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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques. http://www.jstor.org Presses Universitaires de France A PROPOS DE QUESTIONS IV DE HEIDEGGER Author(s): Jean Beaufret Source: Les Études philosophiques, No. 2, LE STATUT ÉPISTÉMOLOGIQUE DES SCIENCES HUMAINES (AVRIL-JUIN 1978), pp. 235-245 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20847480 Accessed: 22-10-2015 17:53 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 22 Oct 2015 17:53:43 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions ?TUDE CRITIQUE A PROPOS DE QUESTIONS IV DE HEIDEGGER Les Fran?ais n'ont point d'existence personnelle ; ils ne pensent et n'agissent que par masses, chacun d'eux par lui seul n'est rien. j.-j. Rousseau. Les lignes qui suivent ont ?t? motiv?es par une ?tude de M. Alain Renaut parue dans le dernier num?ro des Etudes philosophiques (n? 4, octobre-d?cem bre 1977, pp. 48 5 ? 492) et intitul?e : La/m de Heidegger et la t?che de la philosophie. Signalons au d?part qu'elles ne concernent que les pp. 485 ? 488 de cette ?tude, car, sur le reste, je n'ai rigoureusement rien ? dire. Ce sont seulement les quatre premi?res pages qui me paraissent appeler quelques remarques de ma part, ces pages traitant du cas des traducteurs de Questions IV dont il se trouve que je suis. Tout le d?but du texte de M. Renaut s'attache ? cr?er, autour de Questions IV, une atmosph?re de suspicion. ? Quoique autoris?e par Heidegger, cette publi cation appartient-elle ? son uvre ? ? (p. 485). Publi?s sans que soit indiqu? le nom des r?dacteurs, les protocoles des S?minaires du Thor et de Z?hringen auraient d?j? fait ? reculer ? des lecteurs pourtant avertis qui soup?onnent des Anonymes de ? v?hiculer ? par exc?s de z?le de pseudo-formulations de Heidegger ? comme bel et bien siennes ? (ibid.). Disons d'entr?e de jeu que parler ainsi c'est r?ver les yeux ouverts. Ce que les pr?tendus Anonymes ont ? v?hicul? ? jusqu'? le confier ? un ?diteur, ce sont simplement des Protocoles r?dig?s au jour le jour et dont Pauthentification provient de ce qu'ils ont ?t? lus un ? un devant Heidegger qui, ? l'?poque, a fait des remarques concernant leur contenu, qui ensuite les a eus en main, et enfin a d?sir? qu'une traduction allemande, faite en accord avec lui-m?me, f?t publi?e, ce qui eut lieu en 1977. Il est vrai qu'? l'?dition fran?aise, qui a pr?c?d? de plus d'un an l'?dition alle mande, a manqu? qu'un responsable de la composition ait ?t? d?sign?. D'o? un certain d?faut de coordination, chacun ayant travaill? de son c?t?. A quoi l'?dition allemande (Klostermann, 1977), dont le responsable est Curd Ochwadt, a heureusement rem?di?. Serait-ce trop demander aux lecteurs que de s'y reporter sans mauvais gr?, et en particulier aux pp. 150 et 151 ? L'essentiel, aux yeux de M. Renaut, n'est d'ailleurs pas l?. Il tient plut?t les textes dont, sur la base des d?fauts ?vidents de l'?dition fran?aise, il croit Les Etudes philosophiques, n? 2/1978 This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 22 Oct 2015 17:53:43 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 236 Jean "Beaufret devoir suspecter Pauthenticit?, pour symptomatiques. Car ? ses yeux la gau cherie parfois juv?nile des Protokollanten d?nonce d'autant mieux ? un il exerc? l'abri dans lequel Heidegger, qui est, comme le Sophiste de Platon, un bien plus rus? renard que ses disciples na?fs, excelle ? se barricader et dont ne peut le d?busquer qu'un ? d?montage interne ? (p. 486) de sa propre pens?e. Quant aux textes eux-m?mes, ils ne font que produire ? un des visages les plus insidieux de l'hagiographie, qui retarde le d?bat de fond avec une pens?e dont, sans un tel d?bat, la port?e ne peut pourtant ?tre reconnue ? (p. 487). Un des tours de Y hagiographie ou de la sacralisation, dans quoi donneraient ? fond, para?t-il, les ? traducteurs de Questions IV? est ? son tour le ? culte de la bizarrerie ? (p. 486) qui elle-m?me prend ais?ment les formes de la pr?ciosit? ou de l'archa?sme. Il y a, certes, dans la parole de Heidegger, comme dans celle de tout grand penseur, quelque chose d'insolite. Mais la bizarrerie en est la caricature maladroite. M. Renaut en donne deux exemples. Le premier, il