I L’ACTUALITÉ POITOU-CHARENTES I N° 53 I 101 histoire ivement critiquée dès ava

I L’ACTUALITÉ POITOU-CHARENTES I N° 53 I 101 histoire ivement critiquée dès avant sa mort en 1654, reléguée dans contemporaine, constituant une pièce essentielle dans l’élaboration du modèle du Romain tel qu’on le repense dans les années 1630, tel qu’un Corneille contribuera à le fixer avec Horace ou Cinna. Au cœur des débats et des avancées de l’époque, Balzac est libre, parle de loin et se construit une influence de premier plan. L’AFFIRMATION DU «MOI» Revendiquant le modèle de Montaigne, il affirme le droit de s’ériger en objet premier de son propre discours, plaidant ainsi pour l’affirmation du «moi» – ce qui ne signifie pas que sa préoccupation première soit de construire le modèle d’un retrait absolu du monde. Bien au contraire, il ne cesse d’œuvrer à l’élaboration d’un nouveau modèle littéraire, linguistique et social, concourant à fixer ou pour le moins à préparer cet idéal d’urbanité qui deviendra bientôt l’«honnête homme». Balzac, c’est d’abord une exigence de style, la volonté d’affirmer sinon d’imposer une conception particulière de la langue et du style, dans la prose notamment. Il sait transposer en français l’héritage de l’éloquence latine, l’«atticisme» de la Rome de la République (cet art consommé de l’allusion, ce souci de brièveté qui font la force de la langue), et l’héritage d’une rhétorique repensée – ses hyperboles sont célèbres, et vite tournées en ridicule. Il est de ceux qui, dès 1627, cherchent à théoriser l’imitation des Anciens, pour en faire le ferment d’une langue, d’une culture et d’une sociabilité modernes. Car ce qui prévaut peut-être surtout, et qui dépasse le domaine littéraire stricto sensu, c’est son goût de l’«urbanité», de la raillerie spirituelle, tout ce par quoi il entend, selon une expression fameuse, «civiliser la doctrine» : savoir parler aux mondains pour leur transmettre et leur rendre accessible un humanisme savant revisité. Il est porté par un souci de l’efficacité du discours, qui évite et le laconisme excessif et la période de trop d’ampleur : un discours à la portée de tous, une langue à partager, un style à faire admirer par l’Europe entière, fait de force et de clarté. Là sont sans doute ses maîtres mots. On les retrouve dans cette formule fameuse, à propos des grands hommes de l’Antiquité : «Leurs paroles étaient des actions, mais des actions animées de force et de courage.» La théorie du théâtre qui achève de s’élaborer vers 1640 porte les traces d’une telle conception, tout comme le climat intellectuel de ces années Richelieu. Le ministre l’aura toujours tenu à distance, jouant plutôt de relations plus étroites avec des «intermédiaires» comme Chapelain ; mais le grand dessein pensé par le pouvoir dans ces années 1630, qui associe esthétique, éthique et idéologie, a su s’appuyer sur cette forte personnalité, qu’on présente souvent comme un indispensable relais entre un héritage humaniste déjà retravaillé par Malherbe et la génération de Boileau. I BIBLIOGRAPHIE Entretiens (1657), éd. B. Beugnot, Didier, 1972 Epistolæ selectæ, éd. et trad. J. Jehasse et B. Yon, Publ. de l’Université de Saint-Étienne, 1990 Œuvres diverses (1644), éd. R. Zuber, Champion, 1995 Le Prince (1631- 1634), La Table ronde, «La Petite Vermillon», 1996 «Critique et création littéraire chez Balzac», XVIIe siècle, 1990, n° 168 «Fortunes de Guez de Balzac», Littératures classiques, 1998, n°33 Par Dominique Moncond’huy GUEZ DE BALZAC un «ermite», le style, la civilité mondaine V l’ombre des «vieilles générations» à la faveur de l’affirmation de la doctrine classique dès avant la fin du XVIIe siècle, la figure de Guez de Balzac a connu depuis quelques décennies une très radicale réévaluation. Balzac (Jean- Louis Guez de) a été perçu très tôt en France et à l’étranger comme un personnage particulier et capital de la république des Lettres. Au reste, c’est de son vivant même que s’est constitué le personnage au delà de la personne, un personnage sinon inventé du moins délibérément et consciemment réécrit : une figure d’écrivain, celle d’un homme vivant en retrait, une figure de pseudo- sage volontiers entretenue, gage d’un pouvoir à distance, qui fut très réel. Car Guez de Balzac, l’«ermite de la Charente», c’est d’abord cet homme de lettres né en Angoulême en 1597, dans une famille noble, promis, après des études à Poitiers et à Paris auprès des Jésuites, à un bel avenir dans l’orbite d’un grand seigneur puis à la Cour, et qui voit cet avenir d’emblée compromis pour avoir pris le parti de Marie de Médicis, la reine mère, à un moment où Louis XIII affirmait son pouvoir. Dès lors, après un séjour littérairement décisif en Italie, il ne tarde pas, dès le milieu des années 1620, à s’auto- constituer en exilé de l’intérieur, cherchant à revenir en grâce auprès de Richelieu en publiant Le Prince en 1631 (mais le texte, émanant d’un homme qui fréquenta les libertins et fut l’ami de Théophile de Viau, déplut ; il est, au vrai, trop ambigu pour ne pas poser problème), sachant surtout s’acquérir quelques fidélités parisiennes essentielles qui vont faire de l’ermite un centre décalé de la vie littéraire. De fait, ses échanges épistolaires avec des hommes d’importance, la publication de ses premières Lettres en 1624 (recueils en 1636, 1637, 1647) qui lui valent un succès important, vont sceller son statut d’«autorité» : exemple unique en son temps, premier modèle moderne au moment où se constituent de nouvelles autorités en matière littéraire et de nouvelles formes d’autorité. Car s’il est l’héritier d’un certain humanisme érudit, Balzac se veut «moderne». Il sera de bien des querelles, fut-ce à distance, y compris de la fameuse querelle du Cid – le Cid dont il prendra tôt le parti, à contre-courant de la toute jeune Académie. Il ne cessera de prononcer jugement sur la littérature Portrait de Guez de Balzac, in Les œuvres diverses du sieur Balzac, Paris, 1644. Médiathèque de Poitiers. uploads/Litterature/ guez-de-balzac 1 .pdf

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