercher le sens d’une œuvre à travers un thème mais aussi à travers son expérience de lecture. Vous aimez un passage ? Surlignez-le. Une citation vous étonne, repérez-la. Un autre passage vous semble obscur ? Notez-le. Il sera temps en cours d’année de tirer parti de cette lecture active. Toutes les lectures passives fi nissent dans l’oubli comme le souvenir d’une journée ordinaire. Quand vous lisez, ne consommez pas les mots, interrogez-les ! Faites des relevés subjectifs. Listez des lieux, des personnages, des citations. Fabriquez vos propres données, votre mémoire personnelle. Ensuite le cours du professeur viendra donner sens à vos données, il vous permettra de prendre du recul et de considérer la question au programme dans une perspective à la fois philosophique et littéraire. Tâchez de relire régulièrement vos notes et celles du cours qui vont se structurer et vous appartenir en propre. J’ai l’habitude de dire à mes étudiants que les personnages et même les auteurs doivent devenir leurs amis. Des amis proches, ceux dont on connaît les véritables défauts et les authentiques qualités. Ceux dont on connaît les douleurs et les joies, les désirs et les peurs. Bref, soyez au plus près de vos textes. Ensuite, la seconde étape, c’est la pratique de la dissertation. C’est là que le volume que vous avez entre les mains va pouvoir intervenir. Nous allons procéder par étapes, en suivant une chronologie essentielle à la bonne compréhension des attentes de l’épreuve du concours. Dans un premier temps, lisez attentivement dans l’ordre ce que je vous propose. Puis dans le courant de l’année, en fonction de vos réussites et de vos diffi cultés, reconsidérez le/les questions qui vous posent encore problème. Entraînez-vous sur les sujets proposés. 11 Méthodes et techniques de la dissertation III. Quel est l’objectif d’une dissertation ? 1. Ce que n’est pas une dissertation Une dissertation, ce n’est pas une récitation de cours même s’il y a des liens entre les deux… Une dissertation, ce n’est pas un long/court bavardage philosophique sur ce que l’on pense ou pas du sujet. Une dissertation, ce n’est pas une liste d’exemples des œuvres. Une dissertation, ce n’est pas non plus un exposé en trois parties, en consacrant une œuvre par partie. Une dissertation, ce n’est pas le commentaire de la citation du sujet (que l’on découpe en deux ou trois morceaux) et auquel on ajoute quelques références aux œuvres. Une dissertation ce n’est pas non plus un petit peu de tout ça. Ces erreurs-là mènent à une note inférieure à 5… Que doit-on faire dans une dissertation ? Nous y venons. 2. Démonstration versus association d’idées Une dissertation doit développer une démonstration. Il faut même la penser comme un parcours. Vous partez d’un point A pour aller vers un point B. De manière progres- sive et raisonnée. Démontrer, nécessite de mettre en relation des concepts (issus des œuvres et du cours), d’associer des exemples, des idées ; pourtant ce qui fait la force et la précision d’une démonstration, c’est bien le mouvement réfl échi (porté par un plan) d’une pensée qui cherche à élucider la véracité, la réalité, la justesse d’une citation dans le cadre d’un programme. Tous les sujets sont accompagnés de ce type de formule : « Dans quelle mesure ces propos éclairent-ils votre lecture des œuvres inscrites au programme ? » (Mines-Ponts/2016) ou encore « Vous évaluerez la pertinence de ce juge- ment à la lumière des œuvres au programme » (CCP/2016). Vous mettez en lumière la problématique et vous vérifi ez « la pertinence » de cette problématique dans les œuvres qui sont au programme. Puis vous présentez vos conclusions dans un développement organisé qui permet à votre lecteur de vous suivre depuis un point A (introduction) jusqu’à un point B (conclusion). 3. L’importance du brouillon Le brouillon est souvent négligé, rapide, non structuré comme si le terme de même de « brouillon » signifi ait qu’il n’a aucune valeur. C’est une grave erreur. Le brouillon c’est le plus important, les écrits et pensées intermédiaires feront la qualité de l’exercice fi nalisé. Vouloir vite écrire, vite faire un plan, vite conclure, c’est vouloir vite échouer. Donc, on vous donne un sujet, vous prenez une feuille de brouillon et vous RECOPIEZ sur l’espace de la feuille en laissant des marges pour pouvoir le commenter et l’annoter. Vous recopier toujours le sujet sur une feuille à part pour l’analyser, même s’il est long, même s’il est court, même s’il est facile, même s’il est diffi cile, même si… tout ce que vous voulez. En le recopiant on essaie de le mettre en page en fonction de la syntaxe. 12 Méthodes et techniques de la dissertation Exemple : « L’aventure est relative, l’aventure vit non pas dans l’audace de celui qui ose la vivre mais d’abord dans le génie de celui qui la relate ou l’écrit », Conrad, le voyageur de l’inquiétude (2011) d’Olivier Weber. Pour analyser cette citation, on peut la présenter sur une feuille de cette manière : la première phrase semble caractériser l’aventure et elle est suivie d’une virgule, on la place donc seule. Puis le terme en l’occurrence le thème de la citation est repris dans une défi nition à la forme négative qui est opposée à une autre précédée de la conjonction de coordination « mais » que l’on dit aussi adversative car elle permet de poser comme des adversaires deux propositions. Dans cette mise en page, nous voyons bien la structure de la phrase et nous voyons aussi la hiérarchie des idées ainsi que le parallèle qui oppose les deux propositions les plus longues. IV. Que faire à la lecture du sujet ? Après avoir repéré la structure générale de la phrase, il faut en comprendre la logique pour laisser émerger la thèse de l’auteur, c’est-à-dire la uploads/Litterature/ extrait-1 1 .pdf

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