LA MOTIVATION DE SERVICE PUBLIC ET LA PERFORMANCE ORGANISATIONNELLE AU SEIN DE
LA MOTIVATION DE SERVICE PUBLIC ET LA PERFORMANCE ORGANISATIONNELLE AU SEIN DE L'ADMINISTRATION FÉDÉRALE SUISSE Adrian Ritz I.I.S.A. | « Revue Internationale des Sciences Administratives » 2009/1 Vol. 75 | pages 59 à 86 ISSN 0303-965X Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences- administratives-2009-1-page-59.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour I.I.S.A.. © I.I.S.A.. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Dans notre étude, nous nous intéressons aux liens qui existent entre les attitudes du personnel, les mesures managériales, les facteurs institutionnels et la performance organisationnelle. Nous allons par conséquent analyser trois notions liées au comportement, à savoir la motivation de service public, l’engagement organisationnel et la satisfaction professionnelle. Notre étude a pour but de vérifier, sur le plan empirique, l’influence de ces dimensions sur la performance perçue au sein de l’administration fédérale suisse. L’analyse des données relatives à 13 532 fonctionnaires fédéraux permet d’apprécier l’importance de l’attachement des travailleurs à l’intérêt général et l’utilité de techniques de gestion axées sur les objectifs. Nous examinerons les résultats en tenant compte d’études antérieures. Remarques à l’intention des praticiens Les recherches dans le domaine de l’administration publique se montrent de plus en plus critiques à l’égard des réformes du nouveau management public. Dans la présente étude, nous démontrons cependant qu’il existe un lien marqué entre les techniques managériales et la perception individuelle de la performance organisationnelle dans la pratique administrative. Différents outils de gestion privés font peu à peu leur apparition dans le secteur public. Mais pour que ces outils soient efficaces, les praticiens doivent les intégrer en tenant compte des exigences particulières liés à l’attachement des fonctionnaires à l’intérêt général. Mots clés : Efficacité, leadership, satisfaction professionnelle, gestion par objectifs, engagement organisationnel, performance, réforme du secteur public, motivation de service public Adrian Ritz est professeur assistant d’administration publique au Centre de compétences en management public de l’université de Berne, en Suisse. Traduit de l’article paru en anglais sous le titre : « Public service motivation and organisational performance in Swiss Federal Government ». Copyright © 2009 IISA - Vol 75(1): 59–84 © I.I.S.A. | Téléchargé le 01/09/2021 sur www.cairn.info par ilham chelah (IP: 41.140.115.222) © I.I.S.A. | Téléchargé le 01/09/2021 sur www.cairn.info par ilham chelah (IP: 41.140.115.222) 60 Revue Internationale des Sciences Administratives 75(1) 1. Introduction Depuis deux ou trois décennies, les réformes de la gestion remettent à nouveau en cause l’administration publique ; et compte tenu de leur désir de rendre les institutions publiques davantage axées sur la performance, elles déterminent non seulement le débat académique, mais aussi les réformes dans les organisations publiques. D’autres appellent l’époque actuelle « l’ère de l’administration par la gestion de la performance » (Moynihan et Pandey, 2005: 421). Les mesures de réforme managérialistes changent le système institutionnel dans le cadre de l’activité des agents de l’État. Cela soulève d’importantes questions au sujet de la motivation des fonctionnaires et de leur engagement en relation avec la culture de la performance en vigueur. Assiste-t-on à une évolution fondamentale dans les valeurs des agents de l’État ? Les systèmes avancés de performance et de motivation supplantent-ils la motivation de service public (MSP) (Perry et Wise, 1990; Frey et Jegen, 2001) ? Ou le renforcement de la motivation et de l’engagement des agents de l’État les rend-il davantage sensibles à l’efficience et à l’efficacité dans la réalisation des tâches publiques, comme le soutiennent Moynihan et Pandey (2007: 41) : « La MSP est importante non seulement pour la motivation, mais aussi pour la productivité, l’amélioration des pratiques de gestion, l’imputabilité et la confiance dans l’État [...] » ? Cette dernière question est au centre du présent article. Elle enrichit les récentes initiatives visant à comprendre l’influence de la motivation de service public, de l’engagement et de la performance dans les recherches sur l’administration publique grâce à de nouvelles connaissances très pertinentes. L’article est important, sur les plans théorique et pratique, car il contribue à expliquer le domaine de conflit entre les techniques