Weibel Nadine Séminaire : « La notion d'ésotérisme : Un pont entre l'Orient et
Weibel Nadine Séminaire : « La notion d'ésotérisme : Un pont entre l'Orient et l'Occident ? » SP 2013 9 mai 2013 JULIUS EVOLA ÉSOTÉRISME, TRADITION ET POLITIQUE À L'AUNE D'UNE MÉTAPHYSIQUE DES SEXES : ENTRE HIÉRARCHIE ET COMPLÉMENTARITÉ DU MASCULIN ET DU FÉMININ ? 1 Fournier Yvan Veysonnaz Rue des Moulins 127, 1400 Yverdon-les-Bains 079/519.65.87 1 Vassily Kandinsky, Jaune, Rouge, Bleu, 1925.http://arts.clg.berlioz.online.fr/doc3e/ artistes/kandinsky-jaune- rouge - bl.gif 1 Table des matières 1. Introduction 3-4 2. Analyse 5-25 2.1. Homme et femme face à la transcendance 5-16 2.1.1. La doctrine des deux natures 5-6 2.1.2. L'Initiation comme technique magique 6-7 2.1.3. La divinisation du Moi : une épreuve de force 7-9 2.1.4. Hiérarchie des Principes 9-12 2.1.5. Le Guerrier et l'Ascète 12 2.1.6. Une spiritualité féminine ? 13-16 2.2. Métaphysique du politique 16-23 2.2.1. L’État comme structure anagogique 16-17 2.2.2. Démocratie et décadence 17-19 2.2.3. La doctrine des castes 19-21 2.2.4. Royauté et sacerdoce 21-23 3. Conclusion 24-25 4. Bibliographie 26 4.1. Œuvres de Julius Evola 4.2. Littérature secondaire 4.3. Ressources internet 2 1. Introduction Le baron Giulio Cesare Evola, qui prendra le nom de plume « à l'antique » de Julius Evola, naît à Rome le 19 mai 1898, « dans une famille désargentée de la petite noblesse italienne »2. Après avoir participé aux mouvements artistiques du futurisme et du dadaïsme3, puis s'être intéressé à la philosophie idéaliste allemande4, il devient membre de la Ligue théosophique indépendante de Rome, dirigée par Decio Calvari5. Il y fit alors la connaissance d'Arthuro Reghini, « un franc maçon spécialiste de la philosophie pythagoricienne »6, qui lui ouvrit les portes de l'ésotérisme occidental et lui fit connaître un de ses amis intimes : René Guénon. Cependant, ce n'est que quelques années plus tard, après avoir rompu avec la Ligue théosophique7 et suite à la rencontre de Guido di Giorgio8, qu'il reconnut en Guénon « le maître inégalé de notre époque »9. Pour Evola, en effet, le penseur français fut le premier à avoir formulé « l'idée intégrale de Tradition », idée qu'il reprendra alors à son compte, notamment dans son ouvrage phare : Révolte contre le monde moderne10. Mais qu'entend-on ici par Tradition ? D'après Antoine Faivre, il s'agirait d'un « dépôt de sagesse et de gnose », « un dépôt immuable »11, d'origine non ou supra-humaine, qu'il s'agit de « retrouver dans ses traces et vestiges, partout où ils continuent d'exister »12. C'est ce qu'Evola appelle « l'unité transcendante et secrète des différentes traditions », qu'elles soient « de type religieux, sagesses ou 2 C. BOUTIN, « Tradition et réaction : la figure de Julius Evola », in : Mil neuf cent, N°9, 1991, p. 81. 3 Il peignit d'ailleurs quelques toiles et publia deux livres sur le dadaïsme, l'un théorique (L'Art abstrait) et l'autre poétique (La parole obscure du paysage intérieur). M. J. SEDGWICK, Contre le monde moderne. Le traditionalisme et l'histoire intellectuelle secrète du XXe siècle, trad. T. Giaccardi, Éditions Dervy, Paris, 2008. p. 126. 4 Voir notamment Etudes sur l'Idéalisme magique, Atanor, Todi-Rome, 1925 et Théorie de l'Individu Absolu, Bocca, Turin, 1927. 5 Celui-ci fonda la revue Ultra, dans laquelle Evola publia de nombreux articles sur « le tantrisme, le paganisme gréco- romain, le taoïsme et la tradition alchimique hermétiste ». M. ROSSI, « Julius Evola et la Société Théosophique Indépendante de Rome », 10 juillet 2002, http://www.voxnr.com/cc/d_evola_s_eu/ EpkykyuyAVdVRNhBgM.shtml. 6 IDEM. Reghini influença fortement Evola en ce qui concerne le rejet du christianisme au profit d'un « impérialisme païen » dans le domaine politique et religieux. Voir Impérialisme païen. Le fascisme face au péril euro-chrétien, Atanor, Todi-Rome, 1928. IDEM. 7 Comme nous le verrons par la suite, la conception évolienne de la spiritualité comme « auto-réalisation », « construction individuelle » liée à une initiation purement masculine, ne pouvait qu'entrer en conflit avec celle de Calvari. Evola critiquera d'ailleurs fortement la Théosophie et l'Anthroposophie dans un ouvrage publié en 1932 (Masques et visages du spiritualisme contemporain), en les qualifiant de « divagations visionnaires et sentimentales mêlées de gnosticisme », « à l'opposé du véritable occultisme ». M. ROSSI, op. cit. Suite à son départ de la de la Ligue, Evola crée sa propre revue, Ur & Krur, à laquelle participe Reghini. IDEM. 8 Ami personnel de Guénon lui aussi, il participera, à partir de 1930, à la revue Torre, fondée par Evola. IDEM. 9 Le Chemin du Cinabre (1963), trad. P. Baillet, Éditions Archè, Milano, 1982, p. 69. 