Gustave-Clodomir Piché, à gauche et Avila Bédard, à droite, prenant une pause d

Gustave-Clodomir Piché, à gauche et Avila Bédard, à droite, prenant une pause dans une forêt expérimentale de l’École forestière de Yale en 1906. La foresterie professionnelle trouve son origine au Québec dans la décision du premier ministre Lomer Gouin d’accorder une bourse d’études à deux jeunes Canadiens français afin qu’ils complètent leurs études supérieures à l’École forestière de l’Université Yale, dans le Connecticut. En 1907, Gustave-Clodomir Piché et Avila Bédard, munis d’un titre de « Master Forestry », entrèrent en fonction au sein du gouvernement du Québec et entreprirent un nombre considérable de réformes. École forestière de Yale­ . sources ­ : Société d’histoire forestière du Québec en collaboration avec la famille Piché. Diplôme de Gustave-C. Piché. SC01 Gustave-Clodomir Piché (1879-1956) fit ses premières études, de 1886 à 1894, à l’École Saint- Joseph de Montréal et au Mont-Saint-Louis, de 1894 à 1897. Pauvre, il interrompit sa formation pour travailler, de 1897 à 1900, comme commis au département des passagers du Canadien Pacifique à Montréal, puis, de 1901 à 1903, au sein du département des bois de la compagnie Belgo Canadian Pulp & Paper. Il reprit ses études, en 1903, à l’École polytechnique de Montréal où il obtint, deux ans plus tard, un diplôme d’ingénieur civil. Tout au long de ses études, il entreprit de convaincre députés et ministres de l’importance de former les premiers ingénieurs forestiers canadiens-français. Son initiative fut soutenue et probablement fortement influencée par Ferdinand Van Bruyssel, diplomate belge voisinant le Parti libéral et la compagnie Belgo, ainsi que par Mgr Joseph-Clovis Kemner-Laflamme, recteur de l’Université Laval et directeur de la Canadian Forestry Association. En 1910, il participa à la fondation de l’École forestière de l’Université Laval pour laquelle il devint professeur puis directeur, de 1910 à 1918, avant de quitter ses fonctions pour réorienter le Service de la protection des forêts contre le feu du ministère des Terres et Forêts. Gustave-Clodomir Piché dans son bureau du Service forestier en 1931. sources : Société d’histoire forestière du Québec en collaboration avec la famille Piché. Les activités de Gustave-C. Piché furent innombrables. Il fonda notamment l’École des gardes forestiers de Berthierville, l’École de papeterie de Trois-Rivières, l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec. Il fut tour à tour membre fondateur et président (1933-1935) de l’Institut forestier du Canada, membre fondateur de l’Association forestière québécoise, directeur de l’Association forestière canadienne, membre de la Society of American Foresters, membre d’honneur à vie de la Société forestière de Belgique, de celles de Franche-Comté et de Belfort. Il a reçu la décoration du Mérite agricole de France pour l’aide au reboisement des pays dévastés par la guerre de 1914-18. Il a aussi obtenu, en 1920, un diplôme de maîtrise ès arts de l’Université Laval, un doctorat honoris causa en 1937 et fut nommé professeur émérite de l’École forestière de l’Université Laval en 1940. Libéral affiché, il devint persona non grata quand Maurice Duplessis prit le pouvoir en 1936. Il dut quitter l’ensemble de ses fonctions afin de ne pas nuire aux différentes institutions qu’il avait mises en place au cours des trente années précédentes et fut remplacé par son collègue d’études, Avila Bédard. Piché s’occupa alors de l’exploitation de ses forêts privées de Berthier et de Shawinigan et se lança dans différentes entreprises privées. Il décéda, pratiquement dans l’indifférence et la quasi pauvreté, le 7 février 1956. Sa bibliothèque privée fut léguée à l’Université Laval. Il est le père de la foresterie québécoise et le fondateur de l’enseignement forestier universitaire au Québec. Gustave-Clodomir Piché en toge vers 1910. SC02 Voici des extraits des notes prises à l’École forestière de l’Université Yale par Gustave-Clodomir Piché, dans le cadre du cours de morphologie des plantes dirigé par le professeur Alexandre William Evans (1868-1959). Le Dr Evans avait été formé en botanique à l’Université de Berlin, en 1894, et la plupart de ses recherches et publications portaient sur la taxonomie et la distribution des lichens et des hépatiques ­ : des connaissances de pointe à l’époque pour comprendre l’écologie des forêts. SC03 Avila Bédard (1884-1960) est originaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Il a fait ses études au Séminaire de Québec où il obtint le grade de bachelier ès arts (B.A.) et rencontra Mgr Laflamme qui le prit sous son aile. C’est à la demande de ce dernier qu’Avila Bédard fut choisi comme boursier pour aller étudier la foresterie à l’Université de Yale. À son retour, il fut l’assistant de Gustave-C. Piché au ministère des Terres et Forêts, et ce, jusqu’en 1937, alors qu’il fut nommé sous-ministre par Maurice Duplessis. En 1918, il devint directeur de l’École d’arpentage et de génie forestier. En 1945, l’École