L’ODYSSÉE OU DIVERSITÉ D’AVENTURES, RENCONTRES ET VOYAGES EN EUROPE ASIE ET AFR

L’ODYSSÉE OU DIVERSITÉ D’AVENTURES, RENCONTRES ET VOYAGES EN EUROPE ASIE ET AFRIQUE divisée en quatre parties ; Par le sieur DU CHASTELET DES BOYS. LA FLÈCHE 1665 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. spenatto@club-internet.fr à partir de volumes de la Revue Africaine scannés à Alger par : Mustapha BACHETARZI fmbachetarzi@yahoo.fr D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. — 3 — L’ODYSSÉE. OU DIVERSITÉ D’AVENTURES, RENCONTRES ET VOYAGES EN EUROPE, ASIE ET AFRIQUE, divisée en quatre parties ; Par le sieur DU CHASTELET DES BOYS. Tel est le titre d’un vieil ouvrage fort curieux et devenu très- rare, dont une partie a trait à l’histoire d’Alger sous la domina- tion turque. Notre collègue et ami, M. Louis Piesse, l’auteur de l’excellent Itinéraire de l’Algérie, en a découvert récemment deux exemplaires, l’un à la Bibliothèque Impériale (G 405, petit in-4° parchemin) ; l’autre à la Bibliothèque Ste Geneviève (G. 681, petit in-4°, parchemin). L’Odyssée, imprimée à la Flèche en 1665, chez Gervais Laboe, ne se trouvant plus dans le commerce, peut pas- ser pour inédite ; M. Piesse a donc rendu un véritable service à la science en adressant à la Revue africaine la copie qu’il en a faite à son intention, copie circonscrit, bien entendu, à la seule partie qui puisse intéresser nos lecteurs, et que nous publions ci-après. Le style prétentieux et alambiqué de cet auteur se compliquait d’une orthographe aussi déréglée que son imagination et que nous avons dû rectifier pour que l’ouvrage devint compréhensible. A cela près, nous avons reproduit scrupuleusement le texte de l’ouvrage, même l’épître dédicatoire et la préface qui caractérisent si bien dès le début la manière de l’auteur. C’est un écho renforcé des salons de l’hôtel Rambouillet ; et très-certainement les précieu- ses de Molière se seraient pâmées d’aise devant ce portrait tracé, par le sieur Des Boys, du corsaire nègre qui lui fit l’honneur de le dépouiller, lors de la capture de son navire : C’était, selon lui, un charbon animé de deux pilules d’ivoire, hideusement se mouvant… On voit que notre auteur, au point de vue du style, est un des anneaux qui rattachent le langage précieux du 17e siècle au roman- tisme moderne de mauvais aloi. — 4 — Par le fond, la publication qu’on va lire fait naturellement suite aux récits d’Aranda sur la piraterie algérienne et sur l’escla- vage chrétien ; elle comble donc une lacune assez importante dans cet ordre de faits. C’est un genre de mérite qui rendra sans doute le lecteur indulgent à l’égard des bizarreries de la forme. A. BERBRUGGER. A Monseigneur, Monseigneur de la Vrillière, Secrétaire d’État, Monseigneur, La moins excusable de toutes les erreurs de mon Odyssée, est l’offre que je fais à votre Grandeur des Mémoires de mes voyages : mais se trouvant des enfantements uniques d’occasion, qu’il faut nécessairement élever, quelques mal-faits qu’ils se reconnaissent: ce livret, Monseigneur, est de cette nature, dont je regretterais l’es- sor, sans le désir passionné de publier en même temps la faveur de votre Grandeur, qui m’a substitué dans la place de l’un de mes On- cles d’alliance, par la continuation de votre protection. Sa mémoire nous sera éternellement précieuse, ayant fi ni sa vie de même façon que s’achèvera la mienne. Vous ne désagréerez pas, Monseigneur, la marque légitime du devoir de l’Auteur, qui ne fait estime du re- couvrement de sa liberté, que pour vous la sacrifi er, avec la protes- tation de préférer à toutes sortes de qualités, celle de, Monseigneur, Votre très-humble, très-obéissant et très-obligé Serviteur Du Chastelet Des Boys. Au Lecteur, Ami, Ennemi ou indifférent ! Si, le premier, excuse le style Milésien(1) et barbare de mon Odyssée; si, le second, je n’entre- prends pas de te plaire, crainte de te déplaire davantage, en faisant ____________________________________________________________ (1) On voit que le sieur Des Boys connaissait, ses auteurs et qu’il avait appris de Virgile, d’Ovide, etc., le sens des expressions Milesiae fabulae, ou Milesiaca. — N. de la R. — 5 — et disant mieux ; l’ennui et la haine ne brillent que par le moyen d’un flambeau empoisonné, qui ternit plus qu’il n’éclaire. Si tu es de ces derniers, comme je m’assure, tu me laisseras en l’état où je suis : tu y gagneras ne te fâchant point en lisant ces mémoires ; ta bonne humeur, ou du moins indifférente, te restera sans faire tort à personne, pas mémé à toi-même. Qui