L A R E V U E D E S B I B L I O T H È Q U E S M A I - J U I N 2 0 1 4 B I M E S
L A R E V U E D E S B I B L I O T H È Q U E S M A I - J U I N 2 0 1 4 B I M E S T R I E L 186 1 É D I T O R I A L 1 L’ecriture conduit a la lecture L e 23 avril dernier, lors de la Journée mondiale du livre, la ministre de la Culture remettait les prix littéraires de la FWB consacrés cette année à la poésie. La poésie est moins médiatisée que le roman. Souvent, ce genre littéraire ne trouve pas le lectorat auquel il pourrait avoir accès. La poésie souffre encore de sa réputation d’être d’un abord diffi cile, abstrait ou élitaire. Peut-être les instruments de sa promotion n’ont-ils pas encore été trouvés ? Il faudrait sans doute mettre davantage en lumière la modernité particu- lière de la poésie et son adéquation – aussi paradoxal que ce constat puisse apparaître – à notre société et à notre mode de vie. La poésie est peut-être le genre littéraire le plus accessible à tous. En effet, qu’ils choisissent d’écrire en vers ou en prose, les poètes composent des textes généralement courts. Leur poésie va droit à l’essentiel, à l’émotion souvent fulgurante. Quelques mots suffi sent pour entraîner le lecteur dans un uni- vers dont l’émotion esthétique est la boussole et la musique du style le mode de navigation. Tous les sujets sont accessibles par la poésie : il suffi t de voir le succès de formes poétiques inattendues comme certains tags jetés sur les murs des villes. Ne peut-on comparer les « tweets » qui font fureur par la brièveté de leurs 140 caractères, à des Haïkus, cette ancestrale forme poétique japonaise ? Cette brièveté de la forme et cet accès immédiat sont deux caractéristiques qui conviennent au monde moderne, où la rapidité est devenue une exigence de tous les instants, mais où, en même temps, il existe un besoin de renouer avec des valeurs nourricières pour le cœur et l’es- prit. Tout cela, on le trouve dans la poésie. C’est sans doute la raison pour laquelle le genre poétique a trouvé un renouveau, auprès du jeune public, avec le Slam par exemple. Les bibliothèques et les librairies associées à la valorisation des prix littéraires de la FWB ont un rôle indéniable à jouer pour faire sortir la poésie de sa tour d’ivoire. Le 19 avril, les prix du concours de nouvelles 2014, sur le thème « Parades », organisé par le Service général des Lettres et du Livre en partenariat avec Kalame, étaient attribués lors d’une cérémonie organisée à la bibliothèque de Saint-Josse. La qualité des nouvelles primées témoigne de la créativité littéraire en FWB. Avril faisait fête à l’écriture : celle des professionnels célé- brés par les prix littéraires, celle des amateurs par le concours de nouvelles. On peut se réjouir de l’intérêt que rencontre l’écriture aujourd’hui, notamment en tant que pratique artis- tique non professionnelle. Depuis une dizaine d’années, on remarque un accroissement substantiel des ateliers d’écriture qui fl eurissent un peu partout en Wallonie et à Bruxelles. On sait qu’écriture et lecture sont intimement liées et ren- voient l’une à l’autre. Que l’écriture peut être aussi un moyen d’accès à la lecture. Il a été constaté en effet que des faibles lecteurs prennent plus facilement goût à la lecture s’ils participent à des activités dans lesquelles ils sont amenés à rédiger des textes. Peut-être parce qu’ils se sentent impliqués, qu’ils peuvent se raconter mais aussi raconter des histoires. Dans l’acte d’écrire, l’indivi- du tout entier est emporté dans le mouvement, les émotions, les désirs, les souvenirs… C’est un acte d’engagement. Le décret sur le développement des pratiques de lecture a bien compris ce lien lecture-écriture : il met en avant le rôle des bibliothèques pour développer les capacités langagières des individus défi nies par des capacités de compréhension à l’audition, capacités d’expression orale, capacité de lecture et capacité de produire des écrits. Ainsi, de nombreuses bibliothèques organisent des ateliers d’écriture ou développent des projets permettant aux usa- gers de s’exprimer par l’écrit. Ces projets sont souvent me- nés en partenariat avec des auteurs qui ont à cœur d’ame- ner les usagers sur les chemins de l’écriture et de la lecture. Gageons que le prochain concours de nouvelles dont le thème « Errances » vient d’être dévoilé, séduira encore de nombreux écrivants… • Palmarès 2014 : - Prix triennal de Poésie : Serge Delaive pour Art farouche ; - Prix triennal de Poésie en langue