Université Charles de Prague Département de philosophie Mémoire de Maitrise La

Université Charles de Prague Département de philosophie Mémoire de Maitrise La communauté chez Georges Bataille, Jean- Luc Nancy, et Maurice Blanchot : du politique à l’art Presenté par : Behrang Pourhosseini Sous la direction de : Jean-Christophe Goddard Juin 2014 Je tiens sincèrement à remercier : Jean-Christophe Goddard, pour la qualité de son accompagnement. Didier Girard, pour les conseils sur Bataille. Guillaume Sibertin-Blanc, pour l’aide méthodologique, et les conseils sur la question de la communauté. Le groupe de philo-performance, Ajaso, pour avoir offrire l’experience d’une communauté artistique en partage : Jasmina, Blerina, Genti, Soufian, Daeseung, et les autres. Bruno Bastiani, Pour avoir cru à une vie en partage, à une vie communautaire. Flora Bastiani, pour son amitié et les conseils pratiques. Soufiane Mezzourh, Oriane Petteni, Maxime Fellmann, Ivan Jurkovic, des amis francais qui ont lu et corrigé mon texte. Table des matières Résumé Introduction 7 Chapitre I : Origines 15 1.1 Mitsein de Heidegger 16 1.2 Georges Bataille et la question de l’extase 21 Chapitre II : ontolohgie de la communauté 24 2.1 De l’être-en-commun 25 2.2 L’avec 28 2.3 La mort 29 2.3.1 Finitude et com-parution 32 2.4 L’être singulier ou l’individu ? 35 2.5 La notion de désœuvrement 37 2.6 Souveraineté 42 2.7 La communauté et la société 44 2.7.1 La perte de la communauté 46 2.7.2 « La Communauté de ceux qui n’ont pas de communauté » 48 Chapitre III : la communauté politique entre fascisme et communisme 50 3.1 Le politique 50 3.2 La communauté fasciste 55 3.3 Communauté après le communisme trahi 58 Chapitre IV. Les modalités de la communauté : De l’amour à l’art 62 4.1 La communauté des amants 62 4.2 Le communisme littéraire 65 4.2.1 L’œuvre désoeuvrée 70 4.2.2 Le sens de la communauté 72 4.3 Le lieu de l’art 74 Conclusion 81 Bibliographie 83 Résumé Face à la difficulté de s’appuyer sur les catégories classiques de la pensée politique afin de désigner ce qui est en commun entre les êtres humains, l’on a vu à partir des années 80 l’émergence d’un débat autour du concept de communauté dans le champ de la philosophie politique qui a mis en jeu un néologisme qui essaie de désigner les modalités d’être-ensemble. Sur l’ensemble des philosophes qui ont abordé la question de la communauté, trois auteurs, Georges Bataille, Maurice Blanchot, et Jean-Luc Nancy, ont essayé d’analyser, chacun à sa maniére, la question du commun non seulement dans le champ politique mais aussi dans le champ ontologique, ainsi que le champ esthétique ou littéraire. Pour ces auteurs, si la question de la communauté est avant tout celle du « rapport », c’est parce que l’être lui-même se définit comme rapport ou comme communauté. L’être est toujours l’être-avec ou l’être-ensemble. La communauté vient du simple fait que l'un vit avec les autres, et s'établit sur l'inclinaison de l'un vers l'autre. Ce qui fait le commun, ce qui fait communiquer les êtres, c’est le fait que l’être a tendence à se mettre hors de soi, et c’est ce que Bataille entend par l’extase. L’ouverture de l’être singulier (au lieu du « sujet » ou « l’individu » selon la terminologie de Nancy) à la communauté marque sa conscience de la mort d’autrui. Pour nos auteurs, l'amour et la littérature sont deux moments décisifs de l'expérience communautaire. L’écriture n’est pas postérieure à la communication mais en est l’élément inhérent. Il y a une inscription de l’exposition communautaire ; et cette exposition, comme telle, ne peut que s’inscrire, ou ne peut que s’offrir par une inscription. L’écriture est un lieu pour partager l'extase, ce qui fait que la communauté s’enregistre dans l’écriture et dans le fait que le sens soit toujours et essentiellement commun et non isolé. Donc la communauté et l’écriture y naissent tressées ensemble. « Le communisme littéraire » de Nancy et de Blanchot n’est pas autre chose que le partage de la communauté dans et par son écriture. Ce que la littérature met en jeu, c’est le passage de l’un à l’autre, le partage de l’un par l’autre. L’écriture est le geste même de la comparution, c’est-à-dire l’exposition commune des êtres singuliers. Il semble que dans les débats autour du communisme littéraire, nos auteurs ne fassent aucune différence entre les arts et élargissent le concept de l’écriture à tous les arts. Dans ce sens, notre travaille consiste à montrer si toutes les formes du partage communautaire sont effectivement réductibles à l’écriture, avant de préciser quel genre de communauté l’image, ou plus généralement les arts visuels, rendent-ils possible. Mots-clés : communauté ; le commun ; désœuvrement ; communisme ; communisme littéraire ; extase ; sens ; souveraineté ; singularité. Abstarct Given the difficulty of relying on the classical notions of political thought to refer to what is in common between human beings, we have seen from the 80s the emergence of a debate around the concept of « community » in the field of political philosophy. Out of all the philosophers who have talked about the question of community, three authors, Georges Bataille, Maurice Blanchot and Jean-Luc Nancy, have tried to analyze, in their own manner, the question of « the common » not only in the field of politics but also in the ontological field, as well as the aesthetic or literary field. For these authors, if the question of the community is primarily that of the relation, it's because « being » itself is defined as a relation or as a community. « Being » is always « being-with » or « being-together ». The community is based on the simple fact that one lives with others, and on the inclination of one to the other. What makes the common, which puts the beings in connection, is the fact that being tends to put itself out of itself, and that's what Bataille means by the notion of « ecstasy ». For our authors, love and literature are two decisive moments in the communal experience. Writing is the inherent element of community (communication). It is through writing that the exposure of individuals to the community can be registered and this exposure, as such, can only be registered. So the community and writing are born together. "The literary communism" of Nancy and Blanchot is not anything other than sharing of the community in and through writing. What the literature put forth is the passage of one to another, sharing of one by the other. Writing is the very gesture of appearance, that is to say, the common exhibition of singular beings. It seems that in debates on the literary communism, our authors make no difference between the arts and expand the concept of writing to all the arts. In this way, finally, exploring into the different levels of « sens », we will try to show that whether all forms of communal sharing can be reduced to writing, before explaining what kind of community the image, or more generally the visual arts, can make possible. Keywords : community, the common, inoperativeness, communism, literary communsim, ecstasy, sens, sovereignty, singularity. Introduction La pensée politique récente se heurte à la difficulté de s’appuyer sur les catégories traditionnelles comme le peuple, la nation, la classe, etc. pour penser ce qui fait le commun, ce qui est en commun entre les êtres humains. Les débats récents dans le champ de la philosophie politique, qui ont mis en jeu des néologismes essayant de désigner les modalités d’être-ensemble, les nouvelles formes de la vie socio-politique, sont issus de la nécessité de se défaire des catégories classiques dont on se servait depuis longtemps pour penser ce qui est en commun entre les êtres humains. Face aux évolutions de la société contemporaine ces catégories classiques se sont avérées inaptes. Occupant une place de plus en plus importante aussi bien dans la philosophie politique que dans la théorie littéraire, la pensée de la communauté nous offre aujourd'hui un vaste panorama théorique et pratique. La communauté, en tant que grande absente de la modernité et de la métaphysique du sujet qui présuppose toujours l'homme sans rapport, nous amène au centre des problématiques de l'époque moderne comme celles de l'individu, d'autrui, du communisme, de l'immanence, etc. La pensée sur la communauté est en quelque sorte indissociable de la fin des grands récits et des idées rassemblantes qui à partir les années 60 ont mené la pensée politique à repenser ce qui pourrait, malgré tout, souder les gens. C’est à partir des années 80 que l’on peut tracer dans le champ de la pensée politique une nouvelle tentative pour reformuler, redéfinir, ou bien reproblématiser le concept de communauté. La parution de certains ouvrages marquants met en scène un débat qui s’est développé jusqu’à aujourd’hui. Parmi les textes pionniers ayant ouvert la voie pour la pensée sur la communauté, citons par example La communauté désoeuvrée de Jean-Luc Nancy en 1983, La communauté inavouable de Maurice Blanchot (1983), Aux bord du politique de Jacques Rancière (1990), La communauté qui vient de Giorgio Agamben (1990). De nouvelles approches du concept de communauté se sont uploads/Litterature/la-communaute-chez-georges-bataille-jean-luc-nancy-et-maurice-blanchot-du-politique-a-l-x27-art.pdf

  • 33
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager