acb, scène nationale bar-le-duc le théâtre - 20 rue Theuriet - 55000 Bar-le-Duc

acb, scène nationale bar-le-duc le théâtre - 20 rue Theuriet - 55000 Bar-le-Duc réservations : 03 29 79 73 47 jeudi 5 décembre - 20h30 Antigone de Sophocle, mise en scène Adel Hakim théâtre Fiche découverte Nathalie HAMEN Professeur de Lettres Professeur-relais auprès de l’acb BAR-LE-DUC ANTIGONE de Sophocle mise en scène Adel Hakim I LA PIÈCE L’Antigone de Sophocle est sans doute la plus grande des tragédies grecques, qui illustre l’apogée de la réussite culturelle attique du siècle de Périclès, qui propose un modèle parfait de ce phénomène de civilisation que fut la tragédie grecque du Vème siècle avant J.C. et donne lieu depuis lors à d’innombrables réécritures (Garnier, Cocteau, Hölderlin, Brecht, Anouilh…) et d’infinies commentaires et lectures philosophiques (Hegel, Goethe, Kierkegaard, Steiner…) qui traduisent bien la puissance archétypale de ce mythe grec porté à la perfection sur la scène par Sophocle. 1) La tragédie grecque Ce sont les Grecs qui inventèrent la tragédie. A l’origine, il s’agissait de fêtes religieuses chantées pour le culte de Dionysos. Le terme de « tragédie » signifie « chant du bouc », chant choral en l’honneur du dieu et à l’animal sacrifié (vertu cathartique du bouc émissaire). A ce culte de Dionysos se sont greffés des récits populaires, des mythes connus, notamment l’histoire des deux grandes familles royales, les Atrides et les Labdacides. Du culturel sur du cultuel. L’originalité des tragédies grecques ne réside pas dans les sujets de ses fables, archiconnues de tous, mais dans la manière de transcrire théâtralement l’épopée d’origine à travers des personnes (les acteurs), en posant des questions touchant à la liberté du citoyen devant les dieux, la religion, le pouvoir … Il s’agit, pour le public des tragédies grecques, de réfléchir et de juger, à travers les situations proposées, des questions qui se posent au citoyen. Questions d’ordre éthique et politique. Des concours tragiques sont organisés en l’honneur de Dionysos (Les Grandes Dionysies et les Lénéennes), dix jours par an, organisés et payés par un archonte (magistrat). Les dépenses pour le théâtre sont un moyen privilégié pour les citoyens riches de manifester leur dévouement à la collectivité (évergétisme). Les auteurs les plus connus, Eschyle, Sophocle et Euripide, s’affrontent et présentent chacun trois tragédies et un drame satyrique. Dix citoyens tirés au sort constituent le jury. Les citoyens libres ont accès au théâtre (accès gratuit pour les pauvres). Les représentations théâtrales ont lieu en plein air dans d’immenses amphithéâtres. Le public prend place sur des gradins de bois démontables, contenant 15 000 places, disposés en hémicycle appelé le « théâtron » (lieu d’où l’on voit). Les théâtres en pierre datent du milieu du IVème siècle avt J.C et offraient de 30 000 à 80 000 places ! Le dispositif scénique du spectacle tragique est constitué de deux lieux bien distincts : - l’« orchestra » (lieu où l’on danse), réservé au chœur, aire de 20 mètres de diamètre ; - le « proskenion », réservé aux acteurs, bande de 50 mètres sur 3 de profondeur que nous appelons aujourd’hui la scène. La « skènè » (« baraque ») est un bâtiment en bois servant de coulisses supportant un décor peint (à partir de Sophocle). La tragédie grecque se caractérise par une structure forte, composée de passages dialogués (pris en charge par les acteurs) et des passages chantés par le Chœur. Les acteurs sont toujours des hommes (3 au maximum), qui incarnent tous les rôles. Ils sont masqués, portent des longues robes, sont juchés sur des cothurnes. Ils ne chantent pas mais psalmodient leurs textes (vers parlés) d’une voix surhumaine (à cause des masques porte-voix). Le public ne s’identifie pas à de telles créatures mais les écoute, réfléchit aux situations et les juge. Le chœur est composé de 15 garçons (choisis parmi l’élite des jeunes gens de la cité). Le chœur est un personnage collectif, trait d’union entre les spectateurs et les acteurs qu’il interroge par le truchement du coryphée (chef de chœur). Le chef de chœur représente la cité et exprime la voix et les réflexions des citoyens, du public. La structure de la tragédie est très codifiée : Les interventions du chœur (les « stasima », « stasimon » au singulier), alternent avec les épisodes joués par les acteurs. - Le Prologue expose la situation et noue l’action ; - La Parados est l’entrée solennelle du chœur ; - Les Episodes (3) alternent avec les Stasima (3) ; - L’Exodus est la conclusion qui concerne le chœur et les acteurs. C’est le coryphée qui a toujours le dernier mot. Chaque tragédie contient plusieurs « scènes de débat » (« agôn ») entre deux personnages principaux qui exposent leurs griefs et défendent leurs thèses. Lorsque le débat devient passionnel, les répliques se succèdent vers à vers, c’est le procédé de la stichomythie. Aristote désigne dans sa Poétique, trois moyens essentiels du tragique : - la « péripétie » (retournement de l’action en sens contraire) ; - la « reconnaissance » (« anagnorisis ») qui fait passer brusquement de l’ignorance au savoir) ; - l’ « événement pathétique » (action provoquant destruction ou douleur, agonie, blessure, deuil soudain) qui est raconté et jamais présenté sur scène. 2) L’auteur Sophocle est né à Colone, aux portes d’Athènes en 496 avant J.C. et meurt, nonagénaire, à Athènes en 406 avant J.C.. Sa famille est très aisée et il bénéficie des leçons des meilleurs maîtres. Il est très beau, élégant, raffiné. Il remporte sa première victoire d’auteur de théâtre à 28 ans, battant Eschyle. Il l’affrontera souvent et remporte 24 premiers prix aux compétitions théâtrales et restera fidèle à la scène sa vie durant. Ami de Périclès, il est un homme politique important : hellénotame (un des dix plus hauts fonctionnaires) à 53 ans, puis stratège, puis commissaire du peuple en 411. La vie de Sophocle couvre le siècle, celui de la grandeur et de la domination d’Athènes. Il meurt juste avant la chute d’Athènes, dévorée par Spartes. Auteur fécond, il apporte de grands changements dans la technique théâtrale : il invente entre autres la toile de fond, support du décor. Il porte le nombre de choristes de 12 à 15 et donne ainsi davantage de majesté aux mouvements du chœur. Il crée un 3ème acteur et introduit le dialogue à trois personnages. Il invente le dialogue stichomythique (répliques rapides vers à vers) qui installe l’action sur le proskenion. Le chœur a moins d’importance que chez Eschyle, il devient témoin, commentateur de l’action. Enfin il introduit la trilogie libre où chaque drame forme un tout autonome. Sur les 123 pièces qu’il a écrites, sept drames sont parvenus jusqu’à nous, dont les célèbres Antigone (- 440) et Œdipe-Roi (- 421). La légende raconte que ses fils ont tenté de le mettre sous tutelle pour sénilité. Sophocle, 86 ans, se serait contenté de lire aux juges un passage de la pièce qu’il était en train d’écrire (Œdipe à Colone). Les tragédies conservées de Sophocle ont pour titre, à une exception près (Les Trachiniennes), le nom d’un héros et pour sujet, un seul épisode de sa vie et ce sont généralement des héros qui ne cèdent pas. Dès l’Antiquité, Sophocle est apprécié pour sa peinture de caractères indomptables (Ajax, Electre, Antigone). Il s’intéresse avant tout à l’étude de héros isolés du reste du monde par leurs malheurs, leur audace et leur obstination. C’est évidemment le cas avec Antigone. 3) La fable de la pièce L’histoire d’Antigone appartient au cycle des Labdacides, celle de la maison royale de Thèbes, celle de la famille d’Oedipe... et de Dionysos. Rappelons en la fin : Après sa victoire sur le Sphinx, Oedipe entre à Thèbes en triomphateur. Il épouse la reine Jocaste sans savoir qu’elle est sa mère. Ils ont deux enfants, deux fils : Etéocle et Polynice et deux filles : Antigone et Ismène. Oedipe découvrant qu’il a tué son père et épousé sa mère, se crève les yeux. Jocaste se pend. Leurs deux fils doivent régner en alternance, mais Polynice ne joue pas le jeu et déclare la guerre à son frère. Polynice est tué. Créon, frère de Jocaste prend le pouvoir et déclare l’interdiction d’enterrer Polynice, invoquant le respect des lois de la cité. Antigone passe outre et jette rituellement de la terre sur son frère invoquant le respect des morts et le droit parental. Elle mourra mais la Cité, par la voix du chœur lui donne raison. Le destin malheureux des Labdacides est rappelé par Ismène dans le Prologue de la pièce : « Notre père est mort réprouvé, déshonoré ; lorsqu’il s’est lui-même découvert criminel, il s’est arraché les yeux, et sa femme , qui était sa mère, s’est pendue dans un lieu triste. Et voici nos deux frères qui se sont entre-tués, ne pouvant partager entre eux que la mort, les infortunés ! » 4) Les enjeux de la pièce L’enterrement des morts et son empêchement par le pouvoir semble être le thème central de cette tragédie et va activer une réflexion sur le rapport des individus avec le pouvoir. L’enjeu politique uploads/Litterature/ fiche-pedagogique-antigone-new.pdf

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