Sylvain Gouguenheim historien médiéviste français Sylvain Gouguenheim, né le 6

Sylvain Gouguenheim historien médiéviste français Sylvain Gouguenheim, né le 6 août 1960, est un historien médiéviste et essayiste français. Son ouvrage Aristote au mont Saint-Michel, publié en 2008, a fait l'objet de vives discussions dans les médias. Après avoir rédigé une thèse de doctorat à l'université Paris-Nanterre consacrée, sous la direction d'André Vauchez, à la mystique rhénane Hildegarde de Bingen, il a été maître de conférences à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et membre du Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris avant de devenir professeur des universités à l'ENS Fontenay-Saint-Cloud (ENS LSH de Lyon) de Lyon[1]. Sylvain Gouguenheim Biographie Naissance 6 août 1960 Nationalité Français Formation Université Paris-Nanterre (doctorat) (jusqu'en 1989) Activités Essayiste, historien, médiéviste Autres informations A travaillé pour École normale supérieure de Lyon Domaine Moyen Âge Directeur de thèse André Vauchez Distinction Prix Victor-Cousin (2008) Œuvres principales Aristote au mont Saint-Michel Biographie Après sa thèse de doctorat, S. Gouguenheim s'est spécialisé dans l'étude des ordres religieux militaires créés en relation avec les croisades au Moyen Âge, et tout particulièrement à l'ordre Teutonique, au sujet duquel il a publié plusieurs ouvrages érudits (dont l'un tiré de sa thèse d'habilitation à diriger des recherches). Depuis septembre 2010, il fait partie de l'Internationale Kommission zur Erforschung des Deutschen Ordens qui regroupe les spécialistes de l'histoire de l'ordre Teutonique et dont il est le seul membre français[2]. Article détaillé : Aristote au Mont-Saint-Michel. Aristote au Mont-Saint-Michel[3], publié en 2008, souligne la précocité d'une transmission directe du savoir grec par les monastères chrétiens et remet en cause l'idée répandue que la diffusion de la philosophie, de la mathématique et de la physique au Moyen Âge serait due exclusivement à l'Espagne musulmane[1],[4]. Pour Sylvain Gouguenheim, la langue arabe n'est d'ailleurs pas propice au développement de la pensée rationaliste. L 'ouvrage démontre que l'Europe occidentale est restée attirée par la philosophie grecque, même au haut Moyen Âge, que les échanges avec l'Orient n'ont pas cessé, que Constantinople et des chrétiens syriaques ont transmis une partie de l’héritage antique, et qu'ainsi le rôle de l'intermédiaire arabo-musulman n'a pas eu l'importance primordiale qu'on lui accorde parfois. L 'auteur soutient en particulier que l'abbaye du Mont-Saint-Michel a été, dès le xiie siècle, le théâtre d'un important travail de traduction, directement du grec en latin, de la plupart des œuvres disponibles d'Aristote. Si l'on sait peu de choses de l'équipe de traducteurs (dont Jacques de Venise, qui vécut à Constantinople et fit un long travail de traduction de 1127 à 1150, aurait fait partie), on sait que la diffusion de ces traductions fut considérable : une centaine de manuscrits de la Physique, dispersés à travers toute l'Europe ; des Seconds Analytiques dont on recense 289 exemplaires du Vatican à Toulouse ; les Métaphysiques utilisées par saint Thomas d'Aquin et par Albert le Grand. L 'auteur note ensuite que Averroès et Avicenne ne connaissaient pas le grec, que les traductions d'Aristote dont ils disposaient avaient été faites par des chrétiens syriaques en arabe à partir de leurs traductions antérieures en araméen[5], et que le savoir a Thèses de Aristote au Mont-Saint-Michel La fête de l'Archange, le mont Saint-Michel, les frères de Limbourg, 1411-1416. régulièrement circulé entre Byzance et l'Occident, bien mieux qu'entre la civilisation islamique et l'Occident. À ce propos, il s'interroge sur un problème rarement abordé qui est celui de la qualité et de l'exactitude de traductions successives du grec au syriaque puis du syriaque à l'arabe et enfin de l'arabe au latin, en recourant donc à un basculement d'une langue de type indo-européen à une langue de type sémitique avant un retour vers une langue de type indo-européen[6]. Ceci n'empêcha cependant pas la traduction de textes à portée scientifique. Position de l'auteur À propos de son approche, l'auteur ne cache pas que son livre vise à intervenir dans le contexte contemporain[7] : « Sous l'influence de l'actualité, le sujet a pris une dimension politique. Les enjeux, on le devine, ne sont pas minces en ce début du xxie siècle. Ils s'inscrivent dans le long face à face entre l'Islam et l'Occident [...] C'est pourquoi, à l'heure où l'on se propose de rectifier les manuels scolaires afin de rappeler la place de l'Islam dans le patrimoine européen comme y invite un rapport récent (2002) de l'Union européenne, une tentative de clarification est apparue nécessaire. » La promotion du livre dans la presse, notamment par les critiques approbatrices de Roger-Pol Droit dans Le Monde (18 avril 2008) puis par Jean-Yves Grenier dans Libération[8], provoque une polémique[9],[10]. Agitation médiatique La première réaction défavorable est celle des historiens Gabriel Martinez-Gros et Julien