l'emprunte ? une traduction due ? Jean Lauxerois et Claude Ro?ls qu'il s'abstient de nommer clairement. Le second, c'est ? moi-m?me qu'il l'emprunte sans davantage me nommer. C'est pourquoi je me propose, au lieu de cultiver plus avant le clair-obscur, d'examiner d'abord les deux traductions d?nonc?es pour ensuite aborder, ? partir de l?, des questions un peu plus g?n?rales. i? Nous lisons dans le texte de M. Renaut (p. 486) : ? Traduire Gefahr chez Heidegger, par ? p?ril ? est seulement inexact, mais que dire de la transcription de das Nachstellen par ? la traque ? ? ? Que dire ? signifie, d'apr?s le contexte : Quelle bizarrerie qu'une telle traduction ! Ce qui ici me para?t bien plut?t bizarre, c'est ? la v?rit? le premier membre de phrase. Car o? est au juste l'inexactitude de la traduction ? chez Heidegger ? (?) de Gefahr par p?ril} M. Renaut n?glige d'ailleurs de s'expliquer. Il lui suffit d'?tre p?remptoire. Quant au second membre de phrase (que dire ? etc.), il n'est pas pr?cis? non plus, dans le texte propos? aux lecteurs des Etudes, en quoi la traduction de das Nachstellen par la traque m?rite une telle censure. Le texte de M. Renaut pr?supposerait-il un texte ant?rieur ? C'est en effet le cas. Ce texte existe bel et bien, mais sous la forme d'une lettre qui reste, pour le moment, secr?te, lettre adress?e collec tivement en mars 1976 ? Heidegger lui-m?me, pour le mettre en garde contre quelques-uns ? qui, jusqu'ici, il aurait imprudemment accord? sa confiance, ? savoir les ? traducteurs de Questions IV?1, qui sont m?me accus?s in cauda de s'?tre d?j? arrog?s, outre ? la traduction compl?te de Sein und Zeit? (elle est en effet enfin en cours), celle ? du premier volume de la Gesamtausgabe ? (pour laquelle pr?cisons-le, il n'y a m?me pas de contrat d'?dition). C'est de ce docu ment o? triomphe le ton de la suffisance qui est aussi celui de la sottise que vient la lumi?re sur ce ? propos de quoi M. Renaut, dans son ?tude des Etudes, omet d'?clairer sa lanterne. On y trouve en particulier la d?nonciation de la traduc tion, dans Question IV, de das Nachstellen' par la traque, ? m?taphore polici?re ou terme de chasse (das Hetzen !) ?. Nos ?pistoliers clandestins et, en leur nom, M. Renaut, entendent donc, dans la traduction qu'est Questions IV, la traque comme un ?quivalent de das Hetzen qui est bien en effet un terme de chasse et m?me de chasse ? courre. . Cette lettre ? Heidegger, transmise selon la r?gle aux traducteurs par l'?diteur ? qui elle avait ?t? communiqu?e pour information, est sign?e par M. Munier et contresign?e par MM. Birault, Braun, Foucher, Haar, Mongis, Renaut, Taminiaux et par Mlle de Andia. This content downloaded from 165.123.34.86 on Thu, 22 Oct 2015 17:53:43 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions A propos de Questions IV de Heidegger *37 Il peut d'autre part ?voquer plus ou moins Fort-Chabrol o? finalement on (la police) force la b?te prise au pi?ge en la r?duisant aux abois. Le seul ennui est que traquer ne dit rigoureusement rien de tel mais signifie ? la lettre, ? partir de l'anglais dont sans doute il provient, mais o? il a bien d? arriver de France : se mettre sur une piste et ainsi d?pister quelque chose qui se d?robe encore, ne s'annon?ant que par des nouvelles de lui qu'? son insu il donne de loin. La traduction de Jean Lauxerois et Claude Ro?ls n'est donc nullement fantaisiste, encore moins bizarre, sauf pour qui confond grossi?rement comme on le voit dans l'arri?re-texte du texte de M. Rena?t, la traque avec das Hetzen. M?me les dictionnaires courants favorisent la confusion. Traquer, si ce terme certes ancien dit pourtant ? la lettre : se mettre sur la piste de ce que l'on ne peut fixer qu'? partir de l?, comme on traque ou ? ?traque ? un ren?rd gr?ce aux traces l?g?res qu'il laisse de lui sur la neige, et non en fondant brutalement sur lui, r?pond m?me au plus proche au verbe nachstellen. Mais lisons-nous dans Was heisst Denken ? (p. 87) : ? Parler la langue est quelque chose de tout diff?rent de l'uti lisation d'une langue. ? Surtout, ajouterons-nous, quand cette utilisation est incorrecte. uploads/Litterature/ presses-universitaires-de-france.pdf

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