de gestion et les systèmes d’encouragement, ainsi que l’intérêt général pour la gestion des institutions gouvernementales. Depuis quelques années, on s’intéresse de plus en plus à la question de savoir s’il existe une motivation particulière chez les agents de l’État. En outre, les travaux théoriques de James L. Perry ont été complétés par plusieurs études empiriques. Tandis que les études sur l’existence et les causes des facteurs déterminants de la MSP l’emportaient jusqu’à présent, les recherches sur les conséquences de la MSP vont peu à peu gagner du terrain (Brewer et al., 2000; Moynihan et Pandey, 2007; Camilleri, 2007). Les recherches sur la MSP restent cependant généralement silencieuses en ce qui concerne les effets de la MSP sur la performance et les études empiriques axées sur cette question sont rares (Kim, 2005; Bogh Andersen et Pallesen, 2008; Park et Rainey, 2008). « La relation entre la motivation de service public et la performance est une question qui intéresse grandement les théoriciens comme les praticiens » (Brewer, 2008: 136). Le présent article entend combler cette lacune : notre étude vérifie différentes hypothèses concernant les effets de la MSP et d’autres dimensions comportementales ou institutionnelles sur la performance organisationnelle. Nous complétons des recherches antérieures – essentiellement théoriques – par des résultats empiriques issus de Suisse et de nouvelles perspectives sur la relation entre la motivation, le comportement de leadership et la performance. Le présent article est structuré comme suit : dans la deuxième partie, nous analysons la notion de motivation de service public (MSP). Dans la troisième, © I.I.S.A. | Téléchargé le 01/09/2021 sur www.cairn.info par ilham chelah (IP: 41.140.115.222) © I.I.S.A. | Téléchargé le 01/09/2021 sur www.cairn.info par ilham chelah (IP: 41.140.115.222) nous étudions la question de la mesure dans laquelle des facteurs au niveau individuel tels que la MSP et l’engagement organisationnel (EO) influencent la performance organisationnelle. À ce stade, l’article répond à une recommandations fondamentale formulée par plusieurs auteurs (Perry et Wise, 1990; Brewer, 2008), qui plaident pour une étude plus approfondie de la relation entre la MSP et l’EO. Dans la quatrième partie, nous analysons la relation entre les facteurs institutionnels, non comportementaux, et la performance. La cinquième partie introduit la partie empirique de l’étude, en décrivant la méthodologie et l’ensemble de données. Dans la sixième partie, nous présentons le volet empirique, en vérifiant les hypothèses des troisième et quatrième parties et en analysant les résultats. Dans la dernière partie, nous présentons les principaux résultats et leurs implications dans la pratique. 2. La motivation de service public La notion de MSP suppose qu’il existe des motifs particuliers qui sont notamment déclenchés par les caractéristiques des institutions publiques. La motivation naît de l’interaction entre la personne, ou les motifs permanents de la personne, et la situation (Von Rosenstiel, 2007). Les aspects des situations, comme le cadre institutionnel en tant que tel, deviennent des motivations pour l’individu dans la mesure où ils déclenchent des motivations particulières chez la personne et orientent son comportement dans une direction spécifique. Perry et Wise (1990: 68) ont établi la notion de MSP, qu’ils définissent comme « … la prédisposition individuelle à répondre à des motifs portés en premier lieu, sinon uniquement, par des institutions et organisations publiques ». Sur la base de ce concept, Perry (1996) a développé un processus de mesure qui mesure la MSP directement au moyen des quatre catégories suivantes : l’attrait pour l’élaboration des politiques publiques, l’attachement à l’intérêt général, la compassion et l’abnégation. On peut classer les recherches sur la MSP dans trois catégories de base : premièrement, l’étude et l’explication de la notion de MSP ; deuxièmement, la distinction entre la MSP des travailleurs dans les secteurs public et privé ; et troisièmement, la comparaison internationale de la notion de MSP. L’étude de la MSP révèle l’existence de différents aspects de MSP chez un seul et même individu (Brewer et al., 2000). D’autres études sont relativement critiques dans leurs commentaires au sujet de l’attribution des motifs de Perry aux individus (Alonso et Lewis, 2001; Gabris et Simo, 1995). Selon Moynihan uploads/Management/la-motivation-du-service-publique.pdf
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- Publié le Mar 17, 2021
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