www.geocities.com/groupedumercredi/fabliau.html La transmission du savoir dans
www.geocities.com/groupedumercredi/fabliau.html La transmission du savoir dans les fabliaux français1[1] au Moyen Âge. La voie / voix implicite Peter Vandendriessche toutes réaction ou question est la bienvenue :-) (ça nous ferait plaisir!) chez groupedumercredi@yahoo.fr ou vikingske@yahoo.fr Introduction Une transmission des savoirs ne doit pas toujours se passer de façon explicite ou intentionnelle afin que les récepteurs dans la communication en tirent profit2[2]. Nous voulons dans ce travail illustrer cette affirmation3[3] par le biais d’une analyse du phénomène des fabliaux. Notre travail aura l’apparence d’une tentative de définition et d’analyse, mais chemin faisant nous indiquerons ce que cette analyse peut nous apprendre sur la vie (quotidienne, culturelle, littéraire, ou autre) de cette époque. Nous organiserons la structure de notre travail autour de la dévise que la rhétorique classique donnait aux orateurs pour leur « inventio », à savoir les questions « quis ?, quid ?, ubi ?, quibus auxiliis ?, cur ?, quomodo ?, quando ?, cui bono ? »4[4] Quid ?5[5] Disons tout d’abord que c’est un genre littéraire et qu’au Moyen Âge on se servait déjà du terme. Maints fabliaux sont désignés tel quel par leurs auteurs6[6], Nykrog7[7] avance l’hypothèse qu’est défini comme fabliau par ces auteurs tout texte qui est « construit sur un thème qui jette un ridicule plus ou moins fort sur 1[1] Adjectif à employer avec beaucoup de circonspection, surtout pour le Moyen Âge ; et même pour toutes les « époques littéraires ». Pour les régions où se pratiquaient les fabliaux, voir ‘Ubi ?’. 2[2] Peut être que déchiffrement serait un meilleur terme vu que la ‘communication’ en question ne nous est pas adressée et qu’elle a son propre con-texte, dont nous voudrons donner quelques indications dans ce travail. 3[3] Nous ne l’appelons pas hypothèse. Énormément de littérature a déjà été consacrée à ce sujet, ne pensons qu’à Dilthey, le (néo-)marxisme, Foucault,… 4[4] Cette démarche va –indirectement- bien dans une étude sur la littérature médiévale, parce que « sa dette envers la rhétorique classique [est] bien connu[e]. » Citation reprise de SERPER, A. 1983. « Fabliaux pour rire » in : Buschinger, D. – Crépin, A. 1983 Comique, satire et parodie dans la tradition renardienne et les fabliaux. Göppinge : Kümmerle Verlag. 7. 5[5] Nous avons changé l’ordre des questions et groupé quelques-unes ensembles, pour faciliter et structurer plus l’analyse. 6[6] Voir JODOGNE, O. - PAYEN, J. C. 1975. Le fabliau et le lai narratif. Turnhout : Brepols. 13. 7[7] NYKROG, P. 1973. Les fabliaux. Genève : Droz. 9. au moins un des personnages, victime d’un bon tour que lui jouent les autres protagonistes de l’intrigue. Mais une définition « une et indivisible » semble difficile Il y a tout d’abord le problème du corpus8[8]. Les différents spécialistes retiennent un différent nombre de « fabliaux » : Montaiglon-Renauld9[9] 152, Bédier10[10] 148, Nykrog11[11] 160 et Jodogne n’en prend en compte que 56, à savoir les fabliaux qui se disent explicitement ‘fabliaux’. Pour un commentaire sur la différence entre les trois premiers voir le commentaire de Jodogne12[12] à ce sujet. Ce problème n’est surtout pas un mineur problème, parce qu’on peut « sélectionner » les textes selon une définition ‘a priori’ ! Peut- être que Rychner13[13] apporte une solution valable au problème épineux qu’est celui de ‘genre’ (en ce qui concerne les fabliaux): « <…> parmi ces [fabliaux] une soixantaine au moins sont qualifi[és] de fabliaux par leurs auteurs14[14], ce qui permet d’induire une idée approximative de ce que le Moyen Âge entendait par ce mot, de se faire une image du genre, à partir de laquelle, procédant par déduction, on peut inclure dans le genre des pièces qui ne sont pas qualifiées expressément de fabliaux, mais qui leur ressemblent comme des frères et méritent, à coup sûr, le même nom de famille. » Attardons-nous quelque peu, avant de continuer notre tentative de définition du genre, sur l’étymologie du mot. Nykrog15[15] nous signale d’abord qu’il est difficile à dire quand le mot a apparu pour la première fois, vu que pour le Moyen Âge on doit recourir à des documents écrits. Il nous dit aussi que « d’un côté la plupart des textes sont difficiles à dater, et d’un autre, les textes16[16] ont souvent couru un certain temps avant d’être consignés dans des manuscrits qui nous les transmettent. ». Il situe ces manuscrits au 13ème et 14ème siècle et affirme que l’emploi de ‘fabliau’ « abond[e] dès le début de cette période ». En effet, au Moyen Âge, la ‘mise en texte’ était loin d’être bon marché ; on pourrait en conclure que seuls