ÉTUDES SUR L'HISTOIRE ADMINISTRATIVE DE BYZANCE OBSERVATIONS SUR LE CLÈTOROLOGE

ÉTUDES SUR L'HISTOIRE ADMINISTRATIVE DE BYZANCE OBSERVATIONS SUR LE CLÈTOROLOGE DE PHILOTHÉE A l'époque de l'architricline Philothée, vers 900, sous Léon VI, les dignités palatines étaient réparties en deux classes : les unes, conférées par insignes, δια βραβείων, les autres par un édit, δια λόγου. Les pre mières étaient purement honorifiques, les secondes obligeaient leurs titulaires à exercer une fonction active dans l'État. Philothée divise les dignités à insignes en deux catégories : συγκλητ ικοί et προελευσιμαίοι. Les premières étaient attribuées à l'ordre sénatorial, τη συγκλήτω αρμόζονται (1); les secondes faisaient partie de Vofficium, προέλευσις de l'empereur (2). Ces titres donnaient peut-être accès aux cortèges palatins, pour lesquels se réunissaient en corps fonctionnaires et dignitaires. Peut-être aussi ces dignités fa isaient-elles partie de l'ordre impérial, ή βασιλική τάξις, opposé à l'ordre sénatorial, ή συγκλητική τάξις (3). Les dignités à insignes étaient vraisemblablement portées sur les registres du Sénat. C'étaient : ex-préfet, silentiaire, vestitor, consul, biconsul (dishypatos) (4). Toutes ces dignités, à l'exception de celle de biconsul, étaient sous les ordres du Maître des Cérémonies (5). L'expli cation de cette mesure reste obscure. Les titulaires de ces titres, en effet, étant inscrits au Sénat, ne faisaient pas partie de Vofficium de l'empereur et n'avaient pas rang à la Cour, sauf exceptions. Pour leur donner accès aux cortèges officiels, on les avait classés dans Vofficium du Maître des Cérémonies, fonctionnaire aulique. Il ne s'agit là, du reste, que de titulaires de titres nus. (1) Cer. II, 52, 712. Cf. Cer. I, 69,. 335. (2) προέλευσις officium, suite d'un personnage, ή προέλευσις του στρατηγού, ot προελευσιμαϊοι. les gens de sa suite. Cer. II, 44, 663. Cf. Reiske II, 10. (3) Cer. II, 516, Préface. (4) Cer. II, 52, 712. (5) Cer. II, 52, 720. R. GUILLAND : HISTOIRE ADMINISTRATIVE DE BYZANCE 157 Les vestitors et les silentiaires, qui remplissaient effectivement au Grand Palais les fonctions correspondant à leurs titres, étaient natu rellement placés sous la haute direction du Maître des Cérémonies (6). Il en était de même pour leurs collègues en dignités, qui n'avaient aucun service effectif et qui avaient seulement le titre nu de vestitor ou de silentiaire. Les consuls dont il s'agit ici n'ont rien de commun avec les anciens consuls; il s'agit seulement du titre nu, qui ne corres pondait plus à aucune fonction. Léon VI avait définitivement abrogé les lois sur le consulat (7), mais le titre était resté; il était générale ment conféré aux simples sénateurs et parfois à des employés d'admin istration. Le titre d'ex-préfet, le plus infime, ne correspondait à aucun office. Les συγκλητικοί dont il est ici question sont, semble-t-il, de simples gentilshommes, de famille sénatoriale, comme l'on disait alors, c'est-à-dire de famille d'origine noble, mais dont les descendants étaient dépourvus de titres antiques. Pour avoir accès à la Cour, ces personnages étaient classés dans Yofficium du Maître des Cérémonies. Les dishypatoi ne figurent pas dans Yofficium du Maître des Céré monies, bien que leur dignité fît partie des dignités réservées au Sénat. Mais cette dignité était la dixième; elle était donc déjà assez élevée (8). Ses titulaires avaient peut-être accès, d'une manière ou d'une autre, à la Cour, sans être tenus de se ranger autour du Maître des Cérémon ies. Le Clètorologe de Philothée appelle diverses remarques. 1° La liste de Philothée est très incomplète. Beaucoup de modestes fonctionnaires ne sont pas mentionnés, qui se retrouvent soit dans Vofficium des grands officiers de la Couronne, soit parmi les convives des banquets impériaux. 2° A côté, des omissions et des inversions, qui sont dues soit à l'auteur, soit au copiste, rendent certains passages difficiles à expliquer. Par exemple, les dishypatoi (10e dignité) sont cités après les spatharo- candidats (9e dignité), alors qu'ils sont supérieurs en rang (9). C'est surtout dans le quatrième ordre que les omissions et les inver sions se multiplient. Les apoéparques-stratèlates, qui sont des digni taires à insignes, figurent, sans raison plausible, au milieu des fonc- (6) Ger. I, 9, 69; I, 23, 136; I, 48, 249. Cependant, Philothée place les vestitors avec leur primicier sous la direction du vice-concierge. (Ger. II, 52, 724). (7) Novelle 94. Cf. P. Noailles-A. Dain, Les Novelles de Léon VI le Sage, Paris, 1944, 308-311. (8) Cer. I, 9, 66. οί τα πρώτα όφφίκια κατέχοντες Cf. I, 23, 128, 134. (9) Cer. II, 52, 734. 