fut érigée en faculté et il en fut nommé doyen jusqu’en 1954. Il cumula de nombreux postes de professeur : sylviculture, dendrologie, dendrométrie, histoire de la sylviculture, etc. En plus d’être un forestier de profession, il était un poète et un historien chevronné. Il fut à la tête de tous les mouvements de vulgarisation de science forestière de son époque. Il était en fait convaincu que l’éducation était le seul moyen de faire comprendre, à une population généralement rébarbative, les fondements du savoir forestier et l’importance de la conservation des forêts. Homme d’une grande culture, il aura marqué pendant plus d’une cinquantaine d’années la vie forestière au Québec. sources : Société d’histoire forestière du Québec et Archives de l’Université Laval, fonds Georges-Maheux. Avila Bédard, doyen de la Faculté d’arpentage et de génie forestier. SC04 À leur retour de Yale, Piché et Bédard obtinrent comme première mission officielle d’évaluer scientifiquement le potentiel agricole et forestier de certains territoires forestiers. La classification des sols était alors un enjeu prioritaire de la foresterie. L’objectif était d’utiliser le plein potentiel économique des sols en évitant que des colons soient dirigés vers des terres incultes, de protéger les concessionnaires des feux de défrichement et d’établir un programme de foresterie à long terme à l’intérieur des concessions. sources : Société d’histoire forestière du Québec en collaboration avec les Archives de l’Université Laval et la famille de Robert Bellefeuille. Une équipe de classification des sols photographiée en 1927, à Saint-Côme, dans la région de Lanaudière, devant la tente de la cuisine. Cette équipe de neuf personnes comprenait trois étudiants en génie forestier, quatre gardes forestiers et un ingénieur forestier (Roland Deschamps, avec le chapeau, au centre). SC05 À l’automne 1907, Gustave-Clodomir Piché procéda à la création d’une première institution visant à mettre sur pied les bases de la gestion scientifique des forêts. À ce moment, il fit acquérir par le ministère des Terres et Forêts une ferme et des terrains boisés dans la municipalité de Berthierville. Au printemps de 1908, la pépinière de Berthierville a été inaugurée, puis l’ensemencement et la plantation des premiers semis ont débuté. Au-delà de la production d’arbres, la pépinière a été, pour Piché, une véritable station forestière expérimentale. En 1909, il y forma les premiers agents forestiers professionnels qui deviendront, l’année suivante, les premiers étudiants de l’École forestière de l’Université Laval. À partir de ce moment, la pépinière devint, chaque printemps, le lieu de stage pratique pour l’enseignement de la sylviculture. sources : Société d’histoire forestière du Québec et Archives de l’Université Laval, fonds Georges-Maheux et fonds Robert-Bellefeuillle. Groupe de stagiaires devant leur tente servant de résidence. Quatrième promotion d’étudiants de l’École forestière de l’Université Laval vers 1914. Vue des bâtiments de la pépinière de Berthierville. SC06 source : Société d’histoire forestière du Québec. Étudiant de l’École forestière de Nancy en habit d’apparat. De janvier à mars 1909, Gustave-Clodomir Piché visita les plus grandes écoles et stations expérimentales forestières de l’Europe, entre autres allemande, française, italienne et suédoise. En mars, Piché dut écourter son pèlerinage scientifique afin d’organiser la création d’une école forestière au Québec. Une série de démêlés entre l’Université Laval et le ministère des Terres et Forêts a ralenti les ardeurs des protagonistes, et des négociations laborieuses sur plus d’un an furent nécessaires pour que le projet se réalise. L’Assemblée législative du Québec adopta le projet de loi créant l’École forestière de l’Université Laval en juin 1910. Carte postale envoyée d’Eberswalde en Allemagne. Extrait d’une lettre rédigée par Gustave-Clodomir Piché. Portail de la prestigieuse École forestière de Nancy. SC07 En 1910, au moment de la fondation de l’École forestière de l’Université Laval, décèda l’un des précurseurs de ce projet : Mgr Joseph-Clovis Kemner-Laflamme (1849-1910). En plus d’être un pionnier de l’histoire naturelle et des sciences géologiques dans la seconde moitié du 19e siècle, il était un ardent promoteur du mouvement de conservation des forêts. Il a été parmi les premiers à appuyer l’idée de Gustave-Clodomir Piché de créer une école forestière et à exercer l’influence manquante au jeune forestier pour assurer le succès de l’entreprise. Mgr Laflamme jouissait alors d’une réputation scientifique internationale. Il fut recteur de l’Université Laval et membre fondateur de la Société royale du Canada. source : Société d’histoire forestière du Québec. Mgr Joseph-Clovis Kemner-Laflamme. SC08 Le 8 septembre 1910, la première cohorte d’étudiants fit son entrée à l’École forestière de l’Université Laval. Selon un document de l’École forestière, datant de 1914, uploads/Litterature/ scene-01-13.pdf

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