CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”

CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE “Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.” Voltaire CORPORALITÉ ET CORPORÉITÉ De la corporalité à la corporéité CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN Association ALDÉRAN Toulouse pour la promotion de la Philosophie MAISON DE LA PHILOSOPHIE 29 rue de la digue, 31300 Toulouse Tél : 05.61.42.14.40 Email : philo@alderan-philo.org Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-206 CORPORALITÉ ET CORPORÉITÉ De la corporalité à la corporéité conférence d’Éric Lowen donnée le 16/01/2016 à la Maison de la philosophie à Toulouse Le rapport que nous entretenons avec notre corps n’est jamais un rapport direct, simple et linéaire, même pour nos sensations somesthésiques. Le corps ressenti est toujours ressenti à partir de ce que nous pensons du corps. Or, ce que nous pensons du corps n’est pas une production du corps mais culturelle, individuelle et subjective. Entre notre corps et nous s’établit donc cet élément intermédiaire, la corporéité, mais le plus souvent confondu avec la corporalité, qui conditionne l’essentiel de nos rapports à notre corps et au corps humain en général. Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-206 : “Corporalité et Corporéité” - 16/01/2016 - page 2 CORPORALITÉ ET CORPORÉITÉ De la corporalité à la corporéité PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN Notre imagination n’est propre qu’à se représenter des choses qui tombent sous les sens... Et comme les bornes de notre imagination sont fort courtes et fort étroites, au lieu que notre esprit n’en a presque point, il y a peu de choses, mêmes corporelles, que nous puissions imaginer, bien que nous soyons capables de les concevoir. René Descartes (1596-1650) Lettre à Marsenne, juillet 1641 I PRÉSENTATION 1 - Soi, notre corps et notre corporéité 2 - Corporalité et corporéité, deux notions complémentaires 3 - Mais notions le plus souvent confondues et méconnues II LA CORPORALITÉ 1 - Définition de la corporalité 2 - La corporalité impose une condition corporelle à tout être vivant 3 - La corporalité est un fait naturel, inné et intuitif - elle s’impose à tout être vivant 4 - Elle est propre à chaque espèce et conditionne un univers existentiel particulier 5 - Elle dépend des caractéristiques, fonctionnements, capacités et limites des corps 6 - Sur le principe, la corporalité humaine n’a pas de différence d’avec les autres corporalités 7 - Elle ne dépend pas des cultures, des sociétés, des époques ou des croyances individuelles 8 - La corporalité homo sapiens est commune (dans ses grandes lignes) à tous les homo sapiens 9 - Mais la corporalité d’un organisme est toujours individualisée et unique, l’unicité de toute corporalité 10 - La perception de la corporalité est intuitive, caractérisée pour le sujet par un ressenti somesthésique 11 - Elle n’est pas un savoir, une connaissance, une représentation, mais un vécu éprouvé 12 - Mais ce vécu éprouvé ne recouvre qu’une infime partie de notre corporalité, l’essentiel nous est inaccessible 13 - L’essentiels de la corporalité d’une espèce lui est inconsciente et imperceptible III LA CORPORÉITÉ 1 - Petite précision sur le terme corporéité et de corporéitalité 2 - La corporéité n’est pas la corporalité, mais ce que les êtres humains pensent sur le corps 3 - Si la corporalité est innée, la corporéité est une construction humaine 4 - La corporéité est composée d’éléments de différentes provenances - Expérience sensorielles - connaissances - croyances - Usages culturels des corps - interprétations des faits corporels - … etc 5 - Elle dépend donc de l’état des connaissances, des savoirs autant que des ignorances, croyances et superstitions 6 - Elle dépend de ce fait des cadres culturels, des époques et des sociétés 7 - Il n y a donc pas de corporéité universelle, elles sont toutes relatives 8 - La corporalité individuelle intègre deux types de corporéitalité : personnelle et collective A - La corporéité individuelle : celle propre à un individu B - La corporéité personnelle : celle issue de son expérience corporelle personnelle C - La corporéité collective, corporéité du groupe social d’appartenance Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-206 : “Corporalité et Corporéité” - 16/01/2016 - page 3 9 - Ce que nous pensons en terme de corporéité peut être très différents de la réalité corporelle 10 - La corporéité ne change rien à la réalité de la corporalité, elle ne fait que l’interpréter 11 - La corporéité conditionne notre rapport à notre corps, aux corps des autres et les usages des corps 12 - Notre propre corporalité est toujours vécue à travers notre corporéité et interprétée par elle 13 - De ce fait, relativité n’implique pas égalité, toutes ne se valent pas pour l’être humain 14 - Corporéités aliénantes, obscurantistes, oppressantes ou épanouissantes, émancipatrices IV DE LA CONSCIENCE DE LA CORPORALITÉ A LA CONSCIENCE DE LA CORPORÉITÉ 1 - Corporalité ne fait pas corporéité pour autant 2 - Pour avoir une corporéité, il faut une est espèce dotée de pensée conceptuelle 3 - La genèse spontanée de corporéité par les individus et les sociétés humaines 4 - Le propre d’une espèce comme la notre, les autres animaux n’ont pas de corporéité 5 - La prise de conscience de sa corporéité permet de se l’approprier et de s’en émanciper 6 - La corporéité peut être améliorée, on peut la faire progresser pour être plus en harmonie avec la corporalité et son corps V CONCLUSION 1 - Leur distinction, élément stratégique d’une philosophie du corps 2 - La condition d’une meilleure compréhension de notre condition corporelle 3 - Le moyen d’améliorer notre corporéité, donc la relation avec son corps ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-206 : “Corporalité et Corporéité” - 16/01/2016 - page 4 Document 1 : La condition corporelle est la première expérience de tout organisme vivant. Cela n’est pas propre à l’homme, mais commune à tous les êtres vivants. La question qui se posera dans le cadre de la condition humaine sera la suivante : comment interpréter cette corporalité ? Comment penser cette corporalité. C’est l’acte de naissance de la corporéité. Et premièrement, il n'y a point de doute que tout ce que la nature m'enseigne contient quelque vérité. Car par la nature, considérée en général, je n'entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l'ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses créées. Et par ma nature en particulier, je n'entends autre chose que la complexion ou l'assemblage de toutes les choses que Dieu m'a données. Or il n'y a rien que cette nature m'enseigne plus expressément ni plus sensiblement, sinon que j'ai un corps, qui est mal disposé quand je sens de la douleur, qui a besoin de manger ou de boire quand j'ai les sentiments de la faim ou de la soif, etc. Et partant, je ne dois aucunement douter qu'il n'y ait en cela quelque vérité. La nature m'enseigne aussi, par ces sentiments de douleur de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu'un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et mêlé que je compose comme un seul tout avec lui. Car, si cela n'était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une chose qui pense, mais je n'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau ; et lorsque mon corps a besoin de boire ou de manger, je connaîtrais simplement cela même, sans en être averti par des sentiments confus de faim et de soif. Car en effet tous ces sentiments de faim, de soif, de douleur, etc., ne sont autre chose que de certaines façons confuses de penser, qui proviennent et dépendent de l'union et comme du mélange de l'esprit avec le corps. René Descartes (1596 - 1650) Méditation sixième Document 2 : Dans le cadre d’une philosophie du corps moderne, faisant la distinction entre corporalité (dont la connaissance est dégagée par l’anatomie, la physiologie et la biologie) et corporéité, la philosophie du corps n’est plus réductible à une simple corporéité. Voici un exemple de corporéité antique, où en raison des croyances de l’époque, le corps était considéré comme un obstacle à la vérité. Aussi longtemps que nous aurons notre corps et que notre âme sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en suffisance l'objet de notre désir. Or cet objet, c'est disons-nous, la vérité. Et non seulement mille et mille tracas nous sont en effet suscités par le corps à l'occasion des nécessités de la vie; mais, des maladies surviennent-elles, voilà pour nous de nouvelles entraves dans notre chasse au réel ! Amours, désirs, craintes, imaginations de toute sorte, innombrables sornettes, il nous en remplit si bien, que par lui (oui, c'est vraiment le mot connu) ne nous vient même, réellement, aucune pensée de bon sens; non, pas une fois ! Voyez plutôt : les guerres, les dissensions, la bataille, il n'y a pour les susciter que le corps et ses convoitises; la possession des biens, uploads/Philosophie/ de-la-corporalite-a-la-corpore-ite 1 .pdf

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