1 Structure littéraire du livre de l'Apocalypse Introduction Dans ce préambule,

1 Structure littéraire du livre de l'Apocalypse Introduction Dans ce préambule, je vais examiner la manière dont le livre de l'Apocalypse est organisé. Je vais considérer le livre de l'Apocalypse d'un point de vue structural, en relevant la manière dont ce livre est agencé en blocs. La structure littéraire proposée imposera une contrainte forte quant au choix de l'école d'interprétation que je suivrais ensuite au long du commentaire. L'analyse littéraire du texte est donc fondamentale (au sens fort)1. La composition originelle du livre offre un panorama qu'il est difficile, voire impossible à comprendre sans une clé/grille de lecture. La structure de ce merveilleux livre (conclusion de la Bible), se propose d'être cette clé/grille qui dévoile une compréhension du texte qui le rend accessible et, au-delà, qui permet de revisiter en les ordonnant les prophéties de l'ancienne Alliance. Structuration littéraire de l'Apocalypse Introduction Quand on lit le livre de l'Apocalypse, on y trouve des séries de sept : les sept églises, les sept sceaux, les sept trompettes, les sept coupes, etc. De plus, ces séries de sept sont (presque) toutes précédées d'une introduction, ce qui donne un premier élément de macro-structuration simple : Série de sept Introduction 1 2 3 4 5 6 7 Les sept églises Les lettres adressées aux sept églises sont au préalable introduites par Jean (Apo.1:9-20), ce qui donne la structure suivante (Volet n°1) : Introduction Série de sept églises Apo.1:9-20 2:1-7 Éphèse 2:8-11 Smyrne 2:12-17 Pergame 2:18-27 Thyatire 3:1-6 Sardes 3:7-13 Philadelphie 3:14-22 Laodicée Beaucoup de commentateurs s'accordent à penser que cette première série peut se lire de manière séquentielle (prophétique et historique) et qu'elle couvre l'ère messianique s'étalant entre les deux venues du Messie Jésus. C'est le point de vue que j'adopterai pour la suite du commentaire. Les sept sceaux et les sept trompettes 1 J'ai analysé les deux livres de Nils Wilhelm Lund, dont les résultats m'ont conforté dans les choix que j'avais faits : 1°) Chiasmus in the New Testament : a study in the form and function of chiastic structures (1942, 1970 ; l'Apocalypse y est analysée dans les chapitres XVII à XXI) ; 2°) Studies in the book of Revelation (1955) entièrement dédié à l'étude du livre de Jean. 2 La vision des sept sceaux est introduite par la vision de Celui (i.e. le Père) qui est sur le trône (Apo.4) et qui donne ensuite le livre scellé de sept sceaux à l'Agneau (i.e. le Fils : Apo.5). Les quatre premiers sceaux forment un ensemble, celui des quatre Cavaliers (Apo.6:1-8), d'où le tableau suivant : Introduction Série de sept sceaux Apo.4-5 sceaux 1-4 5 6 7 Une première complication apparaît : le septième sceau (introduit en Apo.8:1) contient une nouvelle série, celle des trompettes (Apo.8:2-11:19). Introduction Série de sept sceaux 7 Intro. Série de sept trompettes Apo.4-5 1-4 5 6 Apo.8:2-6 1-4 5 6 7 Une deuxième complication tient en ce que Jean, dans chacune de ces séries de sept, a introduit un intermède qui rompt le fil du texte2. Le premier intermède (Apo.7) est intercalé entre les 6ème et 7ème sceaux. Le second intermède (Apo.10:1-11:13) est intercalé entre les 6ème et 7ème trompettes. Introduction Série de sept sceaux 7 Intro. Série de sept trompettes Apo.4-5 1-4 5 6 Apo.7 1er intermède Apo.8:2-6 1-4 5 6 Apo.10-11a 2nd intermède 7 Les trompettes se classent en une première série de quatre, tandis que les trois autres trompettes sont qualifiées de trois malheurs (Apo.8:13, 9:12 et 11:14). Jean a voulu rendre évident le parallélisme entre le jugement des sceaux et celui des trompettes. Les chapitres d'Apo.4-11 forment une narration qui se lit selon une fresque prophético-historique. Une question fondamentale est de savoir si cette fresque (Apo.4-11) suit la précédente (Apo.2-3), ou lui est historiquement parallèle. Pour montrer cela, je vais relever certains versets et en proposer une interprétation aussi simple et directe que possible. Ces versets correspondent à des moments clés dans le récit prophétique. Il n'est demandé au lecteur à ce stade que de suivre la démarche et d'en juger à la lumière de la seule Parole. Ainsi, l'introduction (Apo.4-5) de la série des sept sceaux (Apo.6-11) montre le Père céleste remettant un livre scellé à l'Agneau immolé. Après Sa 2 N. W. Lund a également signalé l'existence de ces deux premiers intermèdes qu'il appelle quant à lui projections. Voir Chiasmus, p.326, 356 et 374. 3 résurrection, le Fils de Dieu a été trouvé digne d'ouvrir ce livre de jugements3. La scène introductive d'Apo.4-5 se situe donc au début de l'ère messianique. Cette cérémonie d'ouverture des sept sceaux se conclut avec le septième sceau, lui-même composé des sept trompettes. Or, nous dit l'apôtre Paul, c'est à la dernière trompette qu'aura lieu la résurrection des morts4. Il est donc raisonnable là encore de penser que la dernière trompette (incluse elle- même dans le dernier sceau) termine l'ère messianique. Sur cette base, il restera à expliquer pourquoi on trouve dans le deuxième volet deux séries de jugements enchâssées l'une dans l'autre et pourquoi les séries des sceaux et des trompettes sont chacune interrompues par un intermède (respectivement Apo.7 et Apo.10:1-11:13). Ère messianique Thèmes Volet n°1 Apo.1:9-3:22 Sept églises Volet n°2 Apo.4-11 Sceaux & trompettes Les trois signes Viennent ensuite trois signes : la femme (12:1) et le dragon (12:3), puis sept anges (15:1) introduisant les sept coupes de la colère de Dieu (Apo.16). Premier signe (Apo.12:1) Deuxième signe (Apo.12:3) Troisième signe (Apo.15:1) femme dragon sept anges Les deux premiers signes annoncent d'une double guerre, entreprise par le dragon contre la femme (Apo.12), puis par les champions du dragon (i.e. les deux bêtes) contre la semence de la femme (cf. Apo.12:17). Les chapitres 12 et 13 de l'Apocalypse constituent donc une seule unité littéraire. Avant le troisième signe (Apo.15-16), on trouve un troisième intermède (Apo.14), intercalé entre le deuxième (Apo.12-13) et le troisième signe. Le troisième signe (Apo.15-16) est constitué d'une introduction (Apo.15) suivie d'une série sans interruption de sept jugements (coupes : Apo.16). Sous forme de tableau, nous trouvons ceci pour les trois signes : Apo.12-13 Apo.14 Apo.15-16 1er et 2ème signes intermède 3ème signe sept anges aux sept coupes Intro. série de sept coupes femme & dragon bêtes & semence de la femme Agneau & 144000 Apo.15 1 2 3 4 5 6 7 Nous trouvons ensuite un chapitre (Apo.17) faisant apparaître deux personnages : Babylone la grande cité et la bête de l'abîme, version singulière de 3 Cf. Jean 5:22 : le Père ne juge personne ; mais il a donné tout jugement au Fils (Martin). 4 Cf. 1 Cor.15:51-52 : Voici, je vous dis un mystère : nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous transmués ; En un moment, et en un clin d'œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transmués (Martin). 4 la Belle et la Bête ! Apo.17 se situe en retrait de l'arc principal du récit (Apo.12- 19) et nous invite à prendre du recul par rapport à la Prostituée et à la bête qu'elle chevauche. Je propose d'en faire le 4ème et dernier intermède. Les quatre intermèdes L'identification des intermèdes, désormais au nombre de quatre, est maintenant confortée par la mise en parallèle thématique suivante : Premier intermède Apo.7 : 144000 & foule Troisième intermède Apo.14 : 144000 & moisson Deuxième intermède Apo.10-11a : deux témoins & bête de l'abîme Quatrième intermède Apo.17 : Babylone & bête de l'abîme On constate que les intermèdes premier (Apo.7) et troisième (Apo.14) d'une part, mais aussi second (Apo.10-11a) et quatrième (Apo.17) d'autre part, renvoient à des thèmes communs : 144000 élus (à définir) complétés par une grande foule ou une grande moisson, ou bête de l'abîme confrontée aux deux témoins ou à Babylone. Parousie du Messie Jésus Apo.18-19 nous mène de la chute de Babylone au retour de Jésus. Une nouvelle question se pose ici : quel est le rapport de cet ensemble de visions (Apo.12-19) par rapport au précédent (Apo.4-11) ? Lui est-il consécutif ou parallèle ? Une réponse est proposée ci-dessous. Le chapitre 12 de l'Apocalypse commence avec la vision d'une femme qui enfante le Messie. Ce Fils est appelé à gouverner toutes les nations avec une verge de fer (Apo.12:5 ; cf. Ps.2:9). Cet Enfant fut enlevé vers Dieu et vers Son trône … ce qui est précisément ce que nous avons lu dans l'introduction du deuxième volet (Apo.5). Ces éléments nous indiquent qu'avec Apo.12, nous sommes à nouveau au début de l'ère messianique. Le récit se poursuit avec l'avènement des deux bêtes (Apo.13) puis des coupes de la colère de Dieu (Apo.15-16). Notons que le vocabulaire des plaies décrites dans le dernier jugement des coupes (Apo.16:17-21 : éclairs, voix, tonnerres, tremblement et grêle) est exactement celui de la septième et dernière trompette qui conclut le deuxième volet (Apo.4-11)5. La dernière coupe termine donc l'ère messianique et a le même terminus que la dernière trompette. Qui plus est, ce volet (Apo.12-19) se conclut avec le retour (Parousie) de notre Maître Jésus le Messie (Apo.19:11- 21) uploads/Litterature/ literary-structure-of-revelation-in-french.pdf

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