158 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES tionnaires roturiers (άπρατοι) (10). Les asècrètis et notaires des asècrèteia roturiers sont placés avant les candidats impériaux de l'Hippodrome, les mandators, les vestitors, les silentiaires (11). A l'énu- mération des dignitaires du IVe groupe (12), il faut ajouter après βεστητόρων les dignitaires σ^λεντιαρίων, άποεπάρχων et στρατηλάτων. A la page 737, après μανδάτορες, βεστήτορες et σιλεντιάριοι, il faut ajouter άποεπάρχοντες et στρατηλαταί, qu'il y a lieu de supprimer après οι δρακονάριοι των έξκουβίτων. A partir de là commencent les fonctionnaires non titrés, άπρατοι : άσηκρήται άπρα- τοι... (13). L'auteur remplace souvent le mot άπρατοί, par ομοίως (14); souvent aussi, il ne répète pas ces mentions, car il juge inutile cette répétition, qui va de soi (15). Par contre, l'auteur répète, parfois à plusieurs reprises, le même renseignement. C'est le cas pour le renseignement suivant : les officiers, fonctionnaires ou autres personnages, porteurs d'un titre à insigne, figurent, sauf exception, dans la classe correspondant à leur titre. Les officiers, fonctionnaires ou autres, qui n'ont pas de titres, sont rangés d'après l'ordre hiérarchique de leurs offices et fonctions à la suite de tous ceux qui sont titulaires d'un titre. Cette règle ne semble pas souffrir d'exceptions. Par exemple (16) : « Si certains de tous les fonctionnaires précités sont titulaires d'un titre accordé avec insigne, que chacun d'entre eux soit honoré de la dignité de ceux qui portent le même titre (à insignes) que lui, en tenant compte du rang hiérar chique de sa fonction; mais, s'ils sont simples fonctionnaires (παγανός) c'est-à-dire roturier (17), qu'ils soient honorés seulement à raison de ses fonctions, étant rangés d'après l'ordre que celles-ci occupent dans la hiérarchie, tel qu'il vient d'être indiqué (18). » En règle générale, à chaque fonction correspondait une certaine catégorie de titres, déterminé; l'usage faisait loi en la matière et variait selon les époques. Psellos (19) parle de Théodore Muralidès, (10) Cer. II, 52, 737. (11) Cer. II, 52, 736. (12) Cer. II, 52, 736, 12 B, 153, 6, Bury. (13) Cer. II, 52, 737, 2 B, 153, 20, Bury. (14) Cer. II, 52, 737, 6 B, 153, 25, Bury. (15) Cer. II, 52, 737, 8 B, 153, 29, Bury. (16) Cer. II, 52, 738, 23-739, 2 B; 155, 22-25, Bury. (17) Le traducteur de l'édition de Bonn a mal saisi le sens de la phrase et mal compris le sens de παγανός qui signifie ici roturier et non sans fonction, comme l'indique assez clair ement la liste. (18) Cer. Cf. Cer. II, 52, 733, 9-12 B, 150, 20-22 Bury; 734, 17-20 B, 151, 20-22 Bury; 736, 9-11 B, 153, 3-4 Bury; 738, 23-25 et 739, 1-2 B, 155, 22-25 Bury. Cf. 740, 9 B, 156, 16 Bury, ύποπίπτοντες τη τάξει et 740, 14 Β, 156, 21, Bury, ύποπίπτουσι πάντες αξία. (19) Μ. Psellos, Δικαστικά Sathas, Μεσ. βισλ. V. 20 9. R. GUILLAND : HISTOIRE ADMINISTRATIVE DE BYZANCE 159 maître des cérémonies, titré simplement consul. Les πρωτοκάραβοι, rangés parmi les personnages non titrés (20), pouvaient être titrés, comme ce Théodote, qui fut successivement candidat, strator, spathaire, spatharocandidat, puis protospathaire et protospathaire de la Phiale (21). Les soixante grands officiers de la Couronne étaient titrés : magistroï, proconsuls, patrices, protospathaires ou, au moins, spatharocandidats, sauf de rares exceptions. Par exemple : le stratège des Anatoliques et le domestique des Scholes, titrés simplement patrices, figuraient cependant avec les proconsuls, à leur rang, en tête de l'ordre des proto spathaires (22). Ces deux hauts fonctionnaires pouvaient, d'ailleurs, être simplement titrés protospathaires (23). Ils ne semblent pas, d'un autre côté, avoir porté de titre inférieur. Les stratèges d'Orient et d'Occident, quelle que fût l'infériorité de leur titre, figuraient dans l'ordre des protospathaires (24), mais lorsqu'ils cessaient d'être stratèges en fonction, ils reprenaient le rang afférant à leur titre et rentraient dans la classe des spatharocand idats, où leur titre α'άπο στρατηγών leur donnait, du reste, un rang spécial (25). Il en était de même pour les spatharocandidats anciens grands officiers (26). Le préfet et le questeur, même si ce dernier n'était pas proto spathaire, étaient rangés, malgré l'infériorité de leur titre, dans l'ordre des protospathaires (27). Lorsqu'ils cessaient d'être en fonction, ils étaient classés, l'ex-éparque entre les protospathaires et ex-domest iques des Excubites, et les protospathaires et ex-stratèges d'Occident, l'ex-questeur entre ces derniers et les protospathaires du Chryso- triklinos (28). L'éparque non patrice est introduit avec les patrices dans le troisième ordre ou voile, mais le questeur, ainsi que les autres grands officiers, n'entrent pas avec les patrices mais dans l'ordre suivant avec le Sénat (29). Le questeur, même s'il n'est pas protospathaire, est classé dans cet ordre, en bonne place (30). (20) Cer. II, 52, 737, 20 B, 154, 13 Bury. (21) uploads/Litterature/guilland-etudes-histoire-administrative-de-byzance-observations-cletorologe-philotee.pdf

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