les textes qui valent la peine ont été transcrits. Ce qui montre qu’on peut (surtout) situer l’apogée du fabliau lors de cette période. En ce qui concerne l’étymologie même, Nykrog prétend que ce substantif « est dérivé du mot français fable à l’aide du suffixe français -els, -el. Le mot est ainsi de pure formation française, et aucune origine latine directe n’est acceptable, car dans fabellus ou dans fabella, le -b-, se trouvant en position intervocalique, aboutit régulièrement à -v- : favelle. » Ceci est ce que nous dit le TLFi aussi. La définition de Bédier pour fabliau, « conte à rire en vers »17[17] ces vers étant des octosyllabes à rime plate, est fameuse et à maintes reprises contestée. En premier lieu, parce qu’elle est trop simple et aussi parce que, 8[8] Voir l’article « La définition du fabliau dans les grands recueils » de la main de Nico van den Boogaard pour une étude des 4 manuscrits les plus fructueux de fabliaux et de leur définition imminente de ‘fabliau’. 9[9] de MONTAIGLON, A. – RAYNAUD, G. 1872-1890. Recueil général et complet des fabliaux des XIIIe et XIVe siècles imprimés ou inédits. 6 vol. Paris : Libraire des bibliophiles. 10[10] BÉDIER, J. 1895². Les fabliaux. Études de littérature populaire et d’histoire littéraire du moyen âge. Bibliothèque de l’École des Hautes Études 98. Paris : Bouillon. 11[11] NYKROG, P. op. cit. 14-18. 12[12] JODOGNE, O. – PAYEN, J. C. op. cit. 11-14. 13[13] RYCHNER, J. « Les fabliaux : genre, style, publics » In : Université de Strasbourg. 1961. La littérature narrative d'imagination: des genres littéraires aux techniques d'expression. Paris : PUF. 41. 14[14] Méfions nous tout de même, comme Nykrog le fait à la page 10 et 11 de son livre et comme, avouons-le, Rychner fait de même : tout texte appelé fabliau par son auteur n’en est un ! 15[15] NYKROG, P. op. cit. 3-4. 16[16] Ils considèrent donc les fabliaux comme des textes, même s’ils ne sont pas écrits. Tout signe peut être considéré comme un « texte ». comme Jodogne18[18] le dit, « seul le caractère plaisant distinguerait le fabliau de tant de récits octosyllabiques que nous appelons romans, lais ou contes tout simplement. ». Alors il nous donne deux éléments pour rendre la définition plus efficace et distinctive des autres genres : « <…> le fabliau est constitué d’une ou de plusieurs anecdotes enchaînées, structurées chacune en fonction d’un unique motif central. C’est ce qui le distingue du roman, plutôt biographique » et « <…> le fabliau est pétri de trivialité. Nous entendons par là l’absence totale de féerie, de poésie, de valeur symbolique sans que nécessairement ce terre-à-terre soit toujours de la grossièreté ou de la grivoiserie. » Sur la page suivante de son livre, il donne sa propre définition du fabliau : « le fabliau est un conte en vers où, sur un ton trivial, sont narrées une ou plusieurs aventures plaisantes ou exemplaires, l’un et l’autre ou l’un et l’autre. ». Nykrog19[19] ajoute à la définition de Bédier, que le fabliau « doit appartenir à la littérature française médiévale et qu’il doit être relativement court, tout au moins qu’il doit en principe se borner à raconter un seul incident et ses conséquences immédiates. ». La thèse principale de Nykrog est que le fabliau serait un burlesque courtois. Thèse qui sera dénié dans le paragraphe suivant. Mais attardons-nous d’abord sur la nature peu stricte du fabliau. Il paraît donc de toute la discussion sur quels textes seraient « fabliaux » ou non, que le genre n’a jamais strictement été codifié. L’appellation comme fabliau par des auteurs de certains de leurs textes reposerait donc plutôt sur une intuition de ce qu’est un fabliau que sur une définition stricte. Ceci est la supposition de Rychner20[20]. Il donne comme cause que « les arts poétiques scolaires, s’ils ont pu donner quelques recettes à quelques auteurs lettrés, sont restés sans influence réelle sur le mouvement vivant de la littérature en langue vulgaire. ». Nous pensons que ce manque d’influence de quelle institution21[21] littéraire que ce soit est aussi dû au fait qu’il n’est pas encore question d’un État français, supposition qui nous est inspirée par Casanova22[22]. « Il existe un lien organique, ou d’interdépendance, entre l’apparition des États nationaux, l’expansion des langues vulgaires <…>, et la constitution corrélative de nouvelles littératures [id est de nouveaux champs]. » On remarquera après le Moyen Age, que les différents états essaient de se uploads/Litterature/ la-transmission-du-savoir-dans-les-fabliaux-francais-au-moyen-age.pdf
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- Publié le Nov 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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