régionale endo- gène : Jean-Marie Kajdanski pour èté là, avéc ; - Prix du Rayonnement des Lettres belges à l’étranger : Maria Chiara Gnocchi. M a r t i n e G a r s o u d i r e c t r i c e g é n é r a l e a d j o i n t e 2 1 ÉDITORIAL L’écriture conduit à la lecture par Martine Garsou 4 PARTENARIAT De la lecture publique aux « PointCulture » par Hugues Dorzée 8 COLLOQUE Les classes-lecture, au Parlement de la FWB par Fernand Valkenborgh 12 RENCONTRE Éric-Emmanuel Schmitt et Rony Ceulemans : au cœur de l’empathie par Flavie Gauthier 18 NUMÉRIQUE Vos références bibliographiques en liberté ! par Philippe Allard Lectures n°186 32e année Mai-Juin 2014 Ne paraît pas en juillet-août ISSN 0251-7388 21 SOCIÉTÉ 21 - La loi et la justice, entre utopie et réalité par Benoit Dejemeppe 24 - Homosexualités par Vinciane Strale 27 - La collection « Écologie » de Buchet-Chastel par Michel Bougard 29 AVENTURE Deux chefs-d’œuvre et une grande évasion par Jacques Crickillon 34 JEUNESSE 34 - Variations sur la pluie par Michel Defourny 38 - Lire 14-18 aujourd’hui (II) par Daniel Delbrassine 43 - À pas de loups : nouvel éditeur 46 - 19e Semaine P. Hurtmans : « Je lis en numérique » par Isabelle Decuyper B I M E S T R I E L S O M M A I R E R 3 53 BD Quatre histoires de la BD par Franz Van Cauwenbergh 58 JEU Ce qu’un jeu peut cacher par Pascal Deru 62 BRÈVE 62 - Le BBF a muté en « mook » ! 64 - La notion de coût social en bibliothèque 66 POCHE par Marie-Angèle Dehaye 75 RECENSION 96 RÉDACTION DE LECTURES 4 12 M A I - J U I N 2 0 1 4 4 Lectures 186, mai-juin 2014 P A R T E N A R I A T De la lecture publique aux « PointCulture » Entre les ex-médiathèques et les bibliothèques, les relations varient fortement d’un endroit à l’autre. Désormais baptisés « PointCulture », ces pôles multimédia ont une nouvelle carte à jouer en partenariat avec le secteur de la lecture publique. Entre médiation culturelle et diffusion d’outils pédagogiques et citoyens. par Hugues DORZÉE rédacteur en chef adjoint d’Imagine N e dites plus « Médiathèque », mais « PointCulture ». Depuis plus d’un an, le secteur a fait peau neuve. Nouvelles missions, nouveau positionnement, nouvelles implantations : lancées en 1957, les médiathèques ont donc opéré un changement de cap important avec désormais un rôle de « médiation culturelle dans une perspective pédagogique, éducative et sociale ». Confronté à des diffi cultés liées à l’évolu- tion du secteur (baisse des prêts, succès du téléchargement, nouvelles habitudes cultu- relles…), l’asbl PointCulture (151 travailleurs, 43 000 membres emprunteurs en 2013) va donc de l’avant. Et les bibliothèques dans tout ça ? Entre les deux secteurs, ce fut longtemps « chacun chez soi ». À l’exception de quelques collaborations aussi ponctuelles que fruc- tueuses (Braine-l’Alleud, Uccle, Schaerbeek…), chaque institution travaillait dans son coin. Un « cloisonnement » qui s’explique pour des raisons à la fois de statut (la Médiathèque étant historiquement davantage autonome), de niveau de pouvoirs (communal, provincial, communautaire), de mode de subvention, mais aussi de public (avec, traditionnellement, des amateurs de musique et de médias audio- visuels d’un côté, et des adeptes du livre, de l’autre). Deux mondes qui, des années durant, ont vécu côte à côte. Sans trop se poser de questions. « La France, elle, n’a jamais fonctionné de la sorte, explique Tony De Vuyst, directeur géné- ral des PointCulture. Là-bas, on parle de « pôle culturel » avec l’idée de brassage entre les dif- férents médias ». Ce qui semble a priori plus cohérent : l’usager-citoyen étant par nature « multiple » a fortiori dans un monde sans cesse en mouvement, où l’offre culturelle a explosé (via le Net notamment), où les sup- ports techniques évoluent à une rapidité déconcertante obligeant tous les opérateurs culturels (auteurs, producteurs, diffuseurs…) à se réinventer sans cesse. À cela s’ajoute, évi- demment, un contexte de crise budgétaire auquel, hélas, la Fédération Wallonie-Bruxelles n’échappe pas. Deux approches complémentaires Ainsi, comme le prévoient les nouveaux dé- crets, les bibliothèques et les ex-médiathèques, confrontées aux mêmes défi s (fi déliser leurs usagers, toucher des publics défavorisés, offrir des uploads/Litterature/la-revue-des-bibliotheques-bimestriel.pdf
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- Publié le Mai 03, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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