10 Révolte contre le monde moderne (1934), trad. P. Baillet, Éditions L’Âge d'Homme, Lausanne, 2009. Le titre fait évidemment écho au livre de René Guénon : La Crise du Monde moderne (1927). 11 A. FAIVRE, Accès de l'ésotérisme occidental, Vol. 1, Éditions Gallimard, Paris, 1986, p. 34. Remarquons que Faivre envisage trois voies dans l'accès à la Tradition : 1) « sévère » ou « puriste » ; 2) « historique » ; 3) « humaniste » ou « alchimique » (ou « évolutionnaire »). Evola et Guénon peuvent être rangés dans la première. Ibid, p. 39. 12 P.-A. TAGUIEFF. « Julius Evola penseur de la décadence : une métaphysique de l'histoire dans la perspective traditionnelle et l'hypercritique de la modernité », in : J.-P. LAURANT (dir.), Métaphysique et politique. René Guénon, Julius Evola, Politica Hermetica, N°1, 1987, Éditions L’Âge d'Homme, Paris, p. 13. 3 mystères »13. Cette Tradition « originelle et primordiale » (ou philosophia perennis) constitue alors une « référence absolue », en tant que transcendantale : elle est à la fois « fondement axiologique, système légitime de normes, source des impératifs inconditionnels, et seule voie authentique »14. Mais la notion de « tradition » contient également une dimension historique, en ce qu'elle tire son origine du latin tradere, qui signifie transmettre. Cependant, pour Evola, ce qui se transmet ici n'est pas un savoir conceptuel, mais « une force », « une énergie », « une présence (...) anhistorique » : c'est une « transcendance immanente », qui agit « dans telle ou telle civilisation, dans tel ou tel cycle historique »15. Or, cette « force » n'est transmise qu'à une certaine catégorie d'individus, « aux chefs », à « ceux qui sont au sommet des diverses hiérarchies »16, autrement dit à une élite dirigeante masculine, et ceci à travers un processus particulier : l'Initiation. Ainsi, la Tradition serait « l'opposé de tout ce qui est démocratie, égalitarisme, primauté de la société sur l’État, pouvoir qui vient d'en bas,... »17. A travers cette brève citation, nous pouvons constater à quel point la pensée de la Tradition et celle du politique sont intriquées dans la perspective évolienne : pour que la première vive et puisse se transmettre, il faut qu'une certaine forme d'organisation de la société soit préservée. Néanmoins, reste à comprendre les raisons pour lesquelles ce type particulier d'organisation, fondé sur des rapports hiérarchiques, est privilégié, au détriment de tout ce qui apparaît comme l'héritage moderne, c'est-à- dire la démocratie, l'égalité... Pour cela, il va nous falloir remonter jusqu'aux principes mêmes de la métaphysique évolienne, car à la base de celle-ci nous retrouvons une dualité fondamentale qui la traverse entièrement : le masculin et le féminin. Nous étudierons donc, dans un premier temps, comment cette dualité s'articule dans le cadre du rapport individuel à la transcendance, à travers la notion centrale d'Initiation, puis, dans un deuxième temps, nous analyserons ses répercussions sur la conception du politique, à travers l'opposition entre peuple (demos) et État. 13 L'arc et la massue (1968), trad. P. Baillet, Éditions de la Maisnie, Paris, 1983, p. 273. Nous pourrons d'ailleurs constater, tout au long de notre travail, que les références d'Evola au tantrisme, au taoïsme, au bouddhisme, à l'alchimie, au paganisme romain, etc. seront foison. 14 P.-A. TAGUIEFF, op. cit., p. 16. 15 L'arc et la massue (1968), p. 272. 16 IDEM. 17 IBID, p. 273. 4 2. Analyse 2.1. Homme et femme face à la transcendance 2.1.1. La doctrine des deux natures La base sur laquelle s'appuie Evola en vue de souligner la différence radicale entre le monde moderne et le traditionnel repose sur « l'enseignement fondamental » que nous a légué ce-dernier : la présence de deux natures, c'est-à-dire d'une dualité ontologique originaire. Il y a d'un côté un « ordre métaphysique », une nature immortelle, autrement dit « l'être », et de l'autre un « ordre physique », une nature mortelle, le « devenir » : empruntant le langage de Plotin et d'Aristote, Evola évoque également la dualité entre la « forme », qui représente la plénitude, la lumière, l'ordre, donc l'autosuffisance et l'autonomie (nomos signifiant ici loi), et la « matière », synonyme de privation, de manque, de ténèbres et de chaos. Pour le penseur italien, « partout où il y a eu une tradition vraie, en Orient et en Occident (...), cet enseignement a toujours existé »18. Cependant, ces « deux grands pôles de l'être » ne sont pas à considérer comme de simples concepts, ni comme des réalités « cosmiques » indépendantes de l'homme, mais comme deux types d'expérience, deux uploads/Philosophie/ julius-evola-esoterisme-tradition-et-pol.pdf
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- Publié le Mai 15, 2022
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