De tragoedia 1. le monologue tragique : Médée d’Euripide à Sénèque La légende d
De tragoedia 1. le monologue tragique : Médée d’Euripide à Sénèque La légende de Médée Fille d'Aiétès, fils d’Hélios, roi de Colchide, et de l'océanide Idyie dont le nom signifie, comme celui de Médée, rusée et savante. Très tôt, Médée, comme sa tante Circé, devint une magicienne habile et une prêtresse d'Hécate. Quand les Argonautes débarquèrent en Colchide, pour conquérir la Toison d'or, ils se heurtèrent à l'hostilité du roi Aiétès, gardien du trésor. Cependant ils reçurent l'appui de Médée, la fille du roi, qui s'était éprise de Jason. Experte en magie, elle donna à son amant un onguent dont il devait s'enduire le corps pour se protéger des flammes du dragon qui veillait sur la Toison d'or. Elle lui fit aussi présent d'une pierre, qu'il jeta au milieu des hommes armés, nés des dents du dragon : aussitôt, les guerriers s'entre-tuèrent et le héros put s'emparer de la Toison. Pour remercier Médée, Jason lui proposa de l'épouser. La magicienne s'enfuit alors avec lui, et, afin d'empêcher Aiétès de les poursuivre, elle tua et dépeça son frère Absyrtos, dont elle sema les membres sanglants sur sa route. Parvenue à Iolcos en Thessalie et reçue en grande pompe, par amour pour Jason, elle se livra à toutes sortes de crimes. Ainsi, elle incita les filles de Pélias, sous prétexte de le rajeunir, à tuer leur père, à le découper en morceaux et à le jeter dans un chaudron d'eau bouillante. Aussi, chassés par Acaste, le fils de Pélias, les deux époux se réfugièrent à Corinthe, où Médée donna le jour à deux fils, Phérès et Merméros. Au bout de quelques années de bonheur, Jason abandonna Médée pour Créuse (ou appelée aussi Glaucé), la fille de Créon, roi de Corinthe. Répudiée et bafouée, Médée médita une vengeance exemplaire. Elle offrit à Créuse une tunique qui brûla le corps de la jeune épousée et incendia le palais; puis elle égorgea ses propres enfants. Après ces crimes, elle s'enfuit à Athènes sur un char attelé par deux dragons ailés, et épousa le roi Egée, dont elle eut un fils. Bannie par Thésée, qu'elle avait vainement tenté de faire périr, elle retourna enfin auprès de son père en Colchide et, selon une tradition, descendit aux Champs-Elysées, où elle s'unit à Achille bas-relief représentant la dextrarum junctio entre Médée et Jason ‘’Médée, l'infortunée! outragée, à grands cris atteste les serments, en appelle à l'union des mains, le plus fort des gages’’ Médée Euripide 1) le prologue de la nourrice : monologue ou soliloque ? Le prologue désigne dans la tragédie grecque le moment qui précède l'entrée du chœur ; marquant le commencement proprement dit de la tragédie, l'auteur expose par la voix d’un de ses personnages le sujet de sa pièce, il y rappelle les événements et les pulsions qui ont placé les personnages ‘’au bord du précipice de l’action’’. Plût aux dieux que le navire Argo n'eût pas volé par-delà les Symplégades bleu sombre vers la terre de Colchide, que dans les vallons du Pélion le pin ne fût jamais tombé sous la hache et n'eût armé de rames les mains des héros valeureux qui allèrent chercher pour Pélias la Toison toute d'or! Ma maîtresse Médée n'eût pas fait voile vers les tours du pays d'Iôlcos, le cœur blessé d'amour pour Jason. Elle n'eût pas persuadé aux filles de Pélias d'assassiner leur père et n'habiterait pas ici en cette terre de Corinthe avec son mari et ses enfants. Elle plaisait d'abord aux citoyens du pays où elle s'était réfugiée et elle vivait dans une entente parfaite avec Jason; or c'est bien là que se trouve la meilleure des sauvegardes, quand la femme n'est jamais en désaccord avec son mari. Maintenant tout lui est hostile; elle est atteinte dans ses affections les plus chères : Jason trahit ses enfants et ma maîtresse et entre dans une couche royale; il épouse la fille de Créon, qui règne sur le pays. Médée, l'infortunée! outragée, à grands cris atteste les serments, en appelle à l'union des mains, le plus fort des gages; elle prend les dieux à témoin de la reconnaissance qu'elle reçoit de Jason. Affaissée, sans nourriture, elle abandonne son corps à ses douleurs; elle consume ses jours entiers dans les larmes depuis qu'elle connaît la perfidie de son mari; elle ne lève plus les yeux ni ne détache du sol son regard; elle semble un roc ou le flot de la mer quand elle écoute les consolations de ses amis. Parfois cependant elle détourne son cou éclatant de blancheur, et, en elle-même, elle pleure son père aimé, sa patrie, son palais, qu'elle a trahis et quittés pour suivre l'homme qui la tient aujourd'hui en mépris. Elle sait, la malheureuse, par son propre malheur, ce qu'on gagne à ne pas quitter le sol natal. Elle abhorre ses fils; leur vue ne la réjouit plus. Je crains qu'elle ne médite quelque coup inattendu : c'est une âme violente; elle ne supportera pas l'outrage; je la connais et j'ai peur qu'elle n'entre sans rien dire dans l'appartement où est dressé son lit et ne se plonge un poignard aiguisé à travers le foie, ou encore qu'elle ne tue la princesse et son mari et qu'ensuite elle ne s'attire ainsi une plus grande infortune. Elle est terrible! Non certes, il ne sera pas facile, à qui aura encouru sa haine, de remporter la couronne de victoire La nourrice de Médée joue surtout les utilités même si une certaine émotion (détectable dans la belle hypotypose) perce au cours de son long monologue, qui tient lieu de prologue. Les premiers mots de la nourrice nous plonge d’emblée dans la tragédie : la prière aux dieux, combinée avec un irréel du passé, puis un irréel du présent indique au lecteur-spectateur la présence inéluctable du fatum ou de la fortuna. Car la tragédie met en scène le héros à l’instant le plus tragique de sa destinée. La suite du monologue, quant à elle, révèle l’enjeu la tragédie : faire naître chez le spectateur la terreur et la pitié pour le purifier de ses mauvais instincts ; c’est ce qu’on appelle la catharsis. Après avoir rappellé les antécédents du drame , sous forme de sommaire, c’est à dire en ne gardant que les éléments de la légende nécessaires à la compréhension de l’histoire, au moment où commence la tragédie …. … la nourrice décrit la douleur de Médée répudiée par Jason. L'accent est mis aussi sur les remords de Médée d'avoir abandonné, Aeétes, son père, et la Colchide, son pays, thème récurrent dans la tragédie et sur l'aversion instinctive que lui inspirent ses enfants : la blessure ressentie par Médée du fait de l’abandon de Jason est d’autant plus douloureuse qu’elle se rend compte qu ‘elle a fait le mauvais choix. ce qui éveille les craintes de la nourrice, bien au fait de l'âme irréductible et impitoyable de Médée, et annonce l'évolution et le dénouement de la tragédie. Dès le début l'accent est mis sur Médée. Jason n'est évoqué qu'anonymement parmi les Argonautes, et comme amant ou conjoint de Médée. Il n'est sujet de phrase que lorsque le texte fait état de sa trahison conjugale). Mieux que par la présence physique d'un second personnage, c'est par le statut de l'énoncé lui- même qu'on distingue le plus clairement le monologue et le soliloque. On conviendra que le monologue désigne le discours tenu par un personnage seul ou qui s'exprime comme tel, s'adressant à lui-même ou à un absent. Tout monologue est ainsi plus ou moins dialogué, car l'on parle toujours à quelqu'un, ne serait-ce qu'à soi-même. 2) Le dilemme tragique : la Médée d’Euripide En quoi le monologue suivant est-il un dilemme tragique ? — Malheur! Que faire ? Le cœur me manque, femmes, quand je vois le regard brillant de mes enfants. Non, je ne pourrais pas. Adieu, mes anciens projets. J'emmènerai mes fils loin du pays. Pourquoi me faut-il, pour torturer leur père par leur malheur à eux, redoubler mes malheurs à moi ? Non, non, pas moi. Adieu, mes projets. Mais quoi ? Je veux être condamnée à la risée en laissant mes ennemis impunis ? Allons! de l'audace! Ah! quelle est ma lâcheté d'abandonner mon coeur à ces faiblesses! Rentrez dans le palais, mes enfants. (Elle lève le bras vers le Soleil.) Celui à qui Thémis interdit d'assister à mon sacrifice, cela le regarde, mais je ne laisserai pas faiblir ma main. Hélas ! Non, mon coeur, non, n'accomplis pas, toi, ce crime. Laisse- les, malheureuse! Épargne tes enfants. Ils vivront là-bas avec moi et seront ma joie. Non, par les vengeurs souterrains de l'Hadès, il n'arrivera jamais que je livre moi-même mes fils aux insultes de mes ennemis. Il faut absolument1 qu'ils meurent; puisqu'il le faut2, c'est moi qui les tuerai, qui les ai mis au monde. C'est chose faite, inévitable3. D'ailleurs, la couronne sur la tête, dans ses voiles, la royale épousée expire; j'en suis sûre, moi. Allons! puisque je vais entrer dans la voie des plus terribles malheurs et leur uploads/Litterature/ la-legende-de-medee.pdf
Documents similaires
-
22
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 04, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1517MB