que tu sois, néanmoins, si tu as la patience de lire les quatre parties de mon livre, je te souhaite toute prospérité, priant celui qui donne la vie, et qui la conserve, que lu les puisses relire encore une fois sans lunettes, à cent ans d’ici Quant à présent, ne t’incommode point, et vis plus content à l’avenir, que je n’ai fait par le passé. Adieu. ORDRE GÉNÉRAL DE TOUTE L’ODYSSÉE DIVISÉE EN QUATRE PARTIES. La première partie contient le retour du siège d’Arras ; le séjour d’Orléans, et reprises d’études ; entrée de l’auteur dans la maison paternelle, sortie du pays ; embarquement et prise par les corsaires de Barbarie. La seconde partie, débarquement en Alger ; détention dans le palais du Bassa (pacha) ; venditions diverses de sa personne. Ses courses sur mer, et voyages par terre ; son rachat, embarquement et retour en France(1). PREMIÈRE PARTIE(2). XXIIe RENCONTRE. Chasse d’une caravelle turque à notre navire, suivie de six autres vaisseaux. Combat, abordage et prise. Le vent, de plus en plus propice, porta bientôt notre patache ____________________________________________________________ (1) Les troisième et quatrième parties ne figurent ici qu’à titre de sommaires. La fin de la première partie et la deuxième partie tout entière forment l’histoire com- plète de la captivité de notre héros en Afrique. — Note de M. Piesse. (2) L’ordre général de l’Odyssée est suivi d’une table des matières — 6 — à la vue des îles de Bayonne et peu après de celles de Berlingues, dont nous étant un peu écartés afin de doubler commodément le cap de la Roque, l’un de nos matelots monte à la hune, secondé de ses lunettes d’approche, donna avis de la découverte d’une cara- velle, allant à voiles et à rames, que la défiance fit passer dans nos esprits soupçonneux pour une frégate Biscaine, sans l’avoisine- ment qui fit discerner les pavillons pointus, et non carrés, semés de croissants, de soleils et d’étoiles, nous la faisant appréhen- der comme corsaire de Barbarie. Les rencontres précédentes et fausses alarmes avaient diminué quelques onces de notre peur, n’étant plus si stupides pour la défense commune. La résolution se prend sans confusion de mettre les canons dehors : le pont de corde s’accommode sans embarras, les bâtons ferrés et demi-pi- ques s’apprêtent sans désordre, les mousquets se distribuent aux passagers, les poignards et pistolets de poche aux matelots, les voiles se déployent, que l’on seringue avec de l’eau, afin de plus grande conservation du vent : et n’y a personne qui ne contribue de bon gré à tout ce que le devoir et l’honneur exigent. La rencon- tre passée nous avait aguerris(1). Les conseils en ce fâcheux rencontre furent néanmoins contrai- res, ou du moins opposés : les uns étant d’avis de gagner la côte; les autres, jeunes et impatiens, de se défendre, même d’attendre l’ennemi, dont le vaisseau aussi petit que le nôtre, ne pouvait avoir tout au plus que six pièces de canon. Quelques-uns se fâchèrent de ce que l’on ne changeait pas de route dès l’heure même; enfin les moins habiles ne manquèrent pas d’invention dans la recherche du salut et intérêt commun. Le dernier et commun concert fut de chan- ger de route la nuit suivante, et ôter sans hasard à notre ennemi le pouvoir de se prévaloir : ce qui fut exécuté avec ferveur, courant dès le soir, à l’Est, jusques au point du jour, qui s’étant éclairci par le moyen du soleil partageant ses rayons à l’un et à l’autre hémisphère, ____________________________________________________________ divisées en vingt-cinq chapitres ou rencontres. Nous copions, à partir de la page 170 et de la 22e rencontre. — Note de M.-Piesse. (1) Il est question au chapitre précédent d’un navire compatriote pris d’abord pour un navire ennemi. — Note de M. Piesse. — 7 — nous fit discerner la même caravelle, que l’obscurité de la nuit avait fait invisible, soit que le hasard ou le destin eussent réglé ses voiles et ses avirons. L’approche subite et imprévue renouvela fort notre inquiétude, faisant avoir recours aux voiles et à la fuite, pendant que chaque moment donne l’alarme, et que la vie et la liberté n’ont plus pour fondement que la légèreté des vents. Six grands vaisseaux parmi le développement embarrassé de nos voiles se développent à nos yeux: les pavillons hollandais arborés sur leurs mâts les fi- rent considérer avec attention uploads/Litterature/ l-x27-odyssee-diversite-d-x27-aventures-rencontres-et-voyages-en-europe-asie-et-afrique-chastelet-des-boys-1665.pdf

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