La bataille d'Hernani est le nom donné à la polémique et aux chahuts qui entour

La bataille d'Hernani est le nom donné à la polémique et aux chahuts qui entourèrent en 1830 les représentations de la pièce Hernani, drame romantique de Victor Hugo. Héritière d'une longue série de conflits autour de l'esthétique théâtrale, la bataille d'Hernani, aux motivations politiques au moins autant qu'esthétiques, est restée célèbre pour avoir été le terrain d'affrontement entre les « classiques », partisans d'une hiérarchisation stricte des genres théâtraux, et la nouvelle génération des « romantiques » aspirant à une révolution de l'art dramatique et regroupée autour de Victor Hugo. La forme sous laquelle elle est généralement connue aujourd'hui est toutefois tributaire des récits qui en ont été donnés par les témoins de l'époque (Théophile Gautier principalement, qui portait à la Première le 25 février 1830 un gilet rouge qui resterait dans l'histoire), mêlant vérité et légendes dans une reconstruction épique destinée à en faire l'acte fondateur du romantisme en France. Si la pièce fut un succès commercial (pas moins de 1 000 Francs de recette par représentation), si elle consacra Victor Hugo comme chef de file du mouvement romantique en même temps qu'elle en faisait la victime la plus célèbre du régime de plus en plus impopulaire de Charles X, ce succès de scandale marqua également le début d'un certain dédain des doctes pour le drame romantique en général, et pour le théâtre de Hugo en particulie. Du côté du Théâtre-Français aussi, après l'interruption causée par la Révolution de Juillet, les comédiens se montrèrent peu pressés de reprendre les représentations d'Hernani. Estimant qu'ils les avaient interrompues trop tôt (la pièce fut arrêtée au bout de trente-neuf représentations), Hugo leur intenta un procès, et leur retira le droit de jouer Marion de Lorme, dont le nouveau régime avait levé l'interdiction qui pesait sur elle. Victor Hugo n'en avait pourtant pas fini avec la censure, officiellement supprimée par le gouvernement de Louis-Philippe : deux ans après Hernani, Le Roi s'amuse, après une unique représentation tout aussi houleuse que celles d'Hernani, fut interdite par le gouvernement, au motif que les « mœurs [étaient] outragés. » Là encore les critiques portaient, non pas sur une versification qui aurait été particulièrement audacieuse, mais sur les partis-pris éthiques et esthétiques de la dramaturgie hugolienne, qui met sur un même pied le sublime et le trivial, le noble et le populaire, rabaissant le premier et élevant le second dans une atteinte au code socio-culturel qui fut souvent vécue par un public aristocratique ou bourgeois comme une agression. Un critique du journal légitimiste La Quotidienne le rappellerait sans détour en 1838 à l'occasion d'un autre scandale, provoqué cette fois par Ruy Blas : « Que M. Hugo ne s'y trompe pas, ses pièces trouvent plus d'opposition à son système politique qu'à son système dramatique ; on leur en veut moins de mépriser Aristote que d'insulter les rois […] et on lui pardonnera toujours plus aisément d'imiter Shakespeare que Cromwell. » uploads/Litterature/ la-bataille-d-x27-hernani.pdf

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