Loiseau, dans Le Monde du 24 avril 2008[11] suivie de trois pétitions successives : l'une initiée par Hélène Bellosta rassemblant 35 universitaires dans Le Monde le 25 avril 2008[12], un appel de près de 200 enseignants, chercheurs, personnels, auditeurs, élèves et anciens élèves de l’ENS LSH dans Télérama le 28 avril[13] et enfin un texte co- signé par 56 chercheurs en histoire et philosophie du Moyen Âge, dans Libération le 30 avril 2008[14]. En mai de la même année, Jacques Le Goff explique néanmoins que, si le livre est « intéressant, quoique discutable », il est « outré par [l]es attaques » portées contre Gouguenheim et notant que « peu des principaux médiévistes » ont signé la pétition anti- Gouguenheim[15]. Pour sa part, Sylvain Gouguenheim juge que les réactions critiques concernant son livre ont été démesurées ; il les attribue aux enjeux idéologiques de sa théorie dans le contexte actuel de tensions autour de l'Islam[1]. Spécialistes Fin 2008, dans la revue Commentaire, le philosophe Rémi Brague estime que si l'« on peut regretter [que Gougenheim] ne soit pas sur ces questions le meilleur spécialiste dont on puisse rêver » son travail « a l’avantage de contester quelques certitudes trop rapidement acquises » en proposant un « bon ouvrage de vulgarisation » qui aborde « une question historique de grand intérêt » trop souvent « confinée aux monographies savantes, soit au contraire abandonnée aux bateleurs médiatiques qui en présentent des caricatures Controverse tendancieuses »[16]. Néanmoins en 2009, un ouvrage collectif réunissant une dizaine de médiévistes critique notamment une tendance apologétique que partageraient Gougenheim et Brague, cherchant « à établir la supériorité du christianisme par sa différence avec l’islam »[17]. En dehors de l'agitation médiatique, les critiques produites par divers historiens du Moyen Âge spécialistes de l'histoire intellectuelle, culturelle et philologique dans divers revues[18] et ouvrages spécialisés[19] sont généralement négatives, à l'instar de l'analyse de Guillaume Dye qui, en 2009, déplorant la tournure pétitionnaire et violente prise par le débat, pointe les carences scientifiques de l'auteur qui ont occasionné un résultat « tendancieux, mal informé, truffé de graves erreurs », ne traitant pas in fine les sujets abordés et laissant le chantier ouvert[20]. Arguments défavorables Selon Jean-Claude Zancarini, professeur à l'ENS de Lyon, « Gouguenheim n'a pas les compétences requises, ni en grec ni en arabe, il est sorti de son domaine pour des raisons idéologiques évidentes »[21]. Selon le médiéviste Jacques Verger, l'auteur, s'il connaît le grec classique, ignore cependant l'arabe et n'est pas un spécialiste du monde musulman ni des chrétiens orientaux ; son livre est fondé sur une lecture de la littérature secondaire et non sur un travail des sources[22]. Thomas Ricklin, historien de la philosophie médiévale, estime pour sa part que « la grande majorité de la communauté scientifique » considère Aristote au Mont-Saint-Michel « tel qu'il est, c'est-à-dire comme un ouvrage scientifiquement malhonnête » et ajoute que « rarement un historien contemporain a si peu respecté les règles élémentaires de notre métier »[23]. Dans une présentation de l'ouvrage collectif Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l'islamophobie savante[24], Aurélien Robert, spécialiste des théories de la connaissance et la philosophie naturelle à la fin du Moyen Âge, critique « la fausseté historique avérée de nombreuses thèses centrales » de l'ouvrage dans lequel on peut voir « le reflet d’enjeux qui dépassent largement la querelle d'érudits ». Il estime que l'ouvrage de Gouguenheim adopte un point de vue islamophobe et « entend prendre le contre-pied d'un savoir déjà constitué par des spécialistes, tout en ne s'adressant pas à ces derniers »[25]. Arguments favorables L 'ouvrage reçoit a contrario une critique favorable de l'historien arabisant espagnol Serafín Fanjul qui note dans La Nouvelle Revue d'histoire : « Le livre de Gouguenheim est excellent, bien structuré, magnifiquement documenté, et c'est ça qui fait mal. Comme il est difficile de le contredire avec des arguments historiques, on a recours à l'attaque personnelle »[26]. La Sibylle du Rhin : Hildegarde de Bingen, abbesse et prophétesse rhénane, Publications de la Sorbonne, Paris, 1996 (ISBN 978-2-85944-297-2), (notice BnF no FRBNF35824568 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35824568t.public)). Les Fausses Terreurs de l'an mil : attente de la fin des temps ou approfondissement de la foi ?, éditions Picard, Paris, 1999, 231 p. (ISBN 2-7084-0566-7), (notice BnF no FRBNF37042180 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37042180d.public)). Les Chevaliers teutoniques, éditions Tallandier, Paris, 2007, 775 p., (ISBN 978-2-84734-220-8) (notice BnF no FRBNF41107125 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb411071253.public)). Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne., Éditions du Seuil, coll. « L 'univers historique uploads/Litterature/ sylvain-gouguenheim.pdf

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