La recherche de l'identité du corps. Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'hi
La recherche de l'identité du corps. Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 Introduction Nous vivons dans une réalité qui nous confronte quotidiennement à l'image. La publicité, internet, la télévision, les revues, les journaux, les affiches. Nous-mêmes nous nous confrontons constamment à nôtre image et à celle des autres. On se regarde dans le miroir, on regarde les magazines, les affiches publicitaires, on crée des profils virtuels, on prend des photos de nous, on les retouche, on modifie images et informations pour montrer certain aspects et en cacher d'autres. Dans ce monde fait d'images et d'apparences en continue mutation on ne sait plus où chercher nos repères. L'identité paraît alors une chimère qui n'a plus vraiment de visage; une sorte de créature mythique que chacun peut redessiner à sa façon. Cette image de la chimère à souvent traversé mon travail personnel, en y laissant des traces plus ou moins marquées, mais sans être vraiment définie. Elle est plutôt un concept, un élément de passage et de comparaison entre des question que je me pose par rapport à moi- même et par rapport à la société dans la quelle nous vivons. Dans ce dossier j'ai voulu créer un dialogue entre des extraits de l'ouvrage Corps, Art et Société – chimères et utopies et le travail de l'artiste Orlan. Ce parallèle me permet de créer une trace qui parle d'un problème identitaire de notre société; j'ai organisé ce discours en partant du travail d'Orlan qui est à mon avis une critique et une métaphore de cette problématique. L'oeuvre-Orlan devient le noyau de ce travail, mais je précise que mon but n'est pas de présenter cette artiste mais de me rattacher à son parcours et à son idéologie pour me rapporter à des problématiques culturelles de notre société que d'autres artistes que je vais citer ont traité également. Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 « Nous avons muté et nous sommes perdus dans un monde que nous avons construit. Pourtant, on pourrait ne pas être aussi pessimistes er regarder ce nouveau modèle comme l'irruption d'une pensée enfin autre. L'Occident à toujours cherché l'"autre", ailleurs, pour l'assimiler, il est peut-être là, à notre portée, superbe et terrifiant, car nous sommes devenus exotiques et incompréhensibles à nous-mêmes. (…) nos inquiétudes dans une société où il faut complètement réinventer l'idée, de règles, d'éthique, de Loi, en même temps que d'amour car rien ne fonctionne plus. Dans ce contexte, les artistes, metteurs en scène de « la Chose » - du « non-nommé » -, montrent l'ambiguïté dans laquelle nous vivons et la nécessité de ne pas en gommer les risques. Le monstrueux, récupéré pour son aspect médiatique, apparaît comme le dernier bastion d'une forme d'art subversif (…) montrant les travers et les abus de pouvoir (...) » (PEARL Lydie, Corps, Art et société, pp.127-128) Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 Les Opérations Carnavalesques d'Orlan « Arlequin se déshabille... il vient de laisser tomber à ses pieds le manteau bigarré. Une autre enveloppe nuée apparaît alors... Arlequin continue donc de se déshabiller. […] Arlequin est hermaphrodite, corps mêlé, mâle et femme... l'androgyne nu […] Sphinx, bête et fille ; centaure, mâle et cheval ; licorne, chimère corps composite et mélangé... (...) » (SERRES Michel, texte de préface de Le Tiers-Instruit , in Corps, Art et société, p. 151) image: Orlan pendant la 5ème opération; source: http://www.prometeogallery.com/wp-content/uploads/2000/06/ORLAN_Fifth-Surgery- Performance-Operation-433x650 (LAFARGUE Bernard, Corps, Art et société, pp.150-151) (LAFARGUE Bernard, Corps, Art et société, p.153) Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 Ces mise en scène carnavalesques et baroques, pourraient paraître à première vue comme une grotesque critique à la chirurgie esthétique, une mise en ridicule dans l'extravagant et l'absurde. Le travail d'Orlan cherche pourtant à communiquer bien plus que ça. Dans le film documentaire Orlan – Carnal Art, Pierre Restany parle ainsi du travail chirurgical d'Orlan: « Pour que cette métamorphose soit crédible il faut (...) que l'autre - c'est à dire le spectateur, le publique - la considère comme telle. Et pour cela il ne faut pas que l'opération puisse paraître comme un faite élitiste, un jeu culturelle à vocation purement conceptuelle. Il faut véritablement que le jeu s'installe dans l'opération et s'y installe au niveau plus primaire, il faut véritablement que cette opération soit une fête, comme doit l'être d'ailleurs toute série de structures en changement qui créent, en effet, le phénomène de l'altérité. Elle ne fait que de médiatiser au niveau du jeu interactif le rapport capital sujet-objet. Il est aussi, cet objet, le produit d'une prise de conscience totale de la part du sujet, qui dirige toute l'opération en assistant à l'intervention chirurgicale et en construisant de quelque sorte le ballet évènementiel qui se produit dans la salle d'opération au tour de cette intervention. L'objet-Orlan devient la matière première de la métamorphose avec ce phénomène de dédoublement, de dichotomie entre la super-conscience du sujet et disons la super-disponibilité de l'objet qui devient vraiment la matière première de l'opération à la fois médiatique, linguistique, psychologique, existentielle. » (Orlan – Carnal Art, 00:31:24) image: Orlan pendant sa 7ème opération: Omniprésence; source: http://docentes2.uacj.mx/fgomez/museoglobal/photogallery/O/orlan/orlan%20ciru.jpg Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 Métamorphose, Beauté et Monstre Le discours de la métamorphose reste très énigmatique. Le questionnement par rapport au « sujet-objet », quand on parle de corps, est inévitable. « La métamorphose à la différence du corps de la chimère ne maintient pas la double voie biologique: elle transforme seulement la forme du corps (…) » (ANDRIEU Bernard, Corps, Art et société, p. 82) (ANDRIEU Bernard, Corps, Art et société, p. 82) image: Dennis Abner aka Catman; source: http://www.popcrunch.com/wp-content/uploads/2010/10/dennisavner Cet extrait nous fait réfléchir sur la position du corps par rapport à l'âme. On vit dans une culture qui attache une importance presque morbide au corps-image, et les interventions de chirurgie esthétique en sont l'éloge et l'exaltation. Orlan parle de ce phénomène à travers son travail, mais en 1993 elle décide de prendre une position radicale au sujet des formes de beauté produites (ou demandées) par la chirurgie esthétique. Voici ce qu'elle affirme avant sa 7ème opération: « (...) là je pense que vais aller très loin et qu'il n'y aura aucune ambiguité avec le problème de la recherche de la beauté. Mon travail est une critique par rapport à la beauté, une critique par rapport à la chirurgie esthétique telle qu'elle est employée. » (Orlan – Carnal Art, 00:24:18) Elle décide de se faire implanter dans le front deux bosses, « deux petites cornes de satyre » (LAFARGUE Bernard, Corps, Art et société, p. 153), ce qui casse définitivement le risque de tomber dans des formes de beauté standardisé. Cette nouvelle forme « monstrueuse » ou « démoniaque » pour certain, ouvre, ou plutôt change la vision d'être humain et peut-être encore plus de femme qu'Orlan occupe. image: « Affiche pour la ligne de sous-vêtements « Sloggi » produite par la maison Triumph International. Campagne de l'agence publicitaire Blue Spirit, Zürich, 2003. Cette campagne publicitaire a donné lieu en Suisse à un vif débat sur l'opportunité d'afficher une perfection corporelle hors de porté du commun. » depuis l'ouvrage: Body Extensions, p. 28 Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 « Originellement, Orlan était une femme, qui certes n'était pas laide, mais qui, disons, avait une beauté normale. Elle va changer d'apparence physique, non pas pour devenir plus belle – comme beaucoup d'opérations esthétiques trouves leur motivation – mais simplement pour être autre et pour retrouver une nouvelle normalité dans la différence. » (Orlan – Carnal Art, 00:28:33) En rapport à l'idée du monstre qui à pu surgir lors des opérations 7, 8 et 9 d'Orlan, je trouve intéressant le passage suivant: (LAFARGUE Bernard, Corps, Art et société, pp.130-131) image: Orlan avec ses deux « bosses » frontales, photo de Elyasaf Kowner, 1998; source: http://www.kowner.com/portraits/images/orlan Orlan se transforme en « femme-monstre »; elle joue avec sa féminité en portant en même temps des traces inhumaines, primitives. Cette figure peut également nous ramener à la série de photos S.O.S Starification Object Series de Hannah Wilke, où elle colle des chewing-gums sur son corps qu'elle prend en photo en imitant des poses de pin-up. Les photos noir et blanc deviennent une juxtaposition de glamour et de traces qui peuvent ramener au scarifications tribales. Image; images de la série S.O.S. Starification Object Series, Hannah Wilke, 1974; source: http://krose17.files.wordpress.com/2008/03/wilke Gianni Naegeli - Dossier d'évaluation d'histoire de l'Art semestre1 - 2011-2012 Narcissisme (MEYSSAN Cécil, Corps, Art et société, p. 62) Comme le dit ce texte, le narcissisme pour vivre à besoin d'être dans un continu rapport d'insatisfaction; la même insatisfaction qui nous est donnée par le monde éphémère et idéalisée de l'image publicitaire. « (…) que ce soit narcisse ou que ce soit exhibitionniste, ou que ce soit... ce n'est pas très important. Pour être un chanteur ou une chanteuse, ou pour faire du cinéma, il faut être très... très uploads/Litterature/ orlan.pdf
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- Publié